‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
Il fallait bien 2 monstres sacrés de la scène, Denis Lavant et Jacques Bonnafé pour interpréter un autre sommet de la littérature : ‘En attendant Godot’ de Samuel Beckett.
Rarement joué dans le Off vu sa longueur (plus de 2h), le théâtre des Halles reçoit de nouveau une création de Jacques Osinski — celui-ci ayant déjà mis en scène en juillet 2022, fin de partie de Samuel Beckett. Il s’attaque en création « mondiale » à la plus connue des pièces de Beckett en choisissant d’adapter la version de San Quentin, version à laquelle Beckett participa et qu’il valida en 1984 pour une mise en scène de Walter Asmus.
Un décor épuré pour une histoire apparemment simple
Deux clochards, deux vagabonds au pied d’un arbre. Ils attendent,Godot. Qui est Godot ? Pourquoi l’attendre ? On ne le saura jamais….et eux non plus. Cette attente paraît vaine mais elle nous permet toutes les métaphores : attente d’un Sauveur, espoir d’une autre vie, voyage imaginaire, échappée onirique? Le tableau de Caspar David Friedrich, ‘Deux hommes contemplant la lune’, avait été la source d’inspiration de Godot. Le metteur en scène Jacques Osinski reprend sur le plateau les principaux éléments : un arbre noueux, un rocher, une lune marqueur de temps, deux vagabonds, une route en fond de scène traversée par de drôles de personnages. Absurde et dérision, dialogues ciselés, interprétation magistrale feront le reste.
Un concentré d’humanité
Denis Lavant est Estragon. Jacques Bonnaffé est Vladimir. Aurélien Recoing est Pozzo et Jean-François Lapalus est Lucky. Et tous les quatre sont formidables. Comme dans l’histoire de Godot, on ne peut déceler qui a le plus besoin de l’Autre, qui prend le plus soin de l’Autre. A la fin du spectacle, on ne peut imaginer Denis Lavant et Jacques Bonnaffé regagnant chacun leur hôtel. Ils sont tellement incroyables pendant plus de 2h dans leur jeu, leurs regards complices, leur agacement respectif, leur tendresse ! Entre Gogo et Didi , c’est à la vie, à la mort. Même si on ne sait toujours pas pour quoi.
Du 25 mars au 3 mai 2026 au Théâtre de l’Atelier à Paris, puis en tournée dans toute la France.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
Après ‘Que ma joie demeure’ au Festival 2023, Clara Hédoin récidive avec une nouvelle de Jean Giono, ‘Prélude de Pan’ en déambulation.
Bien que présenté après ‘Que ma joie demeure’ au Festival d’Avignon (2023), cette courte nouvelle se veut une introduction avec 3 personnages que nous retrouvons dans ‘Que ma joie demeure’, le dieu Pan préfigurant Boby le sauveur… Entre scènes reconstituées et cheminement en paysage naturel, poésie et documentaire, le passé et le présent s’emmêlent habilement. À la poésie de Giono, répond la réalité du monde paysan d’aujourd’hui et les enjeux écologiques de demain.
2 heures, 5 tableaux sur 2 kilomètres environ pour 3 acteurs
On retrouve la joie paradoxale d’être un troupeau, cheminant sereinement, accompagné par le chant des cigales et le mistral ! Nous sommes dans la Plaine de l’Abbaye à Villeneuve-lès-Avignon, nature préservée au cœur de la cité, à un jet de pierres d’Avignon sous le Fort Saint André. Attablés au bistrot du village près d’un juke box, nous attendons d’être embarqués dans cette aventure humaine pour un voyage dans le temps et dans l’espace.
Paradoxalement — et c’est souvent le propre d’un texte court ou d’une nouvelle — ‘Prélude de Pan’ est plus exigeant, moins facile d’accès que ‘Que ma joie demeure’ car il ne s’agit pas là de suivre un personnage ou le quotidien d’une communauté avec ses fêtes et ses rites mais d’exercer un focus sur la transe qui s’empare d’un village à l’arrivée d’un étranger. Ce prélude de Pan relève plus d’un récit fantastique avec ses mythes et ses violences.
Repenser notre rapport au vivant
Être dans la nature pour écouter la voix de Giono s’impose : sa poésie, ses descriptions si souvent imaginées, les sens qui s’éveillent à sa lecture. Mais si Clara Hédoin choisit avec le Collectif 49701 d’adapter et de mettre en scène des spectacles hors les murs, elle cherche à atteindre une autre dimension : repenser avec les spectateurs notre rapport à la Terre, au Vivant , se reconnecter à un territoire après l’avoir (re)découvert lors d’une déambulation théâtrale. Ce parti pris fait mouche encore une fois car la reconnexion n’est pas factice : tous nos sens sont mobilisés — l’herbe que nous foulons, l’air que nous humons, les sons lointains — et nous creusons nous aussi les sillons d’une pensée nouvelle.
Festival d’Avignon 2025. ‘Prélude de Pan’ de Clara Hédoin.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
Avant que ne soient divulgués les vainqueurs des Coup de cœur du Off 2025, le Club de la presse du Grand Avignon-Vaucluse a dévoilé les 10 finalistes de ce 19e cru.
Pour la 19e année consécutive le jury du Club de la presse du Grand Avignon-Vaucluse, composé de professionnels de la presse et de la communication, a sélectionné des pièces de théâtre répondant aux critères suivants :
-Jouées pour la 1ère fois à Avignon -Écrites par des auteurs contemporains -Interprétées par au moins deux comédiens (troupe professionnelle uniquement) sur scène avec une durée minimale d’une heure -A l’affiche pendant la durée du festival (du 5 au 26 juillet) -Tous publics -Enfin les spectacles de marionnettes, de mime, de musique, de cirque, de danse et les one man shows ne peuvent pas concourir au prix.
A l’issue de cette première étape, une liste de 10 spectacles a été sélectionnée par le Jury :
« Ces spectacles ont été retenus pour la dernière ligne droite du jury. Ils sont représentatifs de la diversité de genres et de talents du festival Off, explique le Club de la presse. Jeunes espoirs ou compagnies confirmées témoignent, à des degrés divers, de la richesse du théâtre et du travail de ceux qui montent sur les planches avec la conviction d’emporter l’adhésion du public. »
Les 3 « Coups de Coeur OFF 2025 » du Club de la Presse Grand Avignon-Vaucluse
Ce mercredi 23 juillet à 19h, au village du OFF, le Club de la Presse Grand Avignon-Vaucluse a remis pour la 19e édition ses prix aux spectacles :
Pourquoi les gens qui sèment à 12h40, à La Factory – salle Tomasi par la Compagnie Hors du Temps Vous, Public, portés par le jeu d’une troupe fusionnelle, êtes à la fois militant, journaliste, spectacteur de vos consciences collectives et individuelles. Sébastien BIZEAU, auteur et metteur en scène, vous bouscule par la rythmique des certitudes et des doutes, par l’équilibre précaire entre Loi et désobéissance civile. Il assume ces grands écarts mais vous emmène aux confins de cette bassine, pour croiser un duo amoureux, mythique, intemporel. Un peu de douceur dans ce monde brut et déterminé.
Orphelins à 13h, au Théâtre du Chapeau Rouge par le Collectif Nacéo On ne guérit jamais de son enfance, dit le poète. Dans cette pièce, Dennis Kelly nous montre, à la manière d’une tragédie grecque, la lutte de chaque personnage pour échapper à son destin. Sommes-nous toujours responsables de nos actes ? Qu’est-ce qui nous pousse à accomplir le pire ? Faut-il trouver une réponse dans son passé ? Hélène, Daniel et Léo sont des naufragés de la vie. Léo et sa soeur Hélène, orphelins, ont eu des trajectoires différentes. Si Hélène a trouvé l’amour auprès de Daniel, Léo erre encore en milieu hostile. Jaloux de la réussite de Daniel, Léo va commettre sans raison un acte irréparable. Là commence la descente aux enfers du trio. Cette pièce d’un violent réalisme nous interroge sur notre vision des faits divers, racisme, féminicide, violence gratuite… Qui sont ces monstres et pourquoi la vie nous a-t-elle épargnés ? Hélène, Daniel et Léo sont-ils si loin de nous ?
Y a plus qu’à à 18h45, au Théâtre du Train Bleu par la Compagnie Scéna Nostra 35, 40, 45°… Le constat est effrayant. Cet été, la température monte encore et notre belle planète bleue flambe. Il faut agir… Alors Y’a plus qu’à ! Mais y’a plus qu’à quoi ? Dans cette pièce désespérément joyeuse, des activistes écolos, mais aussi des chercheurs, des scientifiques, se réunissent, échangent des pistes, des solutions… Un futur est-il encore possible ? Alors Y’a plus qu’à ! Mais comment ? J’ai aimé ces rencontres, dramatiquement drôles, portées par de talentueux comédiens. Alors Y’a plus qu’à aller voir cette pièce, et vite… avant qu’il ne soit définitivement trop tard !
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
Jusqu’à la fin et même encore le suspense est total : qui sont donc ces 6 personnages qui font leur entrée successive pour le moins originale dans un drôle de chalet ? Viennent ils s’y réfugier ? S’y réunir pour un G6 ? Prendre des décisions ? Lesquelles ? Dans quelle langue ?
À toutes ces questions les pistes de réponses de Christoph Marthaler sont réjouissantes et sa mise en scène formidable
Il peut s’agir d’un chalet ou d’un refuge alpin : le pic rocheux qui le transperce, les tenues farfelues de montagnards, l’agencement collectif du lieu — lits superposés en bois, tables et bancs de cantine — le décor en bois et même trousse de secours l’attestent. Ensuite, les situations plus qu’improbables s’enchaînent et nous savons que nous n’aurons aucune réponse et que ce n’est pas le but. Nous nous laissons porter par une partition de comédie humaine mêlant avec bonheur les ingrédients qu’affectionne Christoph Marthaler : mime, opéra, lyrisme, musique et bruitage.
Des personnages « perchés » qui n’ont pas peur du vide
Aux besoins essentiels, manger, dormir, se soigner, s’organiser, se greffent des moments de détente, de fête mais qui ne cachent pas pour autant la vacuité de leur existence. Les acteurs sont formidables et passent aisément dans les différents registres, on sent une construction collective de ce spectacle qui atteint l’absurdité du Génie des Alpages, l’ivresse des sommets et nous donne le vertige.
Une métaphore géniale et inquiétante d’une Europe qui se cherche
Ici point de traducteur, point de convergence. Chacun sa langue — italien, allemand, français, anglais — quand ce ne sont pas des chants ou des séquences de beatboxing (sons avec sa bouche) hilarantes. Les personnages ne s’écoutent pas, se frôlent, s’évitent, s’ennuient ensemble (superbe séquence au sauna) ou au contraire sont débordés quand il s’agit d’étudier des dossiers. Ils se laissent porter par les événements qui leur arrivent de l’extérieur par un monte charge ou une trappe aérienne. Leur peu d’initiatives fait frémir.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
‘La Distance’ : un titre simple pour une histoire simple
Nous sommes en 2077. Amina est partie sur Mars, convaincue d’un monde meilleur à reconstruire ailleurs, sans en avertir son père Ali. Celui-ci va chercher à la convaincre de revenir. Seuls les messages vocaux sont possibles mais le compte à rebours de la mémoire a commencé.
Une histoire improbable ?
Pas si sûr car le réchauffement climatique, la destruction programmée de notre Terre, les guerres planétaires, donnent toute sa crédibilité à cette histoire bouleversante. Elle interroge le lien familial, la mémoire, notre engagement individuel pour sauver la planète ou construire une humanité meilleure. Peut on être humain ailleurs ?
Une interprétation bouleversante et exceptionnelle
Dialogues forts et épurés servis par une interprétation exceptionnelle d’Adama Diop en père aimant et bouleversé par l’exil volontaire de sa fille, et la jeune Alison Dechamps fragile mais déterminée, représentant toute une génération qui arrête de nous demander des comptes et préfère agir, quitte à la faire d’une manière radicale.
Un dispositif scénique affolant
Par la présence astucieuse d’un plateau tournant évoquant une nature hostile, le désespoir et l’incompréhension du père répond à la détermination et à l’espoir de sa fille. Il y a cependant des points de rencontre, où la proximité n’a jamais été aussi proche, malgré la distance. Le plateau tourne de plus en plus vite car le temps presse, la mémoire s’estompe jusqu’à un glaçant « excusez moi, qui êtes vous ? », l’oubli étant plus fort que la distance. Le vertige affolant de la perte nous emporte fracassant au passage nos Orwell, Huxley ou Barjavel de référence.
Pour ceux et celles qui n’ont pas eu de places ou sont absents, sachez que le spectacle sera à Istres en mai 2026 et à Aix en Provence en juin 2026.
Jusqu’au 26 juillet. 12h. 40 et 45€. L’autre Scène. Avenue Pierre de Coubertin. Vedène.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
On peut se bercer d’illusions, les garder, les perdre
On pourrait dire que cette pièce d’Ivan Viripaev, mise en scène par Lior Aidan du collectif On finira bien par comprendre, explore toutes les facettes des illusions, mot pudique pour ne pas nommer les mots mensonges ou trahison. À l’orée de leur mort, deux couples mariés nous font leurs confidences. Une définition chorale de l’amour nous est proposée et elle n’est pas toujours bonne à entendre.
La grande comédie des sentiments
Tour à tour les quatre comédiens-narrateurs nous livrent la version de la vie de Dennis, Sandra, Albert et Margaret. Rebondissements, surprise et même suspense vont rythmer leurs interventions. On tombe de haut face à des pseudo contes de fée raconté par l’intéressé.
Il faut suivre….et on les suit volontiers
Ils nous racontent une histoire qui au fil du spectacle trouve des connexions, se mélange, se superpose, s’éclaire du récit précédent. Cela devient complexe comme le sentiment amoureux, clair et fulgurant comme l’attirance, douloureux comme la perte de ses illusions, inconfortable comme le doute et le mensonge. Cet enchâssement est un véritable vertige qui nous embarque dans des essais de définition du véritable amour : doit il être réciproque ? Vérités ou mensonges ? et au bout du compte est ce si important ?
Les quatre comédiens sont formidables. Ils apparaissent tout à tour sur le ring de la vie avec convictions et ardeur. Servis par des mots simples mais percutants, ils s’adressent directement au public. C’est assez troublant car ils ont l’assurance du comédien qui vacille en même temps que leur personnage. Ils témoignent et en même temps ils doutent, ils enquêtent et ils nous embarquent dans nos propres interrogations concernant la vie amoureuse.
Envie d’en savoir plus sur cet auteur contemporain polonais
Ivan Viripaev est un acteur, dramaturge, réalisateur, scénariste et metteur en scène polonais né le 3 août 1974 à Irkoutsk (URSS). Il a récemment dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En 2022, il renonce à la nationalité russe et devient polonais. Il a écrit près de vingt pièces traduites et montées en plusieurs langues. Son œuvre, au théâtre comme au cinéma, a été couronnée de nombreux prix internationaux – Les enivrés, Les Guêpes de l’été nous piquent encore en novembre – à l’écoute des Biélorusses réprimés et emprisonnés par leur président mal élu, Loukachenko.
Jusqu’au 24 juillet 2025. Les jours pairs. 13h05. 14 et 20€. Train Bleu. 40 rue Paul Saïn, Avignon.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
Une jeune compagnie inspirée et engagée
Fondée par Sébastien Bizeau en 2022, la compagnie Hors du temps, avec deux spectacles à son actif, a connu un succès immédiat, amplifié par le phénomène Off il est vrai, mais surtout par son travail mêlant fiction et réalité en traitant des sujets de société avec humour non sans poser des questions essentielles. Il faut ajouter un metteur en scène Sébastien Bizeau qui sait mettre en place des situations contemporaine intelligibles par tous tout en les reliant à des références classiques, le tout dans un langage alerte. Dans Heureux les orphelins on chemine dans l’Odyssée d’Homère avec la mort d’Agamemnon, dans ‘Pourquoi les gens qui sèment’, c’est Antigone ou Bérénice. Dans les deux cas, la compagnie nous donne à voir une fable contemporaine réjouissante, drôle et enlevée par des acteurs fidèles présents dans les deux spectacles, tels Paul Martin et Mattieu Le Goaster, épatants.
Création Off 2025, ‘Pourquoi les gens qui sèment’
Ce qui pourrait s’apparenter à du théâtre documentaire tant le ton est juste et les situations réelles — combat contre les bassines, inauguration salle des fêtes, émission radio, posture des hommes politiques — est un spectacle qui laisse la place à la conscience du spectateur. Sans être purement interactif, on a envie d’entrer dans l’arène, dans le débat, de prendre parti. Nous restons assis mais le rire l’emporte, on jubile devant tant de situations quotidiennes cocasses. Sous le rire, la conscience s’éveille cependant et les questions de citoyens affleurent. Nous ressortons du spectacle galvanisés mais conscients de la complexité de l’engagement citoyen face à notre choix de vie.
‘Heureux les orphelins’. Relâche le 23. 9h55. 9H55. 12 à 24€. Les Gémeaux. 10 Rue du Vieux Sextier. 04 88 60 72 20. ‘Pourquoi les gens qui sèment’. Relâche le 22. 12h40. 12 à 23€. Salle Tomasi. 4 rue Bertrand. 09 74 74 64 90.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
Les Français n’ont peut-être retenu que l’histoire cachée de la fille de Mitterand : Mazarine. Elle est pourtant le fruit d’une histoire d’amour entretenue pendant plus de 30 ans entre François Mitterrand et Anne Pingeot.
Il ne faut pas s’attendre à des révélations truculentes ou des scoops concernant la vie politique française de l’époque. Ces lettres, écrites entre 1962 et 1995, sont exclusivement centrées sur Anne et les émotions, l’amour ardent d’un homme déjà mûr face à une jeune femme, dans toute la complexité d’une relation amoureuse cachée.
Anne Pingeot, enfin mise en lumière
Celle-ci a choisi de publier 20 ans après sa mort, les lettres que lui a adressées François Mitterand. Par le choix de la mise en scène d’Alice Faure et le jeu extraordinaire et sensible de Cécile Roux, celle que l’on pourrait penser recluse, sous emprise se révèle une femme forte et déterminée. L’actrice est habitée, rayonnante et on vit sa transformation sur scène tout en finesse.
Elle donne la réplique à Samuel Churin qui réussit lui aussi à nous convaincre d’un amour sincère mais qui n’occulte pas la face égoïste, prétentieuse et finalement peu sympathique de homme d’Etat. Le spectacle trouve sa grâce finalement si on oublie le nom des protagonistes et si on s’attache à la poésie de cette correspondance et à la fulgurance tragique de cette histoire.
Jusqu’au 27 juillet. Relâche le 21 juillet. 17h30. 12 à 23€. La Scala. 3 rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 65 00 90.
‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles
En accueillant la Comédie-Française à la Scala Provence avec le spectacle ‘Les Serge (Gainsbourg point barre)’, Frédéric et Mélanie Biessy marquent un moment historique : un théâtre public joue dans un théâtre privé, une Maison d’État joue dans une maison privée qui lui ouvre grand ses portes.
C’est en ces mots que le directeur de la Scala a accueilli la presse, Françoise Nuyssen, présidente du Festival d’Avignon, Harold David, président du Off, et surtout les six pensionnaires du Français que nous retrouverons dans ‘Les Serge’ du 14 au 26 juillet à la Scala Provence dans la salle 600 : Stéphane Varupenne, Benjamin Lavernhe, Sébastien Pouderoux, Noam Morgensztern, Yoann Gasiorowski, Marie Oppert, Axel Auriant, et Rebecca Marder.
Bâtir des ponts putôt que de construire des murs
« Les dates communes du In et du Off sont déjà une première dans l’histoire du Festival, et s’il y a encore deux festivals, ils regardent tous dans la même direction, côte à côte et non plus face à face », poursuit Mélanie Biessy. La Maison Scala ne se contente pas d’accueillir un spectacle Gainsbourg, elle invente une convergence entre Vilar et Gainsbourg. En droite ligne du projet que la Scala poursuit depuis son ouverture en 2022 : relier des mondes, abolir les frontières, permettre la circulation des esthétiques.
La Comédie Française dans la Cour d’Honneur avec le Soulier de Satin et à la Scala Provence avec ‘Les Serge’
Fondée en 1681, la troupe de la Comédie-Française est la plus ancienne en activité au monde. Sa devise, Simul et Singulis, « être ensemble et être soi-même », dit beaucoup de son fonctionnement : un lieu de créativité, en perpétuel renouvellement, mémoire des Arts du dire mais également ouverte à d’autres esthétiques. Plus de trente spectacles sont présentés chaque saison dans ses trois salles parisiennes et beaucoup sont en tournées, C’est le cas du spectacle ‘Les Serge’ qui termine sa tournée — entamée en mars — au Festival d’Avignon.
6 comédiens-musiciens, 17 chansons, 1h20 de spectacle
Les metteurs en scènes et interprètes Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux ont privilégié le Gainsbourg amoureux et sensuel pour choisir dans lson très large répertoire. « Nous avons choisi la forme concert et non pas cabaret, forme dans laquelle Gainsbourg était moins à l’aise » Il y aura des chansons et des extraits d’interviews.
Chacun cherche son Serge
À travers l’interprétation de ces 17 chansons : • Le Poinçonneur des Lilas, 1958 • Black Trombone, 1962 • L’Eau à la bouche, 1960 • Elaeudanla Téïtéïa, 1963 • Variations sur Marilou, 1976 • Love on the Beat, 1984 • La Noyée, 1973 • Les Sucettes, 1966 • Je suis venu te dire que je m’en vais, 1973 • Vu de l’extérieur, 1973 • Comme un boomerang, 1975 • La Chanson de Prévert, 1961 • La Javanaise, 1963 • Mon légionnaire, 1987 • Ces petits riens, 1964 • Initials B.B., 1968 • Valse de Melody, 1971
Jusqu’au 26 juillet. 21h30. Relâche les lundi. 35 à 40€. La Scala. 3 rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 65 00 90.