29 mars 2024 |

Ecrit par le 29 mars 2024

Festival d’Avignon, Clap de fin

Canicule, vent, incendies, covid : rien n’a été épargné à cette 76e édition du Festival d’Avignon. Mais le public est venu, nombreux. Avec plus de 135 000 entrées, le chiffre record de fréquentation de 2019 de 95,5 % n’a pas été battu mais avec 92% en 2022 on peut dire que ce festival a résisté à l’effraction dans le réel d’éléments perturbateurs. Le bilan complet et détaillé en chiffres nous parviendra dans quelques semaines. Paul Rondin, directeur délégué du festival relève déjà entre 50 et 100 millions de retombées économiques.

Olivier Py, Agnes Troly, Paul Rondin

La passation en attendant le bilan artistique de 9 années de festival
Le bilan de cette édition était un peu particulier car il s’agissait aussi pour le directeur Olivier Py de tirer sa révérence et de passer le flambeau ou plutôt les 3 clefs de la ville-culture à son successeur le portugais Tiago Rodrigues.  Il l’a fait dimanche 24 juillet avec émotion et flamboyance.  Après quelques prédictions, il s’adresse à Tiago Rodrigues en lui donnant à défaut de conseils professionnels un secret d’amitié redondant : «garde la pureté de ton cœur ».  Voir ici la lettre intégrale qui reflète à la fois sa peine et son amertume mais aussi sa joie d’avoir œuvré pour «ce qu’il y a de plus beau sur cette terre que notre Festival ? » 

De beaux moments glanés en fin de festival
Le chorégraphe Jan Martens nous a asséné sa vision du monde au rythme du clavecin de Goska Isphording. Soit ! Nous ne sommes pas habitués à ce son et ce rythme mais quel beau choix !  Son « Futur proche » si puissamment chorégraphiés par les 15 danseurs de Opéra Ballet Vlaanderen nous ébranle et nous convainc. Le dérèglement du monde est en marche, l’humanité se disloque, le futur se projette (magnifique  procédé vidéo qui projette le corps fragile des danseurs rampant sur scène tels des naufragés sur les murs du Palais) puis la purification ou la solidarité (évocation du partage des ressources aquatiques ?) nous rassemble. Dans un autre style moins consensuel, la compagnie El Conde de Torrefiel avec Una imagen interior dessine aussi le monde de demain mais en prenant appui sur nos imaginaires, nos peurs et en bousculant nos images mentales au fil de performances et de tableaux psychédéliques. Une très belle plongée dans notre univers intérieur révélé. Dire qu’Olivier Py a fait son show avec Miss Knife serait réducteur car sa générosité a primé en invitant sur scène nos sœurs ukrainiennes les Dakh Daughters et la béninoise Angélique Kidjo,  accompagnées par l’Orchestre national Avignon-Provence. On ne peut bouder son plaisir de réentendre les chansons d’amour – Juliette, Barbara ou Juliette-  d’exils et de paix. Il serait incongru de ne pas faire une standing ovation aux Dakh Daughters qui symbolisent le courage et qui tout en dignité ont témoigné des horreurs que subit leur pays.

Vifs succès pour Vive Les sujets
Comme tous les ans, Le Festival dʼAvignon et la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) ont proposé à des auteurs de présenter huit performances, en toute liberté de genre, de ton, de forme. Dans le beau Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph il y a eu ainsi de belles surprises au rendez-vous – pour ceux qui ont réussi à avoir des places car ces rendez-vous rencontrent toujours un beau succès. Ainsi Ludmilla Dabo et Mélina Boubetra ont achevé d’électriser le public dans le Vive le sujet n°1 tandis que les danseurs Erwan Ha Kyoon Larcher et Benjamin Karim Bertrand nous ont associés à leur étreinte sensuelle d’une beauté et d’une délicatesse inouïe -«Promettre»- dans le Vive le sujet n°3.

Les séances de rattrapage

Plus de 90 rencontres ont eu lieu dans le cadre des Ateliers de la pensée et sont à retrouver en intégralité en vidéo : Dialogues artistes-spectateurs, rencontres, tables rondes, rendez-vous professionnels…
https://festival-avignon.com/fr/audiovisuel/ateliers-de-la-pensee

Dès la fin du Festival, des spectacles de la 76e édition du Festival d’Avignon partent en tournée en France et à l’étranger.

Futur proche de Jan Martens. Du 23 septembre au 1 octobre. De Singel à Anvers.
La Tempesta de Alessandro Serra. Les 27 et 28 juillet. Festival Shakespeare à Gdańsk
Le Petit Chaperon rouge de Das Plateau. Du 28 au 30 septembre 2022.Théâtre de Châtillon
Le Sacrifice de Dada Masilo. Du 29 septembre au 2 octobre 2022. Kampnagel à Hambourg
Richard II de Christophe Rauck. Du 20 septembre au 15 octobre.Théâtre Nanterre-Amandiers
Solitaire de Sofia Adrian Jupither. Du 14 au 24 août.Svenska Teatern à Helsinki. Du 27 août au 10 septembre.Folkteatern  à Göteborg en Suède.
Tumulus de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain.Le 11 septembre. Scène nationale du Sud-Aquitain à Bayonne.
Una imagen interior d’El Conde de Torrefiel.15 au 17 septembre 2022. Ruhrtriennale.
Via injabulo de la compagnie Via Katlehong avec Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor. Les 10 et 11 septembre. Festival La Bâtie à Genève. Les 16 et 17 septembre. Teatro Municipal Do Porto au Portugal.Le 21 septembre. I Teatri di Reggio Emilia en Italie. Le 24 septembre.Théâtre Louis-Aragon à Tremblay-en-France. Le 27 septembre. Opéra de Dijon.

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