Depuis plusieurs mois, des milliers de patients en psychiatrie en France n’on plus accès à leur traitement. En cause : une pénurie qui touche un grand nombre de médicaments psychotropes, dont la sertraline, la venlafaxine et la quétiapine. Si l’Agence nationale de sécurité du médicament avait à l’origine annoncé un retour à une disponibilité normale pour certains de ces médicaments courant juillet, celle-ci se fait finalement toujours attendre.
Cependant, les médicaments psychotropes sont loin d’être les seuls touchés par des pénuries à l’heure actuelle. Ainsi, un rapport du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE) publié en début d’année alertait déjà sur l’ampleur des pénuries de médicaments en Europe. En 2024, les pénuries ont continué d’affecter les pharmacies des pays européens – la majorité de ces pays (61 %) ont rapporté que la situation était similaire à l’année précédente. Comme le montre notre infographie, des pénuries d’antibiotiques ont été constatées dans la quasi-totalité des 28 pays enquêtés. En outre, presque tous ont également enregistré des pénuries de médicaments destinés au traitement du système cardiovasculaire (96 % des pays), du tube digestif (86 %) et du système nerveux (86 %).
Dans près de la moitié des pays (47 %), la liste des médicaments faisant l’objet d’une pénurie dépassait les 400 au moment de la conduite de l’enquête, entre novembre 2024 et janvier 2025. Concernant les effets de ces pénuries sur les populations, tous les représentants des pays enquêtés ont indiqué qu’elles provoquaient des désagréments voire de la détresse chez les patients. Les conséquences les plus perçues étaient les interruptions de traitement (82 % des pays), la hausse des coûts en raison d’alternatives plus chères ou non remboursées (61 %), et une perte de confiance envers les médicaments, les pharmaciens et le système de santé en général (61 %). En France, l’étude rapporte que « dans plusieurs cas, les pharmaciens ont été victimes d’hostilité et d’agressions de la part de patients qui ne comprenaient pas pourquoi le médicament ne pouvait pas être fourni immédiatement ».
Pénuries de médicaments : l’activité des pharmacies affectée
Les conséquences des pénuries de médicaments sont multiples. De nombreux patients voient ainsi leurs traitements interrompus, ou doivent faire face à des coûts plus élevés en raison d’alternatives plus chères ou non remboursées. Mais les pharmacies sont également impactées : comme le montre notre infographie, le nombre moyen d’heures consacrées par les pharmacies à la gestion des pénuries de médicaments a doublé depuis 2021, passant de 5,3 à 10,6. Le GPEU souligne n’avoir jamais enregistré un temps aussi élevé depuis le début de ses enquêtes sur les pénuries de médicaments en 2013. Au delà du temps perdu, 61 % des pays inclus dans l’enquête notent que les pénuries entraînent chez les patients une perte de confiance envers les médicaments, les pharmaciens, et le système de santé en général.
De valentine Fourreau pour Statista