6 mai 2024 |

Ecrit par le 6 mai 2024

Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Alors que la dernière édition des Rencontres du Sud 2023 a été un véritable succès, le Capitole my Cinéwest, partenaire de l’événement, a accueilli 220 élèves et leurs professeurs venant de différents établissements du Vaucluse, pour assister à la journée Collèges et Lycées dans le cadre du Petit Festival.

« Ce Petit Festival fait la part belle à l’éducation à l’image car il est indispensable de partager et de proposer des dispositifs pédagogiques pour accompagner l’enseignement artistique notamment dans le domaine du cinéma et pourquoi pas, in fine, de révéler des vocations », se félicitent les organisateurs des Rencontres du Sud.
C’est pour cela qu’à l’occasion de cette 10e édition, la manifestation a accueilli une journée spéciale consacrée aux collèges et lycées de Vaucluse : ‘Le Petit Festival’.
Dans ce cadre, une programmation spécifique et adaptée a rythmé cette journée riche en rencontres, en échanges et en découvertes du monde de l’industrie cinématographique française. Les formations et les métiers du cinéma ont été mis à l’honneur pour le plus grand plaisir des élèves.

Ce moment d’échange a ainsi permis à plus de 220 élèves et leurs professeurs d’assister à la projection de plusieurs courts-métrages* ainsi que d’un long métrage traitant des différentes formes de harcèlement que peuvent subir les jeunes. Les élèves vauclusiens ont ensuite pu rencontrer Florent Parisi, réalisateur du court-métrage La Couleur du Roi ainsi que Chad Chenouga, réalisateur du long métrage Le Principal.

Le reste de la journée a ensuite été consacré à la présentation du secteur du cinéma et de ses métiers avec rencontre et échange avec Adrien Denouette, critique de cinéma, enseignant et conférencier. Focus sur le métier de distributeur et programmateur de film : rencontre et échange avec Hugo Fournier, programmateur et responsable projections privées, société Warner Bros. Présentation de la section SN AVP du Campus des sciences et techniques d’Avignon : Rencontre avec Nicolas Dion, professeur au lycée Robert Schuman.
Présentation de L’École des Nouvelles Images d’Avignon : Rencontre avec Florence Maille, responsable communication et partenariat et Maud Dufour, assistante de direction.

L.G.

*Liste des courts-métrages : Nightout, Amis que vent emporte, Précieux, Trop de bruits qui courent, Aspirational, Mademoiselle, Une différence pas une souffrance ainsi que La Couleur du Roi.


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Portée par toute une équipe à une dimension nationale et présidée par René Kraus, l’édition 2023 des Rencontres du Sud a accueilli à Avignon plus de 300 professionnels venus de toute la France pour découvrir dans les salles du Vox et Utopia Avignon centre-ville dix-huit films en avant-première du 20 au 25 mars 2023, pour échanger entre-eux et avec dix équipes de films.

Avec, entre autres, Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Samuel Le Bihan, Victoria Bedos, Chad Chenouga, ou Andréa Bescond et Eric Métayer qui lors de la prestigieuse soirée des Victoires 2023 mettant à l’honneur Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR Cinémas, ont reçu pour leur film ‘Quand tu seras grand’ le prix des lycéens, décerné par les élèves des établissements de formation du campus des sciences et techniques d’Avignon. Le prix des « Montreurs d’images » revenant à ‘Chien de la casse’ de Jean-Baptiste Durand. Onze films étaient en compétition. Sept hors-concours.

À noter que ces rencontres cinématographiques ont été partiellement ouvertes au grand public avec des films présentés en présence des équipes à Utopia Manutention et Pathé Cap-Sud à Avignon, au Rivoli à Carpentras, à La Cigale à Cavaillon et au Capitole myCinewest au Pontet, où s’est également déroulé samedi 25 mars le CinéPitchoun destiné au jeune public.

‘Quand tu seras grand’

Le 23 mars au cinéma Le Vox à Avignon, Andréa Bescond et Eric Métayer sont venus présenter ‘Quand tu seras grand’. Après ‘Les chatouilles’, histoire s’inspirant du drame de l’enfance d’Andréa Bescond qui avait été victime de violences sexuelles, ils s’attaquent dans ce nouveau film à la maltraitance envers les personnes âgées et la forme d’abandon qui existe dans notre société par rapport à ces derniers. Le long métrage, dont la sortie nationale est prévue pour le 26 avril prochain, a reçu un bel accueil du public de ces Rencontres cinématographiques du Sud, et a été primé par le prix des lycéens lors de la prestigieuse soirée des Victoires 2023.

À travers les histoires des résidents d’un Ehpad qui vont devoir partager leur réfectoire avec une classe d’enfants, et les difficultés du personnel soumis à une pression permanente et à des restrictions budgétaires impactant les conditions de travail, c’est un véritable moment de vie, d’amitié et d’amour qui est proposé aux spectateurs. Un film choral sur un sujet difficile qui donne à voir la vieillesse mais aussi l’enfance et qui parle avant tout de l’humain. Avec Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Evelyne Istria, Christian Sinniger, Marie Gillain, Carole Franck, Eric Métayer, Sylvie Artel…

« L’idée du film est née il y a quelques années quand ma grand-mère était en Ehpad, rapporte Andréa Bescond. Nous sommes venus la voir avec nos enfants et nous avons remarqué à quel point leur présence faisait réagir les personnes âgées. Tout à coup elles pétillaient de nouveau. Cela nous a beaucoup émus. » « Voir se rallumer une étincelle dans leurs yeux grâce à la présence d’enfants, a sans doute créé un déclic en nous », ajoute Eirc Métayer. « L’enfance et la vieillesse constituent deux parties de la vie qu’on ignore un peu. Les gens en Ehpad ont eu un métier, une vie, une histoire. Ce ne sont pas simplement des vieux qu’on ramène le soir dans leur chambre. Et c’est la même chose pour les enfants », analyse Andréa. Ce film n’est ni totalement une comédie ni un drame mais un peu des deux.

Eric Métayer et Andréa Bescond. ©Jean-Dominique Réga

‘La vie pour de vrai’

C’est accompagné de Charlotte Gainsbourg que Dany Boon est venu présenter en avant-première aux professionnels sa nouvelle comédie ‘La vie pour de vrai’, qui sortira dans les salles le 19 avril prochain. Un film de 109 minutes où le scénariste, réalisateur et acteur retrouve au casting son complice Kad Merad, Caroline Anglade et Charlotte Gainsbourg, avec qui il avait joué dans le film ‘Ils sont partout’ d’Yvan Attal.

L’intrigue a pour point de départ le Club Med au Mexique, où Tridan Lagache (Dany Boon) changeait d’amis toutes les semaines. Un lieu idyllique où ses parents travaillaient. Il y est né et y a vécu toute sa vie. À 50 ans, il décide de quitter pour la première fois son environnement de toujours pour retrouver Violette, son amour d’enfance qu’il n’a connu que huit jours. Il débarque à Paris avec toute sa naïveté loin d’imaginer les obstacles à sa quête du bonheur. Quelque peu perdu, il va faire la rencontre inattendue de Louis (Kad Merad), demi-frère dont il ignorait l’existence. Mais ce dernier, pour se débarrasser de lui et le flouer dans l’héritage d’un appartement qu’il occupe dans la capitale, va supplier Roxane (Charlotte Gainsbourg), l’une de ses conquêtes, de se faire passer pour Violette.

« C’est un film sur l’amour et le fantasme qu’on peut faire, explique Dany Boon. Sur le relationnel aussi. Les premières émotions lorsqu’on est enfant restent en mémoire toute la vie. Quand je suis arrivé comme étudiant à Paris, je ne comprenais pas pourquoi les gens ne se parlaient pas et avaient peur. Tridan a un regard décalé sur le monde. Il suffit de pas grand-chose pour faire basculer les échanges sociétaux du bon côté. Louis ne voit pas la chance qu’il a d’avoir Roxane. Chacun est dans son monde. » Tridan avec sa personnalité va apporter quelque chose dans l’univers de Louis mais aussi dans celui de Roxane qui est une femme libre et authentique. Une Roxane interprétée avec sincérité et subtilité par Charlotte Gainsbourg qui apporte tout son talent dans ce trio amoureux.

Dany Boon et Charlotte Gainsbourg. ©Jean-Dominique Réga

‘Le prix du passage’

Thierry Binisti, réalisateur qui s’est fait connaître du grand public en portant à l’écran l’adaptation de ‘La bicyclette bleue’, roman de Régine Desforges avec Laetitia Casta, était présent au Vox à Avignon le 20 mars pour le lancement des Rencontres du Sud où il est venu présenter en avant-première son dernier long métrage ‘Le prix du passage’ dont la sortie nationale est prévue le 12 avril prochain.

Un film sur les migrants qui se retrouvent après un long périple dans le Nord de la France avec l’espoir de trouver une vie meilleure en Grande-Bretagne. Un sujet traité à travers l’histoire croisée de Natacha, jeune mère célibataire de 25 ans, et celle de Walid, migrant d’origine Irakienne. Elle fait face à des difficultés pour élever son fils Enzo, 8 ans. Walid, lui, attend de réunir assez d’argent pour payer son passage vers l’Angleterre. Aux abois, ils improvisent ensemble une filière artisanale de passages clandestins… Une histoire qui met en relief également le choc de deux précarités, celle des migrants et celle d’une forme de sous-prolétariat urbain dont Natacha fait partie, car elle aussi est dans une situation économique qui limite son univers et la rend dépendante des personnes qui gravitent autour d’elle.

« Les frontières s’étaient estompées mais elles se relèvent, constate Thierry Binisti qui a passé du temps auprès des populations locales et des associations qui œuvrent dans des villes comme Calais, Boulogne sur mer ou Cherbourg. Il n’y a pas encore de volonté politique de les faire tomber car cela fait peur. Il y a un réseau de volonté et une force de solidarité qui est touchante, avec au final des frontières qu’on arrive à contourner. » Deux attitudes existent, le soutien et le rejet…

Thierry Binisti. ©Jean-Dominique Réga

‘Le principal’

Le réalisateur Chad Chenouga est venu aux Rencontres du Sud présenter en avant-première au cinéma Le Vox à Avignon ‘Le Principal’ dont la sortie nationale est prévue le 10 mai prochain. Un film avec, dans le rôle principal, Roschdy Zem, avec Marina Hands de la Comédie-Française avec Yolande Moreau. C’est l’histoire de Sabri Lahlali, principal adjoint d’un collège de quartier, qui est prêt à tout
pour que son fils, sur le point de passer le brevet, ait le dossier scolaire idéal. Mais il ne sait pas jusqu’à quel point son entreprise va le mener…

Une histoire qui est tirée de faits réels révèle le réalisateur. « J’étais allé présenter mon film ‘De toutes mes forces’ dans un ciné-club où le public était constitué en grande partie d’enseignants, explique-t-il. Deux professeurs m’ont raconté qu’ils avaient travaillé avec un principal adjoint atypique qui avait trahi sa fonction. Il avait triché en donnant un corrigé à son fils. Mais comme il était bien noté, l’affaire avait été étouffée et il avait quand même été nommé principal dans un autre établissement. » Chad Chenouga, qui y voit une dimension d’autodestruction avec quelqu’un qui dans le fond n’est pas très épanoui, ajoute que le principal est « un homme un peu spécial, psycho-rigide et un peu paranoïaque, qui avait pris l’initiative de tricher et qui, quand il avait été soupçonné, avait menti et demandé à son fils de se dénoncer. »

« Quand vous arrivez à vous extraire de votre milieu vous pouvez avoir un sentiment de culpabilité, analyse Chad Chenouga qui a été nommé aux Césars en 2000 pour son film ‘Rue bleue’. Je fais de la fiction mais j’insuffle dans ce film des choses très personnelles. J’aime bien la littérature, l’art m’a aidé tout jeune. » Acteur et scénariste, il est lauréat du grand prix du concours Sopadin de meilleur scénariste pour son film ‘De toutes mes forces’. Pour le théâtre, il a écrit ‘La niaque’ qu’il a mis en scène. Et il est intervenant aux cours Florent.

Chad Chenouga. ©Jean-Dominique Réga

‘Last Dance’

‘Last Dance’ une comédie de Delphine Lehericey avec François Berléand, Kacey Motte Klein, Maria Ribot dite La Ribot (chorégraphe, danseuse) Déborah Lukimuena, Astrid Whettnall, Dominique Reymond. Date de sortie en France le 20 septembre prochain.

C’est l’histoire de Germain, 75 ans, qui vit une retraite contemplative se laissant aller à une certaine douceur de vivre. Sa femme, Lise, décède brutalement. Il a à peine le temps de réaliser ce qui lui arrive que sa famille s’immisce dans son quotidien avec des activités organisées. Sa vie est alors envahie par ses enfants qui se mettent à la régenter. Pour retrouver sa liberté, il rejoint la compagnie de danse contemporaine dont son épouse était membre, réalisant également ainsi une promesse faite à cette dernière. Il n’en dit rien à ses enfants, craignant que ceux-ci l’en empêchent.

Delphine Lehericey, réalisatrice, metteure en scène, comédienne franco-suisse née à Lausanne en 1975 et installée en Belgique, est venue présenter son film à Avignon, ville qu’elle connaissait pour avoir participé en début de carrière au festival Off. «J’avais déjà travaillé avec des danseurs et je connaissais le travail de La Ribot, détaille-t-elle. J’ai travaillé en amont avec François Berléand qui est un immense acteur, avec une certaine souplesse. Sa rencontre avec La Ribot a été magique ! » Le long-métrage, sorti en Suisse, a reçu le prix du public au Festival du film à Locarno. « Ici, il y a une espèce de harcèlement de la part des proches de Germain qui veulent organiser sa vie, lui préparent quotidiennement ses repas alors qu’il en a assez et que la nourriture s’accumule. C’est la métaphore d’une grande famille qui prend de mauvaises décisions, au point que Germain se réfugie dans une autre famille, celle de la troupe de danse où il va rencontrer des gens qu’il n’aurait jamais fréquentés autrement ; une comédie avec un sujet dramatique », précise Delphine Lehericey.

Delphine Lehericey. ©Jean-Dominique Réga

‘La plus belle pour aller danser’

Après avoir écrit l’histoire de ‘La famille Bélier’ qui lui a valu une nomination pour le César du meilleur scénario original et le César de l’espoir féminin pour Louane, Victoria Bedos pouvait légitimement être fière de voir que l’adaptation américaine de cette œuvre avait raflé trois Oscars en 2022. Passée à la réalisation, elle était présente le 22 mars à l’avant-première de son film ‘La plus belle pour aller danser’, dont la sortie nationale est prévue pour le 19 avril prochain. Une comédie où elle a imaginé avec son coscénariste Louis Pénicaut, l’histoire d’une famille atypique : les Bison.

« Je pars toujours de quelque chose de personnel, explique la réalisatrice. Nous avons eu envie de raconter l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui se cherche. Et d’une relation père-fille perturbée par la maladresse paternelle d’un homme qui commence à voir que sa fille peut lui échapper. » Le film traite des relations entre une adolescente et sa famille, des difficultés pour les adolescents de trouver leur place, du rejet, de l’exclusion de l’autre, du harcèlement, de la place des personnes âgées dans la société. Des sujets universels qui touchent tous les milieux. Il aborde aussi le thème du travestissement mais la question du genre n’est ici pas du tout traitée sous son aspect politique. Il n’y a ni revendication ni dénonciation. « Aujourd’hui, dans notre société les codes évoluent, tout est possible. Cela peut faire peur », dit Victoria, qui s’appuie dans ce film sur le passé, le présent et l’avenir, comme Marie-Luce, la protagoniste du film, qui se conforte auprès de grands-pères de substitution.

Marie-Luce Bison, 14 ans, est élevée par son père dans une joyeuse pension de famille pour seniors dont il est le directeur. C’est bientôt la soirée déguisée de son nouveau collège : son père ne veut pas qu’elle y aille… et de toute façon, elle n’est pas invitée. Mais poussée par Albert, son meilleur ami de 80 ans, Marie-Luce, s’y incruste, habillée en homme comme il le lui a conseillé. Ce soir-là, tout le monde la prend pour un garçon… un garçon que l’on regarde et qui plaît. Elle décide alors de s’inventer un double masculin prénommé Léo pour vivre enfin sa vie d’ado. À la maison la relation avec son père se complique… Avec Brune Moulin (Marie-Luce), Philippe Katerine, Pierre, Richard, Guy Marchand, Alice Belaïdi.

Victoria Bedos. ©Jean-Dominique Réga

‘La nuit du verre d’eau’

Carlos Chahine, réalisateur était invité aux Rencontres du Sud 2023 à Avignon pour présenter aux professionnels son film ‘La nuit du verre d’eau’ en avant-première. Un long métrage dont la sortie nationale est prévue le 14 juin prochain. Avec notamment Nathalie Baye, Pierre Rochefort, Marilyne Naaman, Rubis Ramadan, Joy Hallack, Ahmad Kaabour, ou encore Antoine Merheb.

1958, alors que la révolution gronde à Beyrouth, trois sœurs passent l’été en villégiature dans un village reculé de la montagne libanaise dans la Vallée Sainte non loin de la forêt des cèdres. Il y a Nada, la rebelle, Eva, la romantique et surtout Layla, l’aînée, bien sous tous rapports et appréciée de tous. Trois femmes et trois caractères différents. Cet été-là, le danger de la guerre approche. Et l’arrivée de deux estivants français, Hélène et son fils René, 30 ans le jour même où la statue de la vierge pleure des larmes de sang, pousse Layla, la mère de Charles, 6 ans, et l’épouse parfaite, à envoyer valser les apparences. Elle se révolte contre cette société patriarcale qui la tient sous contrôle, où les hommes, pères, maris, fils, décident du sort des femmes. Layla, une femme que tout le monde envie et qui est pour son père une fille adorée et un exemple pour les autres, a ouvert les yeux. C’est une femme insatisfaite qui doit combler un vide et va transgresser un interdit avec un étranger.

« Ce film, une œuvre autobiographique, c’est l’enfance qui se termine, et surtout un portrait de femme avec toute sa complexité dans une société patriarcale », détaille Carlos Chahine qui est né au Liban et a quitté son pays natal en 1975 à cause de la guerre. Après un diplôme de chirurgien dentiste, métier qu’il n’exercera jamais, il découvre le théâtre avec Véra Gregh qui l’encourage à poursuivre une carrière d’acteur de théâtre avant qu’il ne devienne réalisateur cinéma.

Carlos Chahine. ©Jean-Dominique Réga

‘Ma langue au chat’

Laure (Zabou Breitman), Daniel (Pascal Ebé) et leur chat adoré Max, accueillent leurs amis dans leur maison de campagne pour un week-end. Alors que ces derniers sont arrivés pour fêter l’anniversaire de Daniel, le chat disparaît. À l’aube de la cinquantaine, Laure ne supporte plus rien : ni son travail, ni son mari Daniel, ni sa vie. Le seul être qui trouve grâce à ses yeux, c’est son chat bien-aimé. Alors Laure disjoncte et se met à enquêter afin de retrouver l’animal. Que lui est-il arrivé ? Quelqu’un s’en est-il pris au chat ? Y a-t-il un coupable parmi ses visiteurs ? Laure va enquêter. Cette disparition va être l’occasion pour tous de régler leurs comptes et de voir les non-dits refaire surface. Laure n’est pas au bout de ses surprises, avec un retournement de situation à la fin.

Cécile Télerman la réalisatrice bruxelloise qui présentait là son quatrième film, et Samuel Le Bihan comédien étaient présents aux Rencontres du Sud à Avignon pour présenter ‘Ma langue au chat’ en avant-première aux professionnels. Avec Zabou Breitman, Pascal Elbé, Samuel Le Bihan, Mélanie Bernier, Marie-Josée Croze, Pascal Demolon, Camille Lellouche, et Mathias Mlekuz. La sortie nationale de cette comédie avec huit acteurs a été fixée au 26 avril prochain.

« Des amis se retrouvent pour un week-end dans cette maison de campagne. De la même génération ils ont une cinquantaine d’années. Mais la société a changé et aujourd’hui, ils sont un peu ringards. L’élément déclencheur qui va faire éclater l’harmonie du groupe, c’est Pauline (Camille Lellouche), qui est la plus jeune du groupe. La joie de vivre de cette dernière et une certaine arrogance renvoient Laure (Zabou Breitman) à ce qu’elle a été mais qu’elle n’est plus. Mais le chat est le grain de sable perpétuel », résume la réalisatrice aux côtés du comédien Samuel Le Bihan qui à la lecture du scénario a eu vraiment envie de s’engager dans le rôle d’un personnage qui arrive avec sa fragilité envers les femmes, un manque de confiance en lui et la peur du rejet. « Ces problématiques de cinquantenaires traitées de façon humoristique et tendre dans un film chorale avec huit personnages, me plaisaient. »

Cécile Télerman et Samuel Le Bihan. ©Jean-Dominique Réga

‘Avant l’effondrement’

Benoît Volnais qui a co-écrit et co-réalisé ‘Avant l’effondrement’ avec Alice Zeniter était à Avignon aux Rencontres du Sud 2023 où leur film, qui était en compétition pour les Victoires du cinéma, a été présenté au public en avant-première. Sortie nationale le 19 avril prochain.

Dans un Paris caniculaire, Tristan, directeur de campagne d’une candidate aux législatives, reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Parce qu’il est peut-être atteint d’une maladie génétique mortelle et incurable, il devient obsédé par l’idée de retrouver la femme qui lui a envoyé ce test. Mais a-t-il affaire à une blague morbide, une vengeance froide, un appel à l’aide ou à une manœuvre politique ? Tristan décide de mener l’enquête, au péril de sa vie professionnelle et affective. Avec Niels Schneider, Ariane Labed, et Souheila Yacoub.

Le film s’organise autour d’un double conflit, intime et collectif. La maladie génétique qui accable la famille de Tristan fait écho à la catastrophe écologique qui menace la planète à cause de l’action de l’Homme. L’histoire, c’est le parcours de Tristan, un homme romantique entouré de femmes. Engagé dans la politique, il n’a plus assez de temps pour faire tout ce qu’il voudrait. Il va finir par s’effondrer lui-même. « Il s’agit d’une fiction qui est née à la suite d’évènements qui me sont arrivés ainsi qu’à Alice, ou à des gens que nous connaissons, précise Benoît Volnais. Le point de départ du film, c’était la question du contemporain. Nous sommes convaincus qu’un des aspects cruciaux c’est la croyance de plus en plus partagée que l’avenir sera sombre, périlleux, que le pire est à venir. Et ça reconfigure, selon nous, les manières de penser, de voir, d’aimer, d’envisager le temps, le travail, les modes de vie, l’amitié, la filiation, etc. Nous avions envie de raconter ça, avec les moyens du cinéma, les émotions, les partis pris narratifs et esthétiques. » Tristan est un transfuge de classe qui s’est sorti de son milieu. Les rapports à son père le ramènent à la vie dont il s’est extirpé. Les deux femmes qui l’entourent, Fanny et Pablo, qui a un nom masculin, viennent d’un milieu bourgeois. Ensemble, ils vont avoir une discussion idéologique marquante masquant un véritable règlement de compte entre femmes…

Benoît Volnais. ©Jean-Dominique Réga

‘Notre corps’

Claire Simon a clôturé cette édition des Rencontres du Sud 2023 avec la projection de son film-documentaire ‘Notre corps’, qui a été tourné à l’hôpital Tenon Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. « J’ai eu l’occasion de filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie, explique-t-elle. Un parcours de désirs, de peurs, de luttes et d’histoires uniques que chacune est seule à éprouver. Un jour j’ai dû moi-même passer devant la caméra. » Le long-métrage sortira dans les salles le 11 octobre prochain.

La réalisatrice a filmé dans un service représentant essentiellement un monde féminin parce que les grossesses y sont suivies, ainsi que toutes les pathologies gynécologiques. Une incursion dans le service de gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction, au cœur des consultations où se retrouvent des femmes qui ne cachent pas pourquoi elles sont là, acceptant la présence d’une caméra qui filme parfois la nudité. Claire Simon montre un bout de chemin des méthodes d’assistance médicale à la procréation. L’accouchement et la naissance d’un enfant aussi. « Je voulais montrer toutes les étapes sur le chemin de la vie d’une femme, ajoute-t-elle. La caméra c’est mon regard. J’ai rarement autant pleuré derrière l’appareil tellement c’était beau. »

Il y a beaucoup d’émotion dans ce superbe documentaire. De la joie, de la peine, de la tendresse, de la dureté. Des scènes qui touchent au cœur. Comme cette jeune femme atteinte d’un cancer. Une maladie qui tombe aussi brusquement sur la cinéaste qui passe à son tour devant la caméra.

Claire Simon. ©Jean-Dominique Réga

Jean-Dominique Réga


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Après une mémorable édition 2022 des Rencontres du Sud manifestation cinématographique professionnelle ouverte partiellement et séparément au public, Avignon redevient capitale du 7e art du lundi 20 au samedi 25 mars 2023. Plus de 300 professionnels sont attendus pour échanger et découvrir 18 films en avant-première, et des équipes de films.  Avec entre autres Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Andréa Bescond et Eric Métayer, Victoria Bedos, Chad Chenouga… Rencontre avec René Kraus, président de l’évènement et directeur général du multiplex Capitole Studios au Pontet.

Ces rencontres cinématographiques nées il y 13 ans c’est une belle histoire ?
« En France il y a trois rencontres de ce type là pour les professionnels. En janvier les rencontres de Bretagne plutôt axées sur l’art et essai, en avril les rencontres de Gérardmer dans les Vosges et en mars avant le festival de Cannes les rencontres cinématographiques du sud qui prennent depuis des années une véritable ampleur due aussi bien à la qualité de la programmation, qu’à la convivialité et l’organisation mise en place faisant partie de notre ADN. Nous ne présentons que des films en avant première. Cette année 18 films et 11 équipes de films avec du film d’auteur ou commercial. »

Où ont lieu ces rencontres ?
« Nous travaillons avec Utopia et le Vox points névralgiques du centre ville, mais aussi avec le Capitole Studio pour des films plus commerciaux et cette année exceptionnellement avec Pathé producteur d’un film de Dany Boon qui sera présenté au Pathé Cap-Sud. Et également nous travaillons avec deux cinémas du Vaucluse, Le Rivoli à Carpentras avec Florence Passalacqua et  avec Eric Telènne à Cavaillon où nous présenterons un film auquel je suis très attaché qui sera « quand tu seras grand » d’Andréa Bescond et Eric Métayer. »

Vous renouez avec la prestigieuse cérémonie des Victoires où sera dévoilé le palmarès ?
« Oui, nous reprenons ce que nous avions dû arrêter au moment du covid. Le jury des montreurs d’images expression d’Agnes Varda pour parler des exploitants sera présidé par Rafael Maestro directeur de Ciné Passion en Périgord, avec Laurence Meunier du Majestic de Compiègne et le Ciné Laon, David Marguin du Voltaire à Ferney-Voltaire, Pascal Heck de UGC Toison d’or de Bruxelles, et Lucile Bajot-Richard distributrice de Canal +. En même temps le jury des lycéens  remettra un prix. Il réunit des élèves de deux établissements de formation du campus des sciences et techniques d’Avignon. »

« Souvent dans les jurys, et je pense au festival de Cannes, il n’y a pas d’exploitants. »

Onze films sont en compétition ?
« Nous avons une sélection de onze films, plutôt des films d’auteurs, les sept autres films qui sont plus des films commerciaux de qualité ne concourent pas ils sont hors compétition. Souvent dans les jurys, et je pense au festival de Cannes, il n’y a pas d’exploitants. Pourtant ils présentent les films, les défendent et sont capables de bien les juger. Là un panel de distributeurs exploitants du cinéma, de l’art et essai, du commercial seront présents dans le jury décernant le prix. »

Les Victoires du cinéma vont mettre à l’honneur une personnalité ?
« Nous rendons hommage à un exploitant emblématique, Jocelyn Bouyssy directeur général de CGR Cinémas (Circuit Georges-Raymond) groupe créé en 1966 à La Rochelle par Georges Raymond. Il a 700 salles et 73 cinémas. Il a démarré en coupant des tickets dans une salle de cinéma, est devenu directeur régional puis a pris la direction du groupe qu’il a continué à développer. Une structure qui fait 18 millions d’entrées. Il a également une boite de distribution, Apollo Films. Le groupe est très implanté en province de manière que partout vous faites 20′ en voiture vous trouvez un cinéma. Les actionnaires ont demandé la cession du groupe. »

Quelle est la place des enfants ?
« Au Capitole Studios il y a le ‘Petit festival’ qui s’adresse au public scolaire. Devant plus de 200 personnes nous allons présenter des courts et des longs-métrages avec une thématique particulière comme le harcélement à l’école ou le handicap. Il y aura différents intervenants pour approfondir la découverte des oeuvres. Un système a été mis en place dans le cadre associatif, c’est le Pass Culture collectif. Nous proposons sur le site une thématique sur laquelle on veut travailler et présenter des films et les écoles adhèrent ou pas. Ces dernières peuvent être réactives car le pass culture est ouvert à tous types d’établissements. Le ciné-pitchoun au Capitole du Pontet propose samedi 25 mars des films pour les enfants à voir en famille. »

Comment se porte le cinéma au niveau national ?
« En 2019 nous faisions 210 millions d’entrées, en 2021 100 milllions, en 2022 152 millions. Donc le cinéma remonte. Je suis optimiste. L’offre de films, notamment américaine est de plus en plus présente.  L’offre de comédies françaises reprend aussi et je pense que nous avons besoin de tous types de cinémas, évidemment aussi le cinéma d’auteur. Je note que les grands auteurs américains comme Spielberg ou d’autres comme Damien Chazel, Sam Mendes fonctionnent mieux en Europe et en France qu’aux Etats-Unis. Il y a une véritable remontée, nous pouvons atteindre les 190 millions d’entrées. Nous sommes le 3e marché de cinéma du monde derrière les Etats-Unis et la Chine. »

« ici c’est un cas d’école, un laboratoire extraordinaire. »

Et au niveau du Grand Avignon ?« 
« ici c’est un cas d’école, un laboratoire extraordinaire. Il y a deux multiplexes très importants, le Capitole Studios multiplexe indépendant dont je suis directeur général et associé avec Daniel Talandier, le Pathé qui est un groupe national, le Vox un cinéma de centre ville qui a maintenant un label d’art et essai, Utopia un cinéma pur art et essai. Dans le département on a à côté Carpentras, Cavaillon, Orange… Il y a ici quelque chose lié au développement du théâtre et de la culture en général. C’est la région qui a la plus haute fréquentation des salles de cinéma depuis l’année dernière.  On fait 50 % d’entrées en plus. »

Après le succès en 2020 de « La belle époque » en 2022 de « Mascarade » de Nicolas Bedos dont vous étiez co-producteur, vous investissez dans « Quand tu seras grand » d’Eric Métayer et Andréa Bescond. Parlez-nous de ce film…
« Je suis très content d’avoir pu participer à cette aventure qui j’espère aura autant de succès que « Les chatouilles » leur premier film. Là c’est dans une maison de retraite avec les relations intergénérationnelles dans le cadre de ce genre d’établissement. On voit le travail des aides-soignants, des soignants, des employés confrontés aux patients, au manque de personnel, aux situations particulières, à une direction qui peut être dure mais qui a des obligations. Il y a de l’humour, une dimension poétique à la fin du film et matière à réflexion. »

C’est un sujet que vous connaissez bien ?
« Quand ils m’ont parlé la première fois de ce projet, Eric et Andréa, l’ignoraient mais j’ai géré plusieurs années un Ehpad à Salon-de-Provence. J’ai pu dire à Eric et Andréa s’il y avait des invraisemblances dans le scénario. A l’époque je dirigeais un établissement de 87 lits. Nous avions prévenus face à l’arrivée de gros groupes qui avaient la mainmise sur plusieurs établissements. Nous nous plaignions déjà d’un manque de personnel, de médecins. Personne n’a écouté. Pour moi ce film c’est comme une sorte de catharsis qui donne un sens. Dans les émotions du cinéma il y a  quelque chose d’intemporel. »

Propos recueillis par Jean-Dominique Réga


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Zoom sur René Kraus, son patron et créateur des Rencontres du Sud qui se dérouleront du 20 au 25 mars prochains sur Avignon. Dany Boon, Victoria Bedos, Andréa Bescond, Eric Métayer parmi les invités-vedettes de cette 10e édition (20-25 mars) à Avignon.

Le cinéma, René Kraus, est tombé dedans quand il était petit : ses grands-parents en tenaient un à Salon-de-Provence. Il a ouvert le Capitole studios au Pontet en 2009, premier complexe indépendant de France avec une fréquentation pouvant aller jusqu’à 780 000 spectateurs, des avant-premières en présence des équipes de films tous les mois, 280 films projetés par an. Il est aussi co-producteur de longs métrages à succès comme ‘La belle époque’ et ‘Mascarade’ réalisés par Nicolas Bedos.

« Le cinéma donne à rêver, dit-il. La France est le troisième marché du monde (avec 200 millions de spectateurs hors Covid), derrière les Etats-Unis et la Chine, le premier d’Europe et Avignon est une ville cinéphile où on a vu en 1992 Quentin Tarentino couronné pour ‘Reservoir dogs’ au Festival Workshop de Jerry Rudes, 20 ans avant ‘Pulp fiction’ à Cannes. »

Défendre une certaine vision du 7e art
Le Capitole au Pontet, ce sont 11 salles et 2 300 fauteuils qui défendent des projets, une vision du 7e art. A cause de la crise sanitaire, le multiplexe a connu 300 jours de confinement, la vérification des pass-sanitaires, la sécurité, la suppression de la confiserie, de la buvette et des pop-corns (-20% de recettes). « En 2021, on a recensé moins de 100 millions de spectateurs en France, heureusement, on a assisté à une ‘remontada’ avec 152 millions en 2022, mais on est encore loin des 200 millions habituels » regrette René Kraus.

Le Capitole studios a vu le jour en 2009 au Pontet.

Et justement, en juin dernier, après mûre réflexion sur l’avenir du complexe, René Kraus a accepté d’être racheté par CinéWest tout en restant directeur général et actionnaire du multiplexe vauclusien désormais baptisé ‘Capitole my CinéWest’. « C’est une façon de rendre pérenne ce lieu prisé des Vauclusiens et d’en défendre les valeurs qui nous sont chères, la qualité, la pluralité et l’indépendance » déclare-t-il.

A la tête du réseau des 10 cinémas CinéWest, Daniel Taillandier, un ancien de la grande distribution qui possède 63 salles en France (dont Royan, Cognac, Ploërmel, Saintes, Aurillac, Béthune, Nevers, Mouans-Sartoux, Mont-de-Marsan), ce qui représente 10 000 fauteuils, pour un potentiel de 2,8 millions d’entrées lui permettant ainsi d’intégrer le Top 10 des exploitants français avec un chiffre d’affaires de 20M€ et 75 collaborateurs en tout.

Un navire amiral pour le cinéma en Vaucluse et des projets à Arles
« CinéWest-Le Capitole studios du Pontet est notre vaisseau-amiral, entre sa capacité, son emplacement, son parking, c’est un site qui fonctionnait bien avant la crise, qui a repris des couleurs après, qui a un vrai savoir-faire, notamment dans l’animation et j’ai l’espoir que les compétences de René Kraus et de son équipe rejailliront sur mes autres cinémas »; ajoute Daniel Taillandier. Ensemble, les deux hommes ont des projets communs, comme la construction d’un nouveau complexe cinématographique dans l’arrière-pays varois à Brignoles et un autre à Arles, adossé ou pas au cinéma Le Méjan-Actes Sud, la maison d’édition fondée par Hubert Nyssen, puis dirigée par sa fille, Françoise Nyssen, ancienne Ministre de la Culture.

Le Capitole a intégré le réseau CinéWest depuis 2021. Cependant, c’est plus récemment qu’il a affiché son appartenance au groupe de Daniel Taillandier avec une nouvelle enseigne arborant sa nouvelle appellation.

10e anniversaire des Rencontres du Sud
Autre rôle de René Kraus dans le monde du cinéma vauclusien, le créateur des Rencontres du Sud qui fêtent leur 10e anniversaire ce printemps. « Deux mois avant le Festival de Cannes, elles sont devenues une étape incontournable avant le plus grand marché du cinéma sur la Croisette en mai. Ici, à Avignon, c’est un véritable laboratoire avec de l’art et essai, du film d’auteur, du cinéma populaire, il y a de la place pour tout le monde, Utopia, Le Vox de la famille Bizot qui existe depuis 101 ans et nous. »

Cette année, entre le 20 et le 25 mars, on pourra voir 18 films en avant-première, il y aura 9 équipes invitées et sont programmés le Festival ‘Montreurs d’images’, ‘Le Petit Festival/Cinépitchoun’ avec les élèves des collèges et lycées au Pontet et la Cérémonie des Victoires du Cinéma.
« Avant il n’y avait de rencontres du cinéma qu’à Gérardmer, en Bretagne et dans le Nord, rien dans le sud. Voilà pourquoi je les ai créées. C’est un moment intense, riche, varié, d’échanges avec des réalisateurs, des producteurs, des chefs d’exploitations, des distributeurs, des comédiens, soit environ 300 ‘professionnels de la profession’ comme disait Jean-Luc Godard. Mais aussi le public, des jeunes, des étudiants, des retraités, des familles, des passionnés, explique René Kraus. Ensemble, tout le monde échange, notre but c’est de promouvoir les films avant leur sortie officielle, de détecter de nouvelles pépites, de révéler de futurs grands talents, nous sommes le reflet d’un marché toujours en pleine effervescence. »

Les Rencontres du Sud en 2018.

De nombreux temps forts
Au fil des ans, la technique aussi a évolué, 3D, effets spéciaux, immenses écrans, son numérique dolby stéréo ce qui intensifie le côté magique du cinéma. On ne peut pas tout citer (voir programme détaillé à retrouver ici), donc en voici les temps forts : mardi 21, Victoria Bedos pour son premier long métrage : ‘La plus belle pour aller danser’, mercredi 22, Dany Boon, l’homme au record de plus de 20 millions d’entrées pour « Bienvenue chez les Ch’tis » présentera son nouvel opus ‘La vie pour de vrai’, jeudi 23 Andréa Bescond et Eric Métayer (qu’on avait rencontrés pour ‘Les chatouilles’, film courageux et sensible sur l’inceste) viendront pour ‘Quand tu seras grand’ (un film qui se déroule dans une maison de retraite auquel René Kraus a participé puisque, dans une autre vie, avant le cinéma, il dirigeait un Ehpad dans le Pays Salonais) et vendredi Claire Simon pour ‘Notre corps’.

René Kraus que l’on a déjà vu aux côtés de Robert Guédiguian, Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Dany Boon, Jérôme Commandeur, Clovis Cornillac, Louise Bourgoin, Guillaume Canet, Doria Tillier et plus récemment Benoît Magimel pour ‘De son vivant’ (projeté au Pontet qui lui avait déjà valu un César du meilleur acteur l’an dernier avant celui de vendredi dernier) mais aussi Cédric Klapisch et Nicolas Bedos (tous les deux oubliés de l’Académie des César et des 4 700 membres de la profession du 7e art).

Et comme René Kraus voudrait être un ‘faiseur de rêves’, il se pourrait bien que l’an prochain, pour l’inauguration du nouveau complexe cinématographique de Brignoles dans le Var, on le voit côte à côte avec une star planétaire qui est propriétaire d’une centaine d’hectares de vignes dans le coin, un certain… George Clooney.

Contact – Programmes – Réservations : lesrencontresdusud.fr

Les prochaines avant-premières avec les équipes de film au cinéma Capitole my Cinéwest dans le cadre des prochaines Rencontres du Sud


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Depuis la première édition des Rencontres du Sud en 2011, Avignon se transforme pendant une semaine au mois de mars en carrefour du cinéma et capitale du 7e art. Réservée aux professionnels, elle s’est ouverte ensuite aux étudiants s’orientant vers les métiers du cinéma, puis partiellement au public, notamment avec le ciné pitchoun pour les enfants. Après une mémorable 9e édition en 2019 cette manifestation cinématographique idéalement placée après le Festival de Berlin en février et le festival de Cannes en mai, avait dû être annulée pour cause sanitaire en 2020 et 2021.

Plus de 300 professionnels
Cette année les Rencontres se sont déroulées essentiellement au centre-ville, au Vox et à Utopia, ainsi qu’au Capitole Studios Le Pontet. Elles ont attiré du 14 au 19 mars plus de 300 professionnels heureux d’une liberté retrouvée, de voir le cinéma reprendre des couleurs, et impatients d’échanger et découvrir les nouveaux films en avant-première. Dix-sept films de qualité leur ont été proposés. Une programmation internationale avec des films français, espagnol, croate, argentin, japonais, coréen. Et cinq équipes venues présenter chacune leur film. Parmi ces personnalités du cinéma présentes : Cédric Klapisch réalisateur de ‘En Corps’ avec Santiago Amigorena coscénariste, Jean-Pierre Améris pour ‘Les folies fermières’, Thierry Demaisière et Alban, Turlai pour ‘Allons enfants’, Gustave Kerven réalisateur de ‘En même temps’ et la réalisatrice espagnole Clara Roquet pour son premier long-métrage ‘Libertad’.
Fait notable cette année, l’hommage à la famille Bizot à la tête du cinéma le Vox place de l’Horloge  en plein cœur de la cité des papes depuis 1922. Un cinéma indépendant cher aux avignonnais qui fête ses 100 ans (voir ci-dessous).

Trophée des lycéens
Cette année pas de Victoires, cérémonie prestigieuse de clôture où était dévoilé le palmarès du festival des montreurs d’images. Mais un prix décerné par les étudiants a été attribué à ‘Murina’ premier long métrage de la croate Antoneta Alamat Kusijanovic. Le trophée du prix des lycéens, des élèves de terminale du lycée Robert Schuman, a été décerné au même film.  Au final le bilan est très satisfaisant pour un festival qui a permis de célébrer le 7ème art autour d’oeuvres magnifiques et d’un savoureux mélange de films d’auteur ou commerciaux.

Jean-Dominique Réga

Les 100 ans du cinéma Vox et l’hommage à la famille Bizot

Jeudi 17 mars dans la grande salle du Vox nombreux étaient les professionnels et les avignonnais venus rendre hommage à la famille Bizot et fêter les 100 ans du Vox. Un cinéma qui en 1922 était exploité par Joseph Bizot (1881-1967) grand-père de Jean-Paul Bizot et arrière grand-père d’Emmanuel. Ce dernier en a pris la gérance en 1994 après avoir rejoint ses parents Jean-Paul et Léonie en 1989.
« Des exploitants emblématiques » pour René Kraus président des Rencontres du Sud et directeur général du multiplex Capitole Studios au Pontet. « Cet art qu’est le cinéma s’est renouvelé, a changé, évolué, et la famille Bizot est toujours à la tête du Vox. Nous tenions particulièrement à  la célébrer» a-t-il ajouté avant de laisser la parole à Cécile Helle qui a fait part de son émotion et sa satisfaction en tant que maire d’Avignon, de voir un cinéma indépendant du centre ville en capacité de se maintenir.
« Grâce à l’implication et l’engagement exceptionnel d’une famille unie. Le Vox était dans votre cœur quand vous l’avez repris. Vous avez fait des travaux ambitieux pour passer à deux salles, le moderniser et créer un restaurant place de l’Horloge. Vous avez su vous adapter, développer une activité autour du théâtre en juillet et effectuer des changements tout en gardant l’âme du lieu où tous les avignonnais ont des souvenirs ». Elle a souligné également l’ouverture d’esprit de la famille. « Un cinéma doit vibrer de la vie locale et vous avez su ouvrir vos salles à tous, lors des campagnes électorales par exemple ».
Puis Cécile Helle a remis à Jean-Paul et Léonie à la tête du cinéma en 1976 et aujourd’hui encore figures du Vox, l’ordre national du Mérite au grade de chevalier. Une décoration qui a pour vocation de récompenser les mérites distingués et d’encourager les forces vives du pays. « La relève est là, vous pouvez être fiers » a conclu le maire en épinglant les décorations en présence du fils d’Emmanuel, Baptiste 12 ans symbolisant une 5ème génération qui pourrait bien continuer l’aventure… Au cours de cette soirée, après un petit film d’Emmanuel rendant un bel hommage à ses parents, Léonie et Jean-Paul ont également reçu le Mérite cinématographique au grade de commandeur.

Cédric Klapisch à gauche et Santiago Amigorena.

Jeudi 18 mars le réalisateur Cédric Klapisch a présenté en avant-première ‘En Corps’. Il était accompagné de Santiago Amigorena avec qui il a co-écrit le scénario.
Ce film qui réunit Marion Barbeau dans le rôle principal, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil, Souheila Yacoub, raconte l’histoire d’Elise, 26 ans, grande danseuse classique qui se blesse pendant un spectacle puis apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors sa vie va être bouleversée. Entre Paris et Rémignac en Bretagne, au gré des rencontres et des expériences, des déceptions et des espoirs, elle va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine et retrouver un nouvel élan et une nouvelle façon de vivre.

Après son documentaire consacré à Aurélie Dupont en 2010 Cédric Klapisch se replonge dans un univers qu’il connaît. Il a d’ailleurs monté pendant le confinement ‘Dire merci’ un petit film collectif des danseurs de l’opéra qui se sont filmés chez eux avec leur smartphone. Le film de 4’40 devenu viral a fait le tour du monde. « J’aime la danse depuis longtemps et c’est la raison pour laquelle on m’avait proposé de réaliser ’L’espace d’un instant’. Je suis spectateur de ça. J’ai beaucoup filmé à l’opéra de Paris. Rien que de les voir s’échauffer le matin c’est un spectacle »

« Ce film est une fiction autour de la danse. A Aurélie Dupont on avait dit aussi qu’elle ne pourrait plus danser… Mais comme le dit François Civil dans le film, le corps est mystérieux. Je savais que Marion Barbeau avait les compétences danse classique et contemporaine. Elle s’est imposée dans le casting. J’ai l’impression que j’ai réussi à raconter une histoire » explique Cédric Klapisch qui réalise là un film émouvant qui a été plébiscité. Un bel hommage à la danse et à la joie de vivre.

La réalisatrice espagnole Clara Roquet.

Clara Roquet, réalisatrice espagnole de 33 ans, était présente aux Rencontres du Sud pour présenter ‘Libertad’ son premier long-métrage. Scénariste de renom en Espagne et en Amérique du Sud, elle a commencé sa carrière en 2014 en co-écrivant le multi-primé ’10 000 KM’ aux côtés du réalisateur Carlos Marques-Marcet. Récompensée avec les courts métrages ‘El Adios’ (2015)  et ‘Good Girl’ en 2018, elle a réalisé également deux épisodes de ‘Tijuana’ série produite pour Netflix.

‘Libertad’ raconte l’histoire d’une amitié entre deux adolescentes, Nora, qui fait partie d’une famille bourgeoise, et Libertad, jeune colombienne fille de domestique. Le temps d’un été apparemment idyllique…
Bien plus qu’un passage à l’âge adulte le film pointe certaines réalités comme le manque d’intégration, la maltraitance que subissent les domestiques, les conventions familiales basées sur le mensonge, la différence entre les classes sociales…

« Il peut y voir une conséquence même inconsciente du colonialisme » explique Clara. « Ces personnes d’Amérique du Sud qui viennent en Europe pour travailler, préfèrent venir en Espagne pour la langue. Il y a dans mon pays une supériorité sous-jacente par rapport à ces gens là qui arrivent dans une famille où on leur demande de faire un peu tout, et deviennent un peu esclaves ». C’est aussi une histoire sur l’identité et la famille. « Dans l’adolescence on commence à construire sa propre identité. Nora se bat contre son monde en perdition et Libertad contre une société de classe dans laquelle la liberté et la dignité ne semblent être accessible qu’à ceux qui en ont les moyens » conclue Clara Roquet qui aime le cinéma expérimental, celui qui n’impose pas de conclusion et implique le spectateur dans une expérience émotionnelle.

Gustave Kerven.

‘En même temps’ le dernier long-métrage de Gustave Kerven et Benoit Delépine sort en salle le 6 avril quatre jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. Cette comédie qui réunit notamment Vincent Macaigne, Jonathan Cohen, India Hair, Yolande Moreau, aborde avec humour la politique, l’écologie, le féminisme et le patriarcat.
Dans le film, un élu de droite tente de convaincre un maire de gauche, écologiste, de s’associer à lui afin de transformer une forêt en parc de loisirs. Alors que les deux hommes sont sur le point de conclure leur marché, un gang de féministes arrive à les coller l’un à l’autre. Un acte de rébellion contre le système politique et patriarcal qui a pour conséquence d’unir les deux hommes contre leur gré.

Gustave Kerven qui garde de bons souvenirs de la Cité des papes lorsqu’il était étudiant, était présent aux Rencontres du Sud pour présenter aux professionnels son nouveau long-métrage coréalisé avec son compère Benoit Delépine. « Les deux personnages sont des politiciens différents. L’écologiste croit en ce qu’il dit mais prêche dans le désert, et doit affronter toutes les exaspérations individuelles. Celui de droite surfe pour aller dans le sens de ses électeurs. C’est un opportuniste qui profite de son statut, mais que les gens ne prennent plus au sérieux » analyse le réalisateur. « Leur travail rassemble un maximum d’emmerdes. Tout le monde se met à râler pour tout. Chacun n’y voit que son propre intérêt. Les pétitions sur internet, les groupes, les réseaux sociaux, etc…  Cela devient impossible. On peut rayer les politiques mais c’est de plus en plus difficile à faire ». Un film avec de l’humour et du fond.

Jean-Pierre Améris.

Jean-Pierre Améris, réalisateur, est venu à Avignon présenter son dernier film : « Les folies fermières » dont la sortie nationale est prévue le 11 mai 2022. Une comédie avec Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Michèle Bernier, Moussa Maaskri, Bérengère Krief. Inspirée d’une véritable histoire, celle de David Caumette éleveur dans le Tarn. Pour sauver de la faillite son exploitation agricole, et contre l’avis de ses proches qui sont sceptiques, il va monter un cabaret à la ferme. Le spectacle sera sur scène et dans l’assiette, avec les bons produits du coin !

C’est en regardant un reportage aux actualités régionales de France 3 que le réalisateur a entendu parler de ces faits. Il fait un parallèle avec sa propre histoire « Faire un film est une entreprise un peu folle ! ».  Il se rend sur place et au contact des fermiers et d’un monde qu’il ne connaît pas vraiment, en apprend beaucoup. Séduit par la détermination, l’authenticité et le caractère positif du personnage qui répond au désespoir par la fantaisie, il décide d’en faire un film, humain et joyeux qu’il tourne dans le Cantal où il allait dans son enfance avec ses parents.
« Il fallait être juste sur le monde paysan, ne pas cacher leurs difficultés. Faire se rencontrer deux mondes pour permettre de surmonter les à priori des fermiers sur les artistes et de ces derniers sur les paysans. J’ai présenté le film au salon de l’agriculture à Paris. Les paysans s’y retrouvent. Ils vont organiser des débats. Le cinéma réunit », dit en souriant Jean-Pierre Améris avant de conclure : « Ce film est un éloge du collectif et de la fantaisie contre le désespoir ».
Une comédie joyeuse avec de beaux moments d’émotions.

Thierry Demaizière à droite et Alban Teurlai.

Après les documentaires sur Benjamin Millepied à l’opéra de Paris, sur Rocco Siffredi, puis en 2019 ‘Lourdes’ à la rencontre de pèlerins, Thierry Demaizière et Alban Teurlai sont venus présenter leur film ‘Allons enfants’ dont la sortie nationale est prévue le 13 avril 2022.

C’est l’histoire d’une expérience unique en France. Au coeur de la capitale, le lycée Turgot tente un pari fou : intégrer des élèves de quartiers populaires et briser la spirale de l’échec scolaire par la danse Hip Hop. Dans cet établissement scolaire, l’accueil des élèves est basé sur la bienveillance, l’accompagnement à la scolarité et l’exigence de résultats. C’est dans une ambiance de travail cadrée que les élèves évoluent pour acquérir des  connaissances qui doivent leur permettre de poursuivre leurs études et de s’insérer dans la vie professionnelle avec les compétences pour s’épanouir et se construire comme futurs citoyens.

« Nous sommes des portraitistes, ce qui nous amène à découvrir des mondes différents » expliquent les deux réalisateurs pour qui les danseurs de l’opéra sont des professionnels, des athlètes qui passent par la souffrance pour arriver à l’excellence. « Là, les jeunes passionnés de hip-hop font ça avant tout pour kiffer ». Le tournage s’est déroulé sur une année. « Notre intention est de faire du cinéma qui nous intéresse et parle aussi aux autres. Nous prenons le réel et nous racontons ». C’est un film aussi sur le métier d’enseignant avec des professeurs qui croient aux écoles de la République. « Ils ont pour mission de récupérer des jeunes en échec scolaire en allant chercher leur culture pour essayer de les accrocher à l’école. Je les admire » s’enthousiasme Thierry. « Sur toute la bande il n’y en a qu’un qui n’a pas eu le bac et une autre qui n’a pas poursuivi sa scolarité. La plupart continuent leurs études et la danse ». « Les barrières tombent quand des élèves de milieux sociaux différents se retrouvent dans une cour de récréation » ajoute Alban. Un duo de réalisateurs pour qui le titre du film était une évidence. « Ils ont chanté la Marseillaise ». Tout un symbole.

Dossier réalisé par Jean-Dominique Rega


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Dans le cadre des Rencontres du Sud 2022, qui ont lieu jusqu’au samedi 19 mars, le cinéma Capitole studios se transformera en ‘Ciné Pitchoun’ ce samedi matin. A l’affiche : six films d’animation inédits et plein de surprises.

A partir de 9h30 ce samedi 19 mars, et ce, toute la matinée, les enfants seront à l’honneur au cinéma de la zone commerciale du Pontet. Pour un tarif de 5,50€ la place, ils pourront assister à une des six séances proposées. Des ateliers, des spectacles et des surprises auront également lieu.

Parmi les films à l’affiche : Max & Emmy, sur le thème de Pâques ; Oscar et le monde des chats ; ou encore le célèbre manchot Pingu. Les enfants sont invités à venir déguiser pour profiter davantage cette matinée spécial ‘Carnaval’.

Les films à l’affiche du ‘Ciné pitchoun!’

Pour réserver ou obtenir plus d’informations, cliquez ici.

V.A.


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Alors que le cinéma Le Vox accueille depuis aujourd’hui la nouvelle édition de la manifestation cinématographique Les Rencontres du Sud, retour sur ce haut lieu du 7e art vauclusien qui célèbre ses 100 ans cette année.

L’aventure de la famille Bizot débute en 1922 à Avignon. D’abord avec le grand-père, Joseph-Baptiste Bizot, garagiste à Monteux qui, à 40 ans, décide de changer de vie, vend tout et investit dans ‘L’Eldorado’, ancêtre du Vox. Il croit en l’avenir du 7e art. A sa mort, en 1967, Edouard prend le relais puis en 1975 leur succèdent Jean-Paul, l’actuel propriétaire et sa femme Léonie, incontournable silhouette de la Place de l’Horloge.

Les plus grands noms
Au fil des décennies, Joséphine Baker, Vittorio Gassman, Ariane Mnouchkine, Maria de Medeiros, Samuel Fuller, Agnès Varda, Jane Birkin viendront au Vox ou s’attabler à ‘La Sperlongaise’, brasserie-terrasse (dont le nom provient d’une petite ville d’Italie, entre Rome et Naples d’où est originaire Léonie, tout comme l’était l’acteur Raf Vallone). Mais aussi Jean Vilar et Gérard Philipe qui venaient répéter ‘Le Cid’ quand il pleuvait sur le plateau de la Cour d’honneur.
Car le Vox ce sont aussi deux salles de spectacles (de 99 et 170 places chacune) qui accueillent des représentations de théâtre, des projections de ‘Connaissances du monde’, le festival ‘off’ en juillet, des séances pour les scolaires, en moyenne 30 000 spectateurs, 7 jours sur 7. Entre 1984 et 2008, c’était l’épicentre du ‘French American Workshop’ créé par Jerome-Henry Rudes, plus connu sous le nom de « Jerry » qui avait accueilli Quentin Tarantino pour ‘Reservoir dogs’ à Avignon, bien avant ‘Pulp fiction’. Une révélation pour le monde du cinéma !

« On a toujours résisté. »

« Je ne suis pas une pièce rapportée, mais une pièce choisie » commente Léonie qui tient avec Jean-Paul et leurs deux enfants Emmanuel et Mary ce cinéma depuis plus d’un demi-siècle à bout de bras. « On a connu le découragement face au développement des immenses multiplexes d’Avignon nord et sud, on a été mis en redressement judiciaire en 1986. Mais on a toujours résisté, on est motivé et on est le seul cinéma familial indépendant d’Avignon, en plus on a un public de fidèles qui nous soutiennent. Pendant le Covid, on a dû fermer, on avait des petits mots pour nous encourager à résister. »Il est vrai que le Vox contribue au rayonnement culturel de la cité des papes, à deux doigts du palais des papes, de l’opéra et de la maison Jean Vilar.

Perpétuer la magie du Vox
Aujourd’hui c’est Emmanuel (qui a un CAP de projectionniste) qui est gérant de la société avec sa sœur Mary, sous l’œil de leurs parents toujours présents. Il a développé la restauration mais aussi installé le numérique, s’occupe de la maintenance du matin au soir. « On y met toute notre âme, dit-il. Quand j’étais petit, à 8 ans je crois, j’avais des tickets d’entrée de cinéma dans un pot de confiture vide, ma mamy jouait à la cliente et moi je lui rendais la monnaie. Quant à mon grand-père, je l’aidais à encoller les bandes avant les projections. La seule question que je me pose c’est de savoir si la magie Vox va continuer à opérer, si mon fils et mon neveu seront aussi passionnés que nous pour prendre la suite, plus tard. »

Contact : cinevox.avignon@free.frwww.cinevox.fr04 90 85 00 25


Rencontres du Sud : Petit festival, grande ambition

Après une mémorable 9e édition en mars 2019 les Rencontres du Sud avaient été annulées pour cause sanitaire en 2020 et 2021. Avec cette manifestation cinématographique professionnelle ouverte partiellement au public, Avignon redevient capitale du 7e art du mardi 15 au samedi 19 mars 2022. Près de 300 professionnels sont attendus pour échanger et découvrir 17 films dont une partie  en avant-première, et cinq équipes de films. Rencontre avec René Kraus, président de l’événement et directeur général du multiplex Capitole Studios au Pontet.

Quel impact a eu la crise sanitaire sur le cinéma ?
« Avec ce que nous avons subi et dont nous souffrons encore, le cinéma a été en sérieuse difficulté. Nous avons été à l’arrêt il y a deux ans. Nous avons repris par périodes mais avec des difficultés liées au passe sanitaire, au passe vaccinal, au décalage des films, au développement des plateformes, à la suppression de la confiserie qui fait partie du rêve que nous vendons, et représente 15 à 20 % de notre chiffre d’affaire. Heureusement pour se maintenir nous avons eu des aides de l’État, aussi bien du ministère de l’Économie que du centre national du cinéma. »

Le cinéma reprend des couleurs ?
« Spider-Man sorti en décembre 2021 a incroyablement bien marché. Puis début janvier avec toutes les contraintes réglementaires  les entrées ont encore plongé de 40 à 50 %. Le 16 février la vente de la confiserie a été autorisée, depuis le 28 février il n’y a plus la contrainte des masques et à partir du 14 mars plus l’obligation de contrôler le passe vaccinal. Les gens seront plus sereins et à l’aise. Même si de nouvelles habitudes ont été prises, notamment par les seniors, j’ai bon espoir de voir le cinéma remonter rapidement la pente grâce à cette liberté retrouvée et aux films qui vont sortir. »

« Nous sommes les premiers en Europe. »

La France a une population attachée au cinéma ?
« Tout à fait ! En 2019 une année extraordinaire nous avons fait plus de 200 millions d’entrées ce qui en faisait le 3e marché au monde. Nous sommes derrière les Etats-Unis et la Chine mais les premiers en Europe. Cela est dû à notre production interne française mais aussi à ce parc de salles qui est le plus gros. Le cinéma donne du rêve et le public aime toujours vivre cette expérience dans les salles. »

Le territoire local est bien pourvu ?
« Sur Avignon nous avons une belle diversité entre le Pathé Cap Sud, le Capitole Studios, Utopia qui est plutôt un cinéma d’art et essai, le Vox cinéma du centre-ville. Vraiment il y a une belle présentation et c’est très éclectique au niveau de la programmation. Les exploitants sont bien en place pour reprendre la situation en main avec le public qui je pense et je l’espère va continuer à nous suivre. »

Comment sont nées les Rencontres du Sud ?
« Il y a 12 ans, les rencontres cinématographiques régionales existaient à Gérardmer dans les Vosges, en Bretagne, dans le Nord, mais rien dans le Sud. Nous avons été quelques-uns dans une petite équipe, à penser que c’était une bonne idée de lancer l’équivalent à Avignon. Des rencontres spécifiques à la profession, rassemblant exploitants, distributeurs, etc, autour de films présentés en avant-première avec la venue d’acteurs, d’équipes de films. Dans un moment sans autre manifestation du genre, situé idéalement entre les festivals de Cannes et celui de Berlin. »

Quel est le chemin parcouru par cette manifestation ?
« Les deux années précédentes elle a dû être annulée. En nombre d’éditions nous arrivons à la 10e. Au fil des années avec des films commerciaux et des films d’auteurs, les Rencontres ont pris de l’ampleur. Nous avons eu plus de 150 équipes de films. Nous avons aussi mis en avant des personnes qui sont moins dans la lumière mais cruciales pour le métier. La manifestation s’est ouverte aux étudiants, aux petits avec le ciné-pitchouns, au public. Notre esprit a évolué pour faire participer l’ensemble du territoire mais en même temps cela reste des rencontres professionnelles. »

« L’occasion de célébrer les 100 ans du Vox. »

Et cette année ?
« C’est une édition différente, un peu édulcorée parce qu’on reprend. Elle ne se passera pas au Capitole centre repris par Frédéric et Mélanie Biessy de la Scala à Paris. Ils vont en faire la Scala Provence à Avignon après une très grosse restauration des salles pour le théâtre mais aussi le cinéma puisqu’ils nous recevront en 2023. Les Rencontres du Sud se dérouleront essentiellement au centre-ville au Vox et Utopia. Au Capitole Studios Le Pontet aussi. Le Vox cela nous est apparu comme une évidence puisque cette année c’est les 100 ans du cinéma qui a été créé par la famille Bizot. »

Des exploitants emblématiques ?
« Tout à fait ! Jean-Paul et Léonie Bizot sont toujours présents auprès de leur fils Emmanuel et de sa compagne Sherazed. C’est Joseph Bizot le grand-père de Jean-Paul et arrière-grand-père d’Emmanuel qui s’est lancé dans le cinéma en 1922. Voilà qui nous rappelle que cet art qu’est le cinéma s’est renouvelé, a changé, évolué avec le son, la projection, le numérique, le 3D. L’évolution s’est faite et les Bizot sont toujours à la tête du Vox. là. Nous tenons particulièrement à célébrer cette famille en 2022. »

Quelles sont les particularités cette année ?
« Il n’y aura pas les Victoires, cérémonie prestigieuse de clôture où était dévoilé le palmarès du festival des montreurs d’images. Il y aura seulement un prix remis par les étudiants. Mais nous avons une programmation de qualité avec 17 films qui seront dévoilés et 5 équipes de films présentes. Même s’il y a eu peu de manifestations, les exploitants ont fait beaucoup de visios. Se retrouver là, discuter des films et voir comment on va les défendre c’est quand même notre ADN. »

La programmation est éclectique ?
« Internationale avec des films espagnol, argentin, japonais, coréen notamment du réalisateur  Ryusuke Hamaguchi qui a fait ‘Drive my car’. Il présentera son 3e film. Nous recevrons entre autres Delépine et Kerven réalisateurs de ‘En même temps’, Cédric Klapisch pour ‘En corps’, Thierry Demaizière et Alban Teurlai avec leur documentaire ‘Allons enfants’, Jean-Pierre Améris qui sera là pour ‘Folies Fermières’. Nous ferons pour les enfants le Ciné Pitchoun au Capitole Studios le samedi matin 15 mars. »

Êtes-vous soutenus ?
« Par nos partenaires institutionnels,  Région, Département, Grand Avignon, Mairies d’Avignon et du Pontet, oui bien sûr. Ils nous ont suivi pendant ces années covid et nous voulons également leur montrer que nous sommes toujours présents. Que nous aimerions dès l’année prochaine élargir à plus de public. Notre volonté c’est de devenir un festival beaucoup plus important avec plus de films et des thématiques très précises. »

Après le succès en 2020 de ‘ La belle époque’» dont vous étiez co-producteur, vous investissez-vous encore dans la production ?
« Je n’ai pas chômé ces deux dernières années. En 2022 je suis également co-producteur indépendant avec François Fontès, de ‘Mascarade’ prochain film de Nicolas Bedos, avec Pierre Niney, François Cluzet, Isabelle Adjani, Charles Berling, Emmanuelle Devos et Marine Vacth qui est l’héroïne principale. On espère le film au festival de Cannes mais il sortira peut-être plus tard. C’est une histoire qui se passe sur la Côte-d’Azur dans la jet-set. Une histoire très subtile. Je n’en dévoile pas plus, mais comme dit Bedos ‘ la vie c’est une gifle et une caresse’ »…

« Arles mérite un nouveau cinéma de 8 ou 9 salles pour des films commerciaux, d’auteurs, d’art et essai. »

Un autre projet ?
« Je me suis lancé dans un autre film, ‘Quand tu seras grand’ d’Eric Métayer et Andréa Bescond qui avaient fait le film ‘Les chatouilles’, sur le thème de la pédophilie et qui en 2019 étaient au festival d’Avignon avec une création sur le thème de l’euthanasie. Là c’est un film avec Vincent Macaigne, Marie Gélin, Eric Métayer sur la vie en maison de retraite, les relations entre les uns et les autres, les difficultés qui existent… Quand Eric m’a parlé de son projet je lui ai dit que je pouvais dire comment cela se passe car avant d’être dans le cinéma j’ai été directeur d’un Ehpad à Salon-de-Provence. Je ne sais pas quand le film va sortir, je pense plutôt en octobre. »

Avez-vous des ambitions sur Arles avec la construction d’un multiplexe ?
Nous en discutons depuis un certain temps avec Jean-Paul Capitano et Robillard les exploitants locaux. On développerait 8 ou 9 salles pour des films commerciaux, d’auteurs, d’art et essai. On discute avec la mairie pour trouver le meilleur endroit. Parce que la ville le mérite. Arles bouge. La ville a une véritable dimension culturelle. Il y a Acte Sud, le festival de la photographie, la Luma et le Parc des ateliers de Maya Hoffmann, le musée Arles antique, etc. Il y a la possibilité de développer un multiplexe classique avec une programmation bicéphale mais aussi de créer un festival. »
Retrouvez le programme complet des Rencontres du Sud 2022

Propos recueillis par Jean-Dominique Réga

Bio express
Après la faculté de droit, René Kraus n’a pas spécialement en tête de tenter la magistrature ou de devenir avocat. Son père biologiste l’oriente sur l’ouverture d’une maison de retraite. « J’ai fait une école de management, l’Institut Bocuse à lyon, et pendant 14 ans je me suis occupé d’un Ehpad de 90 lits à Salon-de-Provence. Après la vente, avec Raoul Aubert un ami de mon grand-père qui tenait un cinéma, nous avons ouvert en avril 2009 le Capitole Studios au Pontet où je suis entouré aujourd’hui de collaborateurs passionnés comme moi. »

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