18 mai 2024 |

Ecrit par le 18 mai 2024

Le Tour Auto passe par le Vaucluse

Le 21 avril prochain, le Tour Auto, la rétrospective d’une des plus anciennes courses automobile française, passera par le Vaucluse. Une occasion de voir courir d’authentiques et anciennes voitures de course. Avec pas moins de 238 autos engagées, c’est un vrai musée roulant de l’automobile de compétition qui sillonnera les routes du massif du Ventoux et du sud Luberon. Dans la période actuelle un tel spectacle pourrait paraître aux yeux de certains comme anachronique ou totalement hors de propos. Ou bien peut-être pas ?

Si l’automobile sert d’abord à transporter hommes et marchandises d’un point A à un point B, elle peut aussi avoir bien d’autres fonctions. Elle peut notamment être un fantastique moyen de découverte et d’évasion. Si on regarde un peu dans le rétro, on pourra se souvenir combien la 4 CV Renault a joué un rôle important dans la démocratisation des vacances et cela bien après l’instauration des congés payés en 1936. Imaginez la France, le pays le plus incroyable pour la variété et la richesse de ses patrimoines, ce pays qui reçoit chaque année plus de touristes qu’il compte d’habitants, et bien ce pays dispose de 1 103 451 km de voies diverses (autoroutes, nationales, départementales et communales). Trois fois la distance de la Terre à la Lune. Pas un village, un monument, une curiosité ou un site touristique qui ne soit desservi par une route, une voie ou un chemin. C’est le maillage du territoire le plus complet qui puisse exister et le moyen le plus simple d’en découvrir toutes ses richesses.

Aux beaux jours on ne compte plus les rallyes d’autos anciennes

Certaines de ces routes sont exceptionnelles pour les paysages traversés ou pour leurs histoires. En Provence, on pense évidemment à la nationale 7 ou la route Napoléon pour ce qui est des grands axes de transhumances Nord / Sud. Dans le Vaucluse, les routes plus touristiques sont nombreuses que ce soit autour du massif du Ventoux ou de celui du Luberon. Aux beaux jours on ne compte plus les rallyes d’autos anciennes qui passent par notre région et qui y font étape. C’est une part non négligeable de l’activité hôtelière régionale, à la différence des camping-cars…

Crédit Photo Matthieu Bonnevie / Tour Auto 2022

L’arrivée prochaine des carburants synthétiques devrait clore définitivement le débat

On pourrait accuser les autos anciennes d’être particulièrement polluantes et de participer aussi au réchauffement climatique. Pour mémoire, en France, l’automobile représente moins de 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Et pour ce qui est de la part des autos anciennes c’est presque négligeable.

Pour Patrick Peter, l’organisateur du Tour Auto, ces autos roulent très peu et leurs émissions sont tellement réduites qu’elles ne sont même pas mesurables. Pour lui, l’arrivée prochaine des carburants synthétiques devrait clore définitivement le débat. Et fait intéressant, il dit n’avoir jamais eu ou perçu de réactions négatives dans les différentes compétions de voitures anciennes qu’il organise depuis 1983. La passion y est sans doute plus forte que tout.

Certes, elles sont bruyantes, parfois puantes ou fumantes mais elles sont vivantes, authentiques. Elles nous donnent des émotions, des sensations. Elles sont aux antipodes des autos d’aujourd’hui terriblement efficaces mais totalement aseptisées et tellement ennuyeuses.

Sachons garder cette part de rêve et de plaisir. Le Tour Auto a au moins le mérite de rendre hommage à toutes ces autos qui appartiennent désormais à notre patrimoine sportif et historique. Ne boudons pas notre plaisir !

© Peter Auto Channel

Le Tour Auto passe par le Vaucluse

Après nous être intéressés à la petite reine on ne pouvait pas ignorer l’Automobile, un autre moyen de transport qui déchaîne aussi toutes les passions. Qu’il s’agisse de la question des émissions de C02, de la fin programmée du moteur à explosion, de la conversion hasardeuse et controversée vers le tout électrique ou encore de l’envolée des prix de l’énergie, l’automobile, est comme on dit, aujourd’hui, « un vrai sujet ». Ici en Provence, on est également plus que concerné.

Il y a encore pas si longtemps l’automobile avait toutes les vertus ou presque. Elle était à la fois un moyen de déplacement et de transport encensé, un instrument de liberté adulé et un secteur économique puissant, largement choyé et soutenu. Nous étions fiers de notre industrie automobile surtout quand elle innovait ou s’illustrait en compétition. Notre pays, a compté parmi les plus prestigieux des constructeurs automobiles. Le monde entier nous enviait des marques comme Delage, Delahaye, Talbot, Hispano-Suiza, Salmson, Hotchkiss, Voisin, Facel-Vega… Ce n’est pas être nostalgique ou passéiste que de regarder ce qui s’est fait auparavant. Ca devrait pouvoir inspirer d’avantage le futur. On gagne toujours à jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur, et pas uniquement pour vouloir dépasser…

Les automobiles club y ont joué un rôle essentiel
L’automobile a façonné à sa manière l’histoire de la Provence. Tout d’abord avec les routes et ensuite les autoroutes. Elles ont permis l’essor touristique et économique de la région. Les automobile-club y ont joué un rôle essentiel. Au début, d’aimables clubs élitistes réservés uniquement aux gentleman, ils se sont rapidement démocratisés. Ils ont largement participé au développement de l’automobile. Ce sont eux qui ont installé les premières signalisations (avant les plaques et les bornes Michelin) et rédigé les premiers codes de la route. Ils ont été aussi les organisateurs des premières compétitions automobiles. Celui de Marseille, créé en 1899, a donné naissance à plusieurs épreuves sportives comme le Rallye International des Alpes ou le Grand Prix Automobile de Marseille… Une époque où chaque grande ville se devait d’accueillir un Grand Prix, y compris la cité des papes avec son fameux circuit des remparts.

La route des vacances
Dans le midi nous avons d’abord la nationale 7. Avec ses 1000 km c’est la plus longue route nationale de France. Reliant Paris à Menton, cette route, appelée aussi « la route bleue », traverse 5 régions. Côté mythe c’est un peu notre route 66 ! Ses stations-services aux architectures typiques des années 50 et ses relais routiers ont intégré depuis notre patrimoine national. La Nationale 7 a également placé sur son chemin, juste à mi-parcours entre Paris et la méditerranée, quelque uns de nos meilleurs restaurants. Paul Bocuse à Collonges-au-Mont-d’Or, les frères Troisgros à Roanne, la mère Brazier à Lyon, la maison Pic à Valence, Fernand Point à Vienne. On ne saurait rêver de meilleures étapes pour la pause repas sur la route des vacances.

Pour écouter la chanson Nationale 7 nouvelle version

Une terre fertile pour le sport auto
Côté sport, nous avons, en Provence, le circuit Paul Ricard qui accueille, aujourd’hui, le Grand Prix de France de F1, la plus prestigieuse de toutes les compétions automobiles à défaut d’être la plus passionnante à suivre… Il y a aussi bien sûr le Grand-prix de Monaco. C’est dans le même coin. Nous avons également le plus mythique de tous les rallyes : « Le Monte-Carlo », dont la première édition a été remportée, en 1911, par Henri Rougier, un marseillais, sur une Turcat-Méry, une auto marseillaise.
Le sport auto en Provence c’est aussi quelques grands noms qui ont marqué de leurs empreintes l’histoire : Michèle Mouton (Grasse), Maurice Trintignant (Sainte-Cécile-les-Vignes), Jean-Louis Trintignant (Piolenc), Jean-Pierre Nicolas (Marseille), Jean Ragnotti (Pernes-les-Fontaines), Jean Alési (Avignon)…
Mais tout cela semble aujourd’hui appartenir à une époque lointaine et surtout révolue.

L’automobile a changé la vie, certes pas toujours en bien, mais elle a tant apporté qu’il semble totalement incongru de vouloir donner un coup de volant aussi brutal. Il suffit d’observer le visage d’un jeune enfant qui s’illumine au passage d’une très belle auto. Son sourire et le brillant de ses yeux en disent plus long que n’importe quel discours. Ne brisons pas nos rêves d’enfant !

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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