22 juillet 2025 |

Ecrit par le 22 juillet 2025

Chorégies : ‘La force du destin’ dédiée à Béatrice Uria-Monzon, décédée la veille

Sur une immense photo, le sourire de la mezzo-soprano illumine le Mur d’Orange en ce dimanche 20 juillet quand Jean-Louis Grinda, le directeur des Chorégies monte sur scène et s’adresse au public. « Ce soir, avec vous je suis empli de tristesse, Béatrice nous a quittés hier. Elle laisse un immense vide. Je l’avais rencontrée la 1re fois en 1984 à Marseille. Elle a été ovationnée 14 fois ici, à Orange. Je lui dédie cette soirée. »

Béatrice Uria-Monzon, que Raymond Duffaut, le directeur général, avait intégrée dans nombre de ses programmations à Orange à partir de 1998. Dans ‘Carmen’ évidemment, le rôle de Bizet qui lui a collé à la peau et qu’elle a réinventé, loin du folklore gitan pour en faire une femme libre, ainsi que ‘Nabucco’ de Verdi. ‘La Damnation de Faust’ de Berlioz en 1999, ‘Les contes d’Hoffmann’ d’Offenbach en 2000, ‘Le Requiem’ et ‘Rigoletto’ de Verdi en 2001, ‘Cavaleria Rusticana’ de Mascagni en 2009, et ‘Mefistofele’ de Boito en 2018. Une voix ample, chaude, incandescente que personne n’oubliera.

Aussitôt, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, dirigé par Daniele Rustioni, entame la célèbre ouverture de l’opéra de Verdi, tonique. Le tenor Brian Jagde souffrant est remplacé par Russell Thomas qui a enflammé le Metropolitan de New-York comme Covent Garden à Londres et fait avec succès ses premiers pas aux Chorégies. Entouré d’une distribution étincelante dans une tessiture grave, le baryton Ariun Ganbaatar (Don Carlo), la mezzo Maria Barakova (la bohémienne Preziosilla), le baryton-basse Michele Pertusi qui interprète le Marquis de Calatrava et le Père Guardino, et bien sûr la magnifique Anna Pirozzi dans Leonora.

Tout au long des 4 actes, le public adhère autant aux envolées lyriques et dramatiques qu’à la douce ‘Prière à la vierge’ toute en nuance et retenue, avant l’entracte. Entre vendetta, expiation et anathème, ‘La Force du Destin’ a failli embarquer les spectateurs jusqu’au bout de la nuit  puisqu’un orage a obligé les organisateurs à écourter la représentation de l’opéra de Verdi.

En hommage à Béatrice Uria-Monzon disparue à 61 ans, la chaîne France 4 rediffusera ce mardi 22 juillet à 21h la captation de ‘Carmen’ mise en scène au Théâtre Antique d’Orange par Jérôme Savary et suivie d’une interview qu’avait faite Anne Sinclair pour Fauteuils d’orchestre.

©Andrée Brunetti / L’Echo du Mardi

Chorégies : ‘La force du destin’ dédiée à Béatrice Uria-Monzon, décédée la veille

La diva russe avait déjà enflammé le Théâtre Antique il y a deux ans pour sa 1re venue à Orange dans un ‘Gala Verdi’ où son vibrato unique et son timbre pur avaient culminé dans ‘Lady Macbeth’ et ‘La force du destin’.

Dimanche 6 juillet, aux côtés de la contralto canadienne Marie-Nicole Lemieux (Azucena), de son mari à la ville, le tenor Yusif Eyvazov (Manrico) et du baryton-basse Grigory Shkarupa (Ferrando), la prima donna (Leonora) a fait chavirer les milliers d’amateurs de lyrique réunis au pied du Mur d’Auguste pour cette version « concert » de l’opéra de Verdi.

Entre l’Orchestre Philharmonique de Marseille et l’imposante masse des Choeurs de l’Opéra du Grand Avignon et des Chorégies d’Orange, le chef italien Jader Bignamini, sobre et sincère a su insuffler souffle et force, notamment dans le fameux ‘Choeur de l’enclumer’ du 2e acte.

©Andrée Brunetti / L’Echo du Mardi

Tour à tour subtile et séraphique, Anna Netrebko a culminé d’un bout à l’autre des quatre actes et embarqué un public conquis qui a applaudi à tout rompre un casting 4 étoiles programmé par Jean-Louis Grinda.

Prochain rendez-vous avec un opéra de Verdi aux Chorégies, ‘La force du destin’, le dimanche 20 juillet.

Contact : 04 90 34 24 24

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