5 mai 2024 |

Ecrit par le 5 mai 2024

‘Illectronisme’ : le Vaucluse, champion régional de l’accès à la fibre, mais pas de l’utilisation du numérique

L’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur vient de publier une étude sur la situation régionale de l’illectronisme, c’est-à-dire l’incapacité à utiliser des appareils numériques pouvant déboucher sur une forme d’exclusion contemporaine. Ce sont ainsi les personnes qui n’ont pas utilisé internet au cours de l’année* ou qui ne possèdent aucune compétence dans l’utilisation des outils numériques. En tout, près de 600 000 habitants de Paca seraient concernés. Cela représente 16% des habitants de 15 ans ou plus, la même proportion qu’au niveau national. En Vaucluse, élève modèle régional pour l’accès à la fibre, si la situation est largement contrastée au sein de ses territoires le département n’a rien à envier à ses voisins en termes d’accès au numérique, bien au contraire. Cependant, si les ‘tuyaux’ sont là certains Vauclusiens ne savent pas s’en servir.

Pour le département Vaucluse le déploiement de la fibre aura été une vraie réussite. Débuté en 2011, pour accélérer ensuite l’objectif était de s’étendre sur tout le territoire, via deux zones d’interventions, l’une privée et l’autre publique, afin d’être l’un des départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur les mieux équipés en THD (très haut débit). C’est aujourd’hui le cas et avec un taux de déploiement de la fibre de 99%, la Communauté de communes Aygues-Ouvèze en Provence fait figure de champion régional en la matière. Les autres EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale) de Vaucluse affichant également des taux parmi les plus élevés de la région Sud (voir tableau ci-dessous) ainsi que des territoires limitrophes où la Drôme est particulièrement à la traîne.

Dans le détail, ce sont paradoxalement les territoires ruraux qui présentent les meilleurs taux d’équipements en Vaucluse. Cela s’explique par le retard pris par les opérateurs privés, en charge des zones les plus urbanisées, dans le déploiement par rapport à l’action volontariste du Conseil départemental, en charge des zones moins dense via son délégataire Vaucluse numérique.

Ainsi, bon nombres de ‘petite’ intercommunalités de Vaucluse affichent des taux de raccordement à la fibre de plus 90%, soit bien mieux que le Grand Avignon (69%) ou la Cove (78%). Pour autant, le département présente des chiffres équivalent à ceux des plus grandes villes de la région qui sont, bien souvent, les mieux équipées de leur territoire. Avec 96% Ventoux Sud est ainsi largement au-dessus de la très connecté Sophia Antipolis (85%) !
Mais posséder un réseau haut débit ne va forcément dire que l’on sait s’en servir ou qu’on l’utilise.

Taux d’illectronisme par EPCI en Paca.

En effet, dans sa dernière étude sur la situation de l’illectronisme dans la région, l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur estime que près de 600 000 habitants de Paca n’ont pas utilisé internet au cours de l’année* ou qui ne possèdent aucune compétence dans l’utilisation des outils numériques. Cela représente 16% des habitants de 15 ans ou plus, soit la même proportion qu’au niveau national. En revanche, c’est en Provence-Alpes-Côte d’Azur que les habitants utilisent le moins souvent internet de manière quotidienne. Ils possèdent aussi moins fréquemment une maîtrise forte des outils numériques.
En Vaucluse, c’est dans le territoire de Ventoux Sud que l’on trouve le plus fort taux d’illectronisme. Une zone pourtant particulièrement bien raccordée à la fibre. Là encore, ce sont les territoires ruraux (voir tableau ci-dessus et carte ci-dessous) qui arrivent en tête dans le département ainsi que dans zones voisines.

Une forme d’exclusion contemporaine
« Le développement d’internet et de la dématérialisation se sont encore amplifiés depuis la crise de la Covid-19, explique l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les outils numériques sont de plus en plus indispensables à la vie quotidienne, que ce soit pour rechercher des informations, travailler ou télétravailler, effectuer des achats en ligne ou des démarches administratives. Si la numérisation facilite la vie de la plupart des citoyens au quotidien, elle complique celle des personnes en difficulté avec les outils numériques »
« L’illectronisme et, au-delà, la faible maîtrise des outils numériques, pourraient constituer une forme d’exclusion contemporaine, poursuivent les auteurs de l’étude. La lutte contre l’illectronisme, au même titre que celle contre l’illettrisme, est ainsi un enjeu d’égalité, d’accès aux droits et d’insertion économique et sociale. »

Portrait-robot de l’illectronisme en Paca
L’illectronisme est établit selon 4 domaines de compétences numériques : la recherche d’information, la communication, la résolution de problèmes et l’usage de logiciels.
Et ce jeu-là ce sont nos aînés qui sont les moins bien lotis.
« L’usage quotidien d’internet, tout comme la forte maîtrise des outils numériques, diminuent progressivement avec l’âge, précise l’Insee Paca. Parmi les 15 à 29 ans, 82% se connectent tous les jours et 47% possèdent une forte maîtrise alors que c’est le cas de respectivement 10% et moins de 1% des personnes âgées de 80 ans ou plus. »

Au-delà de 70 ans, la moitié des habitants en situation d’illectronisme
Le taux d’illectronisme croît fortement avec l’âge ; 50% des personnes âgées de 70 ans ou plus sont concernées en Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est même le cas de 67% des personnes de 80 ans ou plus, contre seulement 3% des 15 à 29 ans et des 30 à 44 ans. Cette différence s’explique en particulier par le fait que les plus âgés ont eu accès aux outils numériques plus tardivement au cours de leur vie, que ce soit dans un contexte personnel ou professionnel.
Les femmes sont légèrement plus souvent en situation d’illectronisme que les hommes (respectivement 17% et 14%), en raison de leur surreprésentation dans les tranches d’âges élevées. Avant 70 ans, leur taux d’illectronisme est en revanche légèrement inférieur à celui des hommes.

Les moins diplômés sont plus concernés
« Au-delà de l’âge, ‘les fragilités numériques’ se cumulent fréquemment avec des fragilités sociales et économiques. En particulier, le niveau de diplôme apparaît déterminant : 34% des personnes peu ou pas diplômées sont en situation d’illectronisme contre seulement 4% des diplômés de l’enseignement supérieur. Au sein de chaque tranche d’âge, les difficultés diminuent lorsque le niveau de diplôme s’élève. »
« L’illectronisme varie fortement selon la catégorie socio-professionnelle. Parmi les actifs ayant déjà occupé un emploi, il concerne 1% des cadres et 2 % des professions intermédiaires mais 8% des ouvriers et 10% des agriculteurs. En lien avec un usage professionnel fréquent du numérique, les cadres actifs ayant déjà occupé un emploi sont les plus nombreux à posséder une forte maîtrise : 54% contre 14% des ouvriers et 15% des agriculteurs.
De fait, c’est dans les métropoles, et par extension les territoires plus urbains où se concentrent généralement que l’on trouve les plus faible taux d’illectronisme.

Les jeunes peuvent aussi être concernés
Les jeunes peuvent également être touchés et plus particulièrement ceux qui ne savent pas lire.
« En Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2011, 6% des 16-65 ans ayant été scolarisés en France étaient en situation d’illettrisme (7% en France), rappelle l’étude de l’Insee. Si l’on ne se restreint pas aux personnes scolarisées en France, dans la région, un adulte sur dix avait des difficultés jugées préoccupantes pour lire, écrire un mot ou encore comprendre un texte simple. L’illettrisme est, comme l’illectronisme, très lié au niveau de diplôme : plus le niveau d’études augmente, plus la proportion d’adultes en situation préoccupante face à l’écrit diminue. Les deux engendrent des phénomènes d’exclusion et de manque d’autonomie dans les actes de la vie quotidienne. »

Illettrisme et illectronisme vont souvent de pair. Les jeunes qui ne savent pas lire constituent une population à risque en matière d’exclusion numérique.
©Shocky-Adobe stock

Ainsi, si 600 000 personnes sont directement concernées par l’illectronisme en Paca s’ajoutent environ 1 400 000 habitants (33% des 15 ans ou plus) ayant une faible maîtrise des outils numériques. Leurs usages d’internet et des outils numériques sont peu diversifiés et ils sont plus vulnérables aux virus ou aux arnaques. Au total, presque la moitié des habitants (49%) sont en situation d’illectronisme ou de faible maîtrise des outils numériques, soit un taux proche de la moyenne de France métropolitaine (47%).
*Données 2019-Recensement de la population 2018.


‘Illectronisme’ : le Vaucluse, champion régional de l’accès à la fibre, mais pas de l’utilisation du numérique

Le délégataire de service public Vaucluse Numérique vient d’inaugurer ses nouveaux locaux au Pontet. L’occasion de faire un état des lieux concernant le déploiement de la fibre optique dans le département.

En 2011, le Département du Vaucluse confie à Vaucluse Numérique le déploiement de la fibre optique pour les professionnels sur l’ensemble du territoire dans un premier temps, puis à l’ensemble des foyers de la zone d’intervention publique entre 2017 et 2021. Cette opération a été initiée dans le cadre du plan France Très Haut Débit. Si la fibre présente des avantages pour une utilisation personnelle, elle en présente tout autant pour une utilisation professionnelle. « La fibre est un formidable outil de développement de l’attractivité, a expliqué Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental de Vaucluse. Le commerce en ligne, le télétravail, les réunions en visio, toutes ces pratiques sont devenues aujourd’hui incontournables. Nous ne devons pas rater ce train si nous voulons attirer des entreprises et créer de l’emploi sur notre territoire. »

L’objectif était que 100% de la zone publique (la zone verte sur la carte ci-dessous) sur laquelle opère Vaucluse Numérique ait accès à la fibre d’ici 2021. Cet objectif a été atteint, ce sont donc 105 communes vauclusiennes qui sont concernées, c’est-à-dire un tiers de la population et deux tiers du territoire. Maintenant que Vaucluse Numérique a déployé le réseau de fibre, les entreprises et les foyers se trouvant dans la zone publique peuvent désormais se tourner vers leur fournisseur internet qui s’assurera du branchement du réseau très haut débit.

La zone d’intervention privée pas complètement couverte

Si les 105 communes de la zone d’intervention publique est désormais couverte à 100% par le réseau très haut débit, la zone privée (la zone bleue sur la carte ci-dessus), qui, elle, englobe 46 communes, ne l’est pas encore.

En effet, cette zone n’est pas sous la responsabilité de Vaucluse Numérique mais sous celle des opérateurs privés Orange et SFR, qui n’ont déployé le réseau de fibre que dans 80% de la zone sur laquelle ils opèrent. « À ce rythme, ils ne seront pas en mesure d’avoir terminé le déploiement à la fin de cette année, déplore Dominique Santoni. Ce n’est pas acceptable parce que cela revient à créer une différence de services entre les Vauclusiens, selon la zone dans laquelle ils habitent. »

Un chantier plus rapide que prévu pour Vaucluse Numérique

Initialement, ce chantier de déploiement du réseau de fibre était prévu sur 20 ans. Il n’en a finalement duré que la moitié, une vraie réussite pour le département de Vaucluse. Ce sont donc 170 millions d’euros qui ont été investis et 8 500 kilomètres de câbles de fibre optique qui ont été déployés.

Le chantier du premier réseau structurant a débuté en 2013. Il a permis de raccorder tous les établissements de santé dont 40 hôpitaux, les collèges et lycées, 74 bâtiments publics du Département et du Service d’incendie et de secours (SDIS), 103 zones d’activité, 21 offices de tourisme et 10 000 premiers foyers vauclusiens sur les communes d’Apt, de Vaison-la-Romaine et de Valréas. Aujourd’hui, ce sont 121 513 foyers de la zone publique qui peuvent souscrire à un abonnement fibre. Plus de 46 000 sont déjà abonnés auprès d’un opérateur.

Aujourd’hui, Vaucluse Numérique est chargé d’assurer le bon fonctionnement du réseau sur l’ensemble de la zone publique et de gérer l’extension du réseau au fur et à mesure de la croissance du territoire.

La fibre non accessible par certains foyers

Si la zone publique est totalement couverte par le réseau de fibre, certains foyers se retrouvent tout de même dans l’impossibilité d’y avoir accès. Dans ce cas-ci, ce n’est pas de la responsabilité de Vaucluse Numérique. Cela peut être à cause d’un problème d’élagage, d’inaccessibilité des infrastructures des propriétés privées qui peuvent se situer près d’un portail ou dans un chemin privé, ou bien si le propriétaire du logement n’a pas encore donné son autorisation pour poser le point de branchement optique.

Dans d’autres cas, même si 90% des raccordements sont réussis dès la première intervention, cela n’est pas le cas pour tous les foyers. Un soucis qui n’est pas non plus du ressort de Vaucluse Numérique, mais plutôt des opérateurs privés. Ce pourquoi, depuis début 2021, Vaucluse Numérique met en place un plan d’actions pour renforcer la bonne réalisation des raccordements par les opérateurs privés avec une formation complète pour les intervenants, le renforcement des règles de sécurité, la réalisation d’audits qualité, ou encore l’intensification des réunions de pilotage.

V.A.


‘Illectronisme’ : le Vaucluse, champion régional de l’accès à la fibre, mais pas de l’utilisation du numérique

Nous l’évoquions en mars dernier. Le député Julien Aubert saisissait l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et le secrétaire d’état chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, concernant les pannes régulières de téléphonie fixe et mobile en Vaucluse.

La consultation menée auprès de 500 Vauclusiens révélait qu’un grand nombre d’entre eux déclarait subir ‘souvent’ voir ‘très régulièrement’ des dysfonctionnements avec leur ligne téléphonique. Des désagréments prenant principalement la forme de coupures et de problèmes de liaison. De manière générale, les habitants interrogés semblaient donc juger insatisfaisante la qualité du service de téléphonie fixe qu’ils recevaient.

Investissement et recrutement

Cédric O, secrétaire d’état chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, a ainsi formulé une réponse au député de la 5e circonscription de Vaucluse. Dans son courrier datant du 30 novembre 2021, le ministre indique avoir enjoint Orange de prendre des engagements ayant abouti à un plan d’investissement massif d’entretien du réseau, dans lequel le Vaucluse a été associé. L’opérateur Orange s’est ainsi engagé à maintenir 500 millions d’euros annuels d’investissement « consacrés à l’entretien du réseau cuivre sur l’ensemble du territoire national malgré un nombre de lignes actives en forte décroissance », précise le ministre. 10 millions supplémentaires seront également alloués à 17 territoires prioritaires dont le Vaucluse fait partie.

Orange renforce par ailleurs son recrutement avec 123 nouveaux postes priorisés dans les départements en tension. En cas de dysfonctionnement, l’opérateur s’engage à « fournir une solution de secours mobile en 24h au maximum, à partir du signalement de l’incident » , peut-on lire dans le courrier. A défaut de couverture mobile, pour les cas d’interruption collective de service sur une portion de réseau, « une solution de téléphonie satellitaire sera mise à disposition en mairie. » Les offres du service numérique universel seront par ailleurs maintenues.

Et de compléter : « le suivi de ce plan sera assuré par la mise en place de comités de concertation locaux à l’échelle départementale, composés de représentants d’élus et des opérateurs sous l’égide des préfets, et d’un comité de concertation nationale qui rassemblera en plus de l’opérateur Orange, des représentants des associations de collectivités territoriales et les services de l’Etat. »

‘New deal mobile’

Le ‘New deal mobile’ est également évoqué par Cédric O. Ce dispositif de couverture ciblée vise à améliorer de manière localisée la couverture de zone. L’identification des zones à couvrir incombe à la préfecture et aux collectivités territoriales, constituées en équipes projets locales. En Vaucluse, 21 sites ont fait l’objet d’un arrêté ministériel. Les opérateurs ont 24 mois à compter de l’arrêté pour mettre en service le pylône. Les zones à couvrir correspondent à des priorités locales identifiées, comme des sites touristiques, des établissements publics, des espaces naturels…

Par ailleurs, le courrier mentionne l’obligation imposée par l’Autorité à Orange, de publier des indicateurs de qualité de service : délais de prestations, taux de conformité des prestations, taux d’incidents mensuels sur parc, etc. Et le ministre de rappeler le plan France très haut débit qui prévoit la couverture de l’ensemble du territoire national d’un réseau Très haut débit (supérieur à 30 Mbit/s) d’ici fin 2022.

https://www.echodumardi.com/tag/tres-haut-debit/   1/1