Depuis 1990, l’usage des pesticides au niveau mondial a plus que doublé. Si les ventes de produits phytosanitaires ont augmenté presque partout dans le monde, les hausses les plus fortes ont été enregistrées en Amérique du Sud, en Océanie et en Afrique. Sur le continent européen, le volume de pesticides utilisés chaque année n’a que peu diminué, passant d’un peu plus de 5 millions de tonnes en 1990 à 4,7 millions de tonnes en 2022.
Question sensible du dossier agricole en France, le sujet de la réduction de l’usage des pesticides est revenu sur le devant de la scène avec l’adoption, mardi 8 juillet, de la loi Duplomb. Le texte controversé, qui entend répondre à certaines demandes du monde agricole, prévoit par exemple de réintroduire sous condition l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde interdit en France depuis 2020. En février 2024, sous la pression du premier syndicat agricole français, la FNSEA, le gouvernement de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal avait également décidé de suspendre le plan Ecophyto, qui visait à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030 par rapport à la période 2015-2017.
En valeur absolue, la France fait partie des plus gros consommateurs européens de pesticides, avec la Russie, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Un chiffre corrélé à la taille de la surface agricole, l’Hexagone possédant la plus vaste de l’Union européenne devant l’Espagne. Si l’on regarde l’utilisation de pesticides ramenée à la surface cultivée, la France se situe malgré tout au-dessus de la moyenne européenne. L’agriculture française a utilisé en moyenne 3,45 kilogrammes de pesticides par hectare de terres en 2022, selon les données les plus récentes de la FAO, soit bien plus que la moyenne des quarante pays européens étudiés cette année-là (1,6 kg par hectare). Comme le montre notre carte, les chiffres varient de plus de 23 kilogrammes par hectare en Andorre, à moins d’un kilogramme par hectare dans plusieurs pays scandinaves, des Balkans, d’Europe de l’Est ou encore en Islande.
La nature et les quantités de pesticides utilisés sont très variables selon les types de culture, c’est pourquoi on observe de grandes différences entre les pays (et également entre les régions d’un même pays). Les territoires qui ont développé une agriculture très spécialisée, avec des cultures intensives gourmandes en pesticides, comme la pomme de terre, les arbres fruitiers et la viticulture, ont notamment tendance à afficher les valeurs les plus élevées.
Sur le même sujet : le nombre de pesticides potentiellement dangereux encore utilisés dans les pays de l’UE (parmi ceux dont la substitution est recommandée par l’UE).
De Valentine Fourreau pour Statista