12 septembre 2025 |

Ecrit par le 12 septembre 2025

Chanaz : Venise lui va si bien

Il est une localité en Savoie où le temps s’écoule à flux et à reflux, entre la grande et la petite histoire. La commune de Chanaz, dont le patrimoine immobilier s’agglutine aux pieds de la chaîne de l’Épine, se distingue par ses multiples charmes passés, présents et singuliers à souhait.

Chanaz. Première escale touristique de Savoie. Son centre historique contemple les eaux altières du canal de Savières, qui serpente à quelques mètres des façades. Gorgée d’eau en amont et en aval de son territoire, mais aussi d’est en ouest, la cité chautagnarde a gagné le surnom de Petite Venise de Savoie, allant jusqu’à assumer son rôle en organisant sa propre parade vénitienne au mois de mai.

Bucolique, la « commune rurale à habitat dispersé », selon le classement Insee 2024, capitalise sur ses atouts naturels : un décor de carte postale et une histoire royale, adossée à celle de la Maison de Savoie. Contemporaine surtout, par sa capacité d’accueil et le concentré de culture et de loisirs dont elle a su se parer.

Aussi, sa géographie et ses rues sont quadrillées par une foule de 300 000 visiteurs chaque année, sous le regard indulgent des six cents habitants permanents. Altitude, 250 mètres. Il faut grimper pour gagner le droit, par paliers successifs, de surplomber le panorama. Près de 60 % de forêts s’étendent au loin ; environ 9 % d’étendues d’eaux continentales et 20 % de terres agricoles dont les récoltes nourrissent un artisanat de bouche mis à l’honneur dans les boutiques du village…

Chanaz, en Savoie, surnommée la Petite Venise, ne compte pas uniquement sur son paysage de carte postale : elle a développé de nombreuses activités culturelles et sportives. ©Leïla Oufkir

Une forte valeur patrimoniale

Au milieu des compositions florales à profusion, un bouquet d’édifices à forte valeur patrimoniale. À commencer par celui qui aujourd’hui, abrite la mairie : la Maison de Boigne ou « Grand’maison ». Cette demeure est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1980. Bâtie au XIIIe siècle, comme en atteste une porte en tiers-point du rez-de-chaussée, elle a appartenu à la Maison de Savoie jusqu’au XVIe siècle. Elle passera ensuite de mains nobles en mains de maîtres jusqu’au comte de Boigne qui en délégua la gestion à son régisseur Jean Antoine Curtillet. La famille de ce dernier finit par acquérir la Grand’maison en 1889. Il faut attendre 1969 pour que la bâtisse devienne propriété de la commune.

Non loin de là, l’ancienne chapelle de la Miséricorde, de style gothique flamboyant du XVIe siècle, héberge depuis 2001, le musée des potiers gallo-romains de Portout. Dans cette petite localité, à 3 km en aval de Chanaz, des potiers s’étaient établis pour faire commerce de leurs céramiques jusqu’en Afrique depuis La Savière, ancienne rivière naturelle devenue canal de navigation après avoir été domptée par l’homo économicus.

Il se pratiquait, en son temps, un droit de pontonage : pas moins de quatre péages assuraient des revenus confortables à la châtellenie des comtes de Savoie.

Un fleuve à double sens

Un phénomène naturel rare auréole de mystère le canal de Savières. Tout comme le temps s’écoule sans emprise sur Chanaz, le courant peut inverser sa course au gré des intempéries. Le canal prend sa source au lac du Bourget pour se jeter dans le Rhône : il arrive que son débit reflue lorsque ce dernier entre en crue. Une écluse, construite au XIXe siècle et le barrage de Lavours, canalisent ce jeu de balancier et facilitent la navigation.

Cet héritage qui fonde Chanaz, auquel s’ajoutent le moulin à eau (lire encadré), l’ancien fort, le four à pain et l’église Sainte-Appolonie, lui vaut d’être labellisée Petite cité de caractère… Il en faut, du tempérament, pour apprivoiser les éléments et en extraire une identité forte. Cette identité s’exprime jusque dans les commerces, ambassadeurs d’une agriculture et d’un artisanat local marqué…

La Sale Gosse, péniche rouge vif fabriquée en Bretagne (300 000 € d’investissement) et amarrée depuis 2021 à Chanaz, se visite comme un sanctuaire dédié à l’abeille et au miel, où trône une authentique ruche en activité. Autre concept original situé au cœur du village, dans une cave restaurée du XVe siècle : la boutique Terroir café. Sur ses étagères, Didier Cornetti étale des cafés verts de gamme supérieure qu’il a torréfiés et conditionnés dans son unité de production à Grésy-sur-Aix (1,2 M€ de CA).

La Sale Gosse a accosté à Chanaz en 2021 : la péniche écarlate fait la part belle aux miels locaux sous toutes leurs formes, jusqu’aux cosmétiques et soins naturels. ©Leïla Oufkir

Dans un autre registre, les hébergements écologiques sur pilotis du camping municipal Les Îlots de Chanaz ajoutent du pittoresque au tableau. De là, l’accès est direct vers un éventail très large d’activités pédestres, cyclistes – sur la ViaRhôna – et aquatiques… Enfin, les croisières en bateau-mouche, commentées ou à thèmes, remontent les aiguilles du temps, l’espace d’une ou deux heures de flottaison mémorable.

Classé aux Bâtiments de France, il a connu trois mouliniers locataires depuis sa restauration. Aujourd’hui, Sébastien Milley travaille sur site avec son épouse de mars à novembre. « J’écrase 8 tonnes de noix et 7 tonnes de noisettes chaque année », lance le gérant, très démonstratif devant un public conquis. « Notre huile de noix pressée à froid contient une grande quantité d’oméga 3. Quant à l’huile de noisette, elle est très rare. Nous ne sommes pas nombreux à posséder ce savoir-faire », vante-t-il. Les résidus de sa production servent à préparer des farines sans gluten, de la bière, une moutarde miel noisette et des confitures. Autant de copeaux de Chanaz à emporter chez soi…

Photo : ©Leïla Oufkir

Leïla Oufkir (Eco Savoie Mont Blanc), membre du Réso Hebdo Eco


Chanaz : Venise lui va si bien

Saint-Jean-de-Maurienne n’est pas spontanément la première destination qui vient à l’esprit lorsqu’on veut s’échapper en vacances en Savoie Mont Blanc ! Pourtant ce territoire, qui vient d’être labellisé Rando Gravel par la Fédération française de cyclisme, gagne à être connu pour qui aime conjuguer nature et activités sportives sur fond d’histoire.

Mixer judicieusement passé industriel et viticole avec activités nature est sans aucun doute l’un des points forts de Montagnicimes, instance touristique qui réunit Saint-Jean-de-Maurienne, Albiez et un chapelet de villages authentiques alentours.  Plutôt connu des cyclosportifs car situé au carrefour des grands cols alpins (Galibier, Télégraphe…), ce territoire savoyard s’affirme aujourd’hui comme une destination touristique à part entière, à même de satisfaire les amateurs de patrimoine, de randonnées pédestres ludiques ou cyclo-touristiques pittoresques.

En vélo sur les traces de l’opinel
En témoigne La Route de l’Opinel, 15 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Albiez-Montrond dont on peut parcourir tranquillement les 13 lacets en vélo ou VAE (elle affiche quand même 900 m D+) en s’accordant au passage une petite pause pédestre au hameau de Géboulaz.
« Jacques Opinel, mon père, a créé en 1989 le musée de l’Opinel à Saint-Jean-de-Maurienne, dans un ancien atelier familial. C’est tout près d’ici, au hameau de Géboulaz, que Joseph, le frère de mon arrière-grand-père, a mis au point son couteau de poche en 1890 », explique Maxime Opinel, directeur du musée. Comme les visiteurs souhaitaient découvrir aussi les lieux de naissance du couteau, l’idée de les mettre en valeur a fait son chemin. « Nous avons ainsi tracé un vrai parcours, qui n’est en rien une réplique du musée, plutôt une alternative à vivre en extérieur. »

Le Volcano Opinel, une œuvre d’art skateable installée au sein du skatepark Versus.©Alban Pernet

Le musée est seulement le point de départ de l’itinéraire qui s’est étoffé au fil des ans. Au tout premier atelier, à la maison de Joseph et à la toute première usine de fabrication sont venues s’ajouter des répliques artistiques du célèbre canif comme ce modèle géant, planté au cœur du beau skate-parc de Saint-Jean-de-Maurienne. Des lieux de vie de la famille et des habitants de cette vallée pauvre de l’Arvan, comme la chapelle Saint-Grat ou le four à pain, sont également venus enrichir cette route. Chacune des haltes étant dûment documentées.

En gravel à l’assaut des grands cols
Un itinéraire que l’on peut bien sûr aussi parcourir en gravel, ce deux-roues synthèse entre vélo-route, vélo-voyage et vélo-tout chemin. Le territoire vient par ailleurs d’être labellisé Rando Gravel par la Fédération française de cyclisme cet été. Une première !  De sport de niche, cette discipline monte en puissance. Elle est devenue l’expression d’une sorte de renouveau du vélo-liberté, avec un vaste champ des possibles. « Le gravel permet d’offrir des itinéraires “bis” pour rejoindre nos plus beaux cols (Mollard, Confrérie, le Chaussy, Madeleine, Croix de Fer…) et parcourir le pied des Aiguilles d’Arves en dehors des routes sur fréquentées d’été. On emprunte des itinéraires exceptionnels, où l’on peut s’ouvrir à la rencontre et découvrir, avec humilité, le patrimoine naturel et historique confidentiel », résume le directeur de Montagnicimes, Pascal Favier.
Dix itinéraires de tous niveaux ont notamment été imaginés au départ de Saint-Jean-de-Maurienne et d’Albiez et sont dûment détaillés dans un topo-guide disponible à l’office de tourisme ou sur Internet.

Le Refuge Princens à Saint-Jean-de-Maurienne. © Tilby Vattard

A pied dans les pas des ardoisiers…
Si Opinel est mondialement connu, il n’en est pas de même de la tradition ardoisière du territoire. Or cet or noir a largement contribué à l’essor de la vallée de la Maurienne aux XIXe et XXe siècles.  Pour s’immerger dans ce passé, rien de tel que la balade tranquille des ardoisiers.  Au départ de Saint-Julien-Mont-Denis et sur 2,9 km, elle retrace l’histoire de ces ouvriers, traverse plusieurs sites emblématiques témoignant de leur dur labeur. Et propose divers aménagements explicatifs et ludiques. Depuis cet été, le parcours est même scénarisé, avec la complicité de la vache Beaunie, pour séduire les enfants. 

Le sentier des ardoisiers, un “hommage” à cet or noir qui a contribué à l’essor de la Maurienne.@Montagnicimes

…ou au cœur du vignoble
Quant au vignoble de Maurienne, il a lui aussi eu son heure de gloire autour de Saint-Jean jusqu’au début du XXe siècle.  « Cette notoriété s’appuyait essentiellement sur un cépage local, le Persan ou Princens, qui produisait un très bon vin comparable aux grands crus de Bourgogne », explique Julien-Gabriel Perbellini. Lui est né ici. Il se souvient que gamin, son grand-père aimait l’emmener jusqu’à la chapelle Bonne Nouvelle (XVIIe siècle), par un petit chemin ponctué d’oratoires qui serpente au milieu des vignes. Un chemin toujours bien tracé au départ de Saint-Jean et qu’il fait bon parcourir (compter une heure aller-retour) pour admirer aussi la vue sur les nombreux sommets alentours…

Une vraie madeleine de Proust pour ce Saint-Jeannais qui vient de réaliser son rêve d’enfant : créer, au pied de ce site, “Le refuge de Princens”, un mini-gite joliment aménagé dans une petite maison de vignes, en préservant l’esprit du lieu.

Par Hélène Vermare – Eco Savoie Mont Blanc pour Réso hebdo éco

Pour en savoir + :
– montagnicimes.com
– Application 3D Pays des Aiguilles d’Arves
– Attitude Maurienne : conscient que les touristes deviennent des acteurs de la destination, Montagnicimes lance cet été Attitude Maurienne, une charte du visiteur qui s’appuie sur quatre engagements : prendre soin de l’environnement, découvrir avec humilité, s’ouvrir à la rencontre et savourer les richesses locales, une autre façon de “nourrir” son voyage. Un magazine, disponible en ligne, présente cet esprit du voyage au pays des aiguilles d’Arves ; activités, portraits et autres spots incontournables à l’appui.

https://www.echodumardi.com/tag/savoie/   1/1