25 avril 2024 | Arles, dispersion de la collection Emile Garcin, fondateur de la marque éponyme

Ecrit par Mireille Hurlin le 15 novembre 2022

Arles, dispersion de la collection Emile Garcin, fondateur de la marque éponyme

La collection d’Emile Garcin –grand homme de l’immobilier de prestige- accueillie durant plusieurs décennies dans sa propriété, le Mas d’Altavès à Saint-Rémy-de-Provence, sera dispersée samedi 26 novembre chez Arles enchères, 35 bis rue Nicolas Copernic. Près de 820 lots seront proposés par Christelle Gouirand, commissaire-priseur, en  collaboration avec Christie’s. Parmi eux, une belle cave de vins et spiritueux, une bibliothèque de livres dont du régionalisme et une collection éclectique et pleine d’esprit de meubles, tableaux, estampes et objets d’art.

Voilà, le grand homme est parti et avec lui son sourire bienveillant, sa longue silhouette, son phrasé un peu lent et son écoute attentive, réfléchie, comme dans un silence plein. Qu’est devenu cet homme discret, affable, amoureux des vieilles pierres qui demandait à d’autres de bien vouloir les mettre à la vente alors que lui-même n’aurait jamais voulu quitter son cher mas d’Altavès.

Quels habitants ?
Quels habitants de Saint-Rémy se souviennent qu’il rédigeait ses compromis de vente, à la terrasse d’un café, sur une serviette en papier, tranquillement attablé avec un nouvel acheteur. Une poignée de main et la vente était conclue. Ça se passait peu après le retour d’Algérie, un peu avant que les grandes constructions n’érigent leurs barres un peu partout en France, alors même que les constructions de maisons dans la pierreuse campagne n’avaient pas lieu d’être. On faisait avec l’existant qu’on retapait s’il le fallait.

Emile Garcin

On se remémore
On se remémore les déambulations de cet amoureux des vieilles pierres, quand, au détour d’un chemin, il tombait amoureux d’un endroit, d’une vieille bâtisse. Alors il s’arrêtait, passait et repassait au fil des saisons, caressant du regard ses belles et vieilles pierres dressées au creux de changeants paysages ou en bordure de chemin. Et puis, un jour, il décidait de toquer à la porte et disait : «Bonjour, je suis tombé amoureux de votre maison, vous ne voudriez pas la vendre ? » C’est ainsi qu’il bâtissait son catalogue de demeures. Ce qui les caractérisait ? Des maisons de familles, restées dans leur jus, respirant la vie d’antan, posées là pour l’éternité, accueillant parfois plus de 100 ans d’années de vies de familles. C’est parce qu’Emile Garcin aimait s’inscrire dans le temps long, dans la pierre ancienne, dans le foyer odorant aux rémanences de café, de soupe au pistou, de gigot d’agneau au thym, ail, miel et sa  fleur de sel.

Un peu de sa vie
Et c’est un peu de sa vie, des cadeaux d’amitié reçus, souvent de célébrités, dont il sera question lors de cette vente aux enchères. Et aussi de coups de cœur. Son mas fourmillait d’objets plus hétéroclites les uns que les autres, chacun reflétant une alliance secrète avec une partie de lui. Le secret d’Emile Garcin ? Il aimait les autres et les liens qu’ils tissaient avec leur antre, leur chez-soi, leur demeure, reflet le plus intime de ses habitants. Ne dit-on pas que pour vraiment connaître une personne, il faut entrer chez elle ? Une nature humaine qu’il lisait, percevait, enregistrait au fil des pièces traversées, de la scénographie des objets. A nous désormais d’approcher l’homme qu’il fut et de lui rendre un tendre hommage d’amitié au fil de tableaux, gravures, objets, instruments de musique, livres et vins de prestige et, aux creux de ceux-ci, dénicher les deux tableaux qui appartenaient à Jean-Louis Trintignant, les couronnes que Jeanne Moreau portait dans les ‘Rois maudits’, le fauteuil l’Elia Kasan (lot 685) dans le film ‘Le dernier nabab’ tous offerts par la grande Jeanne Moreau. Et aussi un compas de mesure en métal rouge dont une étiquette en indique la provenance : l’atelier de Rodin à Valenciennes (lot 482)…

Une vie de coups de coeur

Au revoir
Émile Garcin, précurseur de la vente de l’immobilier de luxe et de prestige nous a quittés le 24 juin 2022 à l’âge de 83 ans. Il avait fondé sa première agence en 1963 à Saint-Rémy-de-Provence, avant de gagner les plus belles régions et villes de France pour y proposer des biens d’exception. Ses trois enfants Nathalie, Emmanuel et Antoine poursuivent la saga familiale dans le même esprit.

L’hommage de Pierre Arditi
Le catalogue de la vente est préfacé par l’acteur Pierre Arditi qui confie : « Emile Garcin a été, pour moi, une rencontre particulière et enrichissante parce qu’elle aura toujours été délicieusement imprévisible ! Ce qui a caractérisé notre relation c’est cette soif d’aller au-devant du ‘monde autour’ pour ne pas en perdre une miette et devenir acteur de ce monde, même quand il était en désaccord avec lui. Deux phrases définissent Emile Garcin, elles sont majeures : ‘Vivre c’est choisir et choisir c’est renoncer à tout ce qui reste’ (André Gide) et ‘Ce que tu donnes est à toi pour toujours personne, jamais, on ne pourra te le reprendre (James Joyce). »

Les infos pratiques
Dispersion de la collection Emile Garcin, précurseur de la vente de l’immobilier de luxe et de prestige. Samedi 26 novembre à 10h et 14h. Arles enchères. Maître Christelle Gouirand. Commissaire-priseur. 35 bis rue Nicolas Copernic à Arles. contat@arles-encheres.com 04 90 49 84 70. Tout le catalogue ici.

Une vie d’échanges et de rencontres

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