19 mai 2024 |

Ecrit par le 19 mai 2024

Viggo Mortensen : un « Seigneur des anneaux » à Avignon pour les Rencontres du Sud

Cet homme-là a bien plus d’une corde à son art, jugez plutôt : comédien, réalisateur, scénariste, producteur, musicien, poète, peintre, photographe. Viggo Mortensen est né en octobre 1958 à New-York, d’un père danois et d’une mère américaine. Ballotté après le divorce de ses parents entre USA, Vénézuéla et Danemark, il fait  une apparition dans « Witness » de l’australien Peter Weir en 1985, ses débuts sur les planches en 1992. Puis Joue dans « La rose pourpre du Caire » mais Woody Allen coupera la scène au montage.

Il enchaîne avec « Massacre à la tronçonneuse 3 » , est choisi par Sean Penn pour incarner un homme violent, hanté par la guerre du Vietnam dans « The Indian Runner » en 1991. Suivront des films avec les plus grands réalisateurs, Brian de Palma pour « L’impasse » en 93, Jane Campion pour « Portrait de femme » en 96, Ridley Scott et « A armes égales » en 97 avec Demie Moore.

Mais c’st la fameuse trilogie du « Seigneur des Anneaux » qui le révèle au monde entier grâce à Peter Jackson à partir de 2001 dans le rôle d’Aragorn. Il est cité au « Screen Actors Guild Awards » en 2002 et reçoit 11 oscars en 2004 pour « Le retour du roi ». Ses 4 collaborations ave  David Cronenberg (Les promesses de l’ombre, Les crimes du futur, La route) lui vaudront également une large reconnaissance du public.

Derrière la caméra, Viggo Mortensen réalisera son 1er film « Falling » en 2020. Mais il ne se limite pas au 7ème art, il expose aussi, à Los Angeles, à Cuba, et en Nouvelle-Zélande ses peintures et ses photos. Passionné de foot américain et de hockey sur glace, il aime porter les maillots de ses équipes favorites. Il est aussi musicien et affectionne le jazz alternatif.

Ce touche à tout de talent est de passage à Avignon, comme un certain QuentinTarrentino à l’époque, en 2012, encore inconnu lors du Festival du Film Indépendant « Le Workshop » de Jerry Rudes. Il avait alors 19 ans avant de filer vers le Festival de Cannes et de connâitre la gloire. Viggo, Mortensen, lui fait le chemin inverse : il est déjà tout auréolé d’étoiles, d’oscars  et grands prix, et il a choisi en toute discrétion les « Rencontres du Sud » pour venir face à ceux qu’il enchante depuis plus de 30 ans.


Viggo Mortensen : un « Seigneur des anneaux » à Avignon pour les Rencontres du Sud

Les Rencontres du Sud 2024 investissent Avignon du 18 au 23 mars. Cette manifestation cinématographique, créée en 2011 pour implanter dans le Sud de la France un évènement capable de contribuer aux rencontres et aux échanges entre les différents professionnels, est devenue un évènement qui prend de l’ampleur. Cette 12ᵉ édition (2020 et 2021 ayant été annulées en raison de la crise sanitaire) va permettre de découvrir 17 films en avant-première dont neuf en compétition. Dix équipes de films seront présentes. Un événement partiellement ouvert au grand public. Rencontre avec René Kraus président des Rencontres du Sud et directeur général du multiplex Capitole MyCinewest au Pontet.

Quelle est la place aujourd’hui de cette manifestation dans le milieu du cinéma ?

D’une idée de départ qui était de relancer le Capitole centre Avignon, c’est devenu rapidement des rencontres professionnelles importantes. Un passage incontournable en début d’année. Il y a trois manifestations cinématographiques importantes de ce type, les Rencontres de Bretagne, celles de Gérardmer dans les Vosges et les Rencontres du Sud à Avignon. Ce qui montre la bonne forme de cet évènement, c’est qu’il y a de plus en plus d’exploitants, de films, et un jury de haute qualité. 

Le jury va attribuer le prix des « Montreurs d’images » …

L’an passé, le prix a récompensé Chien de la casse qui a eu cette année deux Césars, un pour Raphaël Quenard et un pour le réalisateur Jean-Baptiste Durand. On a un peu prophétisé ce qui arrivait grâce à notre jury présidé par Raphaël Maestro et nos programmateurs qui avaient fait déjà une très belle sélection. Cette année, nous passons à un niveau supérieur. Il y aura les réalisateurs Bruno Podalydès, Pascal Bonitzer, un film américain majeur Laroy qui a eu trois prix à Cannes, et le film Jusqu’au bout du monde de Viggo Mortensen.

Quel est le but de cette compétition ?

À Cannes, Thierry Frémaux choisit dans son jury des réalisateurs, acteurs, musiciens de cinéma, des critiques, mais jamais d’exploitants. On voit toujours le côté très glamour, mais il y a aussi les exploitants et les distributeurs qui sont essentiels et méritent d’être mis à l’honneur. Notre commission de professionnels est donc composée d’exploitants qu’Agnès Varda appelait montreurs d’images, et de distributeurs comme cette année Isabelle Laherrere de Metropolitan. Indépendamment, nous avons un jury de lycéens qui délivre son propre prix. 

Comment s’est faite la programmation ?

Nous avons deux programmateurs : Jimmy Andréani et Jean-Paul Enard. La programmation s’organise à ce moment-là de l’année avec les films qui vont sortir. Il y a toujours cette difficulté par rapport au Festival de Cannes. Si un film est sélectionné pour Cannes, il ne peut être montré que là-bas, pas dans un autre festival. Notre sélection s’effectue selon des critères qualitatifs. Nous choisissons des films qui sont dignes du Festival international de Cannes. 

Ces rencontres, c’est pour les professionnels du Sud ?

C’est plus pour eux, mais on a des exploitants qui viennent de Bretagne, de Paris et d’ailleurs parce qu’ils apprécient Avignon, la douceur de vivre du Sud, l’organisation de la manifestation qui se passe pour eux entièrement dans l’intra-muros au Vox, à Utopia, avec aussi un passage à la CCI de Vaucluse et à la mairie d’Avignon. Hôtels, restaurants tout est central, ça leur plaît. Pour le grand public, les cinémas Capitole MyCinewest au Pontet, Utopia, et le Vox présenteront des films à 5,50€.

Le jeune public est à la fête aussi ?

Samedi 23 mars est organisé au Capitole My Cinewest au Pontet le Ciné Pitchoun. Une matinée spécial Disney avec huit films au choix au tarif unique de 6€. Avec des animations, des cadeaux à gagner. Trois programmes sont proposés au public scolaire des maternelles et écoles élémentaires de la petite section au CM2. Les films sont proposés en matinée à Utopia et au Capitole au Pontet. Il y a également au Pontet le 19 mars la Journée des collèges et lycées. 

Et les Victoires du cinéma cette année ? 

Nous mettons en avant un exploitant emblématique comme nous avons pu le faire pour la famille Bizot à Avignon ou l’an dernier Jocelyn Jouissy l’ancien directeur général de CGR. Cette année, cela sera François Thirriot dont la famille a eu un premier cinéma dans les années 1915-1920 à Paris. Une passion familiale qui s’est poursuivie. François a été reconduit pour la 4ᵉ fois à la tête du plus grand syndicat de cinémas français : le syndicat français des théâtres cinématographiques (SFTC). Nous allons l’honorer comme il se doit. Le président de la Fédération Richard Patry sera là. C’est amplement mérité pour tout son travail. 

Quelle est la place du cinéma en France actuellement ? 

L’an passé, nous avons fait 180 millions d’entrées, ce qui est une bonne année, mais je me souviens qu’avant 2019 on disait qu’on faisait une mauvaise année avec 190 millions d’entrées. Les prix ont augmenté, d’autres types de salles ont émergé comme l’Imax, la 4dx, ou des salles plus technologiques, mais on peut considérer que l’ensemble du parc français avec plus de 6000 salles est calibré pour faire 200 millions d’entrées. Quand on est en dessous, il y a des difficultés, selon les exploitations. 

Les conséquences de la crise sanitaire ?

Le covid nous a totalement esquintés. Des habitudes ont été prises par rapport au streaming, notamment Netflix et d’autres plateformes. Mais la production américaine, notamment les majors se rendent compte que ce n’est pas là où ils gagnent plus d’argent, mais lorsqu’ils sortent des films importants dans les salles du monde entier. Le reste est toujours en devenir. Le modèle Netflix leur est propre, les plateformes Disney, Paramount, Werner, luttent toujours un peu. 

Il reste un cap à passer ?

Exactement. En ce début d’année jusqu’à fin août, à mon avis, on ne fera pas des entrées exceptionnelles, l’offre américaine étant beaucoup moins importante. Il y a eu la grève des auteurs, des artistes, des scénaristes américains pendant plus de huit mois et cela se reporte maintenant. Après la grève, il faut reprendre les tournages et il y a un décalage. Il y a moins de films commerciaux américains, plus de films d’auteurs évidemment européens ou américains comme LaRoy. 

L’offre française est là ?

Oui, mais les comédies françaises fonctionnent moins bien. Il faut compter sur plus de films d’un certain niveau comme Anatomie d’une chute, Palme d’or à Cannes qui a triomphé avec six Césars et au niveau international avec l’Oscar du meilleur scénario original. C’est un très grand film. Il peut faire 1 500 000 à 1 800 000 entrées, ce qui est déjà énorme pour ce type de film. Nous n’avons pas pour le moment un film français qui serait à 4 ou 5 millions d’entrées. 

Vous restez optimiste ?

Ce premier semestre est difficile, mais je ne perds pas espoir. Je crois que le 2ᵉ semestre, avec la reprise de l’offre américaine et des comédies en place, permettra de rebondir et nous amener vers les 160 à 170 millions d’entrées. Au niveau mondial, les trois plus gros marchés sont les États-Unis, la Chine, la France. Nous avons une politique culturelle, un parc de salles exceptionnel, une production cinématographique française qui existe et qui marche bien aussi à l’international.

Vous êtes soutenus par une politique culturelle favorable ?

 Le monde entier nous envie le système lié au centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) avec une taxe (TSA)  qui est ponctionnée sur le prix du billet pour aider au financement. Cela fonctionne, mais il faut qu’on fasse des entrées. Si comme le début d’année va le montrer, on est un peu en déficit d’entrées, il peut y avoir problème. Surtout qu’on a beaucoup « d’attaques » administratives via la réforme de l’art et essai, les engagements de programmation qui n’ont pas encore débouché, et le nouveau rapport Cluzel sur la distribution alors que le reste n’est pas réglé…

Comment va le cinéma local ?

La petite exploitation et l’art et essai s’en sont bien sortis, la preuve, le Vox qui était à 20 000 entrées est passé à 60 000 et Utopia a récupéré ses entrées. Mais le Pathé Cap Sud et le Capitole MyCinéwest n’ont pas récupéré les chiffres de 2019. Le Capitole faisait 800 000 entrées, l’année dernière, il en a fait 600 000. C’est la grande exploitation qui est la plus touchée et comme c’est la plus grande pourvoyeuse de taxe sur les entrées en salles de spectacles cinématographiques, cela peut poser problème. 

Avez-vous un projet en particulier ?

Depuis octobre 2023, je suis président de l’Union des Cinémas du sud de la France (UCF). Je représente plus de 400 salles. Dans ce cadre, je travaille sur un changement de projecteurs. Ils sont numériques, mais on veut changer la puissance de diffusion en remplaçant les lampes au xénon par du laser. Ainsi, nous ferions une économie sur l’électricité qui serait très importante. J’ai fait une demande d’aide à Michel Bissière représentant de la Région Sud et j’attends la réponse. Cela serait en lien avec le développement durable et tout le monde ferait des économies.

Programme complet sur www.lesrencontresdusud.fr

Propos recueillis par Jean-Dominique Réga


Viggo Mortensen : un « Seigneur des anneaux » à Avignon pour les Rencontres du Sud

Le Grand Avignon vient officiellement de céder l’Opéra confluence situé en Courtine. Le lieu ne sera pas démonté et va devenir, à l’initiative de 4 entrepreneurs locaux, une salle de spectacle à la programmation particulièrement variée.

Ce vendredi 9 juin, le Grand Avignon a signé la vente de l’Opéra confluence situé dans la zone de Courtine, juste en face de la gare TGV d’Avignon. La communauté d’agglomération, qui conserve le terrain toutefois, a cédé le bâtiment pour un montant de 700 000€ payable sur 10 ans.
Pour rappel, cet édifice démontable avait été mis en service en 2017 afin d’accueillir provisoirement l’Opéra du Grand Avignon pendant les travaux de rénovation de l’opéra de la place de l’Horloge. Après 4 ans de travaux, l’Opéra est revenu en 2021 dans son site historique re-construit en 1847 après un incendie.
Depuis, l’Opéra confluence était fermé et l’agglomération réfléchissait comment pérenniser cet outil afin d’étoffer l’offre culturelle sur le territoire. Avec cette cession, c’est désormais chose faite maintenant grâce à l’arrivée de 4 investisseurs locaux.

C’est l’agence DE.SO (François Defrain et Olivier Souquet) architectes urbanistes, installée à Paris et Avignon qui a imaginé la ‘coque’ de l’Opéra confluence. Une prouesse en lamellé-collé réalisée en moins de 1 an à partir de 2016 pour cette salle de spectacle démontable de 950 places (850 places fixes + 100 mobiles) inaugurée en 2017. © DE-SO

4 repreneurs pour une programmation éclectique
Parmi ces 4 repreneurs en charge de l’exploitation* de cette salle désormais appelée ‘Confluence spectacles’ le plus connu localement est certainement René Kraus, directeur du cinéma Capitole studios au Pontet et aussi président du festival de cinéma Les rencontres du Sud.
Dans ce tour de table figure également l’acteur et producteur Grégory Cometti, qui dirige le KFT (KaFé Théâtre) à Saint-Galmier près de Saint-Etienne. Actuellement directeur du théâtre Le Paris à Avignon, il a fait ‘ses armes’ dans la cité des papes durant le Festival au Capitole centre et au Vox. « C’est l’homme de l’art », précise René Kraus.
Patrice Fabre, directeur du restaurant El Asador aux terrasses des saveurs au Pontet dans la zone d’Avignon-Nord qui a aussi dirigé pendant plusieurs années une entreprise d’événementiel, ainsi que Christian Duprè, directeur technique du capitole studios, complètent l’équipe des repreneurs.
Ces derniers ont pour ambition d’orienter la nouvelle salle vers une programmation particulièrement éclectiqueavec de la variété, du stand-up, des spectacles de cirque, de la magie…

Logo de la future salle basée en Courtine.

Près d’une soixantaine de dates prévues en 2024
En tout, près d’une soixantaine de rendez-vous sont annoncés en 2024. Même si certaines dates sont à confirmer, sont ainsi notamment prévus Louane, Bernard Lavilliers, Kev Adams, Enrico Macias, Camille Lellouche, Anne Roumanoff, Trois Cafés gourmands, Christophe Alévêque, Sellig…
« Tout cela sera évolutif car nous pourrons aussi accueillir un artiste au dernier moment selon les tourneurs, complète René Kraus. Nous allons faire preuve d’une certaine souplesse dans la programmation qui ne sera pas figée. »

C’est le 16 février 2024 que la nouvelle salle Confluence Spectacles devrait ouvrir ses portes. A l’affiche : l’humoriste Vincent Dedienne, ancien chroniqueur de l’émission de Yann Barthès ‘Quotidien’ et doublement récompensé aux Molières. © DR

Inauguration prévue le 16 février 2024
Dans tous les cas, l’ouverture de ‘Confluence spectacles’ est prévue le 16 février prochain. C’est Vincent Dedienne, humoriste repéré dans l’émission de Yann Barthès ‘Quotidien’ deux fois récompensé aux Molières, qui inaugurera la nouvelle salle de spectacle avignonnaise.
« L’idée c’est de proposer un large spectre de programmation allant de la musique électro à Frédéric François », insiste René Kraus. Et celui qui vient d’être réélu le 1er juin dernier président de la grande exploitation (Ndlr : tous les cinémas qui font plus de 450 000 entrées par an) au sein de la FNCF (Fédération nationale des cinémas français) de rappeler qu’avec cette nouvelle salle « On répond à un manque, car cela n’existait pas sur le Vaucluse. Si on voulait voir ce type de spectacle il fallait aller à la Paloma, à Nîmes, ou au Silo, à Marseille. »
« En tout cas, c’est bien de voir que tout le monde se met ensemble autour d’un projet pour garder des artistes sur Avignon qui est une ville culturelle », souligne-t-il en rappelant « qu’ils avaient eu le soutien de la mairie d’Avignon et du Grand Avignon. »

« On a été les seuls à faire une proposition. Sinon, la salle serait partie. »

René Kraus

850 000€ de travaux
Mais avant d’ouvrir, la salle va faire l’objet d’un ‘lifting’ important pour un montant de 850 000€. Des travaux de mise aux normes qui vont également permettre d’agrandir les loges, d’installer une nouvelle sonorisation ainsi que de revoir les espaces de restauration. Après ces réaménagements, le lieu disposera alors d’une capacité de 1 000 places assises et 1 700 places debout.
« On a été les seuls à faire une proposition, insiste René Kraus. Sinon, la salle serait partie. »
Le détail de la programmation sera à découvrir sur le site internet de Confluence spectacles qui devrait ouvrir d’ici une dizaine de jours.

Les nouveaux exploitants de la salle ont prévu d’investir 850 000€ pour réaménager Confluence spectacles d’ici son ouverture annoncée en février prochain.

*’Confluence Spectacle’ a pour objet social « la production et l’exploitation de représentations théâtrales, artistiques ou cinématographiques, audio-visuelles et télévisuelles, soit directement soit en co-productions » au sein de la nouvelle salle.


Viggo Mortensen : un « Seigneur des anneaux » à Avignon pour les Rencontres du Sud

Après une mémorable édition 2022 des Rencontres du Sud manifestation cinématographique professionnelle ouverte partiellement et séparément au public, Avignon redevient capitale du 7e art du lundi 20 au samedi 25 mars 2023. Plus de 300 professionnels sont attendus pour échanger et découvrir 18 films en avant-première, et des équipes de films.  Avec entre autres Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Andréa Bescond et Eric Métayer, Victoria Bedos, Chad Chenouga… Rencontre avec René Kraus, président de l’évènement et directeur général du multiplex Capitole Studios au Pontet.

Ces rencontres cinématographiques nées il y 13 ans c’est une belle histoire ?
« En France il y a trois rencontres de ce type là pour les professionnels. En janvier les rencontres de Bretagne plutôt axées sur l’art et essai, en avril les rencontres de Gérardmer dans les Vosges et en mars avant le festival de Cannes les rencontres cinématographiques du sud qui prennent depuis des années une véritable ampleur due aussi bien à la qualité de la programmation, qu’à la convivialité et l’organisation mise en place faisant partie de notre ADN. Nous ne présentons que des films en avant première. Cette année 18 films et 11 équipes de films avec du film d’auteur ou commercial. »

Où ont lieu ces rencontres ?
« Nous travaillons avec Utopia et le Vox points névralgiques du centre ville, mais aussi avec le Capitole Studio pour des films plus commerciaux et cette année exceptionnellement avec Pathé producteur d’un film de Dany Boon qui sera présenté au Pathé Cap-Sud. Et également nous travaillons avec deux cinémas du Vaucluse, Le Rivoli à Carpentras avec Florence Passalacqua et  avec Eric Telènne à Cavaillon où nous présenterons un film auquel je suis très attaché qui sera « quand tu seras grand » d’Andréa Bescond et Eric Métayer. »

Vous renouez avec la prestigieuse cérémonie des Victoires où sera dévoilé le palmarès ?
« Oui, nous reprenons ce que nous avions dû arrêter au moment du covid. Le jury des montreurs d’images expression d’Agnes Varda pour parler des exploitants sera présidé par Rafael Maestro directeur de Ciné Passion en Périgord, avec Laurence Meunier du Majestic de Compiègne et le Ciné Laon, David Marguin du Voltaire à Ferney-Voltaire, Pascal Heck de UGC Toison d’or de Bruxelles, et Lucile Bajot-Richard distributrice de Canal +. En même temps le jury des lycéens  remettra un prix. Il réunit des élèves de deux établissements de formation du campus des sciences et techniques d’Avignon. »

« Souvent dans les jurys, et je pense au festival de Cannes, il n’y a pas d’exploitants. »

Onze films sont en compétition ?
« Nous avons une sélection de onze films, plutôt des films d’auteurs, les sept autres films qui sont plus des films commerciaux de qualité ne concourent pas ils sont hors compétition. Souvent dans les jurys, et je pense au festival de Cannes, il n’y a pas d’exploitants. Pourtant ils présentent les films, les défendent et sont capables de bien les juger. Là un panel de distributeurs exploitants du cinéma, de l’art et essai, du commercial seront présents dans le jury décernant le prix. »

Les Victoires du cinéma vont mettre à l’honneur une personnalité ?
« Nous rendons hommage à un exploitant emblématique, Jocelyn Bouyssy directeur général de CGR Cinémas (Circuit Georges-Raymond) groupe créé en 1966 à La Rochelle par Georges Raymond. Il a 700 salles et 73 cinémas. Il a démarré en coupant des tickets dans une salle de cinéma, est devenu directeur régional puis a pris la direction du groupe qu’il a continué à développer. Une structure qui fait 18 millions d’entrées. Il a également une boite de distribution, Apollo Films. Le groupe est très implanté en province de manière que partout vous faites 20′ en voiture vous trouvez un cinéma. Les actionnaires ont demandé la cession du groupe. »

Quelle est la place des enfants ?
« Au Capitole Studios il y a le ‘Petit festival’ qui s’adresse au public scolaire. Devant plus de 200 personnes nous allons présenter des courts et des longs-métrages avec une thématique particulière comme le harcélement à l’école ou le handicap. Il y aura différents intervenants pour approfondir la découverte des oeuvres. Un système a été mis en place dans le cadre associatif, c’est le Pass Culture collectif. Nous proposons sur le site une thématique sur laquelle on veut travailler et présenter des films et les écoles adhèrent ou pas. Ces dernières peuvent être réactives car le pass culture est ouvert à tous types d’établissements. Le ciné-pitchoun au Capitole du Pontet propose samedi 25 mars des films pour les enfants à voir en famille. »

Comment se porte le cinéma au niveau national ?
« En 2019 nous faisions 210 millions d’entrées, en 2021 100 milllions, en 2022 152 millions. Donc le cinéma remonte. Je suis optimiste. L’offre de films, notamment américaine est de plus en plus présente.  L’offre de comédies françaises reprend aussi et je pense que nous avons besoin de tous types de cinémas, évidemment aussi le cinéma d’auteur. Je note que les grands auteurs américains comme Spielberg ou d’autres comme Damien Chazel, Sam Mendes fonctionnent mieux en Europe et en France qu’aux Etats-Unis. Il y a une véritable remontée, nous pouvons atteindre les 190 millions d’entrées. Nous sommes le 3e marché de cinéma du monde derrière les Etats-Unis et la Chine. »

« ici c’est un cas d’école, un laboratoire extraordinaire. »

Et au niveau du Grand Avignon ?« 
« ici c’est un cas d’école, un laboratoire extraordinaire. Il y a deux multiplexes très importants, le Capitole Studios multiplexe indépendant dont je suis directeur général et associé avec Daniel Talandier, le Pathé qui est un groupe national, le Vox un cinéma de centre ville qui a maintenant un label d’art et essai, Utopia un cinéma pur art et essai. Dans le département on a à côté Carpentras, Cavaillon, Orange… Il y a ici quelque chose lié au développement du théâtre et de la culture en général. C’est la région qui a la plus haute fréquentation des salles de cinéma depuis l’année dernière.  On fait 50 % d’entrées en plus. »

Après le succès en 2020 de « La belle époque » en 2022 de « Mascarade » de Nicolas Bedos dont vous étiez co-producteur, vous investissez dans « Quand tu seras grand » d’Eric Métayer et Andréa Bescond. Parlez-nous de ce film…
« Je suis très content d’avoir pu participer à cette aventure qui j’espère aura autant de succès que « Les chatouilles » leur premier film. Là c’est dans une maison de retraite avec les relations intergénérationnelles dans le cadre de ce genre d’établissement. On voit le travail des aides-soignants, des soignants, des employés confrontés aux patients, au manque de personnel, aux situations particulières, à une direction qui peut être dure mais qui a des obligations. Il y a de l’humour, une dimension poétique à la fin du film et matière à réflexion. »

C’est un sujet que vous connaissez bien ?
« Quand ils m’ont parlé la première fois de ce projet, Eric et Andréa, l’ignoraient mais j’ai géré plusieurs années un Ehpad à Salon-de-Provence. J’ai pu dire à Eric et Andréa s’il y avait des invraisemblances dans le scénario. A l’époque je dirigeais un établissement de 87 lits. Nous avions prévenus face à l’arrivée de gros groupes qui avaient la mainmise sur plusieurs établissements. Nous nous plaignions déjà d’un manque de personnel, de médecins. Personne n’a écouté. Pour moi ce film c’est comme une sorte de catharsis qui donne un sens. Dans les émotions du cinéma il y a  quelque chose d’intemporel. »

Propos recueillis par Jean-Dominique Réga


Viggo Mortensen : un « Seigneur des anneaux » à Avignon pour les Rencontres du Sud

Zoom sur René Kraus, son patron et créateur des Rencontres du Sud qui se dérouleront du 20 au 25 mars prochains sur Avignon. Dany Boon, Victoria Bedos, Andréa Bescond, Eric Métayer parmi les invités-vedettes de cette 10e édition (20-25 mars) à Avignon.

Le cinéma, René Kraus, est tombé dedans quand il était petit : ses grands-parents en tenaient un à Salon-de-Provence. Il a ouvert le Capitole studios au Pontet en 2009, premier complexe indépendant de France avec une fréquentation pouvant aller jusqu’à 780 000 spectateurs, des avant-premières en présence des équipes de films tous les mois, 280 films projetés par an. Il est aussi co-producteur de longs métrages à succès comme ‘La belle époque’ et ‘Mascarade’ réalisés par Nicolas Bedos.

« Le cinéma donne à rêver, dit-il. La France est le troisième marché du monde (avec 200 millions de spectateurs hors Covid), derrière les Etats-Unis et la Chine, le premier d’Europe et Avignon est une ville cinéphile où on a vu en 1992 Quentin Tarentino couronné pour ‘Reservoir dogs’ au Festival Workshop de Jerry Rudes, 20 ans avant ‘Pulp fiction’ à Cannes. »

Défendre une certaine vision du 7e art
Le Capitole au Pontet, ce sont 11 salles et 2 300 fauteuils qui défendent des projets, une vision du 7e art. A cause de la crise sanitaire, le multiplexe a connu 300 jours de confinement, la vérification des pass-sanitaires, la sécurité, la suppression de la confiserie, de la buvette et des pop-corns (-20% de recettes). « En 2021, on a recensé moins de 100 millions de spectateurs en France, heureusement, on a assisté à une ‘remontada’ avec 152 millions en 2022, mais on est encore loin des 200 millions habituels » regrette René Kraus.

Le Capitole studios a vu le jour en 2009 au Pontet.

Et justement, en juin dernier, après mûre réflexion sur l’avenir du complexe, René Kraus a accepté d’être racheté par CinéWest tout en restant directeur général et actionnaire du multiplexe vauclusien désormais baptisé ‘Capitole my CinéWest’. « C’est une façon de rendre pérenne ce lieu prisé des Vauclusiens et d’en défendre les valeurs qui nous sont chères, la qualité, la pluralité et l’indépendance » déclare-t-il.

A la tête du réseau des 10 cinémas CinéWest, Daniel Taillandier, un ancien de la grande distribution qui possède 63 salles en France (dont Royan, Cognac, Ploërmel, Saintes, Aurillac, Béthune, Nevers, Mouans-Sartoux, Mont-de-Marsan), ce qui représente 10 000 fauteuils, pour un potentiel de 2,8 millions d’entrées lui permettant ainsi d’intégrer le Top 10 des exploitants français avec un chiffre d’affaires de 20M€ et 75 collaborateurs en tout.

Un navire amiral pour le cinéma en Vaucluse et des projets à Arles
« CinéWest-Le Capitole studios du Pontet est notre vaisseau-amiral, entre sa capacité, son emplacement, son parking, c’est un site qui fonctionnait bien avant la crise, qui a repris des couleurs après, qui a un vrai savoir-faire, notamment dans l’animation et j’ai l’espoir que les compétences de René Kraus et de son équipe rejailliront sur mes autres cinémas »; ajoute Daniel Taillandier. Ensemble, les deux hommes ont des projets communs, comme la construction d’un nouveau complexe cinématographique dans l’arrière-pays varois à Brignoles et un autre à Arles, adossé ou pas au cinéma Le Méjan-Actes Sud, la maison d’édition fondée par Hubert Nyssen, puis dirigée par sa fille, Françoise Nyssen, ancienne Ministre de la Culture.

Le Capitole a intégré le réseau CinéWest depuis 2021. Cependant, c’est plus récemment qu’il a affiché son appartenance au groupe de Daniel Taillandier avec une nouvelle enseigne arborant sa nouvelle appellation.

10e anniversaire des Rencontres du Sud
Autre rôle de René Kraus dans le monde du cinéma vauclusien, le créateur des Rencontres du Sud qui fêtent leur 10e anniversaire ce printemps. « Deux mois avant le Festival de Cannes, elles sont devenues une étape incontournable avant le plus grand marché du cinéma sur la Croisette en mai. Ici, à Avignon, c’est un véritable laboratoire avec de l’art et essai, du film d’auteur, du cinéma populaire, il y a de la place pour tout le monde, Utopia, Le Vox de la famille Bizot qui existe depuis 101 ans et nous. »

Cette année, entre le 20 et le 25 mars, on pourra voir 18 films en avant-première, il y aura 9 équipes invitées et sont programmés le Festival ‘Montreurs d’images’, ‘Le Petit Festival/Cinépitchoun’ avec les élèves des collèges et lycées au Pontet et la Cérémonie des Victoires du Cinéma.
« Avant il n’y avait de rencontres du cinéma qu’à Gérardmer, en Bretagne et dans le Nord, rien dans le sud. Voilà pourquoi je les ai créées. C’est un moment intense, riche, varié, d’échanges avec des réalisateurs, des producteurs, des chefs d’exploitations, des distributeurs, des comédiens, soit environ 300 ‘professionnels de la profession’ comme disait Jean-Luc Godard. Mais aussi le public, des jeunes, des étudiants, des retraités, des familles, des passionnés, explique René Kraus. Ensemble, tout le monde échange, notre but c’est de promouvoir les films avant leur sortie officielle, de détecter de nouvelles pépites, de révéler de futurs grands talents, nous sommes le reflet d’un marché toujours en pleine effervescence. »

Les Rencontres du Sud en 2018.

De nombreux temps forts
Au fil des ans, la technique aussi a évolué, 3D, effets spéciaux, immenses écrans, son numérique dolby stéréo ce qui intensifie le côté magique du cinéma. On ne peut pas tout citer (voir programme détaillé à retrouver ici), donc en voici les temps forts : mardi 21, Victoria Bedos pour son premier long métrage : ‘La plus belle pour aller danser’, mercredi 22, Dany Boon, l’homme au record de plus de 20 millions d’entrées pour « Bienvenue chez les Ch’tis » présentera son nouvel opus ‘La vie pour de vrai’, jeudi 23 Andréa Bescond et Eric Métayer (qu’on avait rencontrés pour ‘Les chatouilles’, film courageux et sensible sur l’inceste) viendront pour ‘Quand tu seras grand’ (un film qui se déroule dans une maison de retraite auquel René Kraus a participé puisque, dans une autre vie, avant le cinéma, il dirigeait un Ehpad dans le Pays Salonais) et vendredi Claire Simon pour ‘Notre corps’.

René Kraus que l’on a déjà vu aux côtés de Robert Guédiguian, Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Dany Boon, Jérôme Commandeur, Clovis Cornillac, Louise Bourgoin, Guillaume Canet, Doria Tillier et plus récemment Benoît Magimel pour ‘De son vivant’ (projeté au Pontet qui lui avait déjà valu un César du meilleur acteur l’an dernier avant celui de vendredi dernier) mais aussi Cédric Klapisch et Nicolas Bedos (tous les deux oubliés de l’Académie des César et des 4 700 membres de la profession du 7e art).

Et comme René Kraus voudrait être un ‘faiseur de rêves’, il se pourrait bien que l’an prochain, pour l’inauguration du nouveau complexe cinématographique de Brignoles dans le Var, on le voit côte à côte avec une star planétaire qui est propriétaire d’une centaine d’hectares de vignes dans le coin, un certain… George Clooney.

Contact – Programmes – Réservations : lesrencontresdusud.fr

Les prochaines avant-premières avec les équipes de film au cinéma Capitole my Cinéwest dans le cadre des prochaines Rencontres du Sud


Viggo Mortensen : un « Seigneur des anneaux » à Avignon pour les Rencontres du Sud

Après une mémorable 9e édition en mars 2019 les Rencontres du Sud avaient été annulées pour cause sanitaire en 2020 et 2021. Avec cette manifestation cinématographique professionnelle ouverte partiellement au public, Avignon redevient capitale du 7e art du mardi 15 au samedi 19 mars 2022. Près de 300 professionnels sont attendus pour échanger et découvrir 17 films dont une partie  en avant-première, et cinq équipes de films. Rencontre avec René Kraus, président de l’événement et directeur général du multiplex Capitole Studios au Pontet.

Quel impact a eu la crise sanitaire sur le cinéma ?
« Avec ce que nous avons subi et dont nous souffrons encore, le cinéma a été en sérieuse difficulté. Nous avons été à l’arrêt il y a deux ans. Nous avons repris par périodes mais avec des difficultés liées au passe sanitaire, au passe vaccinal, au décalage des films, au développement des plateformes, à la suppression de la confiserie qui fait partie du rêve que nous vendons, et représente 15 à 20 % de notre chiffre d’affaire. Heureusement pour se maintenir nous avons eu des aides de l’État, aussi bien du ministère de l’Économie que du centre national du cinéma. »

Le cinéma reprend des couleurs ?
« Spider-Man sorti en décembre 2021 a incroyablement bien marché. Puis début janvier avec toutes les contraintes réglementaires  les entrées ont encore plongé de 40 à 50 %. Le 16 février la vente de la confiserie a été autorisée, depuis le 28 février il n’y a plus la contrainte des masques et à partir du 14 mars plus l’obligation de contrôler le passe vaccinal. Les gens seront plus sereins et à l’aise. Même si de nouvelles habitudes ont été prises, notamment par les seniors, j’ai bon espoir de voir le cinéma remonter rapidement la pente grâce à cette liberté retrouvée et aux films qui vont sortir. »

« Nous sommes les premiers en Europe. »

La France a une population attachée au cinéma ?
« Tout à fait ! En 2019 une année extraordinaire nous avons fait plus de 200 millions d’entrées ce qui en faisait le 3e marché au monde. Nous sommes derrière les Etats-Unis et la Chine mais les premiers en Europe. Cela est dû à notre production interne française mais aussi à ce parc de salles qui est le plus gros. Le cinéma donne du rêve et le public aime toujours vivre cette expérience dans les salles. »

Le territoire local est bien pourvu ?
« Sur Avignon nous avons une belle diversité entre le Pathé Cap Sud, le Capitole Studios, Utopia qui est plutôt un cinéma d’art et essai, le Vox cinéma du centre-ville. Vraiment il y a une belle présentation et c’est très éclectique au niveau de la programmation. Les exploitants sont bien en place pour reprendre la situation en main avec le public qui je pense et je l’espère va continuer à nous suivre. »

Comment sont nées les Rencontres du Sud ?
« Il y a 12 ans, les rencontres cinématographiques régionales existaient à Gérardmer dans les Vosges, en Bretagne, dans le Nord, mais rien dans le Sud. Nous avons été quelques-uns dans une petite équipe, à penser que c’était une bonne idée de lancer l’équivalent à Avignon. Des rencontres spécifiques à la profession, rassemblant exploitants, distributeurs, etc, autour de films présentés en avant-première avec la venue d’acteurs, d’équipes de films. Dans un moment sans autre manifestation du genre, situé idéalement entre les festivals de Cannes et celui de Berlin. »

Quel est le chemin parcouru par cette manifestation ?
« Les deux années précédentes elle a dû être annulée. En nombre d’éditions nous arrivons à la 10e. Au fil des années avec des films commerciaux et des films d’auteurs, les Rencontres ont pris de l’ampleur. Nous avons eu plus de 150 équipes de films. Nous avons aussi mis en avant des personnes qui sont moins dans la lumière mais cruciales pour le métier. La manifestation s’est ouverte aux étudiants, aux petits avec le ciné-pitchouns, au public. Notre esprit a évolué pour faire participer l’ensemble du territoire mais en même temps cela reste des rencontres professionnelles. »

« L’occasion de célébrer les 100 ans du Vox. »

Et cette année ?
« C’est une édition différente, un peu édulcorée parce qu’on reprend. Elle ne se passera pas au Capitole centre repris par Frédéric et Mélanie Biessy de la Scala à Paris. Ils vont en faire la Scala Provence à Avignon après une très grosse restauration des salles pour le théâtre mais aussi le cinéma puisqu’ils nous recevront en 2023. Les Rencontres du Sud se dérouleront essentiellement au centre-ville au Vox et Utopia. Au Capitole Studios Le Pontet aussi. Le Vox cela nous est apparu comme une évidence puisque cette année c’est les 100 ans du cinéma qui a été créé par la famille Bizot. »

Des exploitants emblématiques ?
« Tout à fait ! Jean-Paul et Léonie Bizot sont toujours présents auprès de leur fils Emmanuel et de sa compagne Sherazed. C’est Joseph Bizot le grand-père de Jean-Paul et arrière-grand-père d’Emmanuel qui s’est lancé dans le cinéma en 1922. Voilà qui nous rappelle que cet art qu’est le cinéma s’est renouvelé, a changé, évolué avec le son, la projection, le numérique, le 3D. L’évolution s’est faite et les Bizot sont toujours à la tête du Vox. là. Nous tenons particulièrement à célébrer cette famille en 2022. »

Quelles sont les particularités cette année ?
« Il n’y aura pas les Victoires, cérémonie prestigieuse de clôture où était dévoilé le palmarès du festival des montreurs d’images. Il y aura seulement un prix remis par les étudiants. Mais nous avons une programmation de qualité avec 17 films qui seront dévoilés et 5 équipes de films présentes. Même s’il y a eu peu de manifestations, les exploitants ont fait beaucoup de visios. Se retrouver là, discuter des films et voir comment on va les défendre c’est quand même notre ADN. »

La programmation est éclectique ?
« Internationale avec des films espagnol, argentin, japonais, coréen notamment du réalisateur  Ryusuke Hamaguchi qui a fait ‘Drive my car’. Il présentera son 3e film. Nous recevrons entre autres Delépine et Kerven réalisateurs de ‘En même temps’, Cédric Klapisch pour ‘En corps’, Thierry Demaizière et Alban Teurlai avec leur documentaire ‘Allons enfants’, Jean-Pierre Améris qui sera là pour ‘Folies Fermières’. Nous ferons pour les enfants le Ciné Pitchoun au Capitole Studios le samedi matin 15 mars. »

Êtes-vous soutenus ?
« Par nos partenaires institutionnels,  Région, Département, Grand Avignon, Mairies d’Avignon et du Pontet, oui bien sûr. Ils nous ont suivi pendant ces années covid et nous voulons également leur montrer que nous sommes toujours présents. Que nous aimerions dès l’année prochaine élargir à plus de public. Notre volonté c’est de devenir un festival beaucoup plus important avec plus de films et des thématiques très précises. »

Après le succès en 2020 de ‘ La belle époque’» dont vous étiez co-producteur, vous investissez-vous encore dans la production ?
« Je n’ai pas chômé ces deux dernières années. En 2022 je suis également co-producteur indépendant avec François Fontès, de ‘Mascarade’ prochain film de Nicolas Bedos, avec Pierre Niney, François Cluzet, Isabelle Adjani, Charles Berling, Emmanuelle Devos et Marine Vacth qui est l’héroïne principale. On espère le film au festival de Cannes mais il sortira peut-être plus tard. C’est une histoire qui se passe sur la Côte-d’Azur dans la jet-set. Une histoire très subtile. Je n’en dévoile pas plus, mais comme dit Bedos ‘ la vie c’est une gifle et une caresse’ »…

« Arles mérite un nouveau cinéma de 8 ou 9 salles pour des films commerciaux, d’auteurs, d’art et essai. »

Un autre projet ?
« Je me suis lancé dans un autre film, ‘Quand tu seras grand’ d’Eric Métayer et Andréa Bescond qui avaient fait le film ‘Les chatouilles’, sur le thème de la pédophilie et qui en 2019 étaient au festival d’Avignon avec une création sur le thème de l’euthanasie. Là c’est un film avec Vincent Macaigne, Marie Gélin, Eric Métayer sur la vie en maison de retraite, les relations entre les uns et les autres, les difficultés qui existent… Quand Eric m’a parlé de son projet je lui ai dit que je pouvais dire comment cela se passe car avant d’être dans le cinéma j’ai été directeur d’un Ehpad à Salon-de-Provence. Je ne sais pas quand le film va sortir, je pense plutôt en octobre. »

Avez-vous des ambitions sur Arles avec la construction d’un multiplexe ?
Nous en discutons depuis un certain temps avec Jean-Paul Capitano et Robillard les exploitants locaux. On développerait 8 ou 9 salles pour des films commerciaux, d’auteurs, d’art et essai. On discute avec la mairie pour trouver le meilleur endroit. Parce que la ville le mérite. Arles bouge. La ville a une véritable dimension culturelle. Il y a Acte Sud, le festival de la photographie, la Luma et le Parc des ateliers de Maya Hoffmann, le musée Arles antique, etc. Il y a la possibilité de développer un multiplexe classique avec une programmation bicéphale mais aussi de créer un festival. »
Retrouvez le programme complet des Rencontres du Sud 2022

Propos recueillis par Jean-Dominique Réga

Bio express
Après la faculté de droit, René Kraus n’a pas spécialement en tête de tenter la magistrature ou de devenir avocat. Son père biologiste l’oriente sur l’ouverture d’une maison de retraite. « J’ai fait une école de management, l’Institut Bocuse à lyon, et pendant 14 ans je me suis occupé d’un Ehpad de 90 lits à Salon-de-Provence. Après la vente, avec Raoul Aubert un ami de mon grand-père qui tenait un cinéma, nous avons ouvert en avril 2009 le Capitole Studios au Pontet où je suis entouré aujourd’hui de collaborateurs passionnés comme moi. »

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