Tiago Rodigues a dressé un 1er bilan de ‘la fête civique, artistique et de la démocratisation de l’accès à la création’ du 77e Festival d’Avignon pour lequel il proposait sa première programmation aux côtés de Pierre Gendronneau, directeur délégué. «Le festival a affiché 94% de remplissage des salles avec 15 000 places de plus que l’année dernière, ce qui est une augmentation considérable du public payant, a relevé Tiago Rodrigues. C’est le public qui fait le festival. Je salue la façon dont le public a porté ce festival, dont il défend les valeurs et incarne l’esprit. »
«Je suis un émigrant –parti du Portugal, mon pays- qui habite depuis 18 mois Avignon et où j’avais déjà vécu le festival en tant qu’artiste et spectateur. Je suis le 1er étranger à travailler à la direction du Festival d’Avignon ce qui parle de République, de ses valeurs et de la démocratie. J’ai été formidablement bien reçu par deux femmes. Ma présidente, Françoise Nissen, avec elle je me sens chez moi et Cécile Helle qui m’a reçu de façon exceptionnelle.» Le directeur du festival a ensuite remercié L’Etat, la Région Sud, le Département, le Grand Avignon et la Ville qui sont les principaux financeurs du Festival d’Avignon ainsi que les mécènes.
«Mener des combats
Nous avons l’opportunité, au Festival d’Avignon, de mener des combats pour la liberté artistique et la création. Le moment où une idée doit être concrétisée avec des ressources humaines, des financements et des prises de risque que l’on prend au nom du public. On sait, notamment dans l’art vivant, que la réussite ou l’échec, éphémères font de grandes œuvres qui changent les canons. Aujourd’hui on invente le patrimoine de l’avenir.»
«L’accès du plus grand nombre et du plus divers public à la culture
C’est le 2e plus grand combat du Festival d’Avignon. L’accès de ceux qui se sentent éloignés de la création artistique et qui doivent être traités comme les propriétaires légitimes du festival d’Avignon même s’ils n’y sont jamais venus. Ces deux combats sont menés en forme de fête en France et en Europe.»
«Une fête qui n’est pas aveugle
aux injustices et aux troubles du monde. Le fil rouge de cette édition ? La vulnérabilité humaine collective, sociale, économique, et aussi individuelle, intime, émotionnelle, familiale, biologique, et face à cela, construire, proposer de l’invention, de la créativité, d’autres visions du monde. Peut-être un monde ‘pas possible’, mais certainement à venir, même s’il est imaginaire.»
«Le retour du festival ?
Une multiplicité d’esthétiques et de visions du monde. Si nous sommes une fête des arts du monde, nous sommes aussi un forum qui parle du monde et au monde. C’est en possédant une mémoire que l’on peut bâtir les laboratoires de recherche de l’avenir.»
Un Festival hors les murs
Pierre Gendronneau a évoqué « les pièces qui ont eu lieu en milieu naturel comme à Pujaut dans le Gard, Barbentane et Boulbon dans les Bouches-du-Rhône. Le territoire naturel d’Avignon s’affranchit naturellement des frontières administratives telles que les régions ou les départements, investissant 42 lieux. Notre souhait ? Proposer du spectacle en itinérance, production déléguée du Festival d’Avignon. Le projet ? Proposer, avec de grands artistes, un répertoire de poche qui peut s’adapter et tourner facilement sur le territoire local, puis en région avant d’aller en national. » Cette année ce furent 16 représentations données dans 11 communes. »
Changements d’horaires et de lieux
« Nous souhaitons poursuivre cela toute l’année et sur tout le territoire. Nous voulons travailler en espace naturels, nécessaire réflexion à la crise climatique et à la transition écologique dans laquelle nous devons nous engager. Nous avons multiplié les spectacles en matinée qui ont généré un très bon accueil du public. Nous ferons des propositions matinales, de fin d’après-midi et très tard dans la soirée. Rouvrir des lieux comme la carrière de Boulbon, après 7 ans de fermeture, s’est avéré complexe, notamment en raison du risque incendie. Nous avons été jusqu’à créer notre propre brigade anti-incendie à Boulbon, Barbentane et Pujaut, parce que c’est un rêve à la mesure de ce qu’est le festival d’Avignon. »
Le festival d’Avignon en chiffres
«Nous notons déjà une augmentation de jeunes dans le public, et aussi du public international. C’est une ouverture à des publics d’ailleurs et d’ici, notamment de l’extramuros d’Avignon et du dispositif ‘Première fois’ qui privilégie la présence de ces primo-festivaliers. Près de 2 800 jeunes ont profité d’activités de médiation culturelle, devenant, eux aussi, des narrateurs du festival d’Avignon.»
La programmation
s’est ouverte sur 44 spectacles et une exposition, 106 débats et rencontres (Café des idées), 37 projections, 22 lectures en entrée libre, 73% des projets sont des créations 2023, 55 % des projets sont produits et coproduits, 56 % des projets sont portés ou co-portés par une femme, 33 % de la programmation est en relation avec la langue invitée, 42 % de porteurs de projets étrangers soit 13 nationalités représentées, 75% des artistes ne sont jamais venus, 11 équipes artistiques ont été en résidence
L’offre festivalière
a donné à voir 258 représentations et une exposition, 423 rendez-vous, 121 600 entrées à la vente (hors entrées libres)
L’Offre territoriale
S’est étendue sur 42 lieux, dont 22 extramuros avec une fréquentation atteignant les 94%
Quant à l’audience les Socionautes –utilisateurs des réseaux sociaux- ont représenté 200 000 abonnés (tous réseaux Festival d’Avignon confondus), Plus de 11 millions de vues sur les réseaux sociaux, 300 000 téléspectateurs pour les 3 captations à l’antenne, Site : 4 millions de pages vues et 40 000 téléchargements via l’appli.
Un Festival de Première fois
‘5 000 Première fois’ venus en groupe au spectacle dont 2 800 personnes avec des médiations et visites Première fois ; Un Festival carrefour des langues ; 33 % de la programmation est en relation avec la langue invitée (anglais) ; 42 % de porteurs de projet sont étrangers soit 13 nationalités représentées ; Une communication bilingue avec 64 % de la programmation surtitrée ou accessible à un public anglophone ; 17% du public est étranger (public, professionnels et journalistes internationaux).
Une aventure collective
33 permanents, 731 salariés en juillet, 581 artistes soient 1345 personnes et 110 partenaires.
Le Masque et la plume au Festival In d’Avignon
Pour la 1ere fois France Inter a conçu deux enregistrements en public samedi 15 à 14h au Cloître Saint-Louis présentés par Jérôme Garcin -depuis 1989- et diffusés le lendemain, ainsi qu’une 2e émission diffusée le 23 juillet. Cette émission légendaire, créée en 1955 est consacrée au critiques de livres, de pièces de théâtre et de films de cinéma. C’est l’une des émissions les plus anciennes d’Europe encore diffusée.
A venir
« La 78 e édition se déroulera du 29 juin au 21 juillet 2024. « Ce sera deux jours de plus que la précédente édition », souligne Pierre Gendronneau et aussi un défi en terme de programmes, plus particulièrement la première semaine -à cause du public scolaire, certains lieux étant des bâtiments de l’Education nationale- ce sera aussi l’occasion de travailler pour le public local qui représente 40% des festivaliers, chaque année, et notamment des jeunes, qui seront sur place. »