20 mai 2024 |

Ecrit par le 20 mai 2024

Festival d’Avignon, Clap de fin

Canicule, vent, incendies, covid : rien n’a été épargné à cette 76e édition du Festival d’Avignon. Mais le public est venu, nombreux. Avec plus de 135 000 entrées, le chiffre record de fréquentation de 2019 de 95,5 % n’a pas été battu mais avec 92% en 2022 on peut dire que ce festival a résisté à l’effraction dans le réel d’éléments perturbateurs. Le bilan complet et détaillé en chiffres nous parviendra dans quelques semaines. Paul Rondin, directeur délégué du festival relève déjà entre 50 et 100 millions de retombées économiques.

Olivier Py, Agnes Troly, Paul Rondin

La passation en attendant le bilan artistique de 9 années de festival
Le bilan de cette édition était un peu particulier car il s’agissait aussi pour le directeur Olivier Py de tirer sa révérence et de passer le flambeau ou plutôt les 3 clefs de la ville-culture à son successeur le portugais Tiago Rodrigues.  Il l’a fait dimanche 24 juillet avec émotion et flamboyance.  Après quelques prédictions, il s’adresse à Tiago Rodrigues en lui donnant à défaut de conseils professionnels un secret d’amitié redondant : «garde la pureté de ton cœur ».  Voir ici la lettre intégrale qui reflète à la fois sa peine et son amertume mais aussi sa joie d’avoir œuvré pour «ce qu’il y a de plus beau sur cette terre que notre Festival ? » 

De beaux moments glanés en fin de festival
Le chorégraphe Jan Martens nous a asséné sa vision du monde au rythme du clavecin de Goska Isphording. Soit ! Nous ne sommes pas habitués à ce son et ce rythme mais quel beau choix !  Son « Futur proche » si puissamment chorégraphiés par les 15 danseurs de Opéra Ballet Vlaanderen nous ébranle et nous convainc. Le dérèglement du monde est en marche, l’humanité se disloque, le futur se projette (magnifique  procédé vidéo qui projette le corps fragile des danseurs rampant sur scène tels des naufragés sur les murs du Palais) puis la purification ou la solidarité (évocation du partage des ressources aquatiques ?) nous rassemble. Dans un autre style moins consensuel, la compagnie El Conde de Torrefiel avec Una imagen interior dessine aussi le monde de demain mais en prenant appui sur nos imaginaires, nos peurs et en bousculant nos images mentales au fil de performances et de tableaux psychédéliques. Une très belle plongée dans notre univers intérieur révélé. Dire qu’Olivier Py a fait son show avec Miss Knife serait réducteur car sa générosité a primé en invitant sur scène nos sœurs ukrainiennes les Dakh Daughters et la béninoise Angélique Kidjo,  accompagnées par l’Orchestre national Avignon-Provence. On ne peut bouder son plaisir de réentendre les chansons d’amour – Juliette, Barbara ou Juliette-  d’exils et de paix. Il serait incongru de ne pas faire une standing ovation aux Dakh Daughters qui symbolisent le courage et qui tout en dignité ont témoigné des horreurs que subit leur pays.

Vifs succès pour Vive Les sujets
Comme tous les ans, Le Festival dʼAvignon et la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) ont proposé à des auteurs de présenter huit performances, en toute liberté de genre, de ton, de forme. Dans le beau Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph il y a eu ainsi de belles surprises au rendez-vous – pour ceux qui ont réussi à avoir des places car ces rendez-vous rencontrent toujours un beau succès. Ainsi Ludmilla Dabo et Mélina Boubetra ont achevé d’électriser le public dans le Vive le sujet n°1 tandis que les danseurs Erwan Ha Kyoon Larcher et Benjamin Karim Bertrand nous ont associés à leur étreinte sensuelle d’une beauté et d’une délicatesse inouïe -«Promettre»- dans le Vive le sujet n°3.

Les séances de rattrapage

Plus de 90 rencontres ont eu lieu dans le cadre des Ateliers de la pensée et sont à retrouver en intégralité en vidéo : Dialogues artistes-spectateurs, rencontres, tables rondes, rendez-vous professionnels…
https://festival-avignon.com/fr/audiovisuel/ateliers-de-la-pensee

Dès la fin du Festival, des spectacles de la 76e édition du Festival d’Avignon partent en tournée en France et à l’étranger.

Futur proche de Jan Martens. Du 23 septembre au 1 octobre. De Singel à Anvers.
La Tempesta de Alessandro Serra. Les 27 et 28 juillet. Festival Shakespeare à Gdańsk
Le Petit Chaperon rouge de Das Plateau. Du 28 au 30 septembre 2022.Théâtre de Châtillon
Le Sacrifice de Dada Masilo. Du 29 septembre au 2 octobre 2022. Kampnagel à Hambourg
Richard II de Christophe Rauck. Du 20 septembre au 15 octobre.Théâtre Nanterre-Amandiers
Solitaire de Sofia Adrian Jupither. Du 14 au 24 août.Svenska Teatern à Helsinki. Du 27 août au 10 septembre.Folkteatern  à Göteborg en Suède.
Tumulus de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain.Le 11 septembre. Scène nationale du Sud-Aquitain à Bayonne.
Una imagen interior d’El Conde de Torrefiel.15 au 17 septembre 2022. Ruhrtriennale.
Via injabulo de la compagnie Via Katlehong avec Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor. Les 10 et 11 septembre. Festival La Bâtie à Genève. Les 16 et 17 septembre. Teatro Municipal Do Porto au Portugal.Le 21 septembre. I Teatri di Reggio Emilia en Italie. Le 24 septembre.Théâtre Louis-Aragon à Tremblay-en-France. Le 27 septembre. Opéra de Dijon.


Festival d’Avignon, Clap de fin

Malgré la pandémie de la Covid-19 qui continue de sévir, la 75e édition du Festival d’Avignon aura bien eu lieu du 5 au 25 juillet. En tout, 45 spectacles ont été donnés au gré de 300 représentations sur 38 scènes.

Près de 120 969 billets ont été vendus et 101 512 délivrés pour un taux de fréquentation de 84% -qui était le même en 2019-. Les manifestations gratuites ont enregistré 22 400 entrées. Enfin, côté coulisses, 1 500 personnes –artistes, équipes d’organisation, dont plus de la moitié relèvent du régime spécifique d’intermittent du spectacle- étaient réunis pour rendre cette manifestation possible.

Une respiration au cœur de la tempête

Olivier Py, directeur du festival d’Avignon et 1er artiste –depuis Jean Vilar- à le diriger depuis 2013 a salué la ferveur d’un public venu aussi nombreux qu’en 2019 et applaudissant la tenue du festival avant que chaque représentation ne débute. Seuls deux spectacles ont été annulés pour cause de contamination ou de cas contact : ‘Le sacrifice’ de Dada Masilo et Ink de Dimitris Papaioannou, tandis qu’‘Autophagies’ d’Eva Doumbia a finalement été maintenu.

La nouvelle Cour du Palais des papes

L’artiste et dirigeant du plus grand théâtre contemporain du monde a tenu à saluer le travail des équipes qui ont permis de soutenir la manifestation tant sur le plan de la programmation, de la production, de la logistique, de la billetterie, de l’accueil et que de la technique remarquant ‘qu »ils ont fait de ce festival un festival héroïque’. Il a également plébiscité l’installation de la nouvelle Cour du palais des papes ‘plus démocratique, belle et accueillante’ pérenne dans le temps ‘qui accueillera une jeunesse qui la retrouvera comme un lieu à nul autre pareil’. Le directeur du festival s’est dit ému de poursuivre l’aventure alors que le festival d’Avignon 2020 avait été annulé pour cause sanitaire. Celui-ci entame désormais la dernière ligne droite de son épopée avec le festival d’Avignon 2022 –et 76e édition- puisqu’il cèdera sa place à Tiago Rodrigues en septembre 2022. L’artiste Portugais prendra alors les rênes du Festival pour quatre ans renouvelables une fois. Olivier Py vous dit tout ici.


Festival d’Avignon, Clap de fin

La ministre de la Culture a annoncé ce lundi à Avignon la décision de nommer le metteur en scène portugais Tiago Rodrigues. Il devient ainsi directeur du Festival d’Avignon et prend la relève d’Olivier Py qui tire sa révérence.

Le futur directeur, premier étranger à la tête du Festival d’Avignon, mettra en scène ce lundi soir lors de l’ouverture du Festival, ‘La cerisaie’ de Tchekhov, avec Isabelle Huppert, dans la cour d’honneur du palais des Papes. Tiago Rodrigues est un dramaturge, producteur, metteur en scène et acteur portugais né en 1977 à Lisbonne. Il est principalement connu en France pour sa pièce ‘By heart’.

En 2003, il fonde avec Magda Bizarro la compagnie ‘Mundo perfeito’ au sein de laquelle il est l’auteur de ses spectacles. En plus de ses nombreuses collaborations avec des artistes de scène portugais et internationaux, il a aussi écrit des scénarios, des articles de journaux, des recueils de poèmes, des préfaces et des tribunes. Il a également enseigné dans des institutions telles que l’école de danse belge ‘Parts‘ ou encore l’université d’Évora au sein de laquelle il enseigne la dramaturgie.

L.M.

https://www.echodumardi.com/tag/tiago-rodrigues/page/2/   1/1