Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Les sunsets vignerons en Luberon ont fait leur grand retour le 21 juin. Tous les mardis soir, jusqu’au 20 septembre, les vignerons ouvrent les portes de leur domaine pour une balade dans les vignes, accompagnée d’une dégustation de vins. La prochaine soirée est prévue le mardi 28 juin.
Mardi 21 juin, les sunsets vignerons en Luberon ont fait leur grand retour. Le concept est le suivant : tous les mardis soir, à partir de 18h30 et jusqu’à 22h, les vignerons ouvrent les portes de leur domaine viticole pour une balade dans les vignes, accompagnée d’une dégustation de vins. En groupe de 20 personnes par domaine, ces soirées sont l’occasion de créer des moments d’échanges et de rencontres. Les soirées se composent de trois temps : une balade au cœur des vignes, une visite de la cave et des chais avec la découverte des différents processus de vinification, puis une dégustation de vins accompagnée de petits plats. Chaque soirée s’articule autour d’une thématique différente afin de varier les mets et les vins. La prochaine soirée est prévue le mardi 28 juin, sous la thématique des ‘truffes’. Cette année, pour l’ensemble de la saison estivale 2022, 14 soirées dans 27 domaines de la destination Luberon sont prévues.
Tarif adulte : 29€ / enfants (moins de 10 ans) : 10€ / soirée Truffe : 36€. Renseignements et réservation sur www.luberoncoeurdeprovence.com
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Le syndicat des vins AOC Luberon organise la toute première édition de Wine in the city ce vendredi 1er juillet. Cet événement inédit regroupera quinze vignerons du Luberon qui se retrouveront sur la place de la mairie d’Apt pour promouvoir les vins du terroir mais aussi échanger avec les visiteurs.
Il faudra débourser 5€ pour participer à ce nouvel événement. Un verre sera fourni à chaque visiteur pour qu’il puisse profiter de la dégustation semi-nocturne. Rouge, rosé ou blanc, il y en aura pour tous les goûts !
Vendredi 1er juillet. De 18h à 22h. 5€. Place Gabriel Péri. Apt.
V.A.
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
« Cela fait 32 ans de passion » s’exclame le fondateur de ce festival, Patrick Canac. « Que de chemin parcouru depuis 1989 ! », s’exclame sa femme, Victorine. « En fait, dans les années 1970, le chef d’orchestre aixois Cyril Diederich avait créé à Ménerbes ‘Les saisons musicales du Luberon’ avant de s’en éloigner et de lancer un autre projet ‘Les concerts au soleil couchant’ à Oppède le Vieux…Nous, nous avons pris la suite, mais nous ne connaissions personne dans le monde de la musique classique, des concerts, du lyrique, confie-t-elle. Et au fil des rencontres, nous sommes tombés sur Claude Nougaro qui est devenu un ami et qui nous confia plus tard : « La vraie musique, ce n’est pas la mienne, le jazz, c’est Turandot, le classique ». Du jour au lendemain, nous nous sommes lancés dans l’aventure. »
700 concerts et plus de 160 000 spectateurs Ainsi sont nées ‘Les musicales du Luberon’ qui en trois décennies ont accueilli la première année Roger Hanin, Louis Chédid, Jean-Claude Malgoire et ses ‘Arts Florissants’, et depuis, Julie Fuchs, Nicholas Engelich, Philippe Jaroussky, Patricia Petitbon ou bien encore Diana Damrau en 700 concerts et plus de 160 000 spectateurs autour d’Apt, Ménerbes, Bonnieux, Les Taillades ou Saignon. « Grâce au bouche à oreille, au réseau que nous avons patiemment constitué au fil des ans, aux relations personnelles que nous avons nouées, grâce au côté iconique du Luberon, nous avons fini par être connus », confie Patrick Canac. Après les deux ans de crise sanitaire, pour cette 32ème saison, Thomas Enhco mariera son piano au marimba de Vassilena Serafimova le 5 juin au Savannah College de Lacoste, le 18 la soprano Marie Perbost accompagnée au piano par Joséphine Ambroselli prêtera sa voix de diva aux chansons de la Belle époque à Ménerbes (Espace Gavron). Laurence Equilbey, cheffe d’orchestre et fondatrice ‘d’Accentus’, sera aux Taillades le 16 juillet pour un concert ‘Mozart à Prague’, la soprano Béatrice Uria-Monzon qu’on a vue moulte fois dans ‘Carmen’ aux Chorégies d’Orange passe désormais au flamenco et aux mélodies populaires espagnoles de Manuel de Falla, Joaquin Rodrigo et Arturo Marquez avec l’Orchestre National Avignon Provence dirigé par Debora Waldman le 24 juillet. Enfin le 2 septembre, le pianiste François-Frédéric Guy interprétera des œuvres de Beethoven et Chopin à Ménerbes.
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Vivant aujourd’hui dans le Luberon, Didier Bailleux* proposera désormais régulièrement des chroniques dans nos colonnes. L’occasion pour ce professionnel des médias de nous offrir une vision décalée de la Provence.
C’est par ces mots que j’entame ma conversation avec l’agent Le Floch de la police rurale de Mérindol. Après un bref salut, il me demande : « qu’est-ce que je peux faire pour vous ? ». Il a vite compris que je n’étais pas sous l’emprise de quelques substances plus ou moins illicites ou empreint de confusion mentale qui m’aurait fait perdre tout sens de l’orientation. En effet, si nous – je dis ‘nous’ car nous sommes deux à partager le même toit – savons encore très bien où nous habitons, merci, nous ne sommes pas en capacité de donner avec précision notre adresse avec un nom de voie et un numéro, comme c’est l’usage. Pour faire en sorte que nous puissions recevoir notre courrier, nous en avons informé le service des postes par l’intermédiaire de son préposé en charge de sa distribution. Et pour tous ceux qui prévoient de nous rendre visite nous avons repeint notre boite aux lettres d’un rouge les plus seyants.
Eviter les longs et fastidieux radioguidages Tel un phare au milieu de la nuit cette oriflamme colorée fonctionne plutôt bien et nous épargne de longs et fastidieux radioguidages. D’autant plus que les ondes des téléphones portables franchissent très difficilement les vieux murs de la maison. On ne saurait jamais trop vanter les charmes de ces anciennes bastides provençales, quelques soit les circonstances elles nous replongent toujours dans leurs époques. Nous aurions pu nous en rester là et considérer que tout allait bien. Mais une interrogation nous traversa l’esprit. Depuis plusieurs mois nous attendons notre connexion au réseau internet haut débit, elle nous aurait enfin permis de faire de ce vieil axiome éculé voulant associer tradition et modernité une ‘vraie réalité’. Mais comment nous attribuer une ligne haut-débit si nous n’avons pas d’adresse précise ? Peut-être qu’aux yeux des opérateurs téléphoniques nous n’existons pas ?
Quelle adresse donner en cas d’appel au secours ? Tout cela pour en arriver, en une matinée d’automne ensoleillé, dans les services municipaux de Mérindol, bien décidé à repartir avec l’information tant recherchée : quelle est notre adresse exacte ? L’accueil y fut aussi bienveillant que compréhensif. « Vous avez tout à fait raison » me lança l’agent Le Floch et il poursuit d’un ton plus grave « Si vous avez besoin de secours quelle adresse allez-vous donner ? ». Argument implacable. Comment n’y avons-nous pas pensé, surtout en ces temps où le principe de précaution semble être devenu pour ceux qui nous gouvernent et nous administrent leur unique priorité ou presque ? « Allons voir cela sur le cadastre » me lance notre homme tout en m’invitant à le suivre dans son bureau. Une fois installé derrière son ordinateur et l’application concernée ouverte, nous identifions notre parcelle. Et là, ce fut la révélation… Le cadastre nous indique que la voie qui nous dessert et délimite les bans communaux de Mérindol et de Puget-sur-Durance appartient à cette dernière. Il faut savoir que généralement ce type de voie est partagé pour moitié, chacun prenant un côté de celle-ci. Deuxième particularité de notre affaire : la première partie de la voie (avant son intersection avant la D 173) elle est commune… aux deux communes. Fruit d’une histoire sans aucun doute mouvementée.
Une affaire rondement menée Cette voie appartient à Puget il faut donc s’adresser à Puget. N’écoutant que son devoir, notre agent prend son téléphone et appelle la personne en charge de l’urbanisme à la mairie de Puget. « Allo Valérie ? C’est Nicolas… Voilà ce qui m’amène… ». Après lui avoir résumé la situation et notre problème il se propose de lui envoyer par mail copie de la partie du cadastre concerné. Ce qu’il fait dans l’instant. Et me raccompagnant jusque sur le pas de la porte il me promet de me tenir au courant dès qu’il a du nouveau. Je quitte les lieux pas mécontent de ma matinée et plutôt satisfait du fonctionnement de notre administration locale. Quelques heures après je reçois un mail de M. Le Floch** faisant un résumé précis de la situation et des démarches en cours. J’y apprends que le responsable du centre de tri postal de Cadenet, duquel nous dépendons, a déjà aussi été mis sur le coup ainsi que le SDIS (service départemental d’incendie et de secours). Une affaire rondement menée. Dans la même journée notre agent m’appelle : « J’ai le retour de Puget ! Ils vont inscrire à l’ordre du jour de leur prochain conseil municipal le choix du nom ». Le dossier est en bonne voie aurions-nous pu dire !
La réponse existe depuis 1839 Le lendemain, mail de la secrétaire de la mairie de Puget. Elle s’est plongée dans les archives de la commune, cette voie a déjà un nom et l’arrêté de nomination remonte à 1839. Il s’agit du chemin du Degoutaud dit « le dégoutaou » (là où coule l’eau). Donc plus besoin de conseil municipal, il suffira de mettre un panneau et d’attribuer un numéro. Nous avons ensuite confirmation que le SDIS 84 qui avait déjà enregistré le nom de cette voie côté Puget va le faire aussi pour le côté Mérindol. Nous sommes sauvés ! Ensuite, pris soudain d’une sorte de reflexe primaire, je me connecte sur Google maps pour connaître la position du géant américain sur notre petit problème, dans notre petit coin de Provence… Et je vous le donne en mille notre voie s’appelle le chemin du Dégoutaou. Trop fort google ! Mais 6 mois après cet épisode nous attendons toujours le haut débit.
Didier Bailleux
*Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs. **Le nom de l’agent municipal a été modifié.
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Denis Brihat, le maître de l’argentique, le poète de la nature propose de retrouver une partie de son travail dans ‘Les métamorphoses de l’argentique’, nouvelle édition. Les photographies et les textes sont du grand photographe, j’ai hésité à dire peintre tant ses œuvres sont exquises. L’ouvrage, qui présente 120 tableaux photographiques de la fin des années 1960, dont chacun a nécessité entre une et plusieurs semaines de travail, est à commander ici.
Le courage d’une autre vie Denis Brihat fut très tôt repéré par de grandes agences parisiennes de photographes –Rapho- tourna le dos à la presse –il ne voyait pas d’intérêt à photographier les rouleaux des manuscrits de la Mer morte- , arpentant sans-le-sou la Provence. L’artiste qui préférait révéler les miracles de la nature au sensationnel se tailla une solide réputation internationale, alors que paradoxalement il vécu toute sa vie et en toute simplicité dans un minuscule village du Luberon.
Quelque part à Bonnieux Et la consécration vint très vit avec des œuvres recherchées dans le monde entier et exposées dans les plus grands musées tels Le Musée des Arts décoratifs de Paris (1965) et au MoMa de New-York (1967). Ses amis comme Doisneau et Cartier-Bresson viennent même le visiter, curieux de comprendre sa façon de vivre, parce qu’à Paris on parle de lui comme d’une curiosité. Il a tourné le dos à un avenir tout tracé pour fureter en vélomoteur dans les petits villages provençaux et continue de fournir en images bucoliques l’agence, et contribue à nourrir la légende aux antipodes de la vie parisienne.
François Cance président d’Artothèque et ami de toujours, Denis et Solange Brihat dans l’atelier de Bonnieux Copyright Mireille Hurlin
Sous la lumière rouge, une pointe de couleur signe ses œuvres Alors que Kodak sort des couleurs criardes –on dirait Pop aujourd’hui-, Denis Brihat explore les virages au chlorure d’or pour une couleur orangée à pourpre ; au Sulfocyanure d’ammonium, de l’acide tartrique et du chlorure de sodium pour le bleu allant jusqu’au vert ; au sélénium pour les tonalités violacée à jaune- et du sulfate de cuivre pour aller du brun chaud au rouge clair. Le chlorure d’argent, en grignotant la gélatine fait scintiller un cerisier au milieu d’un verger et cela a quelque chose de magique. Le peintre photographe créé patiemment méthodes et palettes.
Il enseigne ses trouvailles On vient de très loin pour ses master-class, mêmes si elles ne portaient pas ce nom à l’époque. Comble du bonheur ses clichés et couleurs, classiques, indémodables, sensuels et impertinents résistent au temps comme une valeur sûre. Le maître a cessé d’opérer au labo en 2012. Il continue de vivre à Bonnieux et reste émerveillé par son potager où ses muses continuent de frôler sa silhouette un peu courbée et caressent la barbe blanche de l’enfant terrible qui ne voulut pas faire les grandes écoles comme l’enjoignaient ses parents. «Je me suis trouvé en faisant de la photographie, c’est elle qui m’a sauvée.» le petit parigot n’a jamais regretté la capitale où il avait grandi et s’est constitué un solide réseau d’amis sur les terres arides du Luberon. L’homme qui se plongeait dans la tendre écriture de Pagnol et Giono a construit sa vie comme il l’entendait, entre poésie et humanisme.
Oignon Copyrigh Denis Brihat
Les infos pratiques ‘Les métamorphoses de l’argentique’, nouvelle monographie de Denis Brihat, maître français de l’expérimentation argentique. Nouvelle édition enrichie de la traduction en anglais des notes de Denis Brihat.
Cet ouvrage met en lumière, à travers plus de 120 photographies réalisées depuis la fin des années 1960, la démarche de ce grand artiste, indissociable de ses choix de vie. Il permet une immersion dans un univers de recherches qui, année après année, création après création, donne à Denis Brihat une place rare dans l’histoire de la photographie. Les textes qui les accompagnent, issus de la retranscription d’enregistrements d’entretiens inédits avec le photographe, révèlent des connaissances exceptionnelles, à la valeur patrimoniale inestimable.
Solange et Denis Brihat, devant le plaqueminier de leur jardin à Bonnieux Copyright Mireille Hurlin
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Les Luberonnais la connaissent mais peu d’Avignonnais sauraient la décrire. A Lacoste se niche l’une des universités d’art les plus prestigieuses au monde.
Quel est le point commun entre la série Grey’s anatomy, la robe de Kamala Harris et Facebook ? Tous ces projets se nourrissent de talents issus de l’université privée américaine SCAD : Savannah college of art and design. Au total, 15 000 étudiants gravitent autour de trois campus : Savannah et Atlanta (en Géorgie), Lacoste dans le Luberon. Sans compter SCADnow, la plateforme e-learning qui dispense la totalité des enseignements. Une référence dans les arts créée en 1978 par l’inspirante Paula Wallace et régulièrement classée dans le top des meilleures universités du globe. 99% de taux d’emploi dans les six mois après l’obtention de diplôme, 42 spécialités proposées en photographie, design, mode, publicité, architecture ou encore cinéma.
Après avoir raccroché avec les Etats-Unis, Cédric Maros, adjoint à la culture de la ville d’Apt et premier directeur français de SCAD Lacoste, nous plonge dans l’historique. Le campus provençal affiche une belle longévité puisqu’il fête cette année ses 20 bougies. Pour marquer le coup, rien de tel qu’un Festival du film inédit avec son lot de surprises ou une exposition consacrée à Isabel Toledo, créatrice de renom derrière la robe de Michelle Obama portée lors de l’investiture.
SCAD Lacoste, été 2019, rue du Four. Crédit photo : SCAD
Après celui de Savannah, SCAD Lacoste ouvre ses portes en 2002. Dans ce charmant village de 400 âmes, l’université a acquis une cinquantaine de bâtiments historiques qu’elle a rénovés, en veillant à ne surtout pas dénaturer le patrimoine. Un soin qui lui vaudra d’ailleurs une récompense de l’Unesco. « Si vous dites SCAD sur la côte Est des Etats-Unis, tout le monde connaît, de la même manière que la Sorbonne ici par exemple », indique Cédric Maros. Natif d’Apt, ce dernier s’est illustré pendant dix ans dans la production cinématographique. Cédric Maros a notamment travaillé au côté de l’iconique Ridley Scott et collaboré avec le talentueux Didier Bourdon.
Les classes sont délocalisées ici à raison de quatre sessions réparties dans l’année. Chaque étudiant a ainsi la possibilité de venir étudier à Lacoste pour s’imprégner de la culture française. Baptisés les ‘Scad bees’ (abeilles en français), les apprenants proviennent de 120 pays. Atout non négligeable pour des artistes en herbe : SCAD est la seule université d’art au monde à détenir son propre bureau de casting. Les étudiants ont d’ailleurs décroché des rôles dans plus de 500 productions sur CBS, Netflix, Amazon et d’autres studios de renommée.
Immersion dans la culture française
Village médiéval ou vivait le marquis de Sade, cadre majestueux, belle lumière, source d’inspiration de Monet, Van Gogh, Picasso, les étudiants ne pouvaient pas rêver mieux. L’université a restauré le village et transformé d’anciens logements et grottes médiévales en espaces d’enseignement contemporains sophistiqués. Huit salles de classe avec du matériel pédagogique dernier cri, des salles de conférence, une galerie d’art, des résidences, tout est fait pour propulser les étudiants vers l’excellence.
Les étudiants de SCAD Lacoste, été 2019, maison basse. Crédit photo : SCAD
‘Once a bee, always a bee’, ainsi se décline la devise. Les étudiants assimilés à des abeilles restent attachés à leur université une fois devenus artiste. « On cultive énormément ce réseau », précise Cédric Maros qui nous montre la bâtisse du 16e siècle où logent les anciens étudiants à titre gracieux. Le réseau d’alumni permet d’entretenir les liens pour favoriser les recrutements et permettre des synergies. En témoigne Sam Lasseter, ancien élève en sculpture, et accessoirement fils de John Lasseter, qui fut directeur artistique chez Pixar et Walt Disney animation studios. L’artiste n’a pas hésité à organiser en 2016 une parade monumentale de marionnettes géantes dans les rues du village, sous le regard fier de son père.
80 étudiants en avril
Deux ans que les ruelles pavées n’ont pas vu d’étudiants américains fouler leur sol en raison du Covid. L’enthousiasme est à son comble, 80 étudiants américains ainsi que leurs professeurs arrivent en avril prochain. Du lundi au jeudi, place aux enseignements, le vendredi est dédié à la découverte de la région. Avec leur flotte de vans, les étudiants explorent le Colorado, les Arènes de Nîmes, le Pont du Gard… « On les amène au Festival d’Annecy pour l’animation ou à Paris à la rencontre d’artistes. On délocalise les classes pour lesquelles il y a le plus d’intérêt à avoir un lien avec la culture européenne », explique l’adjoint à la culture.
Le coût ? Environ 39 000 dollars l’année. Un forfait considéré comme onéreux en France, relativisé par un système éducatif complètement diffèrent au pays de l’Oncle Sam. « En France, on paye les études indirectement, par le biais de l’imposition. Aux Etats-Unis, le niveau d’imposition n’est pas du tout le même. Je ne dis pas qu’un système est mieux que l’autre mais ils sont très différents. Le système américain repose également beaucoup sur les bourses au mérite ou par le biais du sport par exemple », explique Cédric Maros qui évoque alors Oprah Winfrey.
La « célébrité la plus puissante du monde » selon le magazine Forbes était présente lors d’une remise de diplômes à SCAD Savannah et accompagne financièrement certains étudiants. Le directeur poursuit : « aux Etats-Unis, si le portfolio est d’exception, les frais d’inscription peuvent être gratuits pour donner toutes ses chances de réussite à un étudiant ». Autre avantage facilitant l’emprunt étudiant : 99% de taux d’emploi. De quoi rassurer les organismes bancaires.
SCAD Lacoste, été 2019, théâtre. Crédit photo: SCAD
L’une des clefs de la réussite : une stratégie partenariale solide avec les plus grandes entreprises du monde. Le département SCADpro à pour vocation de multiplier les projets en lien avec les mastodontes du marché. « Les étudiants forment une team de talents divers qui travaille sur une problématique de l’entreprise », explique Cédric Maros. Procter & Gamble a par exemple sollicité les étudiants pour penser une communication autour des serviettes hygiéniques Always. Le teasing du Super Bowl a été crée par les étudiants et diffusé sur écran.
Une logique gagnant-gagnant. L’université est rétribuée financièrement et les étudiants enrichissent leur portfolio. Quant aux entreprises, la mise en situation leur permet d’observer les étudiants et ainsi faciliter leur recrutement. La vision de la fondatrice Paula Wallace ? Trop de créatifs ont besoin de trouver du travail, trop d’entreprises ont besoin de trouver des talents. « Le milieu économique a longtemps été considéré comme antinomique avec le milieu artistique. Or, si vous n’avez pas un designer qui rend une application intéressante, ça ne fonctionnera pas », illustre Cédric Maros.
Cédric Maros est le 1er directeur français de SCAD Lacoste. Crédit photo : Linda Mansouri
Vivre de son art
« Cela évolue bien sûr, mais pendant longtemps, l’art devait rester dans sa bulle, toute intrusion du monde économique était considérée comme une atteinte à l’indépendance artistique », explique le directeur pour qui l’entreprise est un collaborateur, non un adversaire. « On veut que nos artistes puissent vivre de leur art et s’insérer dans l’économie de marché », abonde-t-il. Pour ce faire, le département SCADamp entre en jeu. Les étudiants ont droit à du coaching sur la manière de s’habiller, d’écrire un CV, de se présenter oralement, de se vendre en somme.
A SCAD, « 15.000 élèves, 15.000 possibilités de parcours différents ». Tous les profils de carrière peuvent réussir grâce au large éventail d’enseignements proposés. Cédric Maros cite alors Christopher John Rogers. Diplômé en 2016, l’artiste crée quelques mois après la robe de Kamala Harris portée durant l’investiture et celle de Lady Gaga lors des ‘MTV Music awards’. Sans compter cet étudiant passionné de cinéma et de médecine, diplômé dans les deux disciplines, devenu aide scénariste pour la série médicale Grey’s anatomy. « A SCAD, on fournit tous les outils nécessaires pour que chacun puisse vivre de sa passion », conclue Cédric Maros.
Eté 2017, ShopSCAD. Crédit photo : Chia Chong
SCAD investit dans le village
En 20 ans d’existence, SCAD a investi des dizaines de millions d’euros dans le village. « La plupart des bâtiments était en état de ruine, SCAD les a quasiment restaurés. Par ailleurs, des personnes sont nées dans le village, y vivent, et travaillent pour l’école », rappelle le directeur. Une structure qui a du poids au cœur du territoire, et qui emploie une main d’œuvre locale en matière de jardinage, entretien, restauration, nettoyage, électricité ou plomberie.
« Depuis 5 ans, nous avons pris une autre vitesse : nous avons décidé d’assumer notre potentiel touristique », affirme l’adjoint à la culture, qui par sa double casquette contribue au rayonnement du territoire. Preuve de l’attractivité, l’exposition dédiée à Pierre Cardin a attiré l’année dernière 15.000 visiteurs en seulement quatre mois selon les chiffres de Vaucluse Provence attractivité.
Un travail en bon intelligence est mené avec le Parc naturel du Luberon, les Bâtiments de France ou le Pays d’Apt Luberon. En collaboration avec l’interco, Scad Lacoste recrute des médiateurs culturels pour développer les visites patrimoniales du campus. Les ambassadeurs de Lacoste, anciens étudiants, conférenciers, artistes deviennent de réels « VRP de la Provence » à l’étranger. « La clientèle touristique américaine est de plus en plus nombreuse à venir visiter le campus », souligne Cédric Maros. Ou comment devenir un maillon essentiel du parcours touristique.
SCAD Lacoste, été 2019, discipline ‘lifestyle et fashion’. Crédit photo : SCAD
« Le village est magnifique, on a conscience qu’il est exceptionnel. On veut le valoriser encore plus et accompagner cette dynamique », appelle le directeur de ses vœux. Autre structure qui contribue au rayonnement du territoire : la galerie d’art. Les étudiants devenus artistes sont accueillis en résidence et proposent leurs œuvres. SCAD fait office d’agent et perçoit des commissions sur les ventes. Tout le campus forme une puissante galerie d’art avec sa boutique au centre : le shopSCAD. Concernant les financements, aucune subvention publique, pas même dans le cadre de la restauration des bâtiments.
Au programme du 20e anniversaire
Pour fêter les 20 ans, le Festival du cinéma et de la télévision signé SCAD Lacoste aura lieu du 1er au 4 juillet prochain. Des surprises de taille attendent les Provençaux avec notamment des avants premières nationales et internationales. « Ce sera un mix de master class, de tables rondes, d’invités d’honneur, d’avant-premières, de partenariats avec des productions », précise Cédric Maros qui travaille notamment avec le producteur Alex Berger.
Un mapping vidéo sera également au programme du 25 juin au 24 septembre, les vendredis et samedis soirs. Un spectacle de lumière envoûtera les ruelles et façades de 22h à minuit. « Il y aura des nocturnes, de la gastronomie et des animations », conclue Cédric Maros qui, comme le producteur Jules Pochy, ne demande qu’une chose : participer à une activité économique pérenne en Provence.
Toutes les informations sur l’université SCAD, cliquez ici. Plusieurs recrutements sont ouverts à SCAD Lacoste, cliquez ici.
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Afin de préparer nos prochains week-ends, escapades et vacances, le Petit Futé, poursuit sa mission de prescripteur de voyage, de découvertes, de bons plans et de loisirs et nous invite à parcourir, hors des sentiers battus, l’hexagone avec la collection France -63 titres annuels- et plus particulièrement le département du Vaucluse dont la nouvelle édition vient de sortir.
Le Vaucluse, riche de deux Parcs naturels régionaux, de 7 ‘Plus beaux villages de France’, offre un paysage diversifié, avec son patchwork de collines, de plateaux où poussent des oliviers, des chênes, de la vigne, des arbres fruitiers, du maraîchage, de la lavande.
Vous avez dit héliotropisme ? Ici c’est l’ensoleillement qui prédomine conférant l’ambiance et la qualité de vie qui se déploient sur le territoire. Ce qu’on aime ? La richesse de son patrimoine culturel ; l’élégance de ses villages perchés comme Gordes, Roussillon, Bonnieux, Ménerbes et Lacoste ; ses belles tables gourmandes et gastronomiques ; ses crus prestigieux labellisés – les AOC Côtes-du-Rhône, Ventoux et Luberon, et, bien sûr, sa douceur de vie. En outre Avignon, Orange, Vaison-la-Romaine et Carpentras renferment des sites historiques uniques, associés à des manifestations culturelles mondialement connues.
Vous êtes sportifs ? Du Luberon au Pays des Sorgues en passant par la plaine du Comtat Venaissin et le mont Ventoux, vous avez le choix de la discipline : randonner dans de formidables sites naturels, escalader les parois des Dentelles de Montmirail, pédaler jusqu’au sommet du mont Ventoux, ou le long des gorges de la Nesque, faire du canoé sur la Sorgue, vous baigner dans la vallée du Toulourenc ou encore skier sur les pentes du Mont Serein. Le Vaucluse vit toute l’année.
Les infos pratiques Vaucluse 2022. Le Petit Futé – Coll. France – Version numérique offerte. 336 pages quadri – Format : 120 L x 205 H. Prix public : version print : 11,95€ – version numérique : 5,99€. Disponible sur : https://boutique.petitfute.com & Retrouvez le Vaucluse sur Internet, votre smartphone et votre tablette : www.petitfute.com MH
DR
Sunsets vignerons Luberon 2022 : réservez vos places pour la prochaine soirée
Vous êtes étudiant, avez entre 18 et 26 ans, vous aimez les espaces naturels du Luberon ? Alors rejoignez La garde régionale forestière du Luberon ! Mission ? Travailler à prévention des risques d’incendie, de fin juin à fin août 2022.
Après une semaine de formation organisée par la Région Sud, vous irez au contact du public, sur les sites naturels les plus fréquentés (Grand Luberon, colline Saint-Jacques à Cavaillon, Gorges de Régalon, forêt des cèdres du Petit Luberon, Gorges de Véroncle, Colorado provençal à Rustrel, vallon de l’Aiguebrun à Buoux, Gorges d’Oppedette, etc.). Votre mission ? Assurer l’accueil, la sensibilisation et l’information des visiteurs afin de garantir la protection de tous contre les incendies de forêt.
En savoir plus ? En 2019 le dispositif de la garde régionale forestière comprenait 120 jeunes dont 25 sont répartis dans le territoire du Parc naturel régional du Luberon ainsi que dans celui de la communauté de commune du pays de Sorgue et Mont du Vaucluse. Mis en place en 2018 par la Région Sud dans le cadre de son ‘Plan climat pour une Cop d’avance’, ce dispositif comprenait alors 110 jeunes. Déployée tout l’été sur le territoire pour appuyer la sécurité civile, la garde régionale forestière est composée de jeunes âgés de 18 à 25 ans, formés par des professionnels du feu et connectés aux sapeurs-pompiers. MH
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A Apt, deux autodidactes ont développé une prouesse technologique au service de nos aînés en Ehpad. Rencontre avec les fondateurs d’EEC technologies, à la recherche de ‘bêta testeurs’.
« En trois ans, on en a pris dix », nous confie Matteo Gachon au cœur de la Voûte, cet espace collaboratif à l’aura mystique. Et pour cause, le coworking abritait autrefois une abbaye transformée en couvent. Non loin des falaises ocres, une amitié de vingt ans et la passion pour l’informatique se mettent au service de nos doyens. Derrière leur apparence ordinaire et leur sourire candide, les maestros de l’algorithme sont d’ingénieux visionnaires. Exit la bête noire qui suscite les appréhensions les plus vives, l’intelligence artificielle sociale et solidaire exécute ce qu’on lui demande.
Andrea Pozzo et Matteo Gachon, la trentaine, nous détaillent les 1001 technologies condensées dans leurs bijoux : des petits capteurs blancs et discrets. Ils nous expliquent dans quelles mesures ces objets installés dans les chambres en Ehpad peuvent prévenir la dépendance et alerter des chutes. A Apt, les entrepreneurs ont pu s’enrichir d’une multitude de réseaux professionnels et institutionnels. « On a eu beaucoup de mains tendues, peut-être plus d’opportunités que si on s’était installé à Avignon. Il y a un vivier de personnes bienveillantes et très compétentes », se réjouit Matteo Gachon.
De leur installation jusqu’à l’accompagnement financier en passant par la prospection, les acteurs économiques de la vie locale ont tous prêté main forte pour une implantation réussie. Après plusieurs années de labeur, les associés ont développé un outil technologique capable de comprendre et d’identifier des situations à risques chez des personnes âgées. Une intelligence artificielle anticipe donc les risques, en prévenant la famille des changements d’habitudes constitutifs d’un glissement vers la dépendance et prévient l’entourage direct en cas d’urgence. Le dispositif respecte la vie privée puisqu’il n’intègre ni micro, ni caméra. Il a l’avantage d’être complètement autonome, ne requiert aucune action. La solution utilisée en Ehpad évite un maintien au sol prolongé entrainant des conséquences souvent pires que la chute elle-même.
Le boitier à gauche centralise les données des capteurs (droite) installés dans la chambre. Photo: Linda Mansouri
Le message WhatsApp
Première rencontre en classe de sixième. Déjà jeunes, les deux amis se passionnent pour l’informatique. Ils montent des PC ensemble, interconnectent les ordinateurs pour faire du jeu en réseau local. « On n’a jamais été trop scolaire », admet Matteo. Ils se retrouvent à Lyon, fac d’histoire pour l’un, fac de droit pour l’autre. En parallèle de la licence, les ingénieurs en herbe font de la domotique, « pour s’amuser ». Ils explorent alors plusieurs types de technologie qui automatisent la maison. Rapidement, Matteo évoque ses grands-parents âgés de 90 ans.
Sa grand-mère se retrouve un jour toute seule pendant un mois, à deux heures de voiture de sa fille unique. « Elle a l’habitude de m’envoyer un message sur WhatsApp tous les jours, je sais ainsi ce qu’elle fait », explique Matteo qui un jour est pris de panique. Si mamie chute juste après l’envoi d’un message, qui le saura ? Combien de temps restera-t-elle au sol avant que quelqu’un ne s’en aperçoive ? Pour éviter ce scénario angoissant, il installe des capteurs de mouvement chez elle. « J’ai commencé à constituer une ‘timeline’ avec les informations de mouvement collectées », explique le fondateur dont l’entourage trouve le concept fascinant et demande même à l’installer chez ses grands-parents. « Ils voulaient que je développe ce produit », se remémore Matteo. Voilà qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Comment veiller sur nos aînés en s’assurant que leur dignité reste intacte… Crédit: EEC Technologies
L’aventure commence
Matteo, alors commercial, soumet le projet à Andrea Pozzo, qui exerce dans le dépannage informatique. Les deux se mettent aussitôt en selle. « On aspirait à faire quelque chose d’utile », un challenge se profile : améliorer pas à pas la première solution créée. Au total, 11 natures de détection sont intégrées dans le système. Les capteurs sont capables de détecter un panel d’indicateurs : mouvement, température, hydrométrie, taux d’UV, activité électrique, gaz, monoxyde de carbone, pour ne citer qu’eux. Un exploit d’autant plus remarquable pour ceux qui ont appris l’IA via des tutos en anglais sur YouTube…
Grace à l’IA, les entrepreneurs constituent une empreinte des habitudes de vie de la personne que le système protège. EEC Technologies répond à deux objectifs : alerter les aidants et la famille en cas de chute, mais également comprendre le glissement vers la dépendance. « Notre valeur ajoutée, c’est faire de la prévention, de l’anticipation », résume Matteo.
La Bastide du Luberon à Robion ouvre très vite ses portes à cette nouvelle technologie aptésienne. « Il y a une espèce de dichotomie entre le méchant Ehpad et le gentil maintien en domicile. Des aprioris que l’on balaye une fois sur le terrain. Cela coûterait d’ailleurs plus cher d’avoir les services d’un Ehpad à domicile, puisqu’ils ne sont plus mutualisés », pointe Matteo. Huit capteurs pour quatre chambres sont alors installés, permettant une riche collecte d’informations grâce à un partenariat de terrain. Le duo dépose ensuite un dossier auprès de l’incubateur Camina et devient lauréat en 2019. Le marché centré sur le particulier dévie sur celui des Ehpad.
« On n’avait pas cette frappe commerciale pour le particulier et la technologie a un plus de mal à pénétrer les foyers », explique le fondateur. Un partenariat technologique est ensuite signé avec la Maison de retraite publique intercommunale de la Durance à Noves et Cabannes. « Nous avons réuni beaucoup de retours de la part des utilisateurs. L’Ehpad ne paie rien, en échange, le personnel nous fait des retours très importants pour le développement des fonctionnalités », souligne Matteo. Lauréat du réseau Entreprendre, la startup sera soutenue par Initiative Terre de Vaucluse, Bpi France, CIC Avignon ou la French Tech Grande Provence. 100.000€ seront mis sur la table pour voir naître le bébé.
Les capteurs permettent d’alerter le personnel d’une chute mais également d’anticiper le phénomène de dépendance.
2 salariés pour 80 lits en Ehpad
« Les résidents en Ehpad sont généralement dans un degré de dépendance avancé, qui nécessite un encadrement important. La nuit, il y a deux salariés pour 80 lits en moyenne en France », indique Matteo. Surprenant lorsque l’on sait à quel point la nuit rend vulnérable. Si une personne chute, elle est découverte uniquement au cours de la tournée du personnel. « Il faut savoir qu’au-delà de 45 minutes de maintien au sol, même si aucune contusion ou fracture n’est constatée, les dommages peuvent être très importants chez les personnes âgées : déshydratation, hypothermie, etc. », alerte Matteo.
EEC Technologies aide le personnel uniquement durant la nuit, grâce à un appel automatique en cas de chute. 606 Ehpad sont référencés en Paca, 122 dans un rayon de 50km autour d’Apt. Pour poursuivre son développement, la startup a besoin de 6 Ehpad au cours de la première année. Elle en appelle ainsi au ‘bêta testeurs’ pour enrichir sa technologie et se développer. « Environ 44% des établissements sont publics. Le Département a la gestion du bien vieillir au même titre que l’ARS. Si une personne chute et se fait mal, c’est l’Assurance maladie qui paie les frais. Les chutes coûtent 2 milliards d’euros par an à l’Etat. Mon combat, c’est de faire comprendre que cette charge ne doit pas incomber uniquement à l’Ehpad », explique Matteo.
Une solution complètement autonome
Quinze jours d’apprentissage sont nécessaires pour créer une empreinte des habitudes. Combien de temps dort le résident ? A quelle heure se couche-t-il ? Combien de fois se lève-t-il dans la nuit ? Une personne qui se lève plus régulièrement peut par exemple révéler l’apparition d’une pathologie. « On a également incorporé un bandeau lumineux au niveau des plaintes de la chambre pour améliorer la visibilité et réduire encore plus le risque de chute », abondent les fondateurs.
La philosophie ? Proposer une technologie automatique, complètement autonome. Pas de bouton à actionner, de bracelet à saisir, pas besoin d’internet et une batterie qui peut durer des heures en cas de coupure d’électricité. « Quand l’IA analyse une décision, elle n’oublie aucun paramètre, même s’il y en a des millions. Dans ce domaine, le ‘Machine learning’ sera toujours plus efficace qu’un être humain », précise Andrea Pozzo. Le boitier gère entre 4 à 6 chambres et les piles des capteurs sont à changer une fois par an. La maintenance et la mise à jour se font à distance. « On a beaucoup travaillé sur la réplicabilité des systèmes, pour qu’un électricien soit capable d’installer notre outil très facilement, partout en France, » précise Matteo.
EEC technologies recherche des bêta testeurs pour déployer sa solution innovante
IA sociale et solidaire
Ils en sont convaincus, avec la technologie, on peut faire beaucoup plus, avec autant de moyens. « L’IA représente pour nous une plus-value sociale, même si elle est perçue comme le robot qui va remplacer l’humain et tout contrôler. Une machine ne peut pas se voir prêter des intentions humaines. Elle n’est pas manipulatrice, elle fait ce qu’on lui demande de faire. On ne cherche pas à remplacer l’humain mais à maximiser son temps. Nous sommes une aide, pas un substitut « , rappelle Matteo. Le slogan ? L’IA sociale et solidaire pour prendre le contre-pied.
EEC Technologies s’inscrit dans la société et sa métamorphose à venir. La durée de vie s’allonge, l’indépendance s’accroît, la technologie médicale avance. Le programme gouvernemental Ehpad « hors les murs » entend bien se projeter dans l’avenir. « Le babyboom va bientôt devenir papyboom. Un pic de personnes va atteindre un état de dépendance compatible avec l’Ehpad. Les pouvoirs publics ne pourront pas faire face à cette forte demande », analyse Matteo. Construire d’autres Ehpad ? Une solution coûteuse et un foncier qui manque cruellement. Avec ce programme, il s’agit d’accompagner les personnes à domicile, avec un service plus poussé que le service classique : auxiliaire de vie, infirmier, ASH, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, etc. Un programme dans lequel les capteurs pourraient être une solution idoine au cœur des foyers. L’Ehpad se charge à ce moment-là d’alerter et de conseiller la famille en cas de prise en charge nécessaire au sein d’un établissement.
Oui aux investisseurs, non à la vente de données
Le concept plait, mais il séduit beaucoup d’investisseurs friands du commerce de données. « On ne veut pas vendre de données brutes, avoir ce genre de ‘business model’ ne nous intéresse pas. On utilise les données pour réalimenter notre IA et proposer un service toujours plus performant. On souhaite intégrer des actionnaires avec la même philosophie de développement. Que ce soit un fonds investissement, un industriel ou un business angel, il faut qu’il soit en phase avec nos valeurs. On n’a pas le couteau sous la gorge », concluent les fondateurs.
Voilà l’histoire de ces âmes gonflées d’une détermination naturelle, animées par la volonté de préserver la dignité de nos aînés. Rappelons-nous seulement que ces derniers étaient les premiers à nous tenir la main lorsque nous ne savions même pas encore marcher.