18 septembre 2025 |

Ecrit par le 18 septembre 2025

‘Comment partager l’eau en France ?’, un livre-somme, fruit du travail d’une centaine de scientifiques

Ils sont chercheurs, spécialistes, experts dans leur domaine, travaillent à Aix-en-Provence, Montpellier, dans les nombreux centres de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation, l’environnement) de France, dans des universités, au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), à l’Office Français de la Biodiversité ou encore à la Société du Canal de Provence du Tholonet, et ils ont mis en commun leurs cellules grises et leurs connaissances.

Dans cet ouvrage de 184 pages, en une dizaine de chapitres, ils posent des questions simples, mais dont les réponses sont plutôt complexes. Va-t-on réellement manquer d’eau ? Quelle quantité d’eau utilisons-nous ? Comment se partager l’eau comme bien commun ? Quelle sobriété en eau ? Quelle place pour les ouvrages de stockage ? 

Quelques idées-forces d’abord pour savoir d’où on part : la planète est recouverte de 72% d’eau qui est principalement stockée sous forme d’eau salée. Mais l’eau douce ne représente que 2,8%, qu’elle soit liquide, solide ou gazeuse. « En France, chaque année, un peu plus de 500 milliards de mètres cubes d’eau tombent du ciel (pluie et neige) et 60% de ce volume rejoint le sol puis s’évapore. Et l’eau est prélevée pour la production d’énergie, l’industrie, les usages domestiques, l’alimentation des canaux de navigation et la production animale et végétale. »

Statistiques que l’on peut retrouver dans le livre.

Mais cette eau peut être polluée par de la matière organique, comme les solvants, pesticides et métaux lourds, et par des bactéries. « C’est le cas des eaux industrielles, domestiques et agricoles », précisent les auteurs de cette étude collective.

Autre information : en 2020, en France hexagonale, on estime que 30,2Mrds m3 d’eau ont été prélevés. La production d’énergie en représente 45% destinés au refroidissement des centrales nucléaires (comme celle que nous avons à Tricastin, au bord du Rhône). Et 90% du volume prélevé pour l’agriculture est dédié à l’irrigation (surtout pour les légumes et les fruits).

Concernant le débit de l’eau, « on attend dans les décennies à venir, avec le changement climatique, des baisses d’étiage mais aussi de crûes extrêmes », avec alternance entre phénomènes de canicule et épisodes d’orages cévenols. Les besoins sont plus grands en été, haute saison du tourisme avec une sur-fréquentation des lieux de baignade, les besoins en eau pour les services d’incendie, l’agriculture, les campings, les espaces, vert. Avec conflits possibles entre les différents usagers. On se souvient de la sècheresse de 2022 en Vaucluse, quand il a fallu envoyer des citernes d’eau potable sur le Plateau de Sault. Et quand la production hydro-électrique a diminué en raison du niveau d’eau du barrage de Serre-Ponçon. 

Et le stockage de l’eau, avec par exemple « la retenue de Caussade », « Sainte-Soline » et les « mégabassines », a donné lieu à nombre heurts entre forces de l’ordre et population locale. La gestion de crise relève de la préfecture en période d’étiage sévère qui publie des arrêtés temporaires de restriction en fonction des nécessités (abreuver le bétail, irriguer les productions agricoles, refroidir le process industriel et les centrales nucléaires). Avec interdiction de laver les voitures, remplir les piscines et arroser pelouses et terrains de golf.

Dans ce livre, il est aussi question des progrès réalisés par les agriculteurs, au fil des ans, ils ont su s’adapter. Avec le goutte à goutte, les haies qui protègent les cultures du vent asséchant, les ombrières, les couverts végétaux comme le paillage entre les rangs de vignes, d’arbres et de cultures, l’apport de variétés résistantes au stress hydrique. Sans oublier « l’agroécologie qui représente une alternative à l’agriculture intensive, productiviste, basée sur l’artificialisation des cultures avec les engrais et intrants de synthèse et d’énergies fossiles. »

C’est dans la concertation et sur un diagnostic partagé que des solutions peuvent être définies pour avoir un accès équitable à l’eau, ce patrimoine naturel, ce bien commun et précieux. Pour gérer les eaux traitées dans les stations d’épuration, le besoin de leur désinfection et le suivi de leur qualité. Est citée également la valorisation des nutriments présents dans les eaux traitées pour en faire profiter les cultures. En conclusion, préconise ce collectif d’experts, « il faut mettre en place des outils de planification pour éviter d’aggraver les pénuries d’eau, créer des inégalités et engendrer des dépenses publiques non négligeables au service d’un petit nombre. »

©Éditions Quæ

Contact : Comment partager l’eau en France ? – Éditions Quæ – 28€


‘Comment partager l’eau en France ?’, un livre-somme, fruit du travail d’une centaine de scientifiques

Bénédicte Martin succède à Fabienne Joly et devient la 13ᵉ présidente de la Société du Canal de Provence (SCP), qui a pour rôle de sécuriser l’alimentation et l’accès à l’eau des territoires.

La nouvelle présidente endosse plusieurs rôles qui témoignent de son engagement pour le développement durable des territoires, l’agriculture, l’environnement et la gestion de l’eau, tels que : vice-présidente de la Région Sud en charge de l’agriculture, de la viticulture, de la ruralité et du terroir, présidente de l’AGORA, vice-présidente du Parc naturel régional du Mont-Ventoux, vice-présidente du Syndicat mixte d’Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD), et désormais présidente de la SCP.

La mission de Bénédicte Martin sera de conduire la SCP vers son objectif de répondre aux besoins des territoires face aux défis du changement climatique, en France et à l’international, comme la préservation des ressources, le développement durable des territoires, ainsi que la transition agroécologique.


‘Comment partager l’eau en France ?’, un livre-somme, fruit du travail d’une centaine de scientifiques

Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, vient de remettre le prix Eco maires à Jean-Christophe Daudet, maire de Barbentane, pour le projet de la commune bucco-rhodanienne de renaturation et protection de la Montagnette dont le massif forestier a été touché par un important incendie en 2022.

La commune de Barbentane vient de recevoir le Prix Innovation du concours Trophées Eco Actions 2023 décerné par les Eco maires. La distinction a été remise hier soir, mardi 9 avril, à Jean-Christophe Daudet maire de Barbentane lors d’une cérémonie qui s’est tenue à l’Hôtel de Lassay à l’assemblée nationale à Paris. Créée en 1989 à l’initiative de maires et des élus investis dans le développement durable et la protection de l’environnement, l’association ‘Les Eco maires’ a pour objectif de mettre en avant l’exemplarité des initiatives locales dans ces domaines.

©DR

53% de la forêt barbentanaise partie  en fumée
Succédant notamment à la Communauté urbaine de Dunkerque, la Communauté d’Agglomération du Grand Montauban ou bien encore la commune du Raincy, la commune du Nord des Bouches-du-Rhône a donc été récompensée dans le cadre de la 33e édition de cet événement pour ses actions depuis 2 ans, suite au feu qui a ravagé l’espace naturel de la Montagnette en juillet 2022.
Lors de cet incendie, qui a mobilisé jusqu’à 1 100 sapeurs-pompiers ainsi que de très importants moyens aériens, ce sont 1 600 hectares (dont 683ha à Barbentane, soit 53% de la forêt de la commune), sur les 3 800ha que compte le plus grand des espaces naturels du bassin de vie d’Avignon, qui sont partis en fumés. De quoi rappeler les heures sombres des grands feux de 1962 et surtout de 1982 (1 930 ha détruits) ayant déjà touché ce massif forestier s’étendant sur les communes de Barbentane (1 330 ha), Boulbon (1 115 ha), Tarascon (1 090 ha) et Graveson (465 ha).

Protéger la forêt
Depuis, la municipalité de Barbentane a multiplié les actions de renaturation de la Montagnette tout mettant en place en place un projet visant à la protection du massif face au feu ainsi qu’au développement de l’agriculture traditionnelle en acheminant des systèmes d’irrigation sur le plateau.
« Pour nous, il s’agit d’une formidable récompense car Eco maire a salué deux choses dans notre projet : à la fois le fond et la forme, se félicite à Jean-Christophe Daudet, maire de Barbentane. Sur le fond, il y a notre volonté d’irriguer la Montagnette et les plateaux pour reconquérir des espaces agricoles provençaux avec des oliveraies, des amandiers ou bien encore des pistachiers avec l’objectif que ces plantations servent de coupe-feu pour protéger le massif. »

Le périmètre d’étude du projet de Barbentane s’étend sur 300ha. ©SCP

Un projet de 3M€ pour irriguer la Montagnette
« A ce jour, poursuit le maire, nous avons fait une étude avec la Société du canal de Provence afin d’établir la faisabilité d’irriguer la montagnette. C’est possible, car nous avons notamment la chance d’être la ville où la Durance se jette dans le Rhône. Cela nous permet de faire un forage sur la nappe phréatique au niveau des arènes pour ensuite monter l’eau jusqu’au plateau. »
Un projet estimé à 3M€ qu’il reste notamment à financer via la Région Sud, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône ainsi que l’Europe éventuellement.

Plantation de 7 000 feuillus à la fin de l’année
L’initiative de renaturation prévoit aussi de replanter des feuillus après une expérimentation réussie de 450 spécimens ‘pionniers’ en partenariat avec l’association aixoise ARPCV (Association pour le reboisement et la protection du Cengle Sainte-Victoire) qui a replanté 130 000 arbres avec un taux de réussite de 98% suite à l’incendie de la Sainte-Victoire. Principale bénéfice de ce type de plantation de feuillus : ce sont des arbres qui n’ont pas besoin d’eau.
« C’est le paradoxe de notre démarche, confie le maire de Barbentane. D’un côté nous mettons en place une action pour planter des arbres qui nécessitent de l’eau pour l’agriculture et de l’autre nous testons des plantations qui n’en ont pas besoin. »

« Nous avons la volonté d’être le plus inclusif possible pour transformer ce moment de malheur en quelque chose  d’enthousiasmant. »

Jean-Christophe Daudet, maire de Barbentane

Les premières plantations de feuillus lors de la première opération test menée en partenariat avec l’association aixoise ARPCV (Association pour le reboisement et la protection du Cengle Sainte-Victoire). ©DR

Dans ce cadre, la commune prévoit de planter 7 000 feuillus entre le 15 novembre et le 15 décembre prochains. « Nous lançons d’ailleurs un appel à l’ensemble de la population du bassin de vie d’Avignon pour ceux ou celles qui voudront venir planter des arbres dans la Montagnette, annonce Jean-Christophe Daudet. Tout le monde sera le bienvenu le week-end. En semaine, nous avons commencé à travailler avec des publics plus spécifiques : les missions locales, le RSA, l’intergénérationnel, peut-être l’hôpital d’Avignon et celui de Montfavet, avec les Esat (Établissement et service d’accompagnement par le travail)… Nous avons la volonté d’être le plus inclusif possible pour transformer ce moment de malheur en quelque chose  d’enthousiasmant. »
Le tout accompagné par un Atlas de la biodiversité, un travail pédagogique avec les enfants sur la nature et l’environnement, un parcours de santé, voir un théâtre de verdure.

« Au final, notre objectif c’est que permettions à tous de travailler dans l’intérêt de la Montagnette. »

Une reconnaissance nationale qui devrait faciliter la recherche de financements
« ¨Être lauréat de ce prix, c’est aussi la reconnaissance de l’originalité de tout ce que l’on a mis en place sur la forme comme l’opération ‘On se lève pour la Montagnette’, une fête animée et parrainée par l’animateur franco-belge de télévision Olivier Minne ou bien encore le succès national de notre campagne d’appel aux dons qui nous a permis de récolter près de 99 000€ sur la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank (ndlr : grâce à 246 particuliers et 14 entreprises). Il y a eu aussi notre partenariat avec le Festival d’Avignon et son directeur Tiago Rodrigues qui sont venus jouer une pièce dans la Montagnette. »

« Enfin, espère le maire de Barbentane, ce prix devrait nous faciliter les choses dans la recherche de partenaires institutionnels mais aussi de financements privés auprès d’entreprises et de fondations engagés dans des démarches de décarbonation. Au final, notre objectif c’est que permettions à tous de travailler dans l’intérêt de la Montagnette. »


‘Comment partager l’eau en France ?’, un livre-somme, fruit du travail d’une centaine de scientifiques

L’Isema, école de commerce spécialisée sur les secteurs de la Naturalité et l’Isara, école d’Ingénieur en agronomie, innovation, alimentation et environnement, viennent d’accueillir une conférence-débat sur les grands enjeux de l’eau dans le Vaucluse.

« L’eau est une ressource rare, précieuse, menacée et fait partie des enjeux environnementaux du XXIe siècle », expliquent les organisateurs de ce rendez-vous qui vient de se tenir au campus de l’Isema-Isara dans la zone d’agroparc à Avignon.
A partir de ce constat, le groupe Isara-Isema a donc proposé une soirée ‘Afterwork’ destinée à un public de professionnels, de particuliers et d’étudiants concernés par cette thématique.

A cette occasion, Karine Viciana, directrice de la Maison régionale de l’eau Provence-Alpes-Côte d’Azur, a dressé un état des lieux certes préoccupant avec la hausse des températures, le manque de précipitations notamment dans le Sud de la France, les dangers pour la biodiversité aquatique…une réalité anxiogène mais des solutions existent. En s’appuyant sur le 6è rapport du GIEC elle a aussi dressé la liste d’exemples très concrets pour répondre et s’adapter au changement climatique (économiser, recycler, désimperméabiliser…).

Karine Viciana, directrice de la Maison régionale de l’eau Provence-Alpes-Côte d’Azur, Gaëtan Matard, encadrant maraicher au sein de l’association avignonnaise Semailles, et Jean-François Brun, adjoint au directeur au développement de la Société du canal de Provence, sont intervenus durant cette conférence-débat sur les enjeux de l’eau en Vaucluse.

Pour sa part, Gaëtan Matard, encadrant maraicher au sein de l’association avignonnaise Semailles qui fournit des paniers Bio autour de l’agglomération de la cité des papes a témoigné sur les bonnes pratiques agricoles utilisées sur son exploitation en dressant les stratégies possibles pour mieux gérer la ressource en eau en agriculture (optimisation de l’irrigation, paillage, travail du sol…)

Enfin, Jean-François Brun, adjoint au directeur au développement de la Société du canal de Provence a poursuivi sur l’usage de l’eau dans la Région Sud, les infrastructures, l’approvisionnement de la population et les adaptations nécessaires en lien avec le réchauffement climatique.
« Une soirée riche en informations où chacun a pu échanger avec les intervenants, imaginer des solutions au quotidien », se félicite Isara-Isema.

L.G.

https://www.echodumardi.com/tag/societe-du-canal-de-provence/   1/1