20 août 2025 |

Ecrit par le 20 août 2025

‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Il fallait bien 2 monstres sacrés de la scène, Denis Lavant et Jacques Bonnafé pour interpréter un autre sommet de la littérature : ‘En attendant Godot’ de Samuel Beckett.

Rarement joué dans le Off vu sa longueur (plus de 2h), le théâtre des Halles reçoit de nouveau une création de Jacques Osinski — celui-ci ayant déjà mis en scène en juillet 2022,  fin de partie de Samuel Beckett. Il s’attaque en création « mondiale » à la plus connue des pièces de Beckett en choisissant d’adapter la version de San Quentin, version à laquelle Beckett participa et qu’il valida en 1984 pour une mise en scène de Walter Asmus.

Un décor épuré pour une histoire apparemment simple

Deux clochards, deux vagabonds au pied d’un arbre. Ils attendent,Godot. Qui est Godot ? Pourquoi l’attendre ? On ne le saura jamais….et eux non plus. Cette attente paraît vaine mais elle nous permet toutes les métaphores : attente d’un Sauveur, espoir d’une autre vie, voyage imaginaire, échappée onirique? Le tableau de Caspar David Friedrich, ‘Deux hommes contemplant la lune’, avait été la source d’inspiration de Godot. Le metteur en scène Jacques Osinski reprend sur le plateau les principaux éléments : un arbre noueux, un rocher,  une lune marqueur de temps, deux vagabonds, une route en fond de scène traversée par de drôles de personnages. Absurde et dérision, dialogues ciselés, interprétation magistrale feront le reste.

Un concentré d’humanité

Denis Lavant est Estragon. Jacques Bonnaffé est Vladimir. Aurélien Recoing est Pozzo et Jean-François Lapalus est Lucky. Et tous les quatre sont formidables. Comme dans l’histoire de Godot, on ne peut déceler qui a le plus besoin de l’Autre, qui prend le plus soin de l’Autre. A la fin du spectacle, on ne peut imaginer Denis Lavant et Jacques Bonnaffé regagnant chacun leur hôtel. Ils sont tellement incroyables pendant plus de 2h dans leur jeu, leurs regards complices, leur agacement respectif, leur tendresse ! Entre Gogo et Didi , c’est à la vie, à la mort. Même si on ne sait toujours pas pour quoi.

Du 25 mars au 3 mai 2026 au Théâtre de l’Atelier à Paris, puis en tournée dans toute la France.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Basée à Avignon, Contact Média est une entreprise vauclusienne spécialisée dans les solutions de communication et de relations clients. Dans cette dynamique d’innovation, elle a conçu Gaïa en janvier 2025 : une Intelligence artificielle (IA) conversationnelle capable de réceptionner et gérer les appels téléphoniques de manière autonome et intelligente.

L’histoire commence en 2006. Fabien Ledoux crée un centre d’appels à Carpentras en B to C, à destination des particuliers. « J’ai toujours exercé ma carrière professionnelle dans les centres d’appels avant de lancer ma propre entreprise. En 2012, j’ai senti que le concept B to C commençait à avoir quelques difficultés. Nous avons changé notre clientèle en faisant du B to B, entreprise à entreprise. Nous en avons profité pour déménager cette même année en zone Courtine à Avignon. En 2015, nous sommes arrivés à 100% de notre activité en B to B », explique le président de l’entreprise, associé avec son épouse Shirley. En 2019, l’entreprise s’est diversifiée en développant le concept de réception d’appels. En 2024, elle a lancé son concept d’intelligence artificielle.

Fabien Ledoux, le créateur de Contact média. Crédit : DR

Cinq métiers différents
L’entreprise propose ses services dans cinq spécialités différentes : la réception d’appels, la prospection commerciale avec prises de rendez-vous, l’enquête de satisfaction, le télé-secrétariat et la qualification de fichiers (mise à disposition des fichiers de contacts pour un client). Les clients travaillent dans des secteurs d’activité variés, dans le secteur public (communauté de communes) et le privé.

L’intelligence artificielle
En septembre 2024, l’entreprise a pris la décision de se lancer dans l’intelligence artificielle pour ses activités. « Jusqu’au 1er janvier 2025, l’entreprise proposait la réception d’appels à 100% via l’humain de 8h30 à 18h30 du lundi au vendredi avec ses équipes. Grâce à la technologie, nous avons développé Gaïa qui est issue de l’intelligence artificielle et permet de proposer un service continu 24 heures sur 24 et sept jours sur sept dans toutes les langues avec une voix masculine ou féminine, au choix de l’entreprise. Gaïa est une jolie rousse et elle est entièrement personnalisable par nos clients » explique Laure Ferrera, chargée de mission-commerciale. L’entreprise a travaillé en collaboration avec un développeur externe pour la création de cet outil qui utilise Chat GPT comme base.

Laure Ferrera, chargée de mission-commerciale. Crédit :DR

Une solution hybride
« Nous pouvons ainsi proposer à nos clients la gestion d’appels en humains à 100%, en intelligence artificielle à 100% ou en hybride. Par exemple, nous avons comme client une entreprise qui travaille dans le secteur des bornes électriques pour recharger les véhicules. En journée, ce sont nos équipes qui traitent les appels des clients. Le soir, les week-ends et les jours fériés, Gaïa prend la relève », poursuit Laure Ferrera.
« Nous sommes un petit groupe d’une trentaine de salariés. Il nous était impossible d’assurer un service clientèle 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Cette opportunité avec l’intelligence artificielle permet de répondre à des demandes de nos clients », complète Fabien Ledoux.

Une démarche sociétale
Le monde des centres d’appels n’a en général pas bonne presse. Fabien Ledoux en a conscience et a toujours voulu instaurer un climat de confiance dans son entreprise. Les open spaces sont ainsi de grande taille avec de très bonnes isolations phoniques, pour de bonnes conditions de travail du personnel. Les employés disposent de casques à conduction osseuse. Un espace extérieur est à disposition. Régulièrement, l’entreprise propose les services d’une masseuse et d’un hypnothérapeute à ses salariés et met régulièrement à disposition des fruits frais. Cela permet à l’entreprise d’avoir beaucoup moins de turnover que ses concurrents qui sont basés principalement à l’étranger.

Un concept en progression
Le concept Gaïa est en train d’évoluer avec de multiples adaptations. Elle permet de travailler avec des clients issus de nombreux secteurs d’activité comme l’immobilier, l’assurance, l’industrie, une communauté de communes uniquement le week-end et une entreprise de bornes de recharges pour véhicules électriques. L’avantage de ce concept est de n’avoir aucun appel perdu, augmentant ainsi la satisfaction du client.
« On va lui donner toutes les thématiques d’appels qu’elle est susceptible de recevoir, avec les réponses à apporter, détaille le patron de Contact Média. Un cadrage est également réalisé pour lui apporter des limites si le client pose des questions hors du sujet. Gaïa a de multiples compétences : l’accueil et la gestion des demandes des clients, le transfert d’appel auprès des équipes. Elle utilise au maximum des expressions humaines comme par exemple ‘je comprends votre agacement’ pour un client qui n’arrive pas à me remettre son câble. En plus des appels entrants, elle a la capacité de faire des appels sortants en réalisant des enquêtes de satisfaction client ou des campagnes de rappels téléphoniques. »

Rester en France
Les perspectives de l’entreprise sont dans un premier temps de capitaliser sur ce concept Gaïa en le faisant évoluer. « J’ai la ferme intention de rester en France en couplant des appels humains et ce nouveau concept basé sur l’intelligence artificielle. La force de notre entreprise de petite taille par rapport à certains concurrents est la flexibilité », assure Fabien Ledoux.

Olivier Muselet

Contact média en chiffres :
– 30 salariés
– chiffre d’affaires 2024 : 1,25M€ (chiffre estimé 2025 : 1,4M€)
– Portes ouvertes pour les professionnels le mercredi 3 septembre à 18h30, avec une démonstration de Gaïa


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

À l’occasion de l’exposition ‘Othoniel Cosmos ou Les Fantômes de l’Amour’, deux représentations exceptionnelles de ‘Midnight Souls’, chorégraphié par Carolyn Carlson, sont proposées dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes.

Cette chorégraphie de Carolyn Carlson assistée de Sara Orselli est interprétée par le danseur étoile Hugo Marchand et la danseuse Caroline Osmont de l’Opéra de Paris, accompagnés de Juha Marsalo de la Carolyn Carlson Company. Les musiques sont de René Aubry et Philip Glass. Cette première mondiale est organisée en collaboration avec la Ville d’Avignon, Avignon Tourisme et le Festival d’Avignon.

Curiosité(s) « Avignon, Terre de Culture 2025 »

Cet événement est rendu possible grâce à la Ville d’Avignon qui a donné carte blanche à Jean-Michel Othoniel pour investir cette scène chargée d’histoire, pour fêter les 25 ans d’Avignon capitale européenne de la culture et les 30 ans de son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’artiste a souhaité s’entourer de Carolyn Carlson, Hugo Marchand et Caroline Osmont pour créer un spectacle totalement inédit. Il s’inscrit dans leurs volontés communes de faire dialoguer différentes formes d’art et de proposer au public une expérience sensorielle et émotionnelle inédite, offrant le temps des deux soirées une symbiose unique entre danse et sculpture.

Une chorégraphie construite autour des œuvres de Jean-Michel Othoniel dans la Cour d’Honneur

Le sculpteur Jean-Michel Othoniel a installé ses œuvres spécialement sur la scène de la Cour d’Honneur du Palais des Papes d’Avignon. Plus de 10 000 briques de verre métamorphosant l’architecture de la Cour d’Honneur dessinent un paysage qui accueille trois immenses sculptures de briques d’inox miroir aux formes fantomatiques. Après les deux représentations de Midnight Souls, l’installation sur scène des « fantômes de l’amour » restera visible durant tout le mois d’août et une grande partie du mois de septembre 2025.

‘Othoniel Cosmos ou Les Fantômes de l’Amour’, dix expositions du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026

Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026, Jean-Michel Othoniel déploie dans 10 lieux de la cité des papes une gigantesque constellation artistique, avec l’Amour pour voûte céleste en tout 260 œuvres.  

Jean-Michel Othoniel présente ses oeuvres dans le Palais des Papes, le Pont d’Avignon, le Musée du Petit Palais-Louvre en Avignon, le Musée Calvet, le Muséum Requien, le Musée Lapidaire, la Chapelle Sainte-Claire, les Bains Pommer, la Collection Lambert et la Place du Palais.

Vendredi 1er et samedi 2 août 2025. 22h. 17€ à 40€. Cour d’Honneur du Palais des Papes. Avignon. Tarif réduit spécial donnant accès à l’exposition dans le Palais des Papes : 6.50€ (tarif valable jusqu’au 31 décembre 2025, sur justificatif de l’achat d’un billet pour la représentation du 1er ou du 2 août). Informations et réservations : www.othoniel-cosmos.com


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Le serpent de mer aurait-il fini par se noyer ? Dossier initié officiellement dès 1987, la LEO (Liaison Est-Ouest), ce fameux contournement par le Sud de l’agglomération avignonnaise, verra t’il le jour ? Rien n’est moins sûr, car si une des 3 tranches est opérationnelle depuis 2010, les 2 autres tronçons sont toujours dans les cartons. Aujourd’hui, la tranche 2 focalise toutes les attentions car son avis de décès n’est pas loin d’être prononcé. De quoi mobiliser l’ensemble des acteurs de ce dossier qui s’inquiètent dans l’urgence des conséquences de l’abandon du projet. Problème : si tout le monde est à l’unisson sur le fait qu’il faut faire quelque-chose, personne n’est d’accord sur la manière de le faire. Entre ‘pas de décision’ et ‘mauvaise décision’, les politiques locaux s’écharpent sous l’œil agacé des services de l’Etat. L’enjeux ? le désenclavement de la cité des papes. Et si face à ces blocages sur la tranche 2, la solution passait par la réalisation de la tranche 3 ? Celle sur le Rhône qui justifie, à elle seule, l’ensemble du tracé. L’arrivée enfin d’Occitanie dans la danse pourrait rebattre la donne.

Devant les multiples atermoiements de ce projet dont la première évocation officielle remonte à 1987, avec une inscription au Conseil général de Vaucluse sous le vocable ‘Déviation Sud d’Avignon par les bords de Durance’, la LEO semble aujourd’hui dans l’impasse. En effet, sur les 3 tranches du projet, seule la première (entre Courtine et Rognonas) a été réalisée. D’une longueur de 3,8km, en 2×2 voies avec un pont sur la Durance, elle a été mise en service en 2010 pour un montant de 136M€. Elle permet de relier la gare TGV de la cité des papes au Nord des Bouches-du-Rhône. La tranche 2 prévoit 5,8km en 2×1 voies (éventuellement passés en 2×2 voies ultérieurement), de Rognonas aux Amandiers, avec un viaduc sur la Durance de 800 mètres. Enfin, la tranche 3 prévoit le franchissement du Rhône (3,7km à 2×2 voies) avec un pont de 1 000 mètres enjambant le Rhône entre l’actuel viaduc TGV et le pont ferroviaire Eiffel.

Calendrier : un jeu de DUP
L’ensemble du tracé ayant été reconnu d’utilité publique par l’Etat en octobre 2003, le projet voit donc sa Déclaration d’utilité publique (DUP) arriver à échéance en 2027. Une perspective qui a incité Georges-François Leclerc, nouveau préfet de région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à convoquer l’ensemble des acteurs publics concernés par l’avancée du dossier lors d’un comité de pilotage qui s’est tenu le 19 mai dernier. Un coup de pression du représentant de l’Etat afin de mettre tout le monde autour de la table pour savoir ‘qui paie quoi’ et surtout relancer définitivement la phase 2 avant que la fin de validité de la DUP ne la rende caduque. Peine perdue semble-t-il puisque la Ville d’Avignon et le Grand Avignon, ont campé sur leurs positions en défendant une reconfiguration de la LEO dont « le tracé a été imaginé il y a plus de 30 ans » regrettent en chœur Cécile Helle, maire d’Avignon, et Joël Guin, président du Grand Avignon.

Montage du Collectif anti-LEO afin de montrer l’impact du projet routier de la LEO au niveau de La Grande Chaussée dans la Ceinture Verte d’Avignon. Crédit : DR/Collectif anti LEO

Déception pour Terre de Provence, agacement de la Ville et de l’Agglo
Une position particulièrement mal perçue par Corinne Chabaud, présidente de Terre de Provence agglomération où devrait se situer une partie de la tranche 2.
« Nous sommes surpris et déçus par cette posture. Agir ainsi c’est oublier la complémentarité de nos territoires Bouches-du-Rhône, Vaucluse et Gard. C’est oublier l’enjeu autour de ce projet majeur structurant devenu indispensable. C’est oublier la perte de confiance exprimée ces dernières années par notre population. Ça suffit, nous ne pouvons plus attendre ! Malheureusement, Avignon et le Grand d’Avignon ont décidé de ne pas en tenir compte, nous faisant ainsi prendre le risque de compromettre définitivement la réalisation du projet. »
Cette ‘sortie’ notamment soutenue par Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Marcel Martel, maire de Châteaurenard, et Stéphane Paglia, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Arles, a eu le don d’irriter particulièrement la maire d’Avignon.

« Cela fait des années et des années que les élus du nord des Bouches-du-Rhône viennent dicter ce qui est bon ou pas pour les avignonnais et les avignonnaises. »

Cécile Helle, maire d’Avignon

Lors du conseil municipal du jeudi 26 juin, Cécile Helle a ainsi dénoncé le fait que « le président du Grand Avignon et la maire d’Avignon se fasse injustement attaquer via un communiqué de presse, limite outrancier, de la part d’une présidente d’une collectivité du nord des Bouches-du-Rhône ayant assisté à la même réunion que nous et qui n’a quasiment rien dit face au préfet de région. »
Et l’élue de la cité des papes d’ajouter qu’elle avait eu du mal à accepter de « se faire ‘aligner’ pour avoir défendu une autre vision de ce que peut-être la voie de contournement qu’attendent effectivement tous les avignonnais, en particulier les habitants de la rocade ». Une voie qualifiée de route de ‘grande circulation’ par les services de l’Etat. Pour la maire, la LEO « c’est une vraie bataille d’opinion qui se conduit aujourd’hui car cela fait des années et des années que les élus du nord des Bouches-du-Rhône viennent dicter ce qui est bon ou pas pour les avignonnais et les avignonnaises ».

En rouge, le tracé du projet initial de la tranche 2 de la LEO. En noir, le tracé alternatif voulu par la Ville d’Avignon et le Grand Avignon. Crédit : DR/Préfecture de région Paca

Plus ‘soft’, Joël Guin, le président du Grand Avignon rappelait récemment dans nos colonnes : « Nous voulons faire vivre la LEO, mais dans l’intérêt de tous les citoyens, qu’ils soient des Bouches-du-Rhône ou du Vaucluse ». Il pointe ainsi du doigt la nouvelle mouture de l’Etat, « il faut éviter le tracé dans la ceinture verte. Proposer désormais un projet ramenant la tranche de 2×2 voies à 2×1 voie pour le brancher sur le rond-point des Amandiers ce n’est plus réaliste. Envoyer près 40 000 véhicules dont 3 000 camions vers un feu rouge cela ne va pas fonctionner et cela va engendrer des bouchons. »

« J’ai bien peur que le projet ne soit enterré. »

Corinne Chabaud, présidente de Terre de Provence agglomération

De l’autre côté de la Durance, forcément la lecture n’est pas la même : « On a passé quand même deux heures en réunion avec le préfet de région, a répondu la présidente de Terre de Provence sur les ondes de nos confrères d’Ici Vaucluse. Chacun a évoqué ses points de vue et on peut l’entendre. Madame la maire d’Avignon, Cécile Helle, défend la santé de ses habitants comme nous on défend les nôtres. La santé publique est pour tout le monde sur tous les territoires. Nous, on a demandé à faire quelques ajustements. On pensait qu’en faisant nous, un pas, la maire d’Avignon et le président du Grand Avignon en feraient un également. Bon, ce n’est pas le cas. C’est dommage. »
« La saturation du réseau routier depuis de nombreuses années déjà entre Avignon et le Nord des Bouches-du-Rhône est devenue insupportable pour notre population, poursuit toujours sur Ici Vaucluse celle qui est également maire de Mollégès. Cette situation impacte très fortement l’attractivité, l’économie et l’emploi notamment. Il est donc impératif que nous trouvions un consensus mais j’ai bien peur que le projet ne soit enterré. »
Qu’il semble bien loin, le temps où les deux rives de la Durance saluaient leurs volontés communes d’avancer main dans la main dans ce dossier.

Projet alternatif ou projet utopique ?
La nouvelle joute, lors du comité de pilotage qui vient de se tenir en préfecture de Vaucluse afin de présenter le projet de la Ville d’interdire l’accès la circulation des plus gros poids-lourds sur la rocade aux heures de pointe, n’a fait que renforcer le fossé entre les élus de Terre de Provence et le bloc ‘Avignon-Grand Avignon’ même si les représentants de l’intercommunalité bucco-rhodanienne ont reçu le renfort des départements des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse et du Gard. Tous ont particulièrement du mal à saisir la cohérence de la position de la ville-centre du bassin de vie : « Comment vouloir interdire les camions sur la rocade d’un côté et, de l’autre, ne pas souhaiter réaliser les infrastructures routières qui permettrait d’y dévier ce trafic ? »

Même levée de bouclier au sein des professionnels de la route avec Norbert Zoppi, président de l’Union TLF Méditerranée et aussi vice-président du groupe avignonnais Berto : « Cette approche ponctuelle, purement territoriale, reporte le problème sur les territoires voisins au lieu de le résoudre. »
« La solution serait peut-être de déplacer Courtine de l’autre côté de la Durance », ironisait d’ailleurs il y a peu dans nos colonnes Jean-Yves Astouin, président pour la Région Sud de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et dirigeant de Provence Astouin à Eyragues.

Estimation du trafic sur Avignon en 2035 sans la LEO. Crédit : DR/Préfecture de région Paca

Oui en 2019, non en 2025
La maire d’Avignon n’a cependant pas toujours était contre la Liaison Est-Ouest.
« Le contournement de la LEO est en effet indispensable pour faire disparaître la fracture urbaine et sociale qui isole et confine les habitants de ces quartiers », écrivait-elle en 2019 à Edouard Philippe, alors 1er Ministre, pour réclamer que les travaux puissent démarrer le plus vite possible « comme s’y était engagé l’Etat ». Tout cela « pour diminuer significativement ce flux continu de camions et d’automobiles » évalué entre 28 000 et 36 000 véhicules/jour dont 9% de camions.

Aujourd’hui pourtant, Cécile Helle estime qu’il n’est plus nécessaire d’attendre la poursuite de la Liaison Est-Ouest pour déplacer ce trafic. Pour cela, elle souhaiterait que soient réalisés les 800 mètres manquants, entre la tranche 1 et le rond-point du pont de Rognonas.
« Cela permettrait d’aller ensuite se connecter sur le réseau départemental existant des voies du nord des Bouches-du-Rhône, en prenant une déviation à Châteaurenard qui éviterait le cœur de village et desservirait son MIN (Marché d’intérêt national) dont le maire vient d’acter l’extension. » Quant à la tranche 2 de la LEO, hors de question de la réaliser dans sa configuration actuelle.

Vue générale du modèle physique du viaduc de la tranche 2. Crédit DREAL PACA

« Le projet qui nous a été présenté est complètement daté car, je le rappelle, ce tracé a plus de 30 ans aujourd’hui. Et en 30 ans, une agglomération et une ville se développent et s’aménagent différemment. »
Une vision à laquelle elle se félicite d’ailleurs d’avoir rallié Joël Guin : « Je me réjouis que nous ayons convaincu au fil du temps, le président du Grand Avignon, à venir sur notre position ».

Ce dernier propose ainsi désormais de longer le Sud de la Durance « avec une route en partie en encorbellement » pour limiter l’impact environnemental et permettre les usages agricoles. « Cela permettrait aussi de supprimer les camions sur Châteaurenard et d’arriver par l’arrière de la zone des Iscles et du MIN », avant un éventuel franchissement de la Durance pour rejoindre le rond-point du parc des expositions et « se connecter à Bonpas où le Département de Vaucluse a débuté les travaux de réaménagement afin de fluidifier la zone. »
Pour les deux élus, il faut donc prioritairement utiliser les voies de circulation existantes et impérativement réaliser la jonction entre l’A9 et l’A7 à Orange pour favoriser l’usage de l’autoroute et y renvoyer le plus de camions

Un enjeu pour les municipales
Comme on l’a vu avec Julien Aubert (voir article principal), la LEO sera l’un des thèmes majeurs des prochaines élections municipales de mars prochain, tant dans la cité des papes que dans les communes limitrophes. Les 3 candidats de la majorité avignonnaise actuelle l’ont parfaitement compris et leur défi sera de trouver le point d’équilibre afin de justifier leur alignement sur la maire sortante concernant leur opposition au tracé actuel tout en affichant leur volonté de faire avancer le Schmilblick.
Joël Peyre assure être celui « règlera le problème de la Rocade pour les habitants » mais constate que le projet c’est « une bonne idée, bloquée par l’Etat, mais désormais datée. Conçu dans les années 80 et validé en 2003, ce projet a 20 ans de retards. Déplacer les bouchons à Saint-Chamand et engorger encore davantage le carrefour de l’Amandier. Installer une voie express près de l’écoquartier, de la plaine des sports et des zones commerciales, c’est condamner un secteur déjà saturé par le trafic des voitures et des poids lourds. »
« Le tracé aujourd’hui proposé pour la tranche 2 de la LEO, entre Rognonas et le rond-point de l’Amandier, est une aberration fonctionnelle. Il ne désengorge pas la ville », estime pour sa part Paul Roger Gontard. « Oui pour une LEO repensée au sud de la voie TGV, longeant la Durance et connectée à Bonpas, poursuit-il. L’urgence est un nouveau pont sur le Rhône. »
« Il faut relancer le débat sur la LEO, insiste plus Sibyllin David Fournier Nous avons besoin de bouger mieux, de respirer mieux. Avignon mérite un plan de mobilité du XXIe siècle qui prenne en compte la situation de la cité des papes : son insularité, la totalité du périmètre de son aire urbaine, son positionnement stratégique sur l’axe PLM (Paris, Lyon, Marseille) et celui de l’Espagne et de l’Italie… Bref, avoir une vision pour demain en accord avec les territoires qui nous entourent. »
Enfin, du côté du collectif Voix d’Avignon réussissant notamment les partis Renaissance et Horizons en vue du prochain scrutin le constat est sans appel : « On me parle de la LEO depuis que je suis gamin. Combien de fois on m’a dit : ‘laisse tomber’, ‘ce projet ne verra jamais le jour’, ‘ce n’est pas pour ta génération’… Mais justement, c’est parce que ça dure depuis trop longtemps qu’il faut enfin le faire. La LEO n’est pas un sujet technique : c’est un choix politique », déclare Julien Paudoie, porte-parole de Voix d’Avignon.

Un ‘chantage’ de l’Etat qui ne passe pas
« Avec le Grand Avignon, nous sommes les seuls à défendre un projet alternatif, rappelle Cécile Helle. Et parce que nous prônons une vision différente, on veut nous faire croire que nous ne comprendrions rien aux enjeux de circulation et de mobilité. C’est assez insupportable, y compris de la part de l’Etat. Je pense qu’il y a effectivement un bras de fer à introduire afin de nous faire entendre plus fort que ce que l’on fait aujourd’hui. »
Un ‘chantage’ qui ne passe vraiment pas puisque la maire d’Avignon disait déjà en décembre 2023 lors d’un conseil communautaire : « L’Etat a tôt fait de nous dire : soit c’est ce projet-là, soit ce n’est rien du tout. Ça c’est le pire qui puisse nous arriver, car il nous faut quand même une solution. »

Du point mort à un état de mort cérébrale
Les partisans de la configuration actuelle de la LEO ont aussi des choses à reprocher à l’Etat : « pourquoi le préfet de région a relancé le dossier maintenant alors que les élections municipales arrivent bientôt ? Il y aura de nouveaux élus pour décider de l’avenir du territoire. Et puis pourquoi l’ancien préfet Bertrand Gaume a-t-il intégré la Ville d’Avignon dans le comité de pilotage alors qu’elle ne finance pas le projet ? C’est faire rentrer le loup dans la bergerie. » Difficile tout de même d’exclure des réflexions qui la concernent la ville centre de ce bassin d’emploi de près de 300 000 habitants, unique exemple en France de bassin de vie à cheval sur 3 départements, 2 régions et 2 zones scolaires.

Durant la construction du premier viaduc de la LEO mis en service en 2010 sur la Durance. Crédit : DREAL-Paca

On l’aura donc compris, la tranche 2 de la LEO est au point mort. « Par expérience quand depuis 20 ans un sujet d’intérêt national ne se fait pas, c’est qu’en fait ce n’est pas un sujet d’intérêt national », observe sobrement Thierry Suquet, l’actuel préfet de Vaucluse. Du point mort à l’état de mort cérébrale, il semblerait qu’il n’y ait qu’un pas.
L’Etat ne s’y trompe d’ailleurs, tout heureux de remettre la main sur le ‘magot’ afin de l’orienter vers les projets des JO 2030 dans la région.

« Ce que l’on attend des élus d’un territoire : qu’ils le défendent, qu’ils le développent et qu’ils l’améliorent afin d’y rendre la vie le meilleur possible. »

Gaby Charroux, maire de Martigues

Les malheurs des uns, faisant le bonheur des autres, les crédits de la LEO ont aussi été fléchés pour financer le contournement autoroutier de Martigues et de Port-de-Bouc. Une nouvelle infrastructure routière qui ne semble donc pas effrayer les deux maires communistes, respectivement Gaby Charroux et Laurent Belsosa, qui se félicitent de passer un cap essentiel pour l’avenir de leurs communes.
« C’est une reconnaisse d’attractivité et d’intérêt. C’est ce que l’on attend des élus d’un territoire : qu’ils le défendent, qu’ils le développent et qu’ils l’améliorent afin d’y rendre la vie le meilleur possible », souligne le maire de Martigues chez nos confrères de Maritima Médias.

Différentiel du trafic sur Avignon en 2035 avec ou sans la LEO. Crédit : DR/Préfecture de région Paca

Enjamber le Rhône plutôt que la Durance ?
A défaut donc d’enjamber la Durance, les 7 maires gardois du Grand Avignon viennent d’écrire à Philippe Tabarot, ministre chargé des transports, afin de prioriser le franchissement du Rhône. Dans un courrier commun en date du 19 juin dernier, Rémy Bachelier, maire de Rochefort-du-Gard, Pascale Bories, maire de Villeneuve-lès-Avignon, Yvan Bourelly, maire de Saze, Jacques Demanse, maire de Sauveterre, Paul Mély, maire des Angles, Nathalie Nury, maire de Roquemaure, et Sandrine Soulier, maire de Pujaut ont ainsi conjointement demandé une inversion de calendrier entre les tranches 2 et 3. Objectif : prioriser la réalisation d’un nouveau pont sur le Rhône se connectant ensuite à RN 100 jusqu’au rond-point de Grand Angle.

« Le projet de LEO est une véritable clé de voûte pour notre territoire. »

Les élus gardois du Grand Avignon

« Le projet de LEO est une véritable clé de voûte pour notre territoire, pour réduire la pollution de l’air et pour le développement de son attractivité économique », rappellent les cosignataires qui demandent dans la foulée que « les crédits étant disponibles, nous vous serions donc grés d’officialiser une inversion des tranches 2 et 3 de la LEO afin de lancer, enfin, la construction de ce troisième pont sur le Rhône attendu de façon unanime par l’ensemble des habitants et des collectivités. »
De quoi répondre tout particulièrement aux attentes des 63% de Villeneuvois qui ont plébiscité la réalisation d’un nouveau franchissement du fleuve-roi lors d’une enquête consultative initiée par la municipalité cardinalice. Pour les électeurs villeneuvois, il s’agit ainsi de la priorité numéro 1 des actions à mener.

Dans la foulée, les 7 maires gardois ont aussi réclamé que la DUP de la tranche 2 soit prolongée au-delà de 2027 et que la tranche 3 soit intégrée au prochain contrat de plan Etat-Région renouvelé, lui-aussi, en 2027.
En début d’année, Pascale Bories, aussi présidente du Scot (Schéma de cohérence territoriale) du bassin de vie d’Avignon avait déjà interpellé le préfet de région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur le sujet : « La réalisation des tranches 2 et 3 de la LEO est aujourd’hui une urgence absolue à l’heure d’une crise écologique majeure pour permettre le désengorgement du bassin de vie avignonnais de part et d’autre du Rhône. »
Auparavant, celle qui est aussi conseillère départementale du Gard avait également précisé, lors d’une consultation réalisée en 2021 par la préfecture du Gard sur la LEO que « L’aménagement de notre territoire (était) toujours coincé dans le siècle dernier. (…) Habitants du bassin de vie avignonnais, nous avons le privilège de vivre à la croisée de trois axes majeurs de notre pays. Ce positionnement doit être une chance pour notre économie et notre développement, il ne doit pas être un fardeau. »

Plus de 95% de la tranche 3 (à gauche en violet sur la carte) se situe en Occitanie et dans le département du Gard. Crédit : DR/Préfecture de région Paca/DREAL

Si l’intention est louable afin de garder la main sur les financements de l’Etat, la donne change quelque peu par rapport aux tranches 1 et 2 du projet. En effet, la phase 3 se situe à 95% dans le Gard et donc en Occitanie. Là où la Région Sud avait prévu d’apporter 38,47M€ et le Département de Vaucluse 21M€ afin de financer la tranche 2 (après avoir déjà respectivement contribués à hauteur de 46,2M€ et 14,2M€ pour la tranche 1), les deux collectivités outre-Rhône n’ont jusqu’alors jamais montré leur empressement à s’aligner sur la ligne de départ des financeurs de la LEO. Leur seul concours s’élevant à ce jour à 250 000€ de participation à des études au mitant des années 2000 alors que la région s’appelait encore Languedoc-Roussillon.

LEO : « J’y suis complètement favorable. »

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie

Coup de Chance, Carole Delga était en Avignon à l’occasion de la fête nationale. En effet, la présidente de la Région Occitanie, qui assiste chaque année au festival à titre privée, a participé aux cérémonies du 14 juillet à Villeneuve-lès-Avignon. Questionnée sur la LEO par nos confrères de la presse quotidienne régionale, elle a déclaré : « J’y suis complètement favorable. Mais la question de son financement est liée à la participation de l’Etat (…). La France a besoin d’investir dans des infrastructures ferroviaires, routières et maritimes. C’est primordial pour la compétitivité économique des entreprises ».
Un véritable revirement pour Carole Delga qui, interrogée par nos soins sur ce dossier en juillet 2022 lors du lancement officiel à Avignon de la nouvelle ligne ferroviaire TER entre le Gard rhodanien et la cité des papes, avait affirmé que « l’époque n’était plus aux grandes infrastructures, notamment routières ».
Un 360° de l’élue socialiste toulousaine qui laisse désormais en rade une autre élue de gauche, la maire d’Avignon qui martelait encore ses convictions lors du dernier conseil municipal : « Cette bataille, c’est celle qui va dans le sens de l’histoire. On peut tourner dans tous les sens aujourd’hui, les grands projets d’infrastructures routières sont dépassés ! »

Tout le monde a un avis sur la LEO
« Il est temps que le vaucluse cesse de passer à côté de son histoire. A terme, cette voie LEO sera incontestablement l’épine dorsale économique du Grand Avignon », expliquait déjà en 2021 Jean-Baptiste Blanc, le sénateur de Vaucluse. Pour une infrastructure aussi vitale pour le territoire, on peut donc s’étonner du peu d’empressement à la réaliser. Pourtant ce n’est pas les avis qui manquent. Le monde économique d’abord. En avril dernier, la CPME de Vaucluse a sollicité le cabinet du ministère des transports afin de faire le point sur la poursuite du chantier : « On arrive à saturation », se plaignait alors excédé Bernard Vergier, président de la CPME84. Même constat pour Frédéric Laurent, secrétaire général de l’union départementale de la CGT Vaucluse et Roland Paul, président du Medef 84 lors d’un entretien croisé entre les deux leaders syndicaux : « Le tour d’Avignon, c’est devenu catastrophique. Le contournement de la ville avec la LEO, c’est une aberration que l’on n’arrive pas à avancer. »
Du côté des élus, dans les colonnes de nos confrères de La Marseillaise Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental de Vaucluse rappelle : « L’État est revenu avec un projet à 175M€, nous demandant si on était d’accord pour réfléchir sur cette nouvelle proposition. Avignon et le Grand Avignon ont décidé de ne pas y aller. C’est une erreur. (…) Car le préfet de Région a été clair : il n’y aura pas de tracé alternatif. Ce que je regrette, c’est que c’est de l’argent qui aurait dû être déversé sur le territoire vauclusien et qui va partir ailleurs. Au final, on n’aura pas de projet routier ni résolu le problème de la Rocade. »
« Il faut absolument un troisième pont sur le Rhône », demandait récemment pour sa part Claude Avril, le maire de Châteauneuf-du-Pape. « Que chacun prenne sa part, c’est une question d’intérêt général ».

Mieux vaut tard que jamais
Après avoir été longtemps aux abonnés absents sur ce projet, on peut s’interroger sur le niveau de motivation de la région Occitanie qui aura mis près de 30 ans à entrer dans le dossier. Vouloir la LEO, c’est bien. La financer, c’est mieux. La remarque est d’ailleurs également valable pour le Département du Gard. En 2014, le coût de la tranche 3 s’élevait à 216M€ avant d’être réévalué à 241M€ vers 2020.
Mieux vaut tard que jamais cependant puisque la Région s’est largement mobilisée pour la remise en service de la ligne voyageur entre le Gard Rhodanien et Avignon. A ce titre, elle vient de débloquer plus de 5M€ d’investissements pour la réouverture de la gare de Villeneuve-lès-Avignon.
Un premier pas néanmoins insuffisant dans ce territoire chroniquement sous doté en matière d’investissement depuis des dizaines d’années. A moins que Carole Delga ne soit venue éteindre le feu des velléités d’expansion du Vaucluse sur ce délaissé de Languedoc-Roussillon puis d’Occitanie.

La Région SUD, mais aussi les départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône contribuent fortement au financement de la tranche 2. Pour la tranche 3, l’implication d’Occitanie et du Gard est espérée à des niveaux au moins équivalents. Crédit : DR/Préfecture de région Paca

En effet, ils sont de plus en plus nombreux, élus Vauclusiens comme Gardois, à évoquer le rattachement de l’intégralité du canton de Villeneuve à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. « S’ils viennent, je les accueille avec plaisir. Je ne veux pas décider pour les élus, mais ça paraît cohérent. Car ils ont plus de proximité avec Avignon qu’avec le Gard ou avec Marseille qu’avec Toulouse, la capitale régionale », expliquait Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental à nos confrères de La Marseillaise dans leur édition du 26 juin dernier. Un propos qui s’inscrit dans les pas de son prédécesseur, Maurice Chabert qui, déjà il y a quelques années, évoquait ce redécoupage administratif complexe mais pas impossible (voir encadré : ‘D’Occitanie à la Provence : comment modifier les frontières du canton de Villeneuve-lès-Avignon ?’).

Même vision du territoire pour Joël Guin, président du Grand Avignon qui, tout récemment dans nos colonnes, assurait « qu’il y aurait une certaine logique à raisonner en bassin de vie ». Le maire de Vedène s’inscrivant, lui aussi, dans la lignée d’un de ces prédécesseurs à la présidence de l’agglomération : le gardois Patrick Vacaris. « L’ensemble du Gard avignonnais, c’est-à-dire le canton de Villeneuve, là ou je suis né, est tourné vers Avignon. Notre bassin de vie c’est Avignon. On y consomme, on y va pour la culture, les sorties… C’est une évidence, le canton de Villeneuve devrait être rattaché au Vaucluse », déclarait sans langue de bois en 2020 celui a été aussi conseiller général du Gard pendant 20 ans avant de rajouter : « La LEO c’est le parfait exemple du désintérêt total de la région Occitanie pour ce territoire. On a envie de leur demander combien vous comptez y mettre ? »

Tranche 2 : le point sur l’état d’avancement
Aujourd’hui, l’Etat a acquis la maîtrise foncière afin de réaliser la tranche 2 de la LEO. Dans ce cadre, il a même procédé à certaines opérations d’évacuations illégales et de démolitions comme en avril 2024. Des interventions contre laquelle s’était notamment opposée l’ASCVA (Association de sauvegarde de la ceinture verte d’Avignon).
Dans sa configuration d’origine, le projet initial évalué à 142,7M€ en 2014 serait aujourd’hui estimé entre 274M€ et 303M€. C’est pour cela que le préfet de Région est venu proposer une version ‘light’ à 174M€ pour rentrer dans le budget, quitte à recalibrer l’infrastructure dans l’avenir.
Auparavant, alors que les financements étaient bouclés au printemps 2012 (une ‘époque’ où le Vauclusien Thierry Mariani était ministre des transports), il faudra attendre 2020 pour un nouvel alignement des planètes budgétaire. Les financeurs annoncent alors qu’ils sont à nouveau prêt à lancer les travaux pour une mise en service espérée en 2023. Rien ne bouge jusqu’en février 2022 où, répondant à l’assemblée nationale à une question de Souad Zitouni, députée de la première circonscription de Vaucluse, Bérangère Abba, Secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique annonçait espérer un démarrage des travaux en 2023 pour une mise en service courant 2027. Fin 2023, c’est le Grand Avignon qui porte une dernière estocade en retirant une délibération octroyant 600 000€ à la LEO dans le budget 2024 de l’agglomération.
Au final, les entreprises attributaires en 2020 du marché public pour la réalisation de la 2e tranche de la Liaison Est-Ouest ont reçu en février dernier un courrier leur annonçant le classement sans suite de la procédure. Alors que le code des marchés publics impose d’informer dans les plus brefs délais les opérateurs économiques ayant participé à ce type de démarche, il aura donc fallu 5 ans pour les prévenir d’une décision pour motif ‘d’intérêt général’, sans que l’intérêt général en question ne soit motivé… Le tout bien évidemment, sans indemnisations.
Photomontage depuis la rive droite de l’ouvrage de franchissement de la Durance Amont de la tranche 2 de la LEO. Crédit : Lavigne Cheron Architectes/Cerema

Plus près de nous, Julien Aubert, potentiel candidat aux élections municipales d’Avignon de 2026 se demandait « si notre découpage actuel des collectivités départementales et même régionales est adapté à l’époque moderne ? » avant d’ajouter en parlant du canton de Villeneuve « qu’ils sont culturellement tournés vers nous, je ne verrai que des avantages à ce qu’ils soient dans notre région et dans notre département ».

Une offensive tous azimuts qui n’est certainement pas passée inaperçue du côté de Toulouse, capitale occitane située à plus de 3 heures de route, là où Marseille (1h) et même Lyon (2h) sont plus proches. Et ce d’autant plus que vu leur niveau de revenus moyen, les habitants du canton de Villeneuve figurent parmi les principaux contributeurs fiscaux du Conseil départemental du Gard et d’Occitanie. Une manne qui permet de financer des aménagements dans le Lot, l’Ariège ou bien encore le Gers… mais rarement dans le Gard Rhodanien pourtant très largement peuplé.
« Quelle que soit la majorité politique, le canton de Villeneuve-lès-Avignon n’a jamais été bien doté. Nous sommes les oubliés, dénonçait d’ailleurs Patrick Vacaris. Même à l’époque de Languedoc-Roussillon nous n’avons jamais été pris en compte alors que les habitants de notre canton participent très largement aux recettes fiscales. »

« Une erreur stratégique historique. »

Renaud Muselier, président de la Région Sud

En attendant, ce projet cristallise les agacements liés à ce territoire des occasions manquées perpétuelles.
Renaud Muselier, le président de la Région Sud constatait déjà en 2023 en séance plénière : « Ce dossier date presque de la nuit des temps. Il a cristallisé des oppositions mais à un à moment le projet a fait l’objet d’un consensus politique qui faisait que la LEO pouvait avancer. Ce consensus politique a été financé, validé et organisé. »
Conscient que la fenêtre de tir était étroite, Renaud Muselier veut alors que Pierre Dartout, le préfet de région d’alors, lance le chantier. Ce dernier hésite et veut lancer une nouvelle étude. Le créneau de lancement vient de se refermer…
Pas tendre, le président de la Région Sud poursuit : « J’ai Avignon qui est contre, mais le Grand Avignon qui est pour. Je leur dit :‘entendez-vous entre vous, nous on finance’. Joël Guin me dit qu’il n’en veut plus et bien on ne fait plus. L’argent qui est disponible pour cette opération partira sur d’autres opérations. La Région a provisionné 38M€ et l’Etat 54M€. C’est plus de 90M€ qui vont partir de là et qui, mécaniquement, vont aller ailleurs parce que la volonté politique de l’action territoriale sur Avignon fait en sorte qu’ils ne les veulent pas. Je trouve que c’est une erreur stratégique historique. Moi, je pense que la LEO c’était nécessaire. C’est un dossier qui va poser d’énormes difficultés dans l’avenir. »

Laurent Garcia

D’Occitanie à la Provence : comment modifier les frontières du canton de Villeneuve-lès-Avignon ?
Si tout le monde semble d’accord sur l’incohérence des frontières administrative du bassin de vie d’Avignon, l’argument avancé par les élus qui ne veulent surtout pas se lancer dans ces démarches c’est d’affirmer : « C’est compliqué ».
Pourtant, il n’y pas si longtemps que cela le Vaucluse s’est agrandit dans le Gard. C’était en 2007 lorsqu’une partie de la commune des Angles avait été rattachée à celle d’Avignon. Cette modification de périmètre a concerné 7,96ha situés sur l’île Piot, à l’emplacement de l’actuel parking-relais gratuit, ainsi que 5,45ha pris sur le Rhône. Cette demande avait été formulée en 2001 par la commune d’Avignon. La raison ? La commune des Angles n’étant alors pas dotée de police municipale, c’était celle de la cité des papes qui devait intervenir lorsque cet espace de stationnement était occupé illégalement par les gens du voyage. La zone n’étant pas situé dans le même département, ni la même région, cela posait des problèmes juridiques concernant la légalité des interventions des agents municipaux. La solution a donc été de transférer ces terrains sous la juridiction d’Avignon.
De fait, la cité papale s’est agrandie d’un peu plus de 13ha. Effet domino, il en a été forcément de même pour le département de Vaucluse et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une décision « portant modification des limites territoriales de communes, de cantons, d’arrondissement, de départements et de régions dans le Gard et le Vaucluse » entériné par un décret du ministère de l’intérieur et de l’aménagement du territoire du 14 mai paru le jour suivant au Journal officiel. Cependant, ces modifications n’ont entraîné aucun changement dans la population des deux communes puisque les terrains concernés étaient inhabités.

Il existe des jurisprudences
« Dès qu’il y a des habitants cela complique les choses » assurent à nouveau les élus frileux à l’idée de lancer la ‘machine’ à calquer les frontières administratives à la réalité des attentes des concitoyens de leur bassin de vie.
Là encore pourtant, il existe des jurisprudences. La plus récente : depuis le 1er janvier 2018, le village de Pont-Farcy, dans le Calvados, a changé de département pour intégrer celui de la Manche.
Une première en France pour ce village de 550 habitants qui a, en fait, rejoint la commune nouvelle de Tessy-Bocage vers laquelle son bassin de vie se tournait (commerces, établissements scolaires, emploi…). Un transfert validé sans difficulté par le Conseil d’Etat. « Il y a un lien naturel évident », expliquait alors le maire Christian Baude pour justifier cette démarche entérinée par un décret en date du 26 décembre 2017. Ce que les Normands sont capables de faire, des Provençaux ne le pourraient pas ?

La loi permet aux habitants de s’exprimer par référendum
« Pour modifier un tracé régional, il faut une décision législative car les périmètres ont été fixé par la loi de 2016 », éclaire Thierry Suquet, préfet de Vaucluse. C’est donc au parlement que se trouve la clef de cette décision. Pas forcément impossible donc, pour peu qu’il y ait la volonté d’y arriver. Ou simplement d’essayer.
Et si finalement, la réponse se trouvait tout simplement dans ce qui fait l’essence de notre République : la démocratie. « La possibilité de laisser les intercommunalités et leurs habitants s’exprimer par référendum existe, rappelait avec bon sens l’ancien président du Conseil départemental de Vaucluse Maurice Chabert. Elle est prévue par la loi. Pourquoi ne pas l’utiliser alors sur ces questions ? » Effectivement, on peut s’interroger : pourquoi ?


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

L’ancien élève du lycée Mistral va-t-il mettre tout le monde d’accord ? Evoquée depuis plusieurs mois, la piste d’une candidature du journaliste Olivier Galzi à la mairie d’Avignon est désormais de plus en plus plausible. A l’image de Patrick de Carolis, son ancien patron aujourd’hui maire d’Arles, il ambitionne de mettre ses réseaux et son expérience au service de la municipalité de la cité des papes. Ce représentant de la société civile aura pourtant fort à faire, car les candidats ne manquent pas pour succéder à la maire actuelle qui ne se représente pas.

En renonçant à briguer un 3e mandat à la mairie d’Avignon comme elle en avait fait la promesse dès sa prise de fonction, Cécile Helle a très largement ouvert le champ des possibles à l’occasion des prochaines élections qui se joueront en mars 2026.
Rarement en effet, des municipales auront été aussi indécises dans la cité des papes. Il faut dire qu’à ce jour l’équation est à multiple inconnus et ils sont nombreux à vouloir prendre la tête de seule grande ville du Sud-Est détenue par la gauche avec Marseille.

Qui pour récupérer le fauteuil de la ‘patronne’ ?
Du côté de la majorité actuelle, à ce jour ils sont déjà trois à s’être déclarés vouloir récupérer le fauteuil de ‘la patronne’, qui a bien pris soin de ne pas désigner de successeur.
Sur la ligne de départ : Joël Peyre, conseiller municipal délégué aux finances, qui a été le premier à ce lancer en avril dernier, Paul-Roger Gontard, adjoint au maire délégué au développement territorial et urbain, et David Fournier, adjoint délégué à l’administration générale et au personnel, qui après avoir réuni près de 250 personnes pour son premier rassemblement officiel est en train de fédérer sans bruit l’essentiel des partis de gauche qui, majoritairement prônent une union dès le premier tour.
Trois profils différents, mais qui tous s’inscrivent dans la continuité en revendiquant le bilan des deux mandats de la majorité municipale de Cécile Helle.

« La radicalisation du mouvement ces derniers mois semble pousser chaque jour davantage LFI hors du champ de la gauche républicaine. »

La gauche républicaine empêtrée dans la toile LFI ?
Pour eux, la clef du succès sera très certainement leur positionnement par rapport à La France Insoumise (LFI). Grand vainqueur des dernières élections législatives après le parachutage du fort controversé Raphaël Arnault, le parti de Jean-Luc Mélenchon ambitionne de présenter systématiquement des candidats dans toutes les villes de plus de 9 000 habitants.
Cependant, la radicalisation du mouvement ces derniers mois semble pousser chaque jour davantage LFI hors du champ de la gauche républicaine. En plus, localement La France Insoumise a publiquement annoncé sa volonté d’une « rupture avec le bilan de la majorité municipale actuelle ».
Inacceptable pour les 3 candidats ‘Helliste’ pour qui la difficulté désormais se résume à : Comment siphonner l’électorat LFI sans s’afficher aux côtés du mouvement de ‘la tortue sagace’ ?

Le RN en position d’arbitre
A droite, pas davantage de certitudes. Si le RN sait à quoi s’en tenir, fort de ses 45,02% au second tour des dernières élections législatives sur Avignon l’an dernier ainsi que de ses 30,06% au 2e tour des municipales de 2020 dans la cité des papes, il n’a finalement remporté aucun de ces deux scrutins. Ni Catherine Jaouen, la députée sortante, ni Anne-Sophie Rigault, la leader de l’opposition municipale n’ayant réussi à arracher la victoire au profit de la formation politique de Marine Le Pen. Un plafond de verre qui aurait même incité le RN à envisager de parachuter un cacique du parti afin de tenter de rafler la mise. Le très médiatique député RN du Nord Sébastien Chenu, ayant aussi des attaches dans le Pays d’Arles, a longtemps figuré en pole position même si sa désignation ne semble plus à l’ordre du jour. Pour l’heure, le RN n’a donc officialisé aucune candidature dans cette ville où il totalise un bon tiers des voix. Pas forcément suffisant toutefois dans une commune qui s’est ‘boboïssée’ dans son cœur et radicalisée dans sa périphérie. Il est vrai qu’Avignon présente aujourd’hui un profil électoral ressemblant plus à celui d’une métropole, voire à la Seine-Saint-Denis ou au quartier Nord de Marseille par endroit, qu’à une traditionnelle ville moyenne. Le RN le sait et table sur une triangulaire ou quadrangulaire pour s’affranchir du sempiternel front républicain.

« Depuis Marie-Josée Roig, la droite avignonnaise est ‘éparpillée par petits bouts, façon puzzle’. » 

Une droite « éparpillée, façon puzzle »
Pour le reste de la droite, il faut bien reconnaître que depuis Marie-Josée Roig, maire d’Avignon de 1995 à 2014 décédée l’an dernier, l’opposition ‘classique’ est plutôt « éparpillée par petits bouts, façon puzzle ».
S’appuyant sur Avignon Passion, l’association dont il est président, Le Républicain, Julien Aubert souhaite depuis plusieurs mois maintenant remettre tout le monde en ordre de bataille. Sa récente intervention dans nos colonnes sur les questions de mobilités, dont il a saisi qu’elles constitueraient un de enjeux majeurs de la future élection, prouve sans conteste ses ambitions. Pour autant, l’ancien député de la 5e circonscription de Vaucluse n’a encore jamais annoncé sa candidature, ménageant le suspens car il se sait coincé par une image ‘trop à droite’, notamment liée à ses prises de position Rassemblement Bleu lavande et Oser la France. Julien Aubert a très bien compris, qu’entre les épouvantails des deux extrêmes (LFI et RN dont il peut aspirer une partie des électeurs), c’est au centre que devrait se jouer le fauteuil du maire d’Avignon. Il ne se déclarera donc que s’il estime avoir une chance de rassurer et rassembler cette partie de l’électorat.

Les partis de la majorité présidentielle veulent peser sur le scrutin
Quant aux partis présidentiels, les chefs de file émergent peu à peu. Julien Paudoie, l’actuel élu d’opposition à Rochefort-du-Gard également conseiller communautaire Grand Avignon, vient ainsi tout juste d’être désigné par le parti présidentielle Renaissance pour mener campagne sur Avignon. De son côté Valérie Wagner, DGS de Caumont-sur-Durance, veille aux destinés d’Horizons, la formation de l’ancien premier ministre Edouard Philippe. Enfin, le divers droite Michel Bissière, conseiller régional délégué à la création artistique en Région Sud siégeant aussi dans les rangs de l’opposition municipale entend avant tout « faire barrage aux extrêmes ».
Tous ensembles, avec Christian Paly ancien élu d’opposition aujourd’hui Renaissance, et Annabelle Vega de l’UDI, ils viennent de lancer le collectif Voix d’Avignon afin de se lancer dans la course des prochaines municipales. Avec un objectif : peser sur le scrutin en faisant du centre, l’axe gagnant de ce scrutin. Dans quelle mesure y arriveront-il ?

Les prétendants sont nombreux à vouloir succéder en 2026 à Cécile Helle dans son fauteuil de l’Hôtel de Ville d’Avignon. Crédit : FredP-Adobe stock

Une 3e voie pour un représentant de la société civile ?
Devant tant d’incertitudes, les scénarii semblent multiples. Laissant même, pourquoi pas, la place à une 3e voie, celle d’un représentant de la société civile. Ni réellement à droite, ni réellement à gauche, ce candidat ‘idéal’ devra déjà éviter l’écueil d’un parachutage en affichant un lien fort avec la cité des papes. Il devra aussi être un pont avec le monde économique locale, domaine qui se sent particulièrement délaissé sur ce territoire. Enfin, dans une ville comme Avignon, il devra également avoir une forte appétence pour le secteur culturel.

Un prétendant répond à ce portrait-robot : le journaliste Olivier Galzi. Si son nom était murmuré depuis plusieurs mois, cette possibilité prend réellement corps aujourd’hui. L’ancien élève du collège Joseph Vernet, puis du lycée Mistral et du DEUG Communication et sciences du langage de l’université d’Avignon songe très sérieusement à se lancer lui aussi dans la course. A l’image de Patrick de Carolis, son ancien patron au sein de France Télévisions et maire d’Arles depuis 2020 dont il est originaire, Olivier Galzi souhaite donc mettre son expérience et ses réseaux aux services de la cité des papes qu’il n’a jamais réellement quitté durant toute sa carrière.

Qui est Olivier Galzi ?
Après ses études à Avignon, il sera diplômé de Sciences Po Grenoble et titulaire d’un certificat en relations internationales et management de l’École nationale d’administration publique du Québec (ENAP). C’est en 1994, que débute sa carrière de journaliste. Il réalise alors des reportages pour Le Figaro, Le Point et Jeune Afrique au Rwanda, dont le premier entretien international du général Kagamé.
En 1998, il se rendra en Afghanistan où il interviewe le commandant Massoud. C’est à cette époque qu’il rejoint France Télévisions en tant que reporter puis grand reporter pour les journaux télévisés et l’émission Envoyé spécial. Il deviendra ensuite présentateur du JT de Télématin et ponctuellement de ceux de 13h et de 20h. Il assure également la présentation de nombreuses émissions spéciales.
En 2011, il intègre I-Télé, la chaîne d’information continue du groupe Canal+, qu’il quitte en 2018. C’est à ce moment-là que celui qui a été président pendant 6 ans du Press Club de France rejoint le groupe TF1 comme journaliste présentateur et rédacteur en chef de l’émission ‘9H Galzi’, diffusée sur LCI.

France Télévisions, I-Télé, LCI, le journaliste avignonnais Olivier Galzi est aussi un spécialiste de la gestion des infrastructures dans les territoires. Crédit : DR

Un savoir-faire dans la gestion des monuments et leur animation
En 2020, Olivier Galzi décide de changer de secteur pour devenir vice-président exécutif dugroupe Edeis, en charge de la stratégie, de la communication et du développement, poste qu’il occupera jusqu’à la revente du groupe en 2025. Il va transformer ce groupe d’ingénierie pour. en faire ce qu’il a appelé « l’allié des territoires », à savoir une boîte à outil globale au service des territoires, allant de la conception à la gestion des infrastructures. Durant cette période, Edeis va notamment récupérer la gestion du théâtre antique d’Orange, où cet acteur dans le domaine de l’ingénierie et de la gestion d’infrastructures va développer l’Odyssée sonore, un spectacle immersif récompensé d’un Award de l’innovation 2024 au CES de Las Vegas. Dans la région, Edeis assure aussi la gestion des monuments romains de la ville de Nîmes (Arènes, Maison Carrée et la Tour Magne) depuis 2021.

Aujourd’hui, celui qui a été formé à l’Institut des Hautes Études de l’Entreprise (IHEE) revendique « une expérience journalistique de haut niveau à une vision stratégique de l’entreprise et des enjeux territoriaux ». C’est à ce titre qu’il a créé OG Consulting et production, une société de conseil spécialisée dans le secteur de la communication et de la stratégie. Dans le cadre de cette société, il a accompagné différents groupes dans leur stratégie de développement et de communication (Cartier, Vacheron Constantin, Transdev, Valeo, Michelin, Edeis…). Un parcours qui pourtant ne l’a jamais éloigné d’Avignon. Avec ou sans lui ? La réponse devrait tomber avant l’automne pour Olivier Galzi.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Après ‘Que ma joie demeure’ au Festival 2023, Clara Hédoin récidive avec une nouvelle de Jean Giono, ‘Prélude de Pan’ en déambulation. 

Bien que présenté après ‘Que ma joie demeure’ au Festival d’Avignon (2023), cette courte nouvelle se veut une introduction avec 3 personnages que nous retrouvons dans ‘Que ma joie demeure’, le dieu Pan préfigurant Boby le sauveur… Entre scènes reconstituées et cheminement en paysage naturel, poésie et documentaire, le passé et le présent s’emmêlent habilement. À la poésie de Giono, répond la réalité du monde paysan d’aujourd’hui et les enjeux écologiques de demain. 

2 heures, 5 tableaux sur 2 kilomètres environ pour 3 acteurs 

On retrouve la joie paradoxale d’être un troupeau, cheminant sereinement, accompagné par le chant des cigales et le mistral ! Nous sommes dans la Plaine de l’Abbaye à Villeneuve-lès-Avignon, nature préservée au cœur de la cité, à un jet de pierres d’Avignon sous le Fort Saint André. Attablés au bistrot du village près d’un juke box, nous attendons d’être embarqués dans cette aventure humaine pour un voyage dans le temps et dans l’espace. 

Paradoxalement — et c’est souvent le propre d’un texte court ou d’une nouvelle — ‘Prélude de Pan’ est plus exigeant, moins facile d’accès que ‘Que ma joie demeure’ car il ne s’agit pas là de suivre un personnage ou le quotidien d’une communauté avec ses fêtes et ses rites mais d’exercer un focus sur la transe qui s’empare d’un village à l’arrivée d’un étranger. Ce prélude de Pan relève plus d’un récit fantastique avec ses mythes et ses violences.

Repenser notre rapport au vivant

Être dans la nature pour écouter la voix de Giono s’impose : sa poésie, ses descriptions si souvent imaginées, les sens qui s’éveillent à sa lecture. Mais si Clara Hédoin choisit avec le Collectif 49701 d’adapter et de mettre en scène des spectacles hors les murs, elle cherche à atteindre une autre dimension : repenser avec les spectateurs notre rapport à la Terre, au Vivant , se reconnecter à un territoire après l’avoir (re)découvert lors d’une déambulation théâtrale. Ce parti pris fait mouche encore une fois car la reconnexion n’est pas factice : tous nos sens sont mobilisés — l’herbe que nous foulons, l’air que nous humons, les sons lointains — et nous creusons nous aussi les sillons d’une pensée nouvelle.

Festival d’Avignon 2025. ‘Prélude de Pan’ de Clara Hédoin. 


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

La Communauté d’agglomération a obtenu le niveau 3 du label régional ‘Territoire durable, une Cop d’avance’, la démarche locale de développement durable de l’agenda 2030 dans le cadre du Plan Climat régional. Le Grand Avignon, Avignon et Velleron ont été particulièrement félicités, par l’Arbe l’Agence régionale de la biodiversité et de l’environnement pour la solidité et la cohérence de leurs stratégies environnementales. Cette journée dévolue à la transition écologique a réuni plus de 150 personnes accompagnées par la Région Sud-Paca et l’Aurav, à Châteauneuf-de-Gadagne.

Le label ‘Territoire durable, une COP d’avance’ est une distinction portée par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, en partenariat avec l’État, et animée par l’Arbe –l’Agence régionale de la biodiversité et de l’environnement-, qui vise à identifier, accompagner et valoriser les collectivités qui s’engagent dans une démarche locale de développement durable, dans le cadre  des Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030 et le Plan Climat régional.

Le Grand Avignon
Cette reconnaissance souligne les efforts menés par le Grand Avignon, en direction de la transition énergétique, d’achats publics durables et responsables, ainsi que de prévention des déchets, à travers notamment le Schéma de développement des énergies renouvelables, le Programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA).

Le programme 2025
En 2025, la communauté d’agglo a lancé trois projets structurants : une stratégie du numérique responsable, le développement de la biodiversité et la rénovation du patrimoine public et privé.

Depuis 2021
Pour mémoire, le Grand Avignon a adopté la transition écologique en 2021 puis le Plan Climat-Air-Energie territorial (PCAET) en 2024. La reconnaissance de l’Arbe, pour le travail accompli, conforte le Grand Avignon dans les domaines de l’énergie, la mobilité, l’aménagement et la gestion des ressources.

Une approche globale de la transition écologique
Ce label distingue les territoires qui adoptent une approche globale de la transition écologique, fondée sur l’amélioration continue et l’adaptation aux enjeux locaux. La démarche est rythmée par 4 niveaux de reconnaissance : selon la maturité et la cohérence de la démarche engagée. Même au niveau 4, le plus élevé, les territoires sont encouragés à poursuivre leur progression. La durée du label est de 3 ans, à l’issue desquels le lauréat peut renouveler sa candidature.

Dans le détail
La remise des labels s’est déroulée à l’occasion de la rencontre territoriale du bassin rhodanien ‘Cap sur 2026 : la transition écologique, une opportunité pour votre projet de mandat’, organisée le 1er juillet à Châteauneuf-de-Gadagne. Le Grand Avignon, partenaire de l’Agence régionale pour la biodiversité et l’environnement (Arbe), avait convié les élus du territoire à participer à cet événement pour un partage d’expériences.

Motivés
Plus de 150 participants étaient présents, dont la moitié d’élus, pour assister à 18 ateliers thématiques centrés sur les retours d’expérience autour de 6 axes clés : le cadre de vie, le patrimoine naturel, la protection des populations, la gestion économe, l’exemplarité et la mobilisation des acteurs. Le Grand Avignon, la Ville d’Avignon et la commune de Velleron y ont partagé leurs démarches avec l’appui notamment de l’Aurav –Agence d’urbanisme Rhône Avignon Vaucluse-. La remise des labels 2025 (« Territoire durable, une COP d’avance », « Territoires engagés pour la nature » et PARC+) est intervenue en clôture de l’après-midi.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

La communauté d’agglomération du Grand Avignon est à la recherche de trois nouveaux profils aux niveaux environnemental, culturel et de cohésion territoriale. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au lundi 15 septembre prochain.

Le Grand Avignon propose trois nouveaux emplois et recherche un directeur adjoint Environnement et Déchets, un chargé de Mission Politique de la Ville, ainsi qu’un assistant gestionnaire comptable à l’Opéra Grand Avignon.

Le futur directeur adjoint Environnement et Déchets devra encadre plus de 90 agents de la régie déchets, accompagner la transition des services (nouveau schéma de collecte, optimisation du tri…), et assurer la gestion technique, financière et humaine au quotidien. Le chargé de Mission Politique de la Ville animera le contrat de ville ‘Engagements Quartiers 2030’ aux côtés d’une équipe engagée et pluridisciplinaire. La future nouvelle recrue de l’Opéra Grand Avignon sera en charge des recettes, subventions, droits d’auteur, déclarations sociales et suivi comptable.

Pour candidater, il suffit de déposer son CV, sa lettre de motivation et le dernier arrêté de situation pour les titulaires de la fonction publique adressés à Monsieur le Président, sur le formulaire de candidature spontanée correspondant au poste souhaité.


‘En attendant Godot’, le rendez-vous du Off 2025 qu’il ne fallait pas manquer au Théâtre des Halles

Jusqu’à la fin et même encore le suspense est total : qui sont donc ces 6 personnages qui font leur entrée successive pour le moins originale dans un drôle de chalet ? Viennent ils s’y réfugier ? S’y réunir pour un G6 ? Prendre des décisions ? Lesquelles ? Dans quelle langue ? 

À toutes ces questions les pistes de réponses de Christoph Marthaler sont réjouissantes et sa mise en scène formidable

Il peut s’agir d’un chalet ou d’un refuge alpin : le pic rocheux qui le transperce, les tenues farfelues de montagnards, l’agencement collectif du lieu — lits superposés en bois, tables et bancs de cantine — le décor en bois et même trousse de secours l’attestent. Ensuite, les situations plus qu’improbables s’enchaînent et nous savons que nous n’aurons aucune réponse et que ce n’est pas le but. Nous nous laissons porter par une partition de comédie humaine mêlant avec bonheur les ingrédients qu’affectionne Christoph Marthaler : mime, opéra, lyrisme, musique et bruitage. 

Des personnages « perchés » qui n’ont pas peur du vide

Aux besoins essentiels, manger, dormir, se soigner, s’organiser, se greffent des moments de détente, de fête mais qui ne cachent pas pour autant la vacuité de leur existence. Les acteurs sont formidables et passent aisément dans les différents registres, on sent une construction collective de ce spectacle qui atteint l’absurdité du Génie des Alpages, l’ivresse des sommets et nous donne le vertige. 

Une métaphore géniale et inquiétante d’une Europe qui se cherche

Ici point de traducteur, point de convergence. Chacun sa langue — italien, allemand, français, anglais — quand ce ne sont pas des chants ou des séquences de beatboxing (sons avec sa bouche) hilarantes. Les personnages ne s’écoutent pas, se frôlent, s’évitent, s’ennuient ensemble (superbe séquence au sauna) ou au contraire sont débordés quand il s’agit d’étudier des dossiers. Ils se laissent porter par les événements qui leur arrivent de l’extérieur par un monte charge ou une trappe aérienne. Leur peu d’initiatives fait frémir.

‘Le Sommet’ au Festival d’Avignon 2025. En tournée dès octobre en France.

https://www.echodumardi.com/tag/avignon/page/2/   1/1