L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
La ville de l’Isle-sur-la-Sorgue a décidé de prendre part aux Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs (JECPJ) les vendredi 2 et dimanche 4 septembre. Avec son important patrimoine juif, la commune souhaite faire connaître l’histoire singulière de sa communauté judéo-comtadine.
Menées par l’association JECPJ France et soutenues par le Ministère de la Culture, les Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs auront cette année pour thème ‘le Renouveau’. Pour l’occasion, une conférence ‘Du temple de Jérusalem à la synagogue : naissance d’un nouveau lieu de culte juif ?’ sera présentée par Claire Reggio, docteure en histoire et spécialiste d’histoire des religions, à l’espace culturel Les Plâtrières, boulevard Paul Pons à 18h30. Cette conférence permettra de découvrir l’histoire et l’architecture de la synagogue, ainsi que son développement dans le contexte de la diaspora.
Le dimanche 4 septembre, deux visites seront organisées. Une première au cimetière juif à 11h, commentée par la Direction du patrimoine, pour laquelle il faut s’inscrire au préalable par téléphone au 04 90 38 96 98. À 15h, il y aura une seconde visite qui aura lieu à la juiverie. Son actualité archéologique sera présentée par la Direction du patrimoine. Pour y participer, il faut également s’inscrire en amont de la visite au même numéro de téléphone.
L’important patrimoine juif de la Ville
La première référence écrite qui témoigne de la présence d’une communauté juive à l’Isle-sur-la-Sorgue date de 1268. L’ancien quartier juif est donc au cœur de l’actualité patrimoniale de la Ville qui s’est portée acquéreur d’une partie de l’immeuble Beaucaire. Situé dans l’impasse éponyme, ce bâtiment en forme de fer à cheval témoigne de l’histoire de la communauté juive. Il est protégé au titre des Monuments Historiques depuis le 28 février dernier. L’immeuble a fait l’object d’une étude historique et archéologique afin qu’il soit restauré et mis en valeur, notamment sa cage d’escalier.
La Ville a également acquis le bâtiment construit en partie sur l’emplacement de l’ancienne synagogue, détruite au milieu du XIXe siècle. Après un premier diagnostic archéologique prometteur réalisé en 2020 sur cet emplacement, une deuxième campagne de fouilles a eu lieu au 1er trimestre de cette année.
Le cimetière juif, implanté à plus d’un kilomètre du centre-ville de L’Isle-sur-la-Sorgue, est également inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques. Il conserve de nombreuses tombes et enclos aménagés aux XIXe et XXe siècles par les dernières familles de la communauté judéo-comtadine de la Ville.
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Le quartier juif, aussi appelé la juiverie ou la carrière, s’étalait sur environ un hectare et était fermé par deux portes closes le soir, une à l’Ouest, aujourd’hui la rue Alfred de Musset, et une à l’Est, aujourd’hui la rue Louis Lopez. Comme en témoigne le bâtiment Beaucaire, les maisons pouvaient s’élever sur quatre, voire cinq étages, afin d’optimiser l’espace.
V.A.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
Depuis le 29 juillet,la Cité des papes s’illumine avec la 6ème édition du festival Hélios. Tous les soirs de 21h30 à 23h30 jusqu’au 28 août, des projections et installations sur le thème de la nature et de la protection de l’environnement viennent sublimer le patrimoine d’Avignon. Une manifestation visuelle, mais aussi sonore, à ne surtout pas manquer !
Créé en 2017, le festival Hélios accueille de plus en plus de visiteurs chaque année. En 2021, plus 500 000 visiteurs étaient venus admirer ce spectacle visuel et sonore dont le thème tournait autour de la qualité de l’air. Cette année, l’événement se concentre sur la nature et la protection de l’environnement. Une thématique qui semble particulièrement chère à la ville d’Avignon qui accueille en parallèle l’exposition Amazônia de Sebastião Salgado au Palais des Papes jusqu’au 30 novembre.
Comme l’année dernière, le festival Hélios concerne huit sites avignonnais : le Musée du petit palais, l’Hôtel de ville, la place Carnot, la place du portail Matheron, le clocher des Augustins, la tour Saint-Jean-le-Vieux, l’église Saint-Didier, et l’église des Célestins. Chaque place et édifice est mis en lumière par une projection ou une installation, accompagnée d’un fond sonore. Chaque projection dure entre 4 et 7 minutes et tourne en boucle tous les soirs de 21h30 à 23h30.
Ce festival représente l’occasion parfaite pour découvrir la Cité des papes et son patrimoine d’une nouvelle façon. C’est aussi l’occasion pour la ville d’Avignon et ses partenaires de sensibiliser le public, de façon ludique et agréable, à une cause importante. Ainsi, les Avignonnais et touristes peuvent déambuler librement d’un point à l’autre du festival, ou bien en profiter tout en étant assis à la terrasse d’un restaurant.
Le Musée du petit palais vous fait voyager tout droit vers l’Amazonie avec le spectacle ‘Osmose’, élaboré par le prestataire audiovisuel Id Scènes. Inspirée des coutumes et des croyances des peuples indigènes, cette projection mêle culture et nature, et met en scène les microcosmes qui composent l’Amazonie.
L’Hôtel de ville révèle l’influence du soleil sur les états solides, liquides, gazeux avec la projection ‘Zenith’ imaginée par les équipes d’En Coulisse et de Pil’Z qui allient le vidéo mapping aux techniques du laser pour obtenir un résultat captivant.
Des papyrus géants viennent illuminer la place Carnot grâce aux artistes de Tilt. Entre sculptures et mobiliers urbains, alliés à la lumière, les papyrus prennent vie la nuit et s’animent de couleurs vibrantes qui changent incessamment et animent joyeusement la place sur laquelle ils sont disposés.
Sur la place du portail Matheron, les spectateurs pourront s’assoir sous des ombrelles faites par la ville d’Avignon. Ces installations zéro déchet sont composées de fleurs, de soleils et de feuilles en aluminium recyclé et bio plastique.
Au clocher des Augustins, venez admirer ‘Pendularium’, un spectacle évoquant l’urgence climatique, élaboré par le collectif Av Exciters, composé d’architectes, de graphistes, de musiciens et d’ingénieurs.
La tour Saint-Jean-le-Vieux devient fluide, flottante, évanescente, irradiante, puis surprenante par ses métamorphoses structurelles grâce au trompe-l’oeil ‘Pulsations’ imaginé par Artslide.
Le clocher de l’église Saint-Didier se revêt d’un vidéo mapping sur le thème de la qualité de l’air. Ce spectacle a été réalisé par les Orpailleurs de lumière.
L’église des Célestins, quant à elle, célèbre la faune avec ‘Drôle de Bestiaire’, imaginé par Marie Jumelin et Romain Floch. Un mélange de collages, peinture, textures et illustrations anciennes détaillées qui viennent sublimer l’édifice et le rendent poétique grâce à une proposition visuelle onirique et minutieuse.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
La Ville de Nîmes et son délégataire la société Edeis, chargée de la gestion des monuments antiques depuis l’an dernier, propose, depuis le 1er juillet, une nouvelle muséographie pour découvrir la Maison Carrée. Le nouveau parcours de visite s’articule autour de nombreuses thématiques pour comprendre le rôle et la fonction de ce temple romain destiné au culte impérial. Un lieu aujourd’hui candidat au patrimoine mondial de l’Unesco.
En charge de la gestion du théâtre antique d’Orange, la société Edeis s’occupe également depuis 1 an maintenant de la gestion de la Maison carrée à Nîmes pour le compte de la commune. Dans ce cadre, une nouvelle muséographie a été mise en service depuis le 1er juillet dernier dans ce monument antique datant du 1er siècle et constituant sans doute le temple romain le mieux conservé au monde.
Un nouveau parcours de visite Le nouveau parcours débute par une contextualisation de Nîmes dans la Gaule narbonnaise, lorsque Auguste y impose petit à petit le pouvoir de Rome, après ses victoires militaires. L’exposition aborde le thème du culte impérial qui permet à Auguste d’assoir son pouvoir mais également de rencontrer l’adhésion des populations locales. La deuxième thématique abordée est l’architecture du monument dans ses grandes lignes (monument hexastyle, pseudo-périptère, style corinthien romain), en insistant sur les monuments de références situés à Rome qui ont concouru à son édification : le temple de Mars Ultor (Mars Vengeur), le temple d’Apollo in Circo et enfin l’Ara Pacis, dont le décor est très similaire à celui sur la frise de la Maison Carrée.
Une grande maquette permet ensuite de resituer la Maison Carrée sur le forum antique, et de découvrir la Maison Carrée dans sa globalité architecturale et ses détails, grâce à un dispositif multimédia de localisation. On n’oublie pas l’importance de la salle cultuelle, la cella, et de la pierre de Lens, une pierre calcaire très dure extraite à une vingtaine de kilomètres, dont un échantillon est présenté afin d’illustrer de prouver sa robustesse au fil des siècles et son grain d’une grande finesse, aussi bien sur les colonnes que les sculptures.
Eglise, préfecture, mosquée et même tombeau ? Est ensuite abordée la découverte de la dédicace et sa transcription par Jean-François Séguier, un savant nîmois qui en a trouvé la clé et permis de comprendre que la Maison Carrée était un temple dynastique voué au culte impérial. Un autre moment important de la visite : le visionnage de ‘Regards croisés’ où trois éminents spécialistes donnent leur vision, leur interprétation de la Maison Carrée, tout en sachant qu’ils l’ont eu comme sujet de travail… Le parcours continu ensuite avec la découverte des travaux de restauration et de fouilles qui ont su éclairer les scientifiques et réunir les conditions pour offrir à la Maison Carrée un nouvel éclat, dans le respect de sa valeur et des techniques les plus adaptées. A découvrir également, la présentation de différentes utilisations parfois surprenantes de la Maison Carrée, car si elle est si bien conservée aujourd’hui, on le doit à son occupation quasi-continue au fil des siècles (église plusieurs fois, certainement une mosquée, écurie, projet de tombeau, préfecture… Enfin la visite s’achève par un moulage de chapiteau issu de la restauration Séguier (XVIIIe siècle), trésor d’un travail artisanal qui voulait déjà à l’époque rendre toute sa splendeur d’antan.
+10% de visiteurs Encore considéré aujourd’hui comme un modèle d’inspiration pour les architectes et les artistes, la Maison Carrée attire toujours autant les foules. Ainsi, près de 1 800 visiteurs se sont pressés, lors du week-end inaugural des 2 et 3 juillet pour découvrir cet édifice qui, à l’époque romaine, était situé au sud du forum, un vaste espace public qui constituait le cœur de la cité. Ce week-end du 14 juillet ils étaient encore 1 255, contre 858 en 2019, à venir se presser dans ce monument unique. De quoi, avec 9 954 visiteurs contre 8882 en 2019, afficher une fréquentation en hausse de plus de 10% depuis le début du mois.
Informations pratiques Maison Carrée – Nîmes – Monument historique géré par Edeis Ouvert 7 jours sur 7 – de 9h30 à 20h en juillet-août Billet combiné pour visiter la Maison Carrée, les Arènes de Nîmes et la Tour Magne www.arenes-nimes.com info@arenes-nimes.com Tél : 04 66 21 82 56 Tarifs : Arènes : plein tarif 10€ / tarif réduit 8€ Maison Carrée : plein tarif 6€ / tarif réduit 5€ Tour Magne : plein tarif 3,50€ / tarif réduit 3€ Pass 3 monuments : plein tarif 13€ / tarif réduit 11€
Découvrez la candidature de la Maison Carrée au patrimoine mondial de l’Unesco
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
À l’occasion des 39ème journées européennes du patrimoine qui auront lieu en septembre prochain, l’animateur passionné d’histoire et du patrimoine français Stéphane Bern présentera l’émission ‘Le monument préféré des Français’ sur la chaîne télévisée France 3.
Au départ, 42 monuments français étaient en compétition, dont 3 qui représentaient la région Sud : la Villa et les Jardins Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans les Alpes-Maritimes, l’Amphithéâtre d’Arles dans les Bouches-du-Rhône, et la synagogue de Carpentras en Vaucluse. C’est cette dernière qui a été choisie pour représenter la région Sud en finale aux côtés de 13 autres monuments qui représentent différentes parties du pays.
Pour découvrir ou redécouvrir la synagogue de Capentras, une visite virtuelle est en accès libre sur internet.
V.A.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
Le 5 aout 1963, André Malraux, alors ministre chargé des affaires culturelles, lançait une vaste campagne de ravalement des principaux bâtiments de Paris. Il s’agissait d’enlever la grisaille incrustée sur les pierres des bâtiments de laplace Vendôme, de l’Opéra Garnier, du Conseil d’État, de l’Hôtel-de-Ville ou encore du Louvre… Ainsi, entre 1960 et 1972, sur les 80 000 immeubles que compte Paris, 68 000 ont été ravalés.
« Malraux blanchit Paris »
Cette opération d’envergure value au ministre du général de Gaulle le jeu de mots « Malraux Blanchit Paris », eu égard à son soi-disant penchant pour une certaine poudre blanche. Ce fait historique – pas le mauvais jeu de mots qui y est associé – me revient en mémoire en découvrant, il y a quelques semaines, le nouveau visage de l’abbaye de Sénanque. En effet, le hasard de nos promenades pédestres nous emmena ce jour-là jusqu’à ce joyau de l’art cistercien de la vallée de la Sénancole. En travaux depuis deux ans le site voyait son chantier enfin se terminer. Comme beaucoup de visiteurs présents ce jour-là nous nous sommes amusés à jouer les inspecteurs des travaux finis. Concernant Sénanque ce n’était pas une rénovation mais un sauvetage. L’église abbatiale s’enfonçait inexorablement dans le sol et sa nef menaçait de s’effondrer. Les travaux furent lancés en 2019, grâce à un appel aux dons publics, complété ensuite par une campagne menée par le sémillant Stéphane Bern, l’ami des rois et des vielles pierres (pas forcément la même chose).
La blancheur et l’éclat d’origine Les travaux de sauvetage étaient donc terminés ou presque, mais les ouvriers ont profité des immenses échafaudages installés (une bagatelle de 80 tonnes) pour nettoyer façades et toitures, ces dernières étant faites de lauze. Puisqu’on y était et qu’il restait encore un peu de produit c’est tout le corps de bâtiment de l’abbaye qui y passa. Ainsi, l’abbaye la plus célèbre de Provence est devenue toute blanche. Murs et toits compris. Blanchie façon Malraux ! Tant pis pour toutes les cartes postales, guides touristiques et autres sets de table qui, du coup, deviennent totalement dépassés et obsolètes. Ca va finir par ‘re-griser’ me direz-vous. Certes, mais il faudra être patient. En s’offrant ce sérieux coup de jeune notre abbaye a de quoi rendre jaloux ses sœurs provençales : Silvacane et Thoronet. Incontestablement ces travaux de rafraichissement ont su lui redonner sa blancheur et tout son éclat d’origine.
Un patrimoine comme le grand témoin de notre histoire La France est le pays qui dispose sans doute de la plus grande richesse patrimoniale immobilière. En 2020, 45 684 monuments historiques étaient recensés. Et comme le disait déjà Malraux, un jour où sa lucidité n’avait d’égal que de la fluidité de son élocution, « ce patrimoine est le grand témoin de notre histoire » et dans le cas de la France cette histoire est particulièrement riche et mouvementée. Malraux poursuit avec la grandiloquence qui le caractérise : « Versailles, bâti pour le roi, conquis par le peuple, sauvé par la nation ».
Rénover, une idée neuve ! Cette idée de rénovation et de protection des monuments anciens est en fait une chose assez récente, elle remonte au 19e siècle. Avant, on n’y prêtait que peu d’attention, le passé n’avait sans doute pas la même valeur. Dans des temps encore plus anciens on démontait (ou on pillait suivant les cas) les pierres des anciens bâtiments pour en construire de nouveaux. Outre la transmission (on dit aujourd’hui devoir de mémoire) cette préservation du passé est plus que nécessaire. Elle offre aussi l’avantage d’attirer de plus en plus de touristes. Dans les années 2000, l’abbaye de Sénanque recevait chaque année 250 000 visiteurs. Les moines ont voulu freiner un petit peu, car cela ne correspondait plus avec leur règle de vie.
Le passé : un mauvais clin d’œil au présent Dans ce culte du passé on peut aussi y voir un mauvais clin d’œil au présent. Nous pourrions ainsi dire que si on préserve autant le passé c’est peut être que nous ne sommes pas sûr que le présent ait un vrai futur. Aujourd’hui, on ne construit plus ou peu avec l’idée du temps… Témoigner et laisser des traces dans l’histoire n’est plus une priorité. Autre temps autres mœurs. Mais ne boudons pas notre plaisir et allons re-visiter Sénanques, avec sa blancheur retrouvée et son champ de lavandin en fleur vous pourrez faire une nouvelle photo pour l’histoire !
Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
La Ville d’Avignon va installer deux potences de protection destinées à protéger le pont Saint-Bénezet. Ces deux portiques, qui doivent être mis en place dans la nuit de jeudi afin de limiter la gêne à la circulation, devraient permettre de mieux protéger le célèbre pont médiéval d’Avignon des chocs des véhicules de plus de 3,20 mètres de hauteur. En effet, ces dernières années l’ouvrage d’art gothique datant du XIIe siècle a été régulièrement percuté par des poids lourds (5 fois en 3 ans dont 2 fois en février dernier), entrainant de coûteuses réparations ainsi que d’importantes difficultés de circulation. Bloquée jusqu’alors par les ABF (Architecte des bâtiments de France), très réticents à voir apparaître un dispositif de ce type à proximité d’un monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco, cette installation va donc enfin voir le jour. Concrètement, dans le sens Le Pontet/Avignon, la potence sera installée à 80 mètres en amont du pont. Le second portique, dans le sens Avignon/Le Pontet, sera lui implanté 150 mètres avant le pont. Le coût de l’opération d’acquisition, de la pose ainsi que des marquages au sol s’élève à 104 000€. Les potences ont été réalisées par l’entreprise Lacroix, spécialiste dans les équipements de signalisation routière, alors que la pose sera assurée par la société Midi Traçage.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
Le château de Thézan, à Saint-Didier, va ouvrir ses portes pour la première fois à partir du samedi 4 juin prochain avec une exposition de l’artiste Etienne Viard.
Le château de Thézan, situé à Saint-Didier, n’a jamais pu accueillir de public. Après 20 ans laissé partiellement à l’abandon, la bâtisse et son parc ont été rachetés par Pierre de Beytia et Emmanuel Renoux, deux passionnés de vieilles pierres, de mobilier, d’objets d’art, ainsi que de beaux jardins.
« Depuis avril 2019, nous travaillons à maintenir le château et à redonner au domaine sa splendeur afin de pouvoir partager ce joyau de Provence avec le public, habitants du village de Saint-Didier et des alentours mais aussi avec les touristes et autres passionnés qui s’intéressent au réveil de la belle endormie du Comtat Venaissin », explique Emmanuel Renoux.
Un château du XIIème siècle
Situé face à l’église de la commune, le domaine qui s’étend sur 4000m² de planchers, 1,4ha de terrain clos, et 3,5 ha de terres agricoles s’est révélé être un véritable challenge pour ses deux acquéreurs. Évoqué pour la première fois dans des archives en 1159 sous le nom de ‘Villa de Saint-Didier – Villa Sancti Desiderii’, le bâtiment a servi de résidence principale, puis d’établissement de santé.
À la fin des années 1980, la clinique ferme ses portes. Le château et ses jardins sont alors faiblement maintenus jusqu’à être laissés complètement à l’abandon en 2016 avant d’être acquis trois ans plus tard par Pierre de Beytia et Emmanuel Renoux.
Une exposition pour inaugurer l’ouverture au public
Afin de marquer cette réouverture au public, le château provençal va accueillir une exposition. Quoi de mieux que de choisir un artiste ancré dans le Vaucluse pour inaugurer ce bien patrimonial ? C’est donc Etienne Viard, qui vit et travaille entre le département et la capitale, qui va exposer ses sculptures.
Dans les jardins du château, les visiteurs pourront donc se balader librement entre 12 œuvres. Il sera possible de visiter cette exposition à partir du samedi 4 juin prochain, et ce, jusqu’au 18 septembre.
Du 4 juin au 18 septembre. Ouverture les lundis, samedis et dimanches, ainsi que les vendredis au mois d’août. De 10h30 à 13h et de 15h à 18h30. Fermeture les 25, 26 et 27 juin. 4€ (tarif réduit : 3€). 58 Rue du Château. Saint-Didier.
V.A.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
Voilà plus de 15 ans que l’hôtel des Monnaies était inoccupé. Pourtant, les projets n’ont pas manqué pour cet édifice, le plus italien des bâtiments d’Avignon, situé si stratégiquement en face du palais des papes. Celui-ci semble être enfin le bon grâce à un groupe hôtelier lyonnais qui va également porter un projet de résidence hôtelière au 33 place des Corps-saints. De quoi créer 62 chambres et 40 emplois via un investissement de 15M€.
La Ville d’Avignon et le groupe é-hôtels viennent de signer la promesse de vente de l’hôtel des Monnaies, ainsi que celui de Niel adjacent, situés place du palais des papes. Le groupe hôtelier indépendant lyonnais, qui compte déjà plusieurs établissements dans la capitale des Gaules ainsi qu’un à Toulon, souhaite aménager un hôtel avec bar-restaurant, espaces bien-être et salle de réunion d’une capacité de 40 chambres. « C’est un moment important pour Avignon avec l’aboutissement de ce projet, se félicite Cécile Helle, maire d’Avignon, car ce joyau de notre patrimoine, va enfin pouvoir rouvrir ses portes après une trop longue fermeture de plus de 15 ans. » Il faut dire que depuis le transfert du conservatoire de musique et de danse vers l’ancien palais de justice près de la place Pie en 2007, l’édifice, classé depuis 1862 et inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, est resté désespérément vide. Les projets n’ont pourtant pas manqué afin de réinvestir cet ensemble de près de 1 500m2 (635m2 pour l’hôtel des Monnaies et 798m2 pour celui de Niel).
Cécile Helle, maire d’Avignon (à droite sur la photo), et Marianne Borthayre, présidente d’é-hôtels, signent les accords de cessions des hôtels des Monnaies et Niel.
Une succession de projets avortés Ainsi en 2009 déjà, l’ancienne municipalité de Marie-Josée Roig avait annoncé en grande pompe la vente du site pour 3M€ au groupe britannique Art’Otel. Cette filiale de Park Plaza Hôtel souhaitait aménager un hôtel 4 étoiles de 27 chambres comprenant aussi un restaurant panoramique sur le toit, un bar ‘lounge’, un grand salon ainsi que la création d’un atrium intérieur avec une toiture en verre afin de compenser le manque de lumière provenant de la façade aveugle baroque datant de 1619. L’ensemble, décoré par le couturier japonais Kenzo, devait être inauguré en 2012, après 2 ans de travaux. Les contraintes architecturales du lieu (ndlr : notamment l’absence de fenêtres extérieures en 1er et 2e étage de la façade principale) semble avoir eu raison du projet dont le peu de chambres a aussi mis à mal sa viabilité économique.
Toujours inoccupé en 2013, l’ancienne équipe municipale envisage alors la création d’une œnothèque régionale des Côtes-du-Rhône proposant des ateliers oenogastronomiques. Une opération menée en complément du réaménagement de l’ancienne banque de France (hôtel Calvet de la Palun), située à quelques dizaines de mètres, dans le cadre du projet ‘Carré du Palais’ d’Inter-Rhône, l’interprofession des vins de la Vallée du Rhône. Il est alors aussi prévu que l’hôtel des Monnaies héberge un restaurant, un café glacier, une boulangerie-pâtisserie, une librairie gastronomique, des espaces culturels et une résidence para-hôtelière ou des logements (situés eux, plutôt vers la partie Ouest et la rue de la Balance). Le tout devant être opérationnel en 2015… Nonobstant ce nouveau revers, le cabinet de Marie-Josée Roig imaginera même métamorphoser l’endroit en musée d’une grande maison de cristallerie française de luxe (très probablement la maison Lalique).
Retour à la vie estival Malgré tout, le bâtiment commandité en son temps par le cardinal Scipion Borghese, légat du pape Paul V, reprend vie ponctuellement durant le festival. En servant de base arrière au Off pendant quelques années ou en accueillant des spectacles du In comme en 2014 avec le spectacle déambulatoire ‘Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas’ d’Antonio Araujo (voir photo ci-dessous).
Avec l’arrivée de la nouvelle municipalité en 2014, la commune relève à nouveau le défi. En 2016, elle lance un appel à projet pour abriter une boutique Hôtel comportant une trentaine de chambres tout en aménageant une ‘maison des avignonnais’ abritant un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP), outil de connaissance de l’environnement et du cadre de vie sur un espace de 350m2 environ. Un investissement de 1,1M€ financé par le prix de la vente de hôtel des Monnaies et de l’hôtel de Niel au promoteur hôtelier pour un montant de 2,3M€.
Enfin la bonne ? Deux ans plus tard, c’est le projet porté par Bruno Donchegay qui est retenu parmi les quatre candidatures reçues. Ce dernier, déjà propriétaire de l’hôtel du palais depuis une vingtaine d’années et du restaurant le Lutrin, situés juste à côté, souhaite réaliser un hôtel 4 étoiles. Un investissement de 3,8M€ plus 2,2M€ pour l’achat des bâtiments auprès de la Ville. « La gageure est de lier les deux hôtels qui ont été bien abimés par les aménagements successifs dont ceux de l’école et du conservatoire de musique dans les années 1990 », expliquait alors l’architecte avignonnais Jean-Paul Cassulo chargé du projet avec l’agence lyonnaise Reppelin et Lardin architectes et le bureau d’études avignonnais IGBAT. Dans ce cadre, il est prévu de redonner ses anciens volumes au bâtiment profondément modifié au fil du temps. Un atrium, couvert par une fine verrière, doit être le point central autour duquel tourne l’ensemble du projet (voir photo ci-dessous).
Un atrium, couvert par une fine verrière, devrait être le point central du projet précédent conçu par l’architecte avignonnais Jean-Paul Cassulo chargé du projet avec l’agence lyonnaise Reppelin et Lardin architectes et le bureau d’études avignonnais IGBAT.
Une interconnexion entre les deux hôtels doit aussi permettre de créer un passage semi-public entre la place du Palais et la rue de la Balance via un ascenseur alors que Citadis est chargé d’aménager le futur CIAP de 255m2 qui présentera l’histoire architectural et les futurs projets urbains de la cité des papes à horizon 2030-2040. Au final, le projet table sur la création de 34 chambres de 20 à 40 m2, proposées entre 180€ et 240€ la nuit. Le début des travaux est alors annoncé avant la fin de l’année 2018 pour une livraison espérée dans le courant du 1er trimestre 2020. Mais patatras… Faute de garanties financières suffisantes, ce projet s’ajoute à son tour à la longue liste des dossiers inaboutis.
Par ici la monnaie C’est à ce moment là qu’entre en scène VPA (Vaucluse Provence attractivité). En contact avec les responsables du groupe é-hôtels, l’agence de développement économique du Conseil départemental de Vaucluse les met en relation avec la ville d’Avignon en recherche d’un nouveau partenaire. « Nous avons été mis en contact par VPA au moment où Marianne Borthayre et Jean-Luc Mathias, les fondateurs du groupe hôtelier indépendant, prospectaient dans le Vaucluse », confirme Cécile Helle qui, au passage, abandonne l’idée du CIAP, afin d’augmenter le nombre de chambres afin de raffermir la viabilité économique du dossier. Ces passionnés d’architecture et de patrimoine sont rapidement séduits par l’endroit qui dispose de la façade la plus italienne d’Avignon. Eux, qui donnent une nouvelle vie à des lieux au passé déjà riche sont donc prêts à se lancer dans l’aventure comme ils l’ont déjà fait notamment dans le cœur de Lyon avec le ‘Collège hôtel’ en 2003 ou le ‘Fourvière hôtel’ en 2015 dans un ancien couvent du XIXe siècle (voir photo ci-dessous).
Le ‘Fourvière hôtel’ réalisé en 2015 dans un ancien couvent du XIXe siècle.
La philosophie du groupe ? Des emplacements exceptionnels, la valorisation d’un patrimoine architectural et une hôtellerie à thème. « On nous parle de l’accessibilité, explique Jean-Luc Mathias, mais si c’était à proximité de l’autoroute tout le monde l’aurait déjà fait. C’est parce que c’est impossible que nous relevons le défi. » Pour la ville, l’enjeu est de taille car il s’agit avant tout de redonner vie à un édifice qui fait directement face au palais des papes et à ses 650 000 visiteurs annuels (hors années Covid).
Une philosophie qui séduit la Ville « L’objectif est de renforcer l’attractivité touristique d’Avignon tout en magnifiant son patrimoine » insiste la maire qui estime également que « la ville manque d’hôtels de charme offrant une expérience unique avec des chambres qui vous font ressentir l’Histoire et la culture de la ville où elles sont implantées. » « Le groupe propose une hôtellerie personnalisée, originale sans jamais être excentrique et révélant un minimalisme assumé, dans laquelle le client est au cœur des préoccupations, confirme la communication d’é-hôtels. Des lieux imaginés pour faire vivre à ceux qui y séjournent des expériences sensorielles de chaque instant et des moments d’émotions. » La municipalité de la cité des papes a été aussi séduite par la taille humaine du groupe qui privilégie également la qualité de vie pour ses employés. « Nous mettons en place une philosophie nouvelle dans l’hôtellerie, précise Jean-Luc Mathias, car il n’y a pas que les niveaux des rémunérations. Il y a aussi le confort de travail, la possibilité de disposer de week-end de temps en temps ou bien encore de ne pas travailler en continu. » Les 40 futurs salariés devraient donc disposer de conditions optimales dans un lieu d’exception.
Situé juste en face du palais des papes l’hôtel des Monnaies représente un enjeu majeur pour l’attractivité touristique et patrimoniale d’Avignon.
2 pour le prix de 1 Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, la municipalité a su également convaincre les repreneurs de l’hôtel des Monnaies de se porter acquéreur du 33, place des Corps-Saints acquis par la Citadis en 2016 auprès de l’Etat dans le cadre de la concession d’aménagement du centre-ville. C’est là qu’é-hotels va également réaliser une résidence hôtelière d’une capacité de 22 chambres qui permettra de retrouver la liaison entre l’église des Célestins, récemment restaurée par la Ville d’Avignon, le rez-de-chaussée de l’immeuble et la Chapelle Saint-Michel. « Ce seront ainsi, au total, à partir de 2025, plus de 60 chambres d’hôtel supérieures qui accueilleront tourisme d’affaire et de loisir », se félicite Cécile Helle ravie aussi de voir « des investisseurs qui croient à la dynamisme de ce territoire. » « Ce projet double, avec un positionnement dans la ville qui invite à y déambuler, nous conforte dans la stratégie de cheminement que nous avons créé jusqu’au palais des papes », poursuit-elle. Porté par ‘Mise en œuvre’, société rattachée au groupe hôtelier è-hôtel, la transaction s’élève à 2,3M€ pour l’acquisition de l’hôtel des Monnaies et l’hôtel de Niel (selon l’évaluation réalisé par France domaine en septembre dernier) et 700 000€ pour l’immeuble du 33 place des Corps-Saints. Pour ce dernier, l’accord s’accompagne d’une mise à disposition de la chapelle Saint-Michel par l’intermédiaire d’un bail emphytéotique de droit commun d’une durée de 50 ans et d’une redevance annuelle de 2 500€ pour le compte de la municipalité. Au terme du bail, le repreneur sera tenu de remettre gratuitement l’ensemble immobilier réhabilité à la ville, en bon état d’entretien et d’utilisation. Tous les travaux ayant pu être réalisés resteront propriété de la ville sans que le preneur ne puisse réclamer une quelconque rétribution. « Les travaux devraient démarrer début 2023 pour une ouverture des deux sites début 2025 », espère Marianne Borthayre dont le groupe va investir 15M€ pour l’achat et les chantiers des deux lieux. Une inauguration que la ville souhaite à l’occasion du dispositif ‘Avignon, Terre de Culture 2025’.
L’église de la chapelle Saint-Michel va être mise à disposition du groupe hôtelier è-hôtel dans le cadre d’un bail emphytéotique de droit commun d’une durée de 50 ans. A l’issue, le preneur sera tenu de remettre gratuitement l’ensemble immobilier réhabilité à la ville.
L’Isle-sur-la-Sorgue met son patrimoine juif en lumière
La nouvelle, jalousement gardée jusqu’alors, devrait faire l’effet d’une petite bombe mais il était difficile de la cacher plus longtemps. Le Conseil régional d’Occitanie vient de s’offrir le pont d’Avignon afin de ‘booster’ sa politique touristique dans sa partie Est. L’ouvrage d’art médiéval de la cité des papes datant du XIIe siècle va ainsi être très prochainement démonté pour être installé, à quelques centaines de mètres seulement, à Villeneuve-lès-Avignon au pied de la tour Philippe-le-Bel. Il constituera le maillon phare d’un ‘Bridge tour’ comprenant notamment le pont du Gard ainsi que Pont-Saint-Esprit.
« Nous avions été sollicités pour participer au financement de la LEO (Liaison Est Ouest) afin de faciliter le contournement d’Avignon, explique la région Occitanie. Mais franchement quel intérêt de réaliser un équipement qui pourrait servir aux gens à mieux se déplacer, aller à leur travail, permettre le développement économique de leur territoire et donner du travail à leurs enfants ? » « En revanche, dès que l’on a su qu’il était possible de réaliser cette opération nous n’avons pas hésité une seconde, poursuit le Conseil régional d’Occitanie. Pensez donc : un projet hors de prix qui nous permet de nous offrir un pont qui ne sert à rien en ne rejoignant aucune rive l’une à l’autre. Nous n’avons pas tergiversé longtemps car une telle occasion ne se présente pas tous les jours. »
« On avait entendu dire qu’il y avait quelque chose après Remoulins. »
A la découverte du Gard avignonnais Pour en arriver là, les obstacles n’ont cependant pas manqué. « Nous ne savions pas que notre région allait si loin, reconnaît-on à Toulouse. Heureusement, le département du Gard nous a beaucoup aidés pour mener à bien ce projet. » « Nous n’avons aucun mérite, précise-t-on humblement du côté de l’institution départementale basée à Nîmes. On avait entendu dire qu’il y avait quelque chose après Remoulins, alors nous n’avons pas été trop surpris quand nous avons découvert le Gard avignonnais. Après, sincèrement, nous ne savions pas qu’il y avait autant de gens là-bas et en plus ils parlent la même langue que nous ! A notre décharge, il faut reconnaître que franchement cela prête à confusion : ’la cité des papes’. Du coup, nous on a toujours cru que c’était l’Italie. »
Vers une extension du plan faubourgs ? Bien que le montant exact de la transaction ait été tenu secret, l’opération est particulièrement ‘juteuse’ pour Avignon, En se séparant de l’un de ses joyaux patrimoniaux, la municipalité de la cité des papes va être financièrement en mesure de déployer le ‘Plan Faubourgs’ sur tout son territoire. Mieux, pour ne pas jouer les radines, elle propose d’étendre son projet à l’ensemble du Grand Avignon. Pour cela, elle envisage d’offrir une trottinette électrique à chaque habitant de l’agglomération. Et pour ceux qui auront le Rhône à traverser, ils devraient être équipés de pédalos électriques. De l’autre côté du Rhône, le transfert du pont Saint-Bénezet d’une rive à l’autre ne semble pas poser de problème pour Villeneuve-lès-Avignon. Bien au contraire. « Nous, explique-t-on du côté de la cité cardinalice, on est comme les autres communes gardoises du Grand Avignon et du Gard rhodanien : entre Occitanie et Provence on ne sait plus trop où l’on habite. Du coup, cela nous arrange quand ce sont les autres qui prennent des initiatives, cela nous évite de prendre le risque d’avoir à le faire. » « Nous sommes à 100% à l’origine de cette opération, confirme la région Occitanie. Le canton de Villeneuve ne nous a rien demandé mais cela nous permet d’enfin réaliser un investissement dans cette zone. Un territoire parmi les plus contributeurs en matière fiscale dans lequel nous n’investissons jamais. Sincèrement, nous avions peur que cela commence à se voir, alors avec ce projet on est tranquille pour longtemps maintenant. On va pouvoir continuer à percevoir leurs impôts pour 50 ans au moins ! »
Bénédiction des Architecte des bâtiments de France Mais pour mener à bien un tel dossier, il a fallu auparavant recevoir l’indispensable bénédiction des ABF (Architecte des bâtiments de France). « Cela faisait des années que nous nous obstinions à refuser systématiquement l’installation d’un disgracieux portique de protection afin d’éviter que les poids lourds ne viennent percuter ce patrimoine de l’humanité. Quelle idée de faire si laid alors qu’il est plus facile de restaurer régulièrement. » Toutefois, en raison de la multiplication des coûts de réparation suite à des accidents impliquant des camions venant endommager l’ouvrage d’art médiéval datant du XIIe siècle (5 fois en 3 ans dont 2 en février dernier) la décision de mettre en place ces ‘horribles’ portiques a finalement été prise. Ces derniers devant être installés à partir de juin prochain.
« Quand deux solutions s’offrent à nous, nous choisissons toujours celle qui coûte le plus cher. »
« Mais s’il n’y a plus de pont, plus besoin de portiques, s’enthousiasment les gardiens du patrimoine. Alors quand nous avons eu vent du projet de transfert vers la partie Occitane du Rhône, nous avons sauté sur l’occasion. Car, par principe, quand deux solutions s’offrent à nous, nous choisissons toujours celle qui coûte le plus cher puisque ce n’est pas nous qui payons. » Seul regret pour les ABF, avec le déménagement du pont Saint-Bénezet « nous allons perdre le portique qui permettait de protéger jusqu’alors le pont Daladier, une merveille de l’art crypto-gothique qui, bientôt, sera sous l’intolérable menace des poids lourds. »
Le début d’un vaste jeu de chaise musicale ? En tout cas, ce transfert semble avoir donné des idées à d’autres collectivités. Ainsi la ville de Nîmes, lassée d’être la cible des mouvements animalistes, aurait proposé d’échanger les arènes contre le théâtre antique d’Orange. « Cela n’a que des avantages : on reste dans la romanité et on se débarrasse des anti-corridas », se félicite-t-on au sein de la municipalité gardoise. Du côté de la cité des princes, on est tout aussi enthousiaste à cette idée : « Nous pourrons étoffer notre offre touristique en proposant une féria d’Orange inédite. Cela donnera aussi un coup de fouet aux prochaines éditions des Chorégies. » Ayant appris la nouvelle, Roberto Alagna, qui a toujours affiché sa fidélité à la scène du plus vieux festival lyrique de la planète, prendrait déjà secrètement des cours de ‘muleta’ dans une manade en Camargue afin d’être le premier ténor au monde à jouer Carmen face à un véritable taureau de Miura.
Déconstruction patrimoniale Même à Paris, lassée par plus de 130 ans de présence de la dame de fer, la ville Lumière entend passer à autre chose. Elle souhaite ainsi échanger les 330 mètres de la Tour Eiffel contre les 260 mètres de celle d’Aramon.
Paris veut ‘déconstruire’ son patrimoine en rendant hommage à l’architecture industrielle des années 1970-1980. Pour cela, l’ancienne centrale de production à partir de fuel lourd d’Aramon serait le parfait symbole de cette époque révolue de l’utilisation des énergies fossiles.
« La Tour Eiffel, avec tout son métal qui ne sert à rien, c’est comme l’automobile : il est temps de passer à autre chose, explique la mairie de Paris. Désormais, il est temps de ‘déconstruire’ la capitale. Et n’y a-t-il pas plus beau symbole, à l’aune des Jeux olympiques, que de recycler le formidable héritage industriel français des années 1970 ? » Le transfert de ce symbole révolu de la production d’électricité via les énergies fossiles mis en service en 1977 et mis à l’arrêt en 2016 devrait être mené à bien pour Paris 2024. Pour sa part, la ville d’Aramon, soutenue par la CNR (Compagnie nationale du Rhône), compte recycler l’ouvrage de Gustave Eiffel en phare géant pour la navigation des péniches sur le Rhône. « Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces on est jamais assez prudent, mais vu la hauteur de l’édifice on devrait avoir un peu la marge », précisent les deux partenaires.
La Tour Eiffel va être recyclée en phare de navigation pour les péniches naviguant sur le Rhône.
Châteauneuf-du-plug ? Enfin, particulièrement séduite par ‘Le Tree’, l’œuvre équivoque de l’artiste Paul Mc Carthy qui avait fait l’objet d’une controverse lors de son exposition sur la place Vendôme à Paris pendant la Fiac 2014, la commune de Châteauneuf-du-Pape entend elle aussi mener sa révolution patrimoniale. Pour cela, elle envisage de substituer les ruines de son château qui domine son vignoble depuis près de 800 ans, par l’œuvre, mi-sapin gonflable mi-sextoy, du célèbre plasticien américain. Ce dernier, grand amateur de Châteauneuf, devant installer les restes du château castelpapal dans sa propriété de Los Angeles et transformer le donjon en une immense cave à vin. Anticipant la polémique le maire de Châteauneuf-du-Pape s’agace pourtant déjà : « avec cette œuvre, les gens verront ce qu’ils auront envie de voir : un sapin, un sextoy ou même une soucoupe volante* ! On s’en fout, ce qui compte c’est que l’on se soit débarrassé de cette tour, symbole phallique d’une époque patriarcale révolue. » Mis dans la confidence, le Syndicat des vignerons de la plus vieille AOC de France plancherait déjà sur la création d’une bouteille en forme de plug pour remplacer celle avec les armoiries traditionnelles gravées sur le col depuis 1937 ou la mitrale apparue au début des années 2000.
L’œuvre controversée de l’artiste américain Paul Mc Carthy va prochainement venir prendre la place de l’ancien donjon du Châteauneuf-du-Pape qui lui, prendra la direction de Los Angeles pour être transformée en une immense cave à vin.
Les lamentations du département de Vaucluse Enfin, à la tête du département de Vaucluse, bien que peu favorable à ce grand chamboulement patrimonial, on semble se résigner à ces bouleversements : « Ici, on n’aime pas changer les habitudes. Pour preuve, 3 de nos 5 derniers présidents ont été élus au bénéfice de l’âge. Il faut déjà qu’on s’habitue à avoir une femme à la présidence pour la première fois depuis plus de 230 ans alors voir tous ces monuments déménager… Mais bon, on va suivre quand même le mouvement bon gré mal gré. » Le Département serait déjà en négociation très avancée avec la municipalité de Jérusalem pour ‘troquer’ sa partie du palais des papes contre le mur des lamentations.