Une convergence d’envies entre le directeur de l’Opéra Grand Avignon Frédéric Roels, le chorégraphe Martin Harriague, le directeur de l’Orchestre National Avignon-Provence (ONAP) Alexis Labat et le musicien associé pour les saisons 2025-2027 Fabien Cali.
Ils sont 4, comme un seul homme dans la même volonté de travailler ensemble et de donner corps à l’unique ballet composé par Beethoven, ‘Les créatures de Prométhée’. Si pour Frédéric Roels ce partenariat renoue avec une tradition remontant au XIXe siècle, le recours à l’Orchestre est plus rare mais la nomination de Martin Harriague donnant une dimension plus contemporaine au Ballet et la résidence de l’auteur-compositeur Fabien Cali à l’ONAP ont permis de concrétiser cette envie de créer ensemble.
Le mythe de Prométhée est déjà un défi
Prométhée osa défier Zeus en volant le feu aux dieux pour le donner aux hommes. Pour cet acte de rébellion et de générosité, il sera puni d’une souffrance éternelle : enchaîné sur un rocher du Mont Caucas, un aigle viendra chaque jour lui dévorer le foie qui se régénère chaque nuit. Au-delà du récit antique, cette nouvelle pièce interroge ce que signifie “voler le feu” aujourd’hui : dans un monde où l’humain s’arroge le pouvoir de contrôler et de détruire, Prométhée, lui, ne dérobe pas la flamme pour anéantir, mais pour offrir aux hommes la source même de la connaissance, de la vie, et… de l’amour.
Pourquoi ‘Les Créatures de Prométhée’ de Beethoven ?
Le directeur du Ballet Martin Harriague s’en explique : « Parce que c’est un ballet qui se donne très peu. On connaît l’ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven mais la pièce en entier est rare. Le projet est donc original. La collaboration avec Fabien Cali était très alléchante : prendre les partitions de Beethoven, ne pas hésiter à les manipuler, partir de la musique originale, la détourner, y revenir mais faire en sorte que tout ce retrouve dans chaque tableau, chacun étant pourtant très court ,s’enchaînant rapidement même si la musique de Beethoven est explosive, forte, épique. » Elle lui correspond, lui qui aime que la danse soit musique, « que les corps traduisent les notes et laissent voir ce qu’on entend. »
Processus artistique
Martin Harriague n’a pas eu de difficulté à imaginer un projet de danse avec un orchestre en direct car c’était son plus grand désir et plaisir, même si ça n’a pas été simple à construire puisqu’il y aura 40 musiciens sur scène et 14 danseurs. Il a fallu être créatif, inspiré : un décor inédit avec un plateau surélevé de 2 mètres pour l’Orchestre. Le choix du répertoire n’allait pas de soi même si Prométhée s’est imposé à la fois parce qu’il s’inscrivait dans le thème de la saison 2025-2026 « Les mythes », mais aussi parce qu’il fait le lien avec un Ballet de répertoire. Il a choisi cependant de mettre le personnage de Prométhée en avant, sa relation avec Zeus plus que son rôle dans l’animation des Créatures. Leur évolution sera cependant évoquée par leur danse technique et virtuose au fil du récit.
Des envies, des défis
L’envie de collaboration de l’Orchestre avec le Ballet Grand Avignon ne suffit pas. Il a fallu relever plusieurs défis techniques ou acoustiques. Comment travailler la musique au service des danseurs, comment la faire entendre pleinement au public alors que l’Orchestre sera en fond de scène (d’où la nécessité d’une sonorisation). Comment inclure un compositeur comme Fabien Cali sur une création de Ballet, comment lier sa création contemporaine à la musique originale de Beethoven ?
Fabien Cali, entre l’inspiration de Martin Harriague et la partition de Beethoven
Celui-ci a choisi de se mettre complètement au service du projet et d’attendre les propositions du directeur de Ballet. « Mon défi à moi, mon enjeu inquiétant était de me décomplexer et donc de m’autoriser à ‘toucher’ à la musique de Beethoven. Après plusieurs échanges, allers retours enrichissants et intenses, nous avons trouvé une manière fluide de travailler à partir de maquettes que je proposais. Je prenais une mesure originale, je l’étirais ou la détournais, y revenais. Dans un même tableau musical on aura a la fois des moments purement Beethoven et des moments crées. Seule l’exigence de me mettre enfin à l’écriture des partitions pour les 40 musiciens a stoppé ce processus de création qui m’a ravi et qui fonctionne plutôt bien. »
Vendredi 12 décembre. 20h. Samedi 13. 20h. 5 à 31€. Opéra Grand Avignon. 4 Rue Racine. Avignon. 04 90 14 26 40.










