Le propos
Et oui Tartuffe de Molière conservera toujours cette intemporalité où l’homme excelle dans l’art de la manipulation. Ainsi va la vie dans Tartuffe de Molière où l’opportuniste aux paroles de miel prend sa place au sein du foyer lorgnant Elmire, la femme de son hôte Orgon, vieil homme vulnérable. Ce dernier, sensible à l’attention qu’il suscite promet à Tartuffe, sa fille Marianne. Au cœur de l’intrigue, dans cet enchevêtrement de postures où chacun court après à sa destinée, Dorine, la suivante de Marianne, le pilier de la maison, observe et met en lumière les rets tendus par le courtisan, aiguillant la conscience de femmes trop dociles pour en faire les actrices dynamiques de leur vie.
L’intention
Ici, Grégoire Aubert, ne met en scène que les femmes, les hommes devenant, à tour de rôle, les masques qu’elles chaussent. Il fait de Dorine l’intelligence à l’œuvre, la féministe qui réveille ses sœurs de la torpeur douçâtre d’un foyer endormi. Bien que fugace, le rôle très misogyne de madame Pernelle, la mère d’Orgon, confite de ce que l’homme est tout et la femme si peu, met en lumière la relation des mères avec leurs fils, premières femmes de ces futurs hommes et empreintes indélébiles de leurs futures relations, archétype redouté de la belle-mère. Il y a, bien sûr, ce regard porté sur l’homme vieillissant, tout puissant sur la destinée de femmes et enfants dont l’égo, ranimé, en fait une proie de choix et avec lui la maisonnée.
La pièce
Elle nous embarque un peu plus à chaque scène, « les vers de Molière sont à la lettre respectés » souligne Grégoire Aubert, rythmés par des chansons de variété qui font jubiler le public. Les comédiennes Théodora Carla, Anaïs Khaizourane et Sophie Million également musiciennes, danseuses, mimes, artistes lyriques créent un univers aux plans multiples et subtiles, un monde très en relief fourmillant de vie et d’imaginaire. La mise en scène restitue la pensée fine de Molière avec une réelle créativité. Le travail de chacun est ciselé, abouti, mené avec talent et exigence et, chose rare, chaque comédienne déroule puissamment son talent, tout en offrant un ensemble aussi vivant qu’harmonieux. Bref ce spectacle inventif nous rappelle avec gourmandise les ressorts de la vie.
L’équipe
Théodora Carla, comédienne, chanteuse et violoniste ; Anaïs Khaizourane comédienne, danseuse, et violoncelliste et Sophie Million comédienne, est formée au théâtre et au clown et chanteuse lyrique. Grégoire Aubert est comédien, écrivain et metteur en scène. Ses points forts ? La dynamique du rythme, la maîtrise de la dramaturgie et de fantaisistes trouvailles ancrant les textes classiques dans le présent. Il est également co-créateur de la compagnie gardoise des 100 têtes.
Les infos pratiques
‘Tartuffe où quand les femmes prennent le pouvoir !’ de Molière. Du 7 au 31 juillet relâche les 14, 21 et 28 juillet. A 14h. Durée 1h30. A partir de 8 ans. Compagnie les 100 têtes. Théâtre l’Optimist –anciens locaux du quotidien la Marseillaise- 50, rue Guillaume Puy à Avignon. Réservation : 04 90 31 82 89