Après ‘Que ma joie demeure’ au Festival 2023, Clara Hédoin récidive avec une nouvelle de Jean Giono, ‘Prélude de Pan’ en déambulation.
Bien que présenté après ‘Que ma joie demeure’ au Festival d’Avignon (2023), cette courte nouvelle se veut une introduction avec 3 personnages que nous retrouvons dans ‘Que ma joie demeure’, le dieu Pan préfigurant Boby le sauveur… Entre scènes reconstituées et cheminement en paysage naturel, poésie et documentaire, le passé et le présent s’emmêlent habilement. À la poésie de Giono, répond la réalité du monde paysan d’aujourd’hui et les enjeux écologiques de demain.
2 heures, 5 tableaux sur 2 kilomètres environ pour 3 acteurs
On retrouve la joie paradoxale d’être un troupeau, cheminant sereinement, accompagné par le chant des cigales et le mistral ! Nous sommes dans la Plaine de l’Abbaye à Villeneuve-lès-Avignon, nature préservée au cœur de la cité, à un jet de pierres d’Avignon sous le Fort Saint André. Attablés au bistrot du village près d’un juke box, nous attendons d’être embarqués dans cette aventure humaine pour un voyage dans le temps et dans l’espace.
Paradoxalement — et c’est souvent le propre d’un texte court ou d’une nouvelle — ‘Prélude de Pan’ est plus exigeant, moins facile d’accès que ‘Que ma joie demeure’ car il ne s’agit pas là de suivre un personnage ou le quotidien d’une communauté avec ses fêtes et ses rites mais d’exercer un focus sur la transe qui s’empare d’un village à l’arrivée d’un étranger. Ce prélude de Pan relève plus d’un récit fantastique avec ses mythes et ses violences.
Repenser notre rapport au vivant
Être dans la nature pour écouter la voix de Giono s’impose : sa poésie, ses descriptions si souvent imaginées, les sens qui s’éveillent à sa lecture. Mais si Clara Hédoin choisit avec le Collectif 49701 d’adapter et de mettre en scène des spectacles hors les murs, elle cherche à atteindre une autre dimension : repenser avec les spectateurs notre rapport à la Terre, au Vivant , se reconnecter à un territoire après l’avoir (re)découvert lors d’une déambulation théâtrale. Ce parti pris fait mouche encore une fois car la reconnexion n’est pas factice : tous nos sens sont mobilisés — l’herbe que nous foulons, l’air que nous humons, les sons lointains — et nous creusons nous aussi les sillons d’une pensée nouvelle.
Festival d’Avignon 2025. ‘Prélude de Pan’ de Clara Hédoin.