15 mai 2024 |

Ecrit par le 15 mai 2024

Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

Le paysage, l’art et le fleuve ont été entremêlés dès la première édition de l’événement « Estuaire Nantes Saint-Nazaire » en 2007. Depuis, le parcours le long de l’estuaire de la Loire s’est constamment enrichi. L’occasion pour le voyageur d’associer art, nature et découvertes.

Créée il y a 15 ans par l’équipe du Lieu Unique, scène nationale dirigée par Jean Blaise, homme clé de la culture à la nantaise, cette biennale estivale sera suivie de deux autres rendez-vous en 2009 et 2012 s’inscrivant ensuite dans le Voyage à Nantes, parcours artistique à travers la ville.
L’idée est d’amener le public à découvrir les 60 kilomètres de l’estuaire de la Loire à travers des œuvres, éphémères ou pérennes, installées en pleine nature. S’il n’y a pas eu d’autres éditions d’Estuaire, le Voyage à Nantes a depuis poursuivi chaque été l’installation d’œuvres contemporaines dans la Cité des Ducs de Bretagne mais aussi tout au long de la Loire jusqu’à Saint-Nazaire. Certaines sont amenées à rester, s’ajoutant à la collection d’une trentaine d’œuvres d’art contemporain (33 en 2021) signées d’artistes de renommée internationale.

Un serpent d’océan
La plus en aval, et sans doute l’une des plus spectaculaires, assaillie par les flots marins à chaque marée, est le fameux serpent de mer sur la plage de Saint-Brévin-les-Pins, réalisée par l’artiste Chinois Huang Yong Ping. Un squelette de plusieurs dizaines de mètres, semblant sorti d’une fouille paléontologique, échoué sur l’estran et dont la ligne des vertèbres joue avec la courbe du pont de Saint-Nazaire, en arrière-plan avec les fameuses pêcheries perchées sur leurs pilotis.
Cette œuvre, cofinancée par l’Union européenne, illustre bien l’esprit du voyage artistique proposé, associant la découverte du territoire sous plusieurs angles, amenant le voyageur à sortir des sentiers battus pour appréhender des lieux souvent en dehors des circuits touristiques majeurs.
Estuaire est un parcours touristique permanent, dans un musée à ciel ouvert qui fait la part belle à l’environnement et à la nature, télescopant les propositions. Il faut marcher un peu, dans ce qui ressemble parfois à une forêt amazonienne pour découvrir « les Colons », « The Sletters » signés Sarah Sze, près de port Lavigne, en aval du port urbain de Nantes. Un vaste domaine naturel où l’artiste a placé dans des arbres un bestiaire, constitué d’un ourson, d’un jaguar et de singes. Cette œuvre dispersée, se mérite, il faut aller la chercher en cheminant sur un sentier débordant de végétation que l’on n’aurait sans doute jamais arpenté autrement.

Le serpent d’océan, par Huang Yong Ping, à Saint Brévin. © Franck Tomps _ LVAN

Colosse à Saint-Nazaire
Saint-Nazaire, le port atlantique de l’estuaire de la Loire, n’est pas en reste. Là, c’est sur la petite plage de l’avant-port que Daniel Dewar et Grégory Gicquel ont posé trois sculptures imposantes, l’une des plus récentes œuvres proposées, représentant, un pied géant, un pull-over et un système digestif, tels des fragments de corps, d’architecture ou de monuments portuaire. L’antiquité grecque fait irruption à Saint-Nazaire, à l’image d’un colosse de Rhodes démembré, d’une civilisation disparue. L’Atlantide n’est pas loin…
C’est cette percussion que recherche la société publique locale Le Voyage à Nantes, pour la promotion de la destination. « Estuaire a fait connaître près d’une soixantaine d’artistes contemporains qui ont su jouer avec les éléments pour offrir au public un véritable condensé de curiosité », rappelle Jean Blaise, chef d’orchestre du Voyage à Nantes. 

La part du rêve
Le fleuve avale littéralement certains œuvres. Si le bateau mou « Misconceivable » d’Erwin Wurm, semble prêt à plonger dans l’eau depuis l’écluse du canal de la Martinière, près du village de pêcheurs du Pellerin, comme attiré par la Loire, la « maison » de Jean-Luc Courcoult a carrément fait le plongeon. Depuis la première édition de la biennale, cette maison, réplique d’un hôtel particulier XIXe de la ville, subit les marées toutes les six heures. Initialement installée à la hauteur de Lavau-sur-Loire, les forts courants ont eu raison de cette première implantation. Elle est désormais « mouillée » dans le fleuve, en face Couëron, plus en amont vers Nantes. « Estuaire »
Est logiquement la part du rêve et en faisant appel à Jean-Luc Courcoult, fondateur de la célèbre compagnie Royal de Luxe, elle s’adresse à l’homme des voyages extraordinaires et des histoires à rêver debout, touchant sans le dire à l’univers de Jules Verne. On n’est pas loin de l’île flottante imaginée par le célébrissime auteur né à Nantes en 1828. Car c’est une navigation imaginaire, voire rêvée, que propose aussi « Estuaire Nantes Saint-Nazaire ».

Jean-Luc Courcoult, La Maison dans la Loire, Couëron, © Philippe Piron _ LVAN

Belvédères
Au Voyage à Nantes, il y a comme un besoin de prendre de la hauteur pour contempler le paysage et les alentours. Le petit village de Lavau-sur-Loire, ancien fief des seigneurs de Laval, restait tranquillement oublié en bord de marais, entre Nantes et Saint-Nazaire. C’est devenu un lieu apprécié, grâce à l’Observatoire de Tadashi Kawamata. L’artiste japonais a imaginé une longue promenade de bois jusqu’à son belvédère planté en plein marais, reconnectant le village à la Loire. Du haut de ce point de vue, se mêlent marais, Loire et au loin, à l’horizon, les torchères de la raffinerie de Donges, en face du port de Paimboeuf, port actif au XVIIIe siècle.
Plus urbain, le belvédère de l’Hermitage, signé également par Tadaschi Kawamata, accroché en porte-à-faux sur le granit de la butte Sainte-Anne offre un panorama exceptionnel sur l’Île de Nantes, la Loire urbaine et la ville. Et, après ce périple, il suffit de s’arrêter chez le voisin, le chef étoilé Jean-Yves Guého, qui préside aux destinées de l’Atlantide, l’une des plus belles tables de Nantes, avec un point de vue tout aussi exceptionnel sur la Loire.

Par Victor Galice, Informateur Judiciaire, pour Réso hebdo éco

Le pied, le pull-over et le système digestif, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Saint-Nazaire, © Franck Tomps _ LVAN

À pied, à vélo, en voiture ou en bateau
Le fleuve, ses paysages et les œuvres d’Estuaire font l’objet d’une croisière fluviale d’avril à octobre dans le cadre du Voyage à Nantes mais peuvent se découvrir toute l’année à pied, à vélo, ou en voiture. Chaque œuvre guide vers un lieu atypique ou remarquable. Le site Estuaire.info (qui existe en version mobile) délivre une information détaillée sur les artistes, le territoire, la constitution de la collection… Également disponibles, des commentaires audios qui donnent les clés de compréhension des œuvres et du territoire. La fonction “s’y rendre” calcule le meilleur itinéraire pour rejoindre facilement les œuvres.
Croisières : D’avril à octobre. Départ de Nantes ou de Saint-Nazaire (2h30). Tarifs : de 15€ à 38€. Renseignements et réservations : 02 40 75 75 07 www.nantes-tourisme.com – www.marineetloire.fr


Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

Pourquoi ne pas poser ses valises sur un lieu de tournage emblématique pour faire du tourisme comme au cinéma ? Cette semaine, direction Le Puy-en-Velay, en Haute-Loire sur les traces de… Saint-Jacques…La Mecque, un film de Coline Serreau.

La Via Podiensis au départ du Puy-en-Velay est l’une des quatre voies jacquaires majeures pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle est celle qu’empruntent les neuf protagonistes de ce film de Coline Serreau, sorti en 2005 et dont le tournage s’est déroulé au Puy-en-Velay, à Grèzes, et à Chanaleilles, pour la partie altiligérienne. Dans cette comédie dramatique, chacun vient avec son histoire, ses problématiques et parmi eux, figure une fratrie en rupture, réunie sur ce chemin par leur défunte mère qui leur promet via son notaire, qu’ils hériteront à la condition de cheminer ensemble jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. A travers un parcours que l’on peut qualifier d’initiatique, ou de chemin de rédemption – sous une version « laïque » – chacun va se découvrir et apprendre à composer avec l’autre. Si on aurait aimé à l’image d’Antoinette dans les Cévennes une place plus ample des paysages incontestablement beaux de la Haute-Loire – mais ce n’était pas le propos – le cheminement des acteurs débute au Puy-en-Velay. L’occasion de découvrir la préfecture de Haute-Loire et les joyaux qui l’animent. Sa cathédrale, sa gastronomie, l’une de ses traditions historiques et sa fête phare.

S’amuser
Quatre jours durant, chaque troisième week-end de septembre, la ville se replonge dans son passé et invite le public à partager la vie de la cité au XVIe siècle. Les organisateurs donnent ainsi à voir différents spectacles ayant trait à un ancien et authentique concours d’archerie : camps de toile, luttes au son du canon, mercenaires en rupture de solde, artisans itinérants déambulent dans la ville, troubadours, cuisine d’époque et pèlerins en partance pour Saint-Jacques de Compostelle composant un véritable décor vivant. Cette fête du Roi de L’Oiseau créée en 1986 par l’association éponyme mise sur l’authenticité et les visiteurs sont invités à se déguiser pour mieux participer à cette fresque grandeur nature.

© Fête du roi l’oiseau/Jordan Fontanille

Déguster
Produit dans la région du Velay depuis des siècles, le fromage aux artisous ou artisons est un fromage fermier à pâte molle fabriqué à partir de lait cru de vache. Très populaire dans la région, il est peu connu dans le reste de la France. Il se présente sous la forme d’une tomme d’environ dix centimètres de diamètre et cinq centimètres de hauteur. Sa croûte se colore en brun, tandis que sa pâte est beige, ferme, souple et ajourée. On retrouve au nez des notes de sous-bois. Pour souligner sa nature boisée, il est conseillé de le déguster accompagné d’un vin blanc comme un Chablis ou un Hermitage, dans tous les cas avec un vin pas trop jeune !

© Wikimedia Commons

S’initier
Disposant d’une appellation depuis 1931, la dentelle du Puy s’apprécie à l’Atelier conservatoire national de la dentelle. L’occasion de découvrir un savoir-faire ancestral, la technique de fabrication de la dentelle aux fuseaux. Depuis le XVe siècle, la Haute-Loire est l’un des centres historiques de cette production. Fabriquée à la main, cette dentelle est un savoir-faire traditionnel que l’on retrouve encore dans les boutiques de la ville, notamment sur l’itinéraire menant à la cathédrale du Puy. Créé en 1976, l’Atelier perpétue une technique traditionnelle de haute technicité par l’élaboration de dentelles aux motifs contemporains.

© Stocklib / Steve AllenUK

Découvrir
La cathédrale Notre-Dame-du-Puy-en-Velay se mérite. Edifiée sur le mont Anis, on y accède après avoir grimpé 134 marches exactement. Fleuron de la ville, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998, elle a reçu une restauration d’ensemble entre 1994 et 1999. Ainsi l’escalier central fermé au 18° siècle a été restitué, les parements intérieurs et le remontage de l’orgue avec son buffet à double face du XVIIe siècle, rénovés. Un nouvel autel a été placé à la croisée du transept, tandis que l’autel des « pèlerins » porte la « Vierge Noire » qui a remplacé la statue primitive, brûlée à la Révolution.

Stéphanie Véron pour Réso hebdo éco

La cathédrale Notre-Dame-du-Puy-en-Velay © Stocklib / rolfgwackenberg

Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

Le nougat de Montélimar connaît une notoriété au-delà des frontières. Comment cette confiserie, assez simple de prime abord, a-t-elle pu susciter l’engouement des Français et gagner les palais étrangers ? L’emplacement géographique, un savoir faire particulier, un Président français d’origine montilienne et fan de nougat, et une stratégie de groupe de l’ensemble des nougatiers encore présents forgent l’histoire de cette douceur connue depuis le Moyen-Âge.

Le mot nougat trouve son origine chez les Phéniciens : Nux Gatum (littéralement gâteau aux noix). Ces commerçants hors pairs ont propagé leur spécialité jusque sur le pourtour méditerranéen, et notamment à Marseille. La noix se faisant rare voire inexistante à Marseille et alentours, celle-ci fut remplacée par l’amande, de culture facile à l’époque. C’est à partir du Moyen Âge que le nougat de Marseille – à base d’amandes, de miel, et de blancs d’œufs – connaît ses premiers succès au point d’être fabriqué par les confiseurs dans toute la Provence, jusque Montélimar.

Le nougat de Montélimar suit une recette simple mais rigoureuse : amandes et/ou pistaches, blancs d’œuf, miel, vanille naturelle. (Crédit : Chabert & Guillot).

Montélimar, indissociable du nougat
Mais c’est à Montélimar que la fabrication du nougat sera florissante pour deux raisons principales : la culture de l’amande et le Mistral. Le vent Mistral ou du nord, particulièrement puissant dans cette partie de la vallée du Rhône, fait baisser l’hygrométrie laquelle a un impact sur la cristallisation du nougat. « Le miel est un grand capteur d’eau. Si l’atmosphère est trop humide, le nougat n’aura pas la consistance désirée » explique Marie-Claude Stoffel, présidente du Groupement d’Intérêt Economique InterNougat qui rassemble les 13 nougatiers* de Montélimar encore en activité.
C’est encore de Montélimar que le Président de la République Française Emile Loubet (1899-1906) était originaire. Il fut le meilleur ambassadeur de cette confiserie dont il était féru puisqu’il en distribuait partout où il allait, ainsi qu’à tous les chefs d’Etat en visite.
C’est encore à Montélimar que les locomotives de la ligne ferroviaire Paris-Lyon-Marseille rechargeaient le charbon et l’eau au 19e siècle. Les vendeuses des confiseurs de la ville proposaient un assortiment de nougats et autres confiseries pour faire patienter les voyageurs en douceur.
Enfin, c’est à Montélimar que les premiers vacanciers post-guerre empruntant la Route Bleue (la RN7) s’arrêtaient, soit volontairement pour faire le plein de carburant, soit involontairement prisonniers des bouchons qui, déjà, faisaient la réputation de cette partie de la vallée du Rhône. Dans les années 1950, ils étaient une centaine d’artisans fabricants de nougat sur la place montilienne, l’activité était foisonnante. Aujourd’hui ils ne sont plus que 13.

Le nougat, une aventure ? Oui ! (Crédit photo : L’Aventure du Nougat).

On the road again
Comment expliquer tel un déclin de l’activité ? « C’est la construction de l’autoroute A7 dans les années 1970 qui a décimé les nougatiers, pour la plupart artisans confiseurs. Pierre Chabert, l’un des plus gros fabricants du coin, s’est alors mobilisé pour créer une société destinée à défendre les intérêts des nougatiers et plaider leur cause auprès des instances publiques de l’époque ». Le dirigeant obtient ainsi l’autorisation d’avoir un point de vente de tous les nougats de Montélimar sur l’aire de l’A7 pour 1 franc symbolique.
Aujourd’hui, la société devenue le GIE InterNougat, regroupant les 13 nougatiers encore en activité, a conservé et développé – pour plus d’un franc symbolique… – cette opportunité de vente en implantant 2 boutiques (500 m2 et 300 m2), une de chaque côté de l’A7. Dénommées L’Aventure du Nougat de Montélimar, elles proposent non seulement des nougats et dérivés à la vente, mais aussi des produits régionaux, un parcours pédagogique, des animations, une scénographie,
Avec 40 000 véhicules/jour, l’aire de l’A7 Montélimar, la plus grande d’Europe (35 ha) est aussi la plus fréquentée de France et arrive en 2e position en Europe. Les ventes estimées avec ces nouvelles boutiques, ouvertes au printemps dernier, devraient doubler par rapport à 2019 (240 000 kg vs 120 000 kg, dont 80% de nougat). Quant au chiffre d’affaires (3 à 4 millions d’euros avec les anciennes boutiques), il devrait lui aussi suivre la même tendance…
« L’histoire du nougat est intrinsèquement liée au transport et à l’émotion positive concrétisée par l’achat-souvenir d’un paquet de nougat de Montélimar qui rappelle la route des vacances », concluait Marie-Claude Stoffel.

* 13 nougatiers et 14 marques : Arnaud Soubeyran, Charbert & Guillot, La Compagnie d’Ancône, Escobar, Le Chaudron d’Or, Diane de Poytiers, Doulce France, Le Gavial, La Ruche d’Or, Au rucher de Provence, Les Ruches Montiliennes, Suprem’Nougat, Les Trois Abeilles, Le Val Roubion.

Par Corinne Legros pour RésoHebdoEco – www.facebook.com/resohebdoeco

Pratique
Une boutique sur l’aire de Montélimar-Est et une autre boutique sur l’aire Ouest. Les deux aires sont communicantes.
Animations, mascotte, ateliers pédagogiques, …
Horaire : 6h00 – 23h00, 365 jours par an.
https://www.facebook.com/laventuredunougatdemontelimar/

Le nougat se déguste sur toutes les tables et dans certains avions, comme un bonbon…(Crédit : Chabert & Guillot).

La composition du Nougat de Montélimar
Le Nougat de Montélimar, à la différence des autres nougats, a un code des usages très précis et rigoureux :

  • 28% d’amandes et 2% de pistaches au minimum, ou 30% d’amandes au minimum.
  • Sucre
  • Blanc d’œuf
  • 19% de miel au minium, lesquels doivent compter pour 25% des matières sucrantes. Les miels peuvent varier en fonction de leur origine, de la période de l’année, et des goûts que le fabricant veut donner à son nougat.
  • – Vanille naturelle.

Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

Les Pays de Savoie abritent plus de mille mines et carrières souterraines qui ont, pendant des siècles, alimenté en minerais l’économie locale et structuré le territoire. Le Grand Filon – Musée du fer, à Saint-Georges-d’Hurtières, en perpétue la mémoire.

Pénétrer dans la galerie Sainte-Barbe, c’est comme être happé par une faille spatiotemporelle. Casque et frontale vissés sur la tête, le visiteur découvre, dans un ballet de faisceaux lumineux, les vestiges de plus de quinze siècles d’exploitation minière. Au fur et à mesure de la déambulation dans ces quelques hectomètres de boyaux, on est pris de vertige à essayer d’imaginer le nombre d’heures et de vies passées à creuser ce filon de sidérite d’une largeur de 8 mètres dont l’exploitation a fait de Saint-Georges-d’Hurtières la plus importante mine de fer de Savoie.

« Saint-Georges-d’Hurtières, c’était le Far West »

S’il est exploité depuis la fin de l’Antiquité – des recherches archéologiques menées en 2020 ont révélé des vestiges de transformation du fer dès le IVe siècle –, ce massif polymétallique est d’abord prisé pour son cuivre et son plomb argentifère. Il faudra attendre le Moyen Âge et l’augmentation du besoin en armes blanches pour voir le fer prendre son essor. La spécialisation de la Basse-Maurienne dans l’exploitation et la transformation de ce minerai s’opère au XVIe siècle avec l’arrivée de métallurgistes italiens qui importent la technique du haut-fourneau “à la bergamasque”. Le territoire valorise alors ses ressources en bois et la force hydraulique pour produire un acier de qualité.

Le musée du fer du Grand Filon bénéficie d’une nouvelle scénographie. Musée du fer Grand Filon © Matthieu Challier

Dans les Hurtières, l’extraction du minerai repose sur le “droit des paysans” qui permet à chacun de prospecter les mines et d’en obtenir la concession. En conséquence, une multitude d’exploitants se côtoient. À la fin du XVIIIe siècle, près de 400 mineurs travaillaient dans 62 exploitations. « Saint-Georges-d’Hurtières, c’était le Far West », estime même Robert Durand, membre du Spéléo-club de Savoie, dans une vidéo de l’exposition ’Mines de montagne’, actuellement présentée à l’abbaye de Hautecombe*. Tous les coups étaient permis pour couper la route du voisin, voire essayer de faire écrouler sa galerie… Des siècles d’exploitation anarchique ont fini par donner corps à un véritable labyrinthe souterrain qui se déploie sur quelque 21 km et plus de 400 m de dénivelé… Lors de la visite, la vision d’une voie ferrée qui se jette dans le vide interpelle et illustre le caractère désordonné de cette ‘construction’.

« C’est pas Germinal, ici »

Ce qui frappe également, c’est l’absence des étais en bois qui accompagnent les images d’Épinal de la mine. « C’est pas Germinal, ici », s’amuse Stanislas Godard, notre guide du jour. La roche des Hurtières est assez dure pour que les piliers laissés par les mineurs suffisent à assurer la stabilité de l’édifice souterrain. Du moins, tant qu’ils ne sont pas tentés de trop les ‘grignoter’…

Située à 1 150 m d’altitude, Sainte-Barbe est la seule galerie minière qui se visite en Pays de Savoie. C’est, en quelque sorte, le dernier témoin d’une histoire qui a commencé au moins vers 2100 avant Jésus‑Christ, avec l’exploitation du cuivre. En haute montagne, la rareté de la végétation aidant, les couleurs bleues, vertes, rouges ou dorées des filons qui affleurent sont en effet les premières à attirer l’attention de nos ancêtres du néolithique.

Une légende raconte que Durandal, la célèbre épée de Roland, aurait été forgée avec du minerai extrait du massif des Hurtières. Durandal _ cc Flickr – Marc Pivetta

Des siècles durant, la maîtrise des minerais sera un enjeu de pouvoir, tant pour battre monnaie que pour produire outils, armes et bijoux. L’exploitation minière savoyarde connaît son apogée à la fin du XVIIIe siècle et au début du suivant. Mais, à partir de la fin du XIXe siècle, les progrès dans le traitement des minerais, puis la découverte d’autres types de gisements dans le monde marquent le déclin des exploitations minières alpines. Sur le massif des Hurtières, Schneider arrête l’exploitation des gisements de fer en 1888.

Approche humaine et didactique
Le Grand Filon – Musée du fer de Saint-Georges-d’Hurtières a été conçu pour préserver la mémoire de ce patrimoine minier savoyard. Son espace muséal conjugue l’histoire du hameau de La Minière – qui a compté jusqu’à 300 mineurs au XIXe siècle – et celle du fer, des temps géologiques à l’exploitation des mines. Le parcours muséographique propose une approche à la fois humaine et didactique qui mêle photos d’archives, objets d’époque, films et minéraux. Un parcours sonore permet également de découvrir la vie des mineurs dans le hameau et ses environs, et d’aller jusqu’à la petite galerie Saint-Louis, accessible à tous. La visite de la grande galerie Sainte-Barbe n’est accessible, elle, que sur réservation (voir ci-dessous).

Matthieu Challier – Eco Savoie Mont Blanc pour Réseau hebdo éco

*Exposition ‘Mines de montagne’, jusqu’au 20 septembre, à la Grange batelière de l’abbaye de Hautecombe (73). Entrée libre et gratuite tous les jours (sauf le mardi) de 13 h 30 à 18 h.

Désormais, l’avenir des mines est davantage dans l’industrie touristique que dans l’extraction minière. Galerie Sainte-Barbe 2 © Matthieu Challier

Immersion au Grand Filon
Attraction phare du Grand Filon – Musée du fer de Saint-Georges-d’Hurtières (73), la visite guidée (réservation obligatoire) de la grande galerie Sainte-Barbe nécessite une bonne condition physique et un équipement adéquat (chaussures de marche, tenue chaude), car le périple commence par une heure de montée avec plus de 200 mètres de dénivelé positif, du hameau jusqu’à l’entrée de Sainte‑Barbe, à 1 150 mètres d’altitude. Expérience insolite garantie.
Ouvert jusqu’au 27 août, tous les jours sauf le samedi, de 13 h à 18 h. Renseignements sur grandfilon.net.


Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

La Fondation d’entreprise GGL Helenis vient de frapper fort en rouvrant au public l’hôtel Richer de Belleval. Rénové, celui-ci abrite désormais un espace d’exposition, un restaurant gastronomique, un restaurant bistronomique et un hôtel Relais & Châteaux 5 étoiles.

Abandonné durant des dizaines d’années, la fondation a fait restaurer l’hôtel Richer de Belleval durant quatre ans par l’Atelier d’architecture Philippe Prost (l’Atelier de Ricou étant chargé de restaurer certains plafonds) et y a installé des œuvres d’art pérennes, sous la direction artistique de Numa Hambursin.

Un peu d’histoire
Niché sur la place de la Canourgue à Montpellier, l’hôtel Richer de Belleval fut érigé au XIIe siècle. Il fut successivement la propriété de Guilhem VI, seigneur de Montpellier, de Charles de Boulhaco, conseiller à la cour des comptes, puis de Pierre Richer de Belleval, botaniste qui recréa le jardin des Plantes de Montpellier et médecin d’Henri IV. De 1816 à 1975, l’édifice abrita l’hôtel de ville de Montpellier, avant de devenir une antenne du palais de justice jusqu’en 2010, puis d’être laissé à l’abandon.

Un palais aux multiples facettes
L’hôtel Richer de Belleval rénové accueille en son sein un espace d’expositions temporaires de prestige animé par la fondation GGL Helenis (promoteur immobilier). Deux à trois fois par an, des expositions d’illustres artistes contemporains nationaux et internationaux s’y tiendront. Des conférences pourraient également y être organisées. La première exposition temporaire est consacrée à l’Américain Jim Dine, qui a également créé une œuvre en céramique composée de 105 cœurs apposés sur le plafond du hall d’entrée, intitulée ‘Faire danser le plafond’.

Le plafond ‘Jim DIne’.

Côté gastronomie, des chefs étoilés ont investi le rez-de-chaussée et proposent une trentaine de couverts dans un décor luxueux, aux plafonds restaurés par l’Atelier de Ricou. La clientèle est accueillie par le plafond contemporain ‘Prima Materia’ réalisé à l’encre par l’artiste montpelliérain Abdelkader Benchamma. Evoquant les 4 éléments – terre, eau, feu, air –, cette œuvre s’étale en majesté sur une voûte.

Le plafond baroque du restaurant gastronomique.
Et celui imaginé par l’artiste montpelliérain Abdelkader Benchamma.

Et l’ancienne salle des mariages, avec son puits de lumière somptueusement enrichi par une œuvre composée de milliers d’élytres de scarabées créée par Jan Fabre, accueille quelques tables à destination bistronomique. Enfin, un hôtel 5 étoiles Relais & Châteaux de 16 chambres et 4 suites décorées par le créateur d’ambiances Christian Collot complète cet ensemble raffiné et de très haut standing.
« L’art de l’émotion » prôné par le directeur artistique Numa Hambursin est pleinement à l’œuvre dans de nombreux points de la bâtisse, et s’harmonise superbement avec l’architecture. Le pari d’inscrire les œuvres pérennes dans l’histoire de cet édifice est tenu. Visite des lieux…

L’Hommage à un esprit libre, de Jan Fabre, est sans doute l’œuvre la plus spectaculaire de l’hôtel. Située dans le lanternon, véritable puits de lumière du salon à l’italienne, elle retrace en relief l’histoire de Montpellier. Son panneau principal, serti de milliers d’élytres de scarabées aux reflets chatoyants, représente deux immenses phœnix tenant un serpent dans leurs serres. Il symbolise la renaissance de Montpellier après une longue période de peste, mais aussi la renaissance de l’hôtel Richer de Belleval. Les quatre autres panneaux symbolisent respectivement la médecine, l’histoire de Montpellier, l’ancienne destination du lieu, qui servait de salle des mariages, et Guilhem VI, qui fit bâtir l’édifice. Jan Fabre a offert 16 dessins préparatoires à la fondation. Ils sont exposés dans ce salon-bar bistronomique appelé à devenir le lieu « branché » de Montpellier.

Le travail de Marlène Mocquet.

L’hôtel Richer de Belleval croque la pomme avec délice grâce au plafond peint par Marlène Mocquet, agrémenté de hérons sculptés, perchés près des corniches. Une œuvre à regarder avec des jumelles (fournies) tant elle se situe en hauteur, et joliment intitulée Longue-vue. « Marlène Mocquet est l’une des meilleures artistes de sa génération », selon Numa Hambursin. Pour créer cette œuvre rappelant l’atmosphère des contes de notre enfance, l’artiste s’est inspirée des planches de botanique de Richer de Belleval, de la faune occitane mais aussi d’un dessert qui a fait les beaux jours des frères Pourcel, la Pink Lady pomme d’amour. Posées sur la corniche, des piles de pommes sculptées sont une grande tentation pour de petits animaux : écureuils, pigeons, colombes… Son œuvre cohabite harmonieusement et joyeusement avec les bustes des César.

Le vestibule revisité par Olympe Racana-Weiler.

Les murs et plafond du boudoir qui relie les chambres de l’hôtel 5 étoiles Relais & Châteaux ont été magnifiés par Olympe Racana-­Weiler. Des effets de matière, de all-over mais aussi quelques manques signent la présence de l’artiste peintre trentenaire dans cette œuvre immersive aux couleurs vives, envisagée comme une caverne où l’on trouverait des peintures pariétales. « Chouchou des critiques d’art parisiens, espoir de la peinture française, Olympe Racana-Weiler ­s’attelle ici à la question de l’abstraction à travers des recherches sur la couleur à l’acrylique et à la bombe », analyse Numa Hambursin.

L’exposition consacrée à Jim Dine.

Le patio et sa verrière agrémentée de lustres à l’ancienne mènent à l’espace d’exposition de la fondation GGL Helenis. L’exposition d’ouverture, consacrée à Jim Dine, s’y tient jusqu’au 4 décembre 2021. Agencée par l’artiste lui-même, « elle synthétise une vie de recherche, le parcours de cet artiste jusqu’à son œuvre magistrale, qui figure dans le hall d’entrée », indique Numa Hambursin. On y retrouve le motif récurrent du cœur, mais aussi des Vénus. Des gravures, tableaux et sculptures, comme la superbe Love and grief. Cet artiste fondateur du pop art avec Andy Warhol et Roy Lichtenstein a fait sien le motif du cœur et travaillé sur le néo­classicisme, là où d’autres s’intéressaient à la société de consommation et à la culture pop. 

Virginie Moreau pour RésoHebdoEco – © photos : Daniel Croci et Virginie Moreau

Infos pratiques
Visitez gratuitement la galerie d’art de la fondation GGL Helenis du mardi au samedi de 10h à 12h30 et 14h à 18h30.
Attention, les 5 œuvres d’art (plafonds, vestibule) sont accessibles uniquement dans le cadre de visites guidées payantes.
Le restaurant gastronomique propose des menus allant de 120 à 240€.
Le Bistrot La Canourgue, ouvert 7 jours sur 7, propose pour sa part une offre bistronomique midi et soir dans la cour intérieure et sur la terrasse qui donne sur la place de la Canourgue. Le plat le moins cher est à 22€ (réservation conseillée).
Le tarif des 20 chambres de l’hôtel 5 étoiles Relais & Châteaux s’étale de 280 à 980€ la nuit.
hotel-richerdebelleval.com


Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

Situé au croisement de deux anciennes voies romaines, l’ancien Divodurum est riche en monuments, églises, bâtisses typiques de l’architecture régionale. La capitale messine séduira un large public, à la fois familial ou davantage amateur d’art et d’histoire. De la cathédrale Sainte-Etienne au Centre Pompidou, de la Porte des Allemands au Palais du Gouverneur, en passant par les rives de Moselle, balade dans « Metz la belle ».

En 2020, la Ville de Metz aurait dû célébrer avec faste les 800 ans de sa cathédrale Saint-Etienne. Hélas, un vilain virus venu des lointaines contrées chinoises a eu raison de ce qui aurait dû être une très belle programmation. Mais « La Lanterne du Bon Dieu » en a vu d’autres en ses huit siècles d’existence… et, avec elle, la cité qu’elle domine de sa flèche. Cette dernière possède bien des atouts pour faire venir visiteurs à la journée ou touristes sur un long week-end.

Idéalement, la découverte peut commencer par la cathédrale justement, d’ailleurs située tout près de l’Office du tourisme. Elle présente la particularité d’offrir la plus grande surface de vitraux dans un édifice religieux, avec 6500 m2. Mais aller à la rencontre de la cité messine, c’est aussi parcourir ses rues commerçantes et animées, monter à la colline Sainte-Croix, ce quartier si typique avec ses rues pavées, longer la place Saint-Louis et ses arcades, arpenter les jardins de la Seille, admirer les belles demeures du quartier Impérial, photographier la vaste esplanade de la République, les bâtiments de l’Arsenal et le Palais du Gouverneur, flâner le long du vaste plan d’eau et de la Moselle. Sans oublier le Centre Pompidou, le tout nouveau quartier de l’Amphithéâtre, dans lequel est en cours de construction une prochaine curiosité, un hôtel qui aura la patte du célèbre designer Philippe Starck. Metz s’enorgueillit aussi de son magnifique musée de la Cour d’Or, à deux pas de la cathédrale. Fondé dans les années 1830, musée d’art et d’histoire au fond particulièrement riche, il abrite notamment un ensemble thermal gallo-romain, un grenier à grain médiéval, le beau grenier de Chèvremont, ainsi qu’une chapelle du XVIIIème siècle.

Ecologie urbaine
Autre ensemble incontournable, la Porte des Allemands, située boulevard André Maginot. Elle représente le plus important vestige des remparts médiévaux du XIIIème siècle. Plusieurs fois restaurée, cette porte tient son nom de l’hôpital des Chevaliers teutoniques, autrefois sis juste à côté. L’édifice sert aujourd’hui de lieu d’expositions. De l’autre côté de la ville, tout près du quartier militaire, le Palais du Gouverneur a été construit au début du XXème siècle, à l’angle de l’ancien rempart médiéval. Il devait servir de pied à terre à l’empereur Guillaume II, qui y aura en fait peu séjourné. Après la Première Guerre Mondiale, cette splendide bâtisse construite en pierre de Jaumont, caractéristique des bâtiments de la région, servira d’Hôtel du Commandement des Troupes en Lorraine. Elle abrite aujourd’hui l’état-major interarmées de la zone de défense Nord-Est. Elle n’est malheureusement ouverte au grand public que lors des Journées du Patrimoine. À voir pour sa très belle façade. Après avoir longé l’ancien Magasin aux vivre devenu hôtel de luxe et restaurant gastronomique, l’esplanade offre une belle vue sur la Moselle et le Mont Saint-Quentin. 

Le Temple Neuf, situé près de la Place de la Comédie. Son matériau de construction, un grès sombre, contraste avec la clarté de la pierre de Jaumont, jaune clair, des bâtiments environnants.© D. PERONNE

Pour les pieds fatigués, ou tout simplement pour découvrir Metz autrement, il est possible de s’offrir une petite sortie en bateau solaire : Roby Iacuzzo propose des balades sur la Moselle, au départ du plan d’eau avec un bateau-promenade unique en son genre, le Solis Mettensis. Roby explique : « Mon objectif est de faire découvrir cette belle cité. J’ai choisi ce type de bateau pour être en accord avec ce que Metz représente pour moi, une ville-jardin, et un bel exemple d’écologie urbaine ». Le départ pour la croisière se fait du Quai des Régates.

Par Dominique Péronne pour RésoHebdoEco – www.facebook.com/resohebdoeco

PRATIQUE
Office de tourisme de Metz, 2 Place d’Armes, Rue Jacques François Blondel. 03 87 39 00 00. https://www.tourisme-metz.com. Possibilité de réserver des balades commentées dans la ville.

Bateau solaire : 07 71 75 72 94, http://www.metz-bateau-solaire.com, metz.solismettensis@gmail.com

Centre Pompidou, 1 parvis des Droits de l’homme, centrepompidou-metz.fr. Plusieurs expositions à voir cet été dont « Chagall le passeur de lumière, « Face à Arcimboldo », « Aerodream ».


Estuaire Nantes Saint-Nazaire : l’art à ciel ouvert

Lieu emblématique de toutes les cultures du vin, la Cité du Vin à Bordeaux crée l’événement cet été avec une expo vivante et colorée. ‘Boire avec les dieux’ explore ainsi le mythe de Dionysos, de la vigne et du vin, à travers des œuvres antiques et contemporaines.

La Cité du Vin revit. A l’instar de tous les lieux culturels de France, après de longs mois de fermeture, ce lieu dédié à toutes les cultures du vin a rouvert ses portes le 19 mai dernier. Inauguré par le président Hollande en 2016, ce véritable vaisseau de métal à la forme d’un verre retourné ou bien d’un champignon géant a pris toute sa place dans le quartier en pleine mutation des Bassins à flot.Depuis son ouverture il y a donc 5 ans, déjà plus de 1,5 million de personnes ont poussé la porte de cette architecture unique, qui dévoile toutes les richesses et la diversité viticole mondiale. Le magazine National Geographic a classé le lieu en 7e position parmi les meilleurs musées du monde en 2019 ! La Cité du Vin montre que le culte du vin et de la vigne traverse les siècles et les époques.

La nouvelle expo met en avant les liens entre le vin, les hommes et les dieux
« Boire avec les dieux », la nouvelle exposition proposée cet été, met en avant les liens entre le vin, les hommes et les dieux. À commencer par un : Dionysos, né des amours de Zeus et d’une mortelle, dieu errant qui découvre la vigne et enseigne aux hommes l’art d’en tirer le vin. Dionysos et les satyres, son amant Ampélos, sa femme Ariane. Dionysos, jeune et ardent, ripaillant, en colère, en roi oriental, en taureau sauvage, vieux, inconsolable… Le Dieu grec est omniprésent dans ces œuvres évoquant sa mythologie et les rituels qui lui sont associés. 5 sections se succèdent le long d’un parcours riche d’une cinquantaine d’œuvres antiques (dont des prêts du Louvre, de la Fondation Gandur pour l’Art de Genève et du Musée National Archéologique d’Athènes) avec 3 créations d’œuvres de street-artistes bordelais, des vidéos et podcasts. « Le vin, don des dieux » où Dionysos offre la vigne aux hommes en quête d’immortalité ; « Qui est cet étranger ? » ou les multiples facettes et visages de Dionysos ; « un extravagant cortège » des satyres, amours dionysiaques, joyeux ou sauvage célébrant l’ivresse ; de la sagesse à la folie : le banquet » quand Dionysos s’invite à la table ; « Quand Bacchus conquiert Rome » et que Dionysos devient Bacchus chez les Romains …

Une création sonore et lumineuse traduit le cycle naturel de la vie
Les œuvres antiques et contemporaines se côtoient et se répondent. Les 3 créations monumentales com- mandées par la Cité du Vin font écho aux antiquités, vases et statues, et présentent une nouvelle lecture du culte de Dionysos. Monumental, le Triptyque d’Ampélos du collectif bordelais Monkeybird, une composition de collages d’animaux totems, évoque le mythe d’Ampélos, satyre amant de Dionysos tué par un taureau, à travers trois scènes : la félicité, la mort d’Ampélos et le portrait de Dionysos, dévasté. Enfin, la street-artiste Rouge propose un plan contemporain, découpé de la ville de la ville d’Athènes, envahi par la végétation. Au centre, 3 jarres en terre cuite racontent trois jour- nées des Anthestéries, fêtes dionysiaques célébrant le printemps. Une création sonore et lumineuse complète ce dispositif pour traduire le cycle naturel de la vie. En suivant le parcours, l’exposition se déroule et nous plonge dans l’ambiance du film de Fellini, Satyricon, puis nous fait découvrir le plus grand vase de l’Antiquité : le Cratère de Vix, découvert dans les années 50 et conservé à Châtillon-sur-Seine. Petit clin d’œil bordelais, une stèle d’un marchand de vin conservée au musée d’Aquitaine clôt l’exposition. Un parcours enfant avec livret junior et une visite virtuelle sont également disponibles.

Par Nathalie Vallez et Vincent Rousset des Echos Judiciaires Girondins

« Boire avec les dieux ». Jusqu’au 29 août à Cité du Vin. www.laciteduvin.com

La Cité du Vin en chiffres

  • 13 350 m² répartis sur 10 niveaux
  • Une flèche de 55 mètres de haut

Au deuxième étage, le parcours permanent constitue le cœur de La Cité du Vin.
3 000 m² avec près de 20 espaces thématiques interactifs

  • Une visite d’une durée entre 2 et 3 heures
  • 4 parcours thématiques d’une heure
  • Un parcours disponible en 8 langues
  • Plus de 10 heures de contenus de visite grâce à plus de 120 productions audiovisuelles
  • Près de 100 experts et personnes qualifiées interviewées pour réaliser les contenus
  • Les expositions temporaires : la salle des colonnes, espace de près de 700 m², est conçue pour accueillir des expositions temporaires rythmant la saison culturelle.
    Le belvédère à 35 mètres de haut offre une expérience de dégustation des vins du monde unique avec une vue panoramique sur Bordeaux et ses alentours.

Au rez-de-chaussée : la boutique, concept store de 250 m² moderne et design en accès libre, propose une sélection d’objets, livres, articles en séries limitées, cadeaux et souvenirs.

https://www.echodumardi.com/tag/un-ete-en-france/page/4/   1/1