8 septembre 2025 |

Ecrit par le 8 septembre 2025

Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Après avoir déjà vainement tenté d’interdire la circulation des poids-lourds en 2022, la municipalité d’Avignon revient à la charge. Cette fois-ci cependant, la mesure se veut plus contraignante. S’il y a 3 ans, le projet d’arrêté entendait limiter la circulation des poids-lourds sur la rocade aux heures de pointe, c’est désormais toute la journée que la Ville veut restreindre l’accès des véhicules lourds à cette ‘autoroute urbaine’ selon la maire de la cité des papes.

Suite à un premier comité technique qui s’est déroulé le 25 juin dernier au cours duquel la direction de la mobilité de la Ville d’Avignon a présenté son nouveau projet, Thierry Suquet, le préfet de Vaucluse, a convoqué une réunion de concertation sur cette intention de limitation de la circulation des poids-lourds sur la rocade Charles de Gaulle. Une mesure déjà réclamée, sans succès, par la municipalité de la cité des papes en 2022. La Ville souhaitait alors interdire la circulation des poids-lourds aux heures de pointes, c’est-à-dire entre 7h et 9h ainsi que 16h et 18h tous les jours.
Cette fois-ci toutefois, la mairie va plus loin et demande une interdiction complète, de 7h à 19h, pour les véhicules de plus de 38 tonnes sur 5 essieux et davantage (voir détail du trafic en toute fin d’article). Cette décision expérimentale, durant une première durée de 1 an, concernerait la partie de la Rocade comprise entre l’avenue de Tarascon et celle de Pierre-Sémard (la route de Marseille).

« J’essaierai d’œuvrer jusqu’au bout de mon mandat pour que nous puissions mettre en place cet arrêté anti poids-lourd. »

Cécile Helle, maire d’Avignon

Pour Cécile Helle, maire d’Avignon, qui a annoncé qu’elle ne briguerait pas un 3e mandat à la tête de la municipalité avignonnaise, il y a donc urgence à mener rapidement à bien ce dossier lui tenant particulièrement à cœur.
« En ce qui me concerne, j’essaierai d’œuvrer jusqu’au bout de mon mandat pour que nous puissions mettre en place cet arrêté anti poids-lourd. Parce qu’il en va d’un enjeu de santé publique pour tous les habitants et particulièrement ceux de la Rocade », insistait-elle lors du conseil municipal du jeudi 26 juin dernier.
Déterminée, la maire d’Avignon n’entend donc pas abandonner les 25 000 riverains, dont 17 000 vivent à moins de 300m, de ce qu’elle considère comme une ‘autoroute urbaine’, quitte à en faire son dernier cheval de bataille avant de rendre son écharpe de maire. C’est dans cette optique, qu’elle a profité de ce comité de pilotage (Copil) pour tenter de rallier le préfet de Vaucluse à sa cause. Pour cela, elle a pu compter sur le soutien du Grand Avignon alors que Michel Bissière a déclaré que la Région Sud qu’il représentait, « ne s’opposerait pas ».

Le Nord des Bouches-du-Rhône vent debout
A l’inverse, c’est sans surprise que les représentants de Terre de Provence agglomération et ceux du Conseil départemental de Bouches-du-Rhône se sont farouchement opposés à cette perspective. Il faut dire qu’entre eux et la Ville ainsi que le Grand Avignon il y a désormais un contentieux sévère sur le blocage de la 2e tranche de la LEO (Liaison Est-Ouest) censée faciliter le contournement Sud d’Avignon.

Les élus du Nord des Bouches-du-Rhône ne veulent pas un report du trafic sur leur territoire. Crédit : DR/Ville d’Avignon/Préfecture de région Paca

Pour les élus du Nord des Bouches-du-Rhône, hors de question de ‘récupérer’ une partie du trafic ainsi détourné. En effet, la mesure entraînerait un surplus de trafic sur le secteur Rognonas-Châteaurenard de près de 600 camions. Cela impacterait plus de 4 400 habitants de cette zone. En contrepartie, 34 261 habitants du bassin de vie (essentiellement sur Avignon, mais aussi 4 085 dans le Gard et 1 500 dans les Bouches-du-Rhône sur l’axe Rognonas-Barbentane) bénéficieraient d’une baisse du trafic poids-lourds à moins de 300 mètres de chez eux.

« La santé publique est pour tout le monde sur tous les territoires. »

Corinne Chabaud, présidente de Terre de Provence agglomération

Pas de quoi émouvoir Corinne Chabaud, présidente de Terre de Provence agglomération, qui déclarait tout récemment sur les ondes de nos confrères d’Ici Vaucluse : « Madame la maire d’Avignon, Cécile Helle, défend la santé de ses habitants comme nous on défend les nôtres. La santé publique est pour tout le monde sur tous les territoires. »
Côté collectivités toujours, les départements du Gard et du Vaucluse se sont montrés plutôt opposés à la mesure. Celui de Vaucluse proposant par ailleurs d’associer à cette réflexion le territoire d’Orange, puisqu’il serait directement affecté par la mesure. En effet, une partie du trafic camions serait reporté entre les autoroutes A7 et A9, où l’échangeur Est-Ouest n’existe toujours pas obligeant actuellement les utilisateurs à sortir à Orange-centre pour rentrer à nouveau sur l’autoroute afin d’accéder à l’A9.

Le monde économique compte faire entendre sa voix
Présente pour la première fois à ce Copil, la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) de Vaucluse a clairement fait savoir qu’une telle décision ne pouvait se prendre sans avoir pris en compte les différentes voix du monde économique. A ce titre, la Chambre consulaire vauclusienne devrait donc participer au futur comité de pilotage sur le sujet. Impactée par l’application de l’interdiction, la CCI du Pays d’Arles devrait être aussi de la partie à l’avenir.
Comme il y a 3 ans maintenant, les professionnels de la route voient d’un très mauvais œil le retour éventuel de cette mesure d’interdiction.
« Notre organisation est dans le même état d’esprit qu’en 2022, explique Jean-Luc Delabre, délégué régional de TLF-Méditerranée (organisme regroupant les représentants régionaux l’union des entreprises de Transport et logistique de France). Si le projet identifié est identique, nos adhérents effectuant des transports de denrées périssables et des transports combinés rail-route estiment de la même façon qu’une telle interdiction mettrait en péril le transport en général et particulièrement le report modal (combiné rail-route) dans le Sud de la France. Ce serait de nouveau un frein incompréhensible dans le cadre de la transition énergétique. »

Synthèse des différents périmètres liés au projet d’arrêté anti-poids-lourds. Crédit : DR/Ville d’Avignon/Préfecture de région Paca

« La solution serait peut-être de déplacer Courtine de l’autre côté de la Durance. »

Jean-Yves Astouin, président de la FNTR Région Sud

Même constat pour Jean-Yves Astouin, président pour la Région Sud de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) : « Ils n’ont toujours pas compris qu’il y avait aucun intérêt à prendre cette décision. »
« La très grande majorité des camions concernés rejoignent la plateforme rail-route de Courtine. Ce sont des caisses avec leur cargaisons que l’on charge ensuite sur des trains afin de rallier Paris ou Lille par le rail. Cela évite d’avoir tous ces camions sur la route le long de la Vallée du Rhône. Avec cette interdiction, on attaque la seule ligne nationale rentable de la SNCF qui accueille 600 à 700 camions en période basse et jusqu’à 1 200 à 1 300 en pleine saison. Si on les empêche d’y accéder, plus personne ne passera par le rail. Le bilan environnemental sera alors désastreux. Finalement, la solution serait peut-être de déplacer Courtine de l’autre côté de la Durance », ironise celui qui est aussi patron de Provence Astouin à Eyragues.

Les perspectives d’interdiction ne le font pas cependant pas sourire quand il voit les conséquences de cette mesure sur l’exemple d’un camion ralliant Courtine au pôle logistique d’Entraigues-sur-la-Sorgue. Aujourd’hui, il faut compter 20 à 45 minutes pour un trajet de 17,7km pour un coût total estimé à 10,48€. Avec son arrêté, la Ville d’Avignon propose deux trajets de reports : l’un par Orange (56,1km pour une durée comprise entre 35 et 55min et un coût de 39,54€), l’autre par Châteaurenard (32,6km, 30 à 55min, 21,81€).

Laurent Garcia

Le trafic sur la rocade en chiffres
Actuellement, le trafic sur la Rocade est estimé entre 28 000 et 36 000 véhicules/jour. Parmi eux, entre 9,2% à 11,4% de camions. Dans le détail, cela représente 3 308 poids-lourds dont 2 338 circulent entre 7h et 19h. Sur cette période, on totalise 1 076 poids-lourds de plus de 38 tonnes concernés par le projet d’interdiction.
Dans le même temps, 17 000 personnes vivent à moins de 300 mètres du tronçon concerné par le projet d’arrêté d’interdiction de la Ville d’Avignon (voir carte ci-dessus). Crédit : DR/Ville d’Avignon/Préfecture de région Paca


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Le syndicat FO (Force ouvrière) 84 vient d’adresser un courrier au préfet de Vaucluse afin de l’alerter sur les très fortes chaleurs qui touchent les établissements scolaires du département.

Jusqu’à 38° dans certaines classes
« Depuis 10 jours, notre département fait face à une vague de chaleur », rappelle ainsi la branche SNUDI (Syndicat national unifié des directeurs, instituteurs, professeurs des écoles, psychologues et AESH de l’enseignement du 1er degré public) de FO qui dénonce une situation de canicule « dans des écoles à Orange, à Avignon et au Pontet. Les températures dépassant largement les 30 degrés (jusqu’à 38° dans une école). »

« Malgré nos multiples alertes lors des épisodes caniculaires de 2017 puis de 2019 ainsi qu’en 2022, l’immense majorité des établissements scolaires et des locaux administratifs n’est toujours pas en mesure de garantir aux personnels comme aux élèves des conditions de travail qui préservent leur santé des chaleurs extrêmes, poursuivent les représentants du syndicat vauclusien. Rappelons que l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère ‘qu’au-delà de 30° pour une activité sédentaire, et 28° pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés’ et donc à plus forte raison pour les enfants et adolescents scolarisés.

Des fermetures demandées
« Aussi, afin d’assurer leur protection, nous vous demandons de prendre la décision de fermer les établissements scolaires et les locaux administratifs qui ne sont pas équipés de systèmes de climatisation à minima l’après-midi tant que les températures dans ces locaux n’ont pas baissé, poursuit FO. Nous avons frôlé des drames dans plusieurs établissements scolaires en raison d’insupportables températures lors des précédentes canicules ; la prudence commande de ne pas courir de risques en fermant les établissements scolaires (à minima l’après-midi) où la santé des personnels et élèves est mise en danger, une décision qui a le mérite de les protéger à coup sûr Il faudra bien entendu prendre enfin des mesures par la suite pour éviter le renouvellement de cette situation. »


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Thibault de Cacqueray est le nouveau directeur de cabinet de Thierry Suquet, le préfet de Vaucluse. Auparavant en poste à la Cour des comptes à Paris en tant qu’auditeur à la 4e chambre en charge des domaines de la sécurité, de la défense, des affaires étrangères et de la justice, il succède à Vincent Naturel nommé à la préfecture de police de Paris. Rencontre avec celui qui devient aussi sous-préfet du département.

A 31 ans, Thibault de Cacqueray vient de prendre ses fonctions de directeur de cabinet et de sous-préfet du département de Vaucluse. Si ce dernier a fait ses armes dans ‘la préfectorale’ du côté des Alpes-Maritimes dans le cadre de ses stages de l’ENA (promotion Molière 2018-2019), il reconnaît qu’il ne connaît pas particulièrement le Vaucluse même s’il est « très heureux de rejoindre le département ».

Un habitué des relations avec les collectivités locales
Originaire d’Agen et ayant grandi à Paris dans le XVIIIe arrondissement, il a travaillé avec Jean Castex lorsque que ce dernier était ‘Monsieur déconfinement’ puis ensuite lorsque ce dernier a été désigné Premier ministre. Thibault de Cacqueray était alors Conseiller territoires en relation tout particulièrement avec les collectivités.
« Lorsqu’il a été nommé Premier ministre, confirme le nouveau directeur de cabinet, il m’a effectivement emmené avec lui comme conseiller pour les relations avec les collectivités territoriales, la décentralisation, la ruralité, la politique de la ville, les sujets de territoires… On suivait des dossiers très locaux, des sujets qui lui étaient remontés lors de déplacements, pour lesquels il pouvait prendre des engagements, des sujets d’infrastructure. »
« A l’échelle de ma courte carrière à Matignon, mais j’ai énormément travaillé avec les élus. J’ai donc l’expérience des projets locaux qu’on doit mener à bien de manière partenariale entre l’État et les collectivités. »
C’est durant cette période, qu’il tissera tout particulièrement des liens avec Jean Castex qui a occupé le poste de secrétaire général de la préfecture de Vaucluse de 1999 à 2001. « Il a été particulièrement touché par le décès d’Eric Masson. Il est resté très attaché au Vaucluse et m’a dit que j’arrivais dans un formidable département. »

« J’avais très envie de repartir dans des fonctions opérationnelles sur le terrain. »

Thibault de Cacqueray, directeur de cabinet du préfet de Vaucluse

Ensuite, Thibault de Cacqueray rejoint la Cour des comptes il a « travaillé essentiellement sur des sujets de sécurité ». A ce titre, cet amateur de sport (il a fait partie des 300 spectateurs à avoir assisté à l’un des derniers matchs d’Arles-Avignon en ligue 2 au parc des sports en 2015 contre Créteil-Lusitanos avant la liquidation du club pro provençal !) a contribué à la rédaction d’un rapport sur les forces de police à Marseille et ‘planchera’ également sur les forces mobiles, les lycées militaires ainsi que plusieurs sujets régaliens.
« J’avais très envie de repartir dans des fonctions opérationnelles sur le terrain et donc de rejoindre une préfecture », précise-t-il pour expliquer son arrivée dans le Vaucluse. J’ai demandé un département qui aurait à la fois des enjeux importants pour un poste de directeur de cabinet et qui offrirait également un cadre agréable. Donc là, j’ai été vraiment servi, puisque quand j’ai appris que je partais dans le Vaucluse, cela a été une très bonne nouvelle. C’est un département très contrasté entre la vallée du Rhône et les zones montagneuses. »

Lutte contre que les narcotrafics et les violences intrafamiliales
Dans la lignée du préfet actuellement en place, le nouveau directeur de cabinet sait à quoi s’attendre en Vaucluse : « En travaillant sur la police à Marseille, on sait que les enjeux liés au narcotrafic et à la délinquance sont importants », reconnait-il.
« Depuis que je suis arrivé, j’ai pu voir l’importance de ce phénomène ainsi que du nombre de points de deal qui demeurent, poursuit-il. J’ai aussi pu constater la mobilisation totale de la police, des services de l’État, mais aussi de la gendarmerie, puisque sur une cinquantaine de points de deal, il y en a près d’un tiers qui sont en zone gendarmerie. »

Dans ce cadre, les actions de police administrative, avec les fermetures d’épiceries qui servent au blanchiment, devraient s’intensifier, tout particulièrement dans le secteur de la rue Thiers à Avignon. « Des épiceries de nuit qui ‘pourrissent’ également la vie des riverains par des troubles à l’ordre public et par des fermetures tardives. »

« J’ai appris en arrivant ici que les violences intrafamiliales étaient aussi extrêmement importantes, confie ce jeune marié sans enfant. Le directeur de cabinet précédent m’a dit que chaque nuit, lorsqu’on lui donnait la synthèse, au petit matin, il y avait 4 à 5 faits de violences intrafamiliales qui lui étaient rapportés. Donc, là aussi, ce sera un axe d’effort. »

« Il suffit de regarder la carte pour voir que c’est un département assez original. »

Concernant les particularités de ce département, avec une enclave dans la Drôme et un chef-lieu unique agglomération française à s’étendre dans 3 départements, 2 régions et 2 zones scolaires, Thibault de Cacqueray reconnaît qu’il suffit de regarder la carte pour voir que c’est un département assez original. Avec toute la population qui est un concentrée sur la partie ouest et la vallée du Rhône. C’est aussi quelque chose que l’on m’a tout de suite décrit avec un bassin de vie qui est à cheval sur 3 départements. C’est quelque chose que je prends en compte et que je vais vite découvrir à mon avis. Et les complexités des grands projets comme ceux de la LEO, j’en avais aussi eu vent à Matignon. »

« Les complexités des grands projets comme ceux de la LEO, j’en avais aussi eu vent à Matignon. »

Etre à l’écoute des revendications agricoles
Avec ses origines Lot-et-Garonnaise, le directeur de cabinet du préfet de Vaucluse avoue être particulièrement à l’écoute des revendications du monde agricole.
« Nous sommes dans un département très agricole et viticole, donc évidemment, nous serons à la fois à l’écoute des revendications tout en faisant en sorte que ces mouvements se passent le plus paisiblement possible. Nous serons là pour faire remonter les revendications et maintenir un dialogue permanent. Le préfet le fait lui-même mais je serai en appui pour aller en première ligne s’il me le demande. »
A peine arrivé, le nouveau directeur de cabinet a aussi dû faire face à la mise en place du plan grand froid en Vaucluse avec l’ouverture d’un centre d’hébergement exceptionnel à Avignon notamment.
Autre dossier brulant : la sécurité routière avec un mauvais bilan en 2024. Il y a ainsi eu 41 morts sur les routes de Vaucluse contre 28 en 2023 (dont 37% de 2 roues motorisés). Là encore, il annonce une mobilisation des services de l’Etat pour lutter contre ce fléau.

Laurent Garcia

Les missions de Thibault de Cacqueray
Collaborateur direct du préfet, le directeur de cabinet assiste ce dernier dans sa responsabilité du maintien de l’ordre public et de la sécurité sur l’ensemble du département. Il a pour missions essentielles : la lutte contre la délinquance, la protection des populations, le suivi des affaires réservées, notamment les relations avec les cabinets ministériels, et le pilotage de la stratégie de communication de l’État dans le département.
Il est l’interlocuteur direct de la police nationale, de la gendarmerie nationale, du SDIS, du SAMU, de l’autorité militaire, de l’autorité judiciaire et des services du ministère de la Justice.
Il s’attache à promouvoir les politiques de l’État dans le département en entretenant d’étroites relations avec les élus, les entreprises, les syndicats et le monde associatif.

Pour exercer ses missions, le directeur de cabinet a sous son autorité :
La direction des sécurités qui suit les questions relatives à l’ordre public, aux polices administratives, à la prévention de la délinquance, à la prévention de la radicalisation, à la sécurité routière, ainsi qu’à la défense du territoire et à la protection des populations.
Le Bureau de la représentation de l’État et de la communication interministérielle (BRECI) qui suit les affaires réservées, les décorations, la vie politique et élabore la stratégie de communication de l’État dans le département.
La déléguée aux droits des femmes.


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Pour cette année 2025, Thierry Suquet, le préfet de Vaucluse, entend que l’action de l’Etat dans le département se focalise tout particulièrement sur 3 axes : la sécurité, la solidarité et la transition écologique.

« Contre la délinquance, contre ceux qui pourrissent la vie des habitants de nos villes, de nos bourgs et de nos villages, nous ne lâcherons rien », a affirmé sans ambages Thierry Suquet, préfet de Vaucluse lors de ses vœux 2025.
Faisant notamment allusion à l’incendie des véhicules de police au commissariat de Cavaillon dans la nuit du 8 au 9 octobre derniers, le plus haut représentant de l’Etat dans le département a rappelé que ce type de menace ne faisait que renforcer la détermination de l’ensemble des services de l’Etat dans sa lutte contre les narcotrafiquants.

Multiplication des fermetures administratives
« Vous pouvez compter sur moi, les services de la préfecture, les services de police et, je le sais, l’ensemble de la justice pour continuer à se mobiliser sur ce sujet, a-t-il poursuivi. A maintenir la pression sur les points de deal et mobiliser l’ensemble des leviers qui sont à notre disposition. C’est dans ce cadre-là que nous avons largement renforcé nos contrôles sur les pseudo-commerces suspectés d’être liés à ces trafics, qui font appel au travail et à l’immigration clandestine, qui permettent, probablement, le blanchiment d’argent. Nous avons multiplié les fermetures administratives et, là aussi, face à des adversaires qui connaissent les lois aussi bien que nous, nous utilisons tous les leviers en parfaite connaissance de cause. Cet enjeu de sécurité ne concerne pas que nos centres-villes. Vous le savez, la violence s’étend aussi dans les villages, elle s’ancre dans le monde rural et le Vaucluse ne fait pas exception. »

« Avoir un titre de séjour, ce n’est pas un passe-droit pour commettre des délits. »

Thierry Suquet, préfet de Vaucluse

« Enfin, en matière de sécurité, nous devons être intransigeants vis-à-vis des personnes étrangères qui viennent troubler l’ordre et la sécurité publique, prévient le préfet de Vaucluse. Nous sommes engagés, en lien avec les forces de l’ordre, dans un travail méticuleux qui nous permet de systématiquement étudier les infractions commises par des personnes étrangères et, quand elles sont en situation irrégulière sur notre territoire, de les raccompagner aux frontières et de rendre effectives les mesures d’éloignement prises à leur encontre. De la même façon, les étrangers en situation irrégulière mais délinquant ne peuvent pas se soustraire aux lois de la République. Avoir un titre de séjour, ce n’est pas un passe-droit pour commettre des délits. »

De l’affaire Pelicot aux questions des violences intrafamiliales
Avec l’affaire Pelicot, le Vaucluse a également était pendant 4 mois sous les feux de l’actualité avec la présence des médias du monde entier.
« Au-delà du défi médiatique et sécuritaire que cet événement historique a représenté, il nous a fallu être à la hauteur du retentissement social qui l’a engendré. Cela nous rappelle que même chez soi, chacun et chacune doit se sentir protégé, et que l’intégrité physique et morale de tous est un droit qui doit être absolument respecté, insiste Thierry Suquet. Je souhaite que nous soyons ensemble tous mobilisés sur la question des violences intrafamiliales ainsi que la défense des victimes. Je salue l’accompagnement des victimes aujourd’hui par les services de police et de gendarmerie. »

« Ce qui fait la dignité humaine, c’est de pouvoir vivre de son travail. »

La solidarité pour autre priorité
Outre la sécurité, Thierry Suquet a souhait aussi rappelé que la solidarité constituait un des autres axes fort de l’action de l’Etat dans le Vaucluse.
« Cette année, la loi pour le plein emploi a enclenché des transformations importantes et une réorganisation profonde des politiques de l’emploi, explique-t-il. Nous nous sommes profondément mobilisés sur les six derniers mois de l’année pour mettre en œuvre cet objectif de plein emploi en installant le comité départemental pour l’emploi, en le déclinant avec les comités locaux. Cette nouvelle dynamique, nous souhaitons qu’elle soit forte parce que nous pensons vraiment que l’emploi est un levier d’émancipation puissant, probablement le premier. Il n’est pas le seul, mais ce qui fait la dignité humaine, c’est de pouvoir vivre de son travail. »

Le défi de la transition écologique
Evoquant les enjeux environnementaux, le préfet de Vaucluse a tenu également à rappeler qu’il fallait veiller « à ce que la transition écologique et énergétique n’exclue pas les plus faibles de notre société. Cette transition écologique représente un défi majeur qui nous contraint à une action globale, commune et de long terme qui nous impose de voir un peu plus loin que nos échéances et nos annualités budgétaires. La transformation inéluctable de notre territoire doit être accompagnée et anticipée pour limiter les risques. »

L’agriculture vauclusienne en première ligne
L’adaptation de l’agriculture locale à ces problématiques constitue d’ailleurs un des axes majeurs de ces enjeux. Pour cela, la région Paca et le département ont été intégré dans un plan du ministère de l’Agriculture afin d’être accompagné dans la mise en place de logique de filière.
« Nous avons un premier projet purement Vauclusien qui sera labellisé en aires agricoles de résilience climatique dans les prochains jours, annonce Thierry Suquet. Cela permettra aux filières impliquées d’accéder à certaines aides pour rendre plus résiliente notre agriculture dans une logique d’atténuation du choc climatique et d’adaptation. Pour atteindre cet objectif nous devons aussi préserver notre ressource en eau, améliorer notre réseau d’irrigation et garantir la qualité de l’eau tant dans nos réseaux que dans nos rivières. »
La bonne gestion de l’espace de lutte contre l’artificialisation des terres s’inscrit aussi dans ces réflexions environnementales. « Au-delà des interrogations légitimes sur zéro artificialisation des terres, le vrai sujet que nous avons c’est la reconquête de nos centres vides, la reconquête de nos centres gourds et ça nous n’y couperons pas à l’avenir. »

De grands moments à venir
Enfin après avoir évoqué le 80e anniversaire de la Libération en août dernier ainsi que le passage de la flamme olympique le 19 juin en Vaucluse, le préfet annonce d’autres grands moments à venir pour le département.
« Il y aura Avignon Terre de Culture 2025 et le passage du Tour de France au Ventoux en juillet sans oublier bien sûr les Festival d’Avignon ou bien encore les Chorégies d’Orange. Autant d’événements qui donnent à notre territoire son dynamisme culturel, sa typicité et sa visibilité importante, se réjouit Thierry Suquet. Cela génère des moments de célébration et de convivialité dont nous avons tous besoin. »

La base aérienne d’Orange doit être une fierté pour le Vaucluse
« L’année 2025 sera marquée aussi par un événement d’ampleur, annonce le préfet. C’est l’ouverture au public de la base aérienne 115 d’Orange les 28 et 29 juin prochains. C’est la grande journée de l’aviation avec véritablement la possibilité de présenter au public les missions et les métiers de l’armée de l’air et de l’espace mais aussi pour mettre en évidence les enjeux autour de l’arrivée des rafales sur la base aérienne et le lien qui peut exister entre cette arrivée, le développement économique et l’aménagement du territoire. L’accueil de nos militaires et des nouveaux escadrons doivent devenir une fierté pour notre département. »


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Ministre, préfet, maire, sénateur… l’incendie cette nuit de plusieurs véhicules de la police nationale devant le commissariat de Cavaillon a entraîné une succession de réaction condamnant cet acte qualifié de ‘représailles’ de la part des narcotraficants locaux.

« Cette nuit vers 5h du matin, plusieurs individus ont incendié les véhicules de police stationnés devant le commissariat de Cavaillon, a précisé cet après-midi Thierry Suquet, le préfet de Vaucluse. Quatre véhicules de police ont été détruits par le feu. L’incendie s’est propagé sur la façade du commissariat et sur un commerce attenant. Grâce à l’intervention rapide des pompiers, le feu a pu être rapidement circonscrit. La façade du commissariat a été endommagée et l’immeuble enfumé, néanmoins les dégâts à l’intérieur sont relativement mineurs. Aucun des trois fonctionnaires présents dans le commissariat n’a été blessé. Cinq autres individus qui étaient en garde à vue dans les geôles du commissariat ont été transférés à l’hôtel de police d’Avignon. Une famille a dû évacuer son domicile du fait des fumées, mais a pu le réintégrer dans la matinée. »

« Ces événements survenus renforcent la détermination des services de l’État à éradiquer le trafic de stupéfiants à Cavaillon. »

Thierry Suquet, préfet de Vaucluse

L’intensification de la lutte contre les narcotrafics à l’origine de cette attaque ?
« Cet événement, complète le préfet de Vaucluse, survient alors que la police mène en ce moment des actions particulièrement offensives à l’encontre du trafic de stupéfiant, avec une opération ‘place nette’ qui s’est déroulée il y a quelques jours, 25 interpellations, 6 kilos de cocaïne et 15 kilos de cannabis saisies depuis début septembre. Les évènements survenus tôt ce matin renforcent la détermination des services de l’État à éradiquer le trafic de stupéfiants et à rendre aux habitants de Cavaillon la tranquillité publique à laquelle ils ont droit. Ces agissements n’entraveront en rien l’action des services. »
« Ainsi, rappelle Thierry Suquet, alors même que ces évènements survenaient, la police était en action pour démanteler un squat proche de l’avenue de la Libération, dont les liens avec le trafic de stupéfiants sont avérés. »
Pour conclure, le représentant de l’Etat en Vaucluse insiste : « Dès cette fin de matinée, le commissariat a repris une partie de ses activités. »

Même indignation pour Gérard Daudet, le maire de Cavaillon qui « condamne avec fermeté ces actes inacceptables et apporte bien évidemment tout mon soutien aux forces de l’ordre qui au quotidien sont sur le terrain, ainsi qu’au commerçant et familles impactées. Je laisse les enquêteurs effectuer leur travail pour retrouver les auteurs que la justice devra condamner sévèrement. »

« Je ne baisserai pas les bras face à la violence et face au trafic de drogue. »

Gérard Daudet, maire de Cavaillon

Recrutement de 3 policiers municipaux supplémentaires
« Ces événements surviennent alors que les forces de police intensifient leurs efforts pour combattre le trafic de stupéfiants à Cavaillon, efforts qui ont déjà permis des saisies importantes de drogue et plusieurs interpellations, confirme l’élu cavare. Ma détermination à éradiquer la criminalité aux côtés de notre police nationale ne faiblira pas. Lors de mon échange avec le ministre de l’Intérieur, j’ai eu la confirmation que les actions de la police vont continuer à se multiplier en ce sens. »

« Dès ce matin, en lien avec la préfecture et les services de police, un squat en sortie de ville était évacué. Je ne baisserai pas les bras face à la violence et face au trafic de drogue, » conclut Gérard Daudet qui rappelle également qu’il a engagé depuis plusieurs semaines déjà « le recrutement de trois agents supplémentaires pour la Police municipale et renforcé la présence policière en centre-ville afin de lutter plus efficacement encore contre l’insécurité et les incivilités. »

« Frapper fort, résister et tenir debout face aux représailles ! »

Jean-Baptiste Blanc, sénateur de Vaucluse

Pour sa part, le sénateur de Vaucluse Jean-Baptiste Blanc insiste sur sa volonté de « Frapper fort, résister et tenir debout face aux représailles » dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue à Cavaillon.
Le parlementaire poursuit : « L’incendie criminel de cette nuit ne fera que renforcer collectivement notre détermination. En tant que Sénateur de ce territoire, je tiens à réaffirmer ici mon soutien inconditionnel aux forces de l’ordre, aux autorités locales et à tous ceux qui s’impliquent quotidiennement dans cette lutte difficile. Nous mènerons cette bataille sans relâche, car nous avons la responsabilité de protéger nos concitoyens et de restaurer l’ordre républicain à Cavaillon. »

Il y a quelques jours, la police nationale a procédé à 9 interpellations à Cavaillon. Cette vaste opération de lutte contre les trafics de stupéfiants a permis la saisie de 3kg de cocaïne, 2,5kg de cannabis et des armes. Crédit : Police nationale/Facebook/DR

Jusqu’à 20 ans de prison pour ces actes criminels ?
« Je tiens à saluer l’engagement sans faille de Gérard Daudet, maire de Cavaillon, des élus, de la police nationale et police municipale, ainsi que des services de l’Etat, poursuit Jean-Baptiste Blanc. Ensemble, ils mènent avec détermination une bataille essentielle pour restaurer la sécurité et la sérénité dans Cavaillon. Ces représailles démontrent que nos actions touchent là où ça fait mal. Nous continuerons le combat, avec force et persévérance, aux côtés de tous ceux qui refusent de laisser notre ville aux mains des trafiquants. La justice sera rendue. Une enquête a été immédiatement ouverte par la police judiciaire, sous l’autorité de la procureure de la République d’Avignon. Les auteurs de cet acte criminel, qualifié de ‘destruction par moyens dangereux’, encourent jusqu’à 20 ans de prison. »

« Une attaque contre nos institutions. »

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur 

Enfin pour Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur : « L’Etat ne se laissera pas intimider et nous allons intensifier notre lutte contre le narco-banditisme. Je placerai la lutte contre le crime organisé au centre de mes préoccupations parce qu’il constitue une attaque contre nos institutions ».
Le ministre de l’Intérieur, qui a demandé à Nicolas Daragon, son ministre délégué à la sécurité, de se rendre sur place, a aussi confirmé l’envoi d’une unité de forces mobiles de la CRS 81 afin de renforcer soutenir l’action de sécurisation de la police. Plus particulièrement dans la cité du Dr Ayme, mais aussi dans les autres cités de Cavaillon.


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Comme nous l’avions annoncé la semaine dernière, c’est bien un homme qui remplacera la préfète de Vaucluse en partance pour l’Elysée. Il s’agit de l’actuel préfet de Mayotte.

Thierry Suquet vient d’être nommé au conseil des ministres de ce mercredi 14 février préfet de Vaucluse et ceci à compter du lundi 4 mars. Il succède à Violaine Démaret (promotion Aristide Briand de l’Ena) qui avait pris ses fonctions dans le département en août 2022. Cette dernière quittera son poste à la fin du mois de février pour rejoindre le palais de l’Elysée en tant que conseillère intérieur et sécurité auprès du président de la République où elle prendra le relais de Frédéric Rose, nommé nouveau préfet des Yvelines.

Préfet de Mayotte depuis près de 3 ans
Nommé depuis juin 2021, Thierry Suquet est l’actuel préfet de Mayotte où la situation est particulièrement tendue actuellement en raison d’un mouvement social contre l’insécurité et l’immigration clandestine.
Né le 10 avril 1960 à Constantine en Algérie, le nouveau préfet de Vaucluse est titulaire du Diplôme d’études supérieures d’administration municipale (DESAM) et d’un diplôme d’études supérieures spécialisées de gestion des collectivités territoriales. Plus tard, il fera notamment parti de la promotion Valmy de l’Ena entre 1996 et 1998.

Ancien délégué pour la défense et la sécurité
Thierry Suquet a notamment été aussi tour à tour secrétaire général de la préfecture de l’Aveyron en 2002, sous-préfet de Lannion de 2004, secrétaire général de la préfecture de l’Eure en 2007, secrétaire général du haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie en 2009, secrétaire général de la préfecture du Puy-de-Dôme en 2013 et secrétaire général de la préfecture de la Gironde à partir de 2015.
Enfin, avant de prendre ses fonctions à Mayotte, il a été délégué pour la défense et la sécurité auprès du préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, préfet de la zone de défense et de sécurité Sud-Est, préfet du Rhône à partir de 2020.

Laurent Garcia & David Pellet


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

Violaine Démaret devrait quitter ses fonctions de préfète de Vaucluse avant la fin du mois de février. C’est ce qu’elle a confirmé en marge de la présentation du bilan 2023 de la délinquance et de la sécurité publique de Vaucluse. A cette date, elle devrait rejoindre l’Élysée en tant que conseillère sécurité et Intérieur auprès du président de la République.

Bien que son identité n’ait pas été précisée, c’est un homme qui devrait très certainement lui succéder. Sa nomination comme préfet de Vaucluse devrait d’ailleurs être effective mercredi 14 février, lors du prochain conseil des ministres.


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

On savait que Bertrand Gaume était un homme pressé. A peine arrivé dans l’Essonne le 23 août 2022, il vient d’être nommé préfet de la Région des Hauts-de-France ainsi que préfet de la zone défense et de sécurité Nord par un décret publié ce 18 janvier au Journal Officiel. Il passe de 1 315 000 habitants à près de 6 millions avec 5 départements, l’Aisne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais et la Somme. Ce qui est plus que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Présent en Vaucluse pendant 4 ans, avec notamment la gestion des Gilets Jaunes, du Covid, du confinement, il avait réussi à s’imposer par son efficacité, son sens du contact, son empathie avec les élus de tous bords et son irrépressible sens du service public.

On l’avait vu participer aux collectes des Restos du Coeur, donner un coup de main à la Banque Alimentaire, aménager des centres de vaccination près des supermarchés ou avec les pompiers à Montfavet. Lors de son pot de départ, en juillet 2022, nombre d’invités avaient les larmes aux yeux. Heureusement Violaine Démaret qui lui a succédé à Avignon fait, elle aussi fait l’unanimité.

Bon vent à cet énarque humain qui aura du pain sur la planche. Il trouvera sur place comme président de la région Xavier Bertrand et à la mairie de Lille, Martine Aubry. Ceux qui le connaissent savent qu’à moins de 50 ans, une longue carrière attend Bertrand Gaume, au service de l’intérêt général.


Avignon veut interdire les poids-lourds sur la rocade avant la fin de l’année

L’u-na-ni-mi-té. C’est ce qu’il a fait pendant 4 ans dans le département, la plus grande longévité pour un préfet de Vaucluse dont Napoléon a diligenté le 1er en 1810. Nommé le 9 mai 2018, Bertrand Gaume prendra son nouveau poste à Evry-Courcouronnes le 23 août prochain. Pendant ces 4 ans passés à sillonner le département, chacun, que ce soient les élus, syndicalistes, agriculteurs, vignerons, commerçants, artisans, chefs d’entreprises, forces de l’ordre, pompiers, associations, enseignants, personnels de santé, partenaires sociaux, culturels et économiques, chacun l’a apprécié.

A commencer par le Préfet de Région, Christophe Mirmand venu spécialement de Marseille pour la cérémonie de départ organisée dans les jardins de la préfecture Chabran à Avignon, en présence de tous ceux qui comptent en Vaucluse. « Je salue l’homme attentionné que tu es Bertrand, j’en ai été le témoin. A la fois confiant et joyeux, tu as facilité les échanges. Représentant de l’Etat, tu as toujours été engagé, disponible, réactif. Tu connais parfaitement les dossiers, tu es accessible, tu as une énorme capacité de dialogue, de chaleur humaine, en toute simplicité. Tu as porté très haut le métier de préfet. Et pourtant tu en as connus des moments difficiles, les gilets jaunes, la pandémie, mais tu es un geek confirmé qui maîtrise parfaitement les visioconférences. En jouant collectif avec ton équipe, tu as su gérer le Festival d’Avignon et le Off en 2021, après l’annulation de l’édition 2020, concilier l’accueil du public et les contraintes sanitaires. Tu as battu un record de durée dans ce département, tu as pour les Vauclusiens un attachement voire une affection réelle. A toi et ta famille, bonne installation en Essonne.  Violaine Démaret (actuelle préfette des Alpes-de-Haute-Provence) te succèdera en août, ce sera un défi. Bon vent, tu vas nous manquer, mon cher Bertrand. »

« Quant aux Vauclusiens c’est quand ils chassent en meute qu’ils sont terriblement efficaces. »

Après cet hommage très appuyé « à un très grand préfet », c’est au tour de Bertrand Gaume de prendre la parole. « Voici l’heure de tourner la page, de boucler la boucle, de tirer sa révérence. Et pour la première fois dans l’histoire du Vaucluse, c’est une femme qui va arriver, Violaine Démaret, une grande professionnelle qui a le sens des relations humaines, vous verrez tous que vous ne serez pas surpris négativement. Merci d’être venus pour ce moment de partage à l’ombre des platanes. Le temps file depuis l’arrêté paru au journal officiel de ma nomination dans l’Essonne le 20 juillet, tout s’accélère. »
Paraphrasant Gérard de Nerval, il évoque « Le soleil cendré de la mélancolie, le Vaucluse sublimé par le soleil, cette terre de la vallée clause, la puissance du Ventoux, la finesse des Dentelles de Montmirail, la beauté fragile de Fontaine de Vaucluse, la Combe de Lourmarin, la force du Rhône, la fougue de la Durance. Et le mistral, ce don du ciel anti-fongique, ambivalent, lui qui réchauffe l’été mais attise l’incendie, lui qui chasse les nuages l’hiver mais qui en même temps glace. Le Vaucluse avec ses paysages, ses festivals et son patrimoine est beau, sublime, mais il peut aussi être âpre. Quant aux Vauclusiens c’est quand ils chassent en meute, qu’ils sont ni de gauche, ni de droite qu’ils sont terriblement efficaces. »

Marqué par la mort d’Eric Masson et les gilets jaunes
Il poursuit en évoquant les rôles constitutionnels du préfet : l’ordre public, la sécurité des biens et des personnes passablement menacés lors de la crise des gilets jaunes qui a duré plus de 2 ans. « Il y en a eu des manifs, des samedis, des week-ends, des anti-vax, des anti-pass. Nous avons agi collectivement. Il n’y a pas eu de casse de vitrines, de pillages de magasins dans les rues d’Avignon. »
Pour cela il a tenu des réunions hebdomadaires le jeudi, avec Michel Gontard, alors premier adjoint à la Ville d’Avignon, Michel Maridet, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Vaucluse et Claude Tumimo représentant les commerçants avignonnais pour, en fonction du parcours des manifestations, anticiper, enlever les poubelles sur le trajet pour qu’elles ne se transforment pas en projectiles, éventuellement baisser les rideaux de fer des commerces une heure, le temps du passage des gilets jaunes. Moment d’émotion avec des sanglots dans la voix, quand Bertrand Gaume a évoqué la mort du policier Eric Masson le 5 mai 2021, d’autant plus que son papa était présent dans l’auditoire, à Chabran lors de son départ. « C’est un souvenir qui ne m’a pas laissé indemne. Il ne s’effacera jamais de ma mémoire. » Le préfet a aussi évoqué le 1er décembre 2018, le jour à Paris du pillage de l’Arc de Triomphe, du bas-relief fracassé, de la tombe du soldat inconnu piétinée. Et des 2 500 ou 3 000 manifestants avignonnais qui, dans un premier temps ont forcé les grilles du site de Chabran avant de revenir en centre-ville et de s’en prendre à sa résidence privée où se trouvaient sa femme, ses enfants et leurs grands-parents. « Je comprends les mouvements sociaux mais en aucun cas, ils ne doivent porter atteinte à l’intégrité des personnes, c’est inacceptable. Heureusement le groupe de police auquel d’ailleurs appartenait Eric Masson a agi avec une fermeté et une rigueur remarquables. Quand la mort frappe un policier, cela nous interpelle collectivement, cela nous oblige à lutter 24h sur 24, sans rien lâcher. » Il a également rendu hommage aux gendarmes et aux pompiers, les 500 professionnels et les 1 800 volontaires : « Il est fondamental de débroussailler autour de sa maison. L’an dernier 950 hectares sont partis en fumée au pied des Dentelles, il faut faire de la pédagogie, développer la culture du risque, ne céder ni à la paranoïa ni à la psychose, expliquer dans les écoles, les collèges, les lotissements, les communes, associer la Croix-Rouge et la Protection Civile. »

Le préfet de Vaucluse en compagnie du préfet de région (à gauche avec la cravate rouge).

« Le service public c’est le patrimoine de ceux qui n’ont rien. »

Bertrand Gaume est aussi revenu sur « Les difficultés sociales du Vaucluse, la pauvreté, la délinquance, les trafics de stups qui gangrènent la société, mais il n’y a pas de fatalité. Le service public c’est le patrimoine de ceux qui n’ont rien. Ceux qui ont les moyens vivent dans des maisons sécurisées. Si tous les acteurs publics et privés travaillent main dans la main, comme on commence à le faire par l’emploi et l’insertion avec le Département, la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur, les Chambres consulaires et les syndicats, il y a des résultats. Force Emploique nous avons créée il y a 3 ans, c’est un outil de formation qui marche. Le chômage en Vaucluse était supérieur de 3 points à la moyenne nationale, nous avons réussi à le réduire de 0,9 point, soit plus d’un tiers. »

Quand on s’intéresse à l’économie en Vaucluse, on en vient évidemment à l’agriculture. A la question : »Vous semblez avoir une empathie, une affection particulière pour les agriculteurs, avez-vous eu un grand père paysan ? », la réponse fuse : « Familialement, le grand-père de ma mère, était agriculteur dans le Bourbonnais, les grands-parents de mon père aussi, et mon grand-père, dans sa jeunesse, tuait le cochon en Auvergne pour les grandes familles et il était rémunéré avec les pièces les moins nobles du porc. Donc ça me touche. Leur métier est essentiel, ils nous nourrissent. Si on ne veut pas importer de fruits et légumes il faut absolument promouvoir l’agriculture française. Avec les lois ‘Egalim 1 et 2’, les relations entre les producteurs, les intermédiaires, les industriels et les distributeurs se sont améliorées, mais dans les négociations commerciales il n’y a que 5 centrales d’achats face aux millions d’agriculteurs. Donc il faut organiser les filières pour peser davantage. Dans le Vaucluse c’est ce que nous avons fait pour le raisin de table avec René Reynard, avec la cerise autour de Venasque. Pour la fraise de Carpentras, la confrérie va devenir une organisation de producteurs pour mieux se défendre. Il faut aussi rappeler que grâce au député communiste auvergnat, André Chasseigne une loi a été votée à l’unanimité qui garantit les retraites agricoles à tous, y compris les conjointes des paysans qui avant n’en n’avaient pas. Le bien-être sera au cœur de groupes de travail dès la rentrée à la MSA Alpes-Méditerranée pour un suivi psychologique, social et physique des agriculteurs qui parfois se suicident ou s’empoisonnent petit à petit à cause des pesticides. Il faut rendre le traitement phytosanitaire plus efficace contre les nuisibles mais moins nocif pour l’homme. C’est d’ailleurs le sens du projet d’usine qui va s’implanter au Thor et bénéficiera de la plus grosse subvention de la région (6M€). Son nom : Antofénol, un procédé inventé par une chercheuse vauclusienne, Fanny Rolet, qui permettra de remplacer les pesticides chimiques par des extraits végétaux, à terme 220 emplois seront créés sur le site.

« Confluences verra bien le jour. »

Autre secteur en voie de développement, le projet ‘Confluences’ en Courtine. « Il concerne un fleuve, le Rhône et une rivière, la Durance, donc 2 PPRI (Plans de prévention des risques d’inondations). Avec des travaux de confortement de la Digue de Bonpas pour la réhausser ainsi que la digue du Rhône. Ils sont financés, lancés avec la labellisation RAR (Résistance à l’aléa de référence), en l’occurrence une crûe millénale de 6 500m3 par seconde. Dès cet automne, on va d’ailleurs drainer le lit de la Durance pour lui donner une forme plus linéaire. Confluences verra bien le jour, des constructions seront faites avec des systèmes de refuges ».

Les déserts médicaux aussi sont une préoccupation pour la population du Vaucluse. Dominique Santoni, la présidente de l’exécutif l’a bien identifiée qui a lancé un appel dans la presse nationale : « Devenez médecin salarié en Vaucluse » et financé 8 emplois pour mailler le territoire. Ce que comprend Bertrand Gaume : « Nous vivons en France dans un système de liberté d’installation des médecins, on ne peut les obliger à rien, on peut simplement les inciter. Du coup, les collectivités locales s’daptent à la mutation de la société. Les anciens médecins de famille qu’on réveilllait la nuit, qu’on dérangeait le week-end, c’est fini, ils ont pris leur retraite. Les jeunes qui leur succèdent préfèrent travailler différemment. Du coup, certains maires ont créé des Maisons de la Santé dans leur commune. Dans le Vaucluse, on a innové avec les CPTS (Comités professionnels territoriaux de santé), il y en a un à la Cove un autre dans le Luberon et c’est un bon exemple. Médecins, infirmiers travaillent ensemble, font leurs tableaux de service et organisent leurs permanences de soins pour leur patientèle. »

Le regret de la LEO
Un serpent de mer que Bertrand Gaume aurait bien aimé régler avant de nous quitter : la LEO (Liaison est-ouest) d’Avignon. « A l’époque de la création du TGV-Med, le territoire a su se mobiliser. Pas question de traverser les vignes des Côtes du Rhône et de Châteauneuf-du-Pape. (Guy Penne, un sénateur socialiste, par ailleurs vigneron et ami du Président François Mitterrand a su taper du poing sur la table et se faire entendre). Du coup le parcours fait un coude côté Gard avant de revenir vers Avignon. Si on avait fait la même chose pour la route, en 1987, le problème aurait été réglé. Pour ma part j’aurais rêvé d’aboutir avant de vous quitter… Hélas, les riverains des HLM de la Rocade Charles de Gaulle subissent 60 000 véhicules par jour, dont 5 000 poids-lourds qui passent sous leurs fenêtres et polluent l’air. C’est un problème de santé publique il est donc essentiel de le régler, mais on ne peut pas supprimer les camions qui livrent ce dont nous avons besoin, il faut donc agir en bonne intelligence. Je me suis battu pendant des mois auprès du Préfet de Région, Christophe Mirmant et de Vinci Autoroutes, pour que la complétude de l’échangeur A7-A9 soit faite. Des études sont en cours, mais il faut concilier les contraires puisqu’on continue à acheter sur internet, les livreurs doivent apporter les colis à destination, donc continuer à traverser Avignon. »

« Le projet ‘Grande Provence’. C’était une excellente idée. »

Le territoire du ‘Bassin de vie’ d’Avignon est aussi un enjeu majeur puisqu’il concerne deux régions (Provence Alpes Côte d’Azur d’un côté et Occitanie de l’autre) mais aussi trois départements (Vaucluse, Gard et Bouches du Rhône). « Notre agglomération d’Avignon souffre, c’est elle qui accueille la majorité des logements sociaux quand la richesse fiscale est ailleurs (Villeneuve-lès-Avignon, le plus riche canton gardois sur l’autre rive du Rhône), explique le Préfet de Vaucluse. Je salue le travail de Jean-Marc Roubaud (ancien président du Grand Avignon) et celui du regretté Jean-François Césarini, député de Vaucluse emporté par le cancer qui avaient élaboré le projet ‘Grande Provence’. C’était une excellente idée , une vision qui concernait le bassin de vie de milliers de familles qui n’ont pas la même carte scolaire pour leurs enfants selon qu’ils sont scolarisés sur une berge ou l’autre du Rhône, dont les horaires des transports en commun ne sont pas non plus coordonnés, l’hôpital d’Avignon reçoit des malades gardois qui ajoutent à la pression des urgences. Or il n’a reçu aucune subvention d’Occitanie, idem pour le Pont de l’Europe qui était fissuré, il a été rénové et sécurisé, ce qui a coûté cher, mais uniquement aux frais des contribuables Vauclusiens, pas aux Gardois qui travaillent côté Cité des Papes et le franchissent matin et soir. »

Rassurer, agir, dialoguer, innover, accompagner
Avant de nous quitter le préfet nous a aussi confié « La manière d’exercer mon métier est très humaine, donc chaque fois que je quitte une préfecture, je laisse des bouts de moi, mais je reçois beaucoup en échange, comme je l’ai vécu mercredi à Chabran avec tous ces Vauclusiens qui me disaient merci pour ce que vous avez fait pour nous, on va vous regretter. C’est la vie, je reviendra discrètement revoir ceux avec lesquels j’ai tissé des liens indéfectibles. »

La semaine prochaine, il devra remplir le coffre de sa voiture de tous les cartons et coffrets de vins de Vacqueyras, Cairanne, Châteauneuf, Sablet, Roaix, Sainte-Cécile que lui ont offerts les vignerons ainsi que sécateur électrique fabriqué par le groupe Pelenc de Pertuis. « Je m’en servirai dans le jardin de ma maison en Normandie, pour tailler les arbres que j’ai plantés au fil du temps, les pommiers, noyers, acacias et saules et je penserai à eux. »

Bertrand Gaume était arrivé chez nous en mai 2018 après le passage-éclair d’un autre préfet qui avait inquiété la plupart des élus locaux mais, heureusement, n’était resté que 9 mois. Pendant 4 ans Bertrand Gaume a su rassurer, agir, dialoguer, innover, accompagner les Vauclusiens qui étaient nombreux à avoir les yeux rougis par la peine de le voir partir mercredi. Heureusement la rumeur sur la future préfète de Vaucluse est positive. Violaine Démaret bénéficie d’un grand capital de sympathie et de confiance. Le 23 août elle arrivera à Avignon quand Bertrand Gaume débarquera à Evry-Courcouronnes.

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