Depuis 1998, au coeur de La Chapelle du Verbe Incarné, Marie-Pierre Bousquet et Greg Germain, ancien président du Off et doublure française iconique de Will Smith, prônent la richesse des identités ultramarines.
Chaque été, venus de Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon, Nouvelle Calédonie notamment, des comédiens, metteurs en scène, danseurs et musiciens nous font découvrir leurs imaginaires, leurs racines, leur patrimoine, leurs croyances et leurs créations. Jusqu’au 24 juillet, plusieurs évènements et 9 spectacles sont programmés tous les jours sauf le vendredi, de 12h à 21h au 35 Rue des Lices.
À commencer, dans La Petite Chapelle, de l’autre côté de la rue, avec les 8,9 et 10 à 16h, avec des rencontres-débats avec Patrick Chamoiseau, Edwy Plenel et Sylvie Séma sur ‘L’Abécédaire inédit d’Edouard Glissant’ qui invitait à « Résister à la pensée de l’apocalypse. » Le 16, ‘Barrage’, une immersion au coeur des émeutes en Nouvelle-Calédonie en mai 2024 entre indépendantistes et loyalistes, tensions identitaires et politiques, fractures post-coloniales. Le 17 juillet à 16h avec l’Université de la Sorbonne Nouvelle, ‘Retisser les mémoires’, une série d’échanges, lectures sur la créolisation des arts et l’émancipation décoloniale. Le 22 juillet, ‘Le monde brûle et moi, je m’achète des Nike’ d’Anturia Soilihi, une comédienne, autrice d’origine comorienne qui ausculte la violence systémique et lutte contre toutes les discriminations.
Côté spectacles, ‘Porgy & Bess’ composé par Gershwin il y a 90 ans et interprété par Les Voix de Outre-Mer. Une association dont le but est de révéler, former et accompagner les futurs talents lyriques des DOM-TOM et leur offrir une passerelle pour qu’ils entament une vraie carrière et chantent sur les grandes scènes du monde entier à travers un concours national, des master-classes et des résidences artistiques.
La compagnie Difé Kako créée il y a 30 ans propose ‘Moun Bakannal’, un voyage musical et dansé sur les terres du carnaval. Un métissage de danses africaines et antillaises avec multiples percussions (djembé, marakas, steel-pan) mais aussi accordéon, basse et balafon. Avec « Inouï océan », la pianiste et auteure Alexandra Hernandez qui défend le vivant, évoquera la menace sur la biodiversité que constitue la pêche à la morue intensive à Saint-Pierre et Miquelon.
Autre spectacle : ‘Comment devenir un dictateur’ de et avec Nans Gourgousse qui passe en revue les Salazar, Tito, Batista, Pol Pot, Hussein, Kim Jong-un, Al-Assad, Bongo, Hitler, Pinochet, Staline, Hitler, Mussolini, Kadhafi… Liste non exhaustive, mais ils sont 77 cités dans ce spectacle qui, grâce au mensonge, à la manipulation, l’usage de la force contre le droit, contrôlent et mettent au pas les récalcitrants.
‘L’enfant de l’arbre’ de la compagnie réunionnaise Lé La ou « Comment, depuis la nuit des temps, l’arbre veille sur l’enfant mais un jour l’eau vient à manquer. » Une fable écologique qui interroge : pourquoi certains ont accès à l’eau, d’autres pas? Avec en filigrane, le partage, l’égalité, la nature et l’enfance comme boussoles.
Toujours à l’affiche, ‘Entre les lignes’ écrit, chorégraphié et interprété par Florence Boyer qui rend hommage aux invisibles, aux petites mains, aux tisseuses, elle dont la grand-mère était brodeuse à Roubaix. Avec ‘Kanaky 1989’, Fani Carenco qui vivait en Nouvelle-Calédonie quand elle était enfant et qu’elle connaissait Jean-Marie Tjibaou, évoque les violences qui ont secoué l’île et débouché sur la mort de l’indépendantiste kanak. Assassiné lors de l’assaut de la Grotte d’Ouvea le 4 mai 89 alors qu’il avait signé les Accords de Paix de Matignon avec Michel Rocard, le Premier Ministre de l’époque, un an avant (le 26 juin 88).
Enfin, l’humoriste guadeloupénne Laurence Joseph proposera ‘Je ne suis pas comme les autres, just me’, un one-woman show d’une comédienne -caméléon qui enchaîne sketches hilarants et dérangeants qui décoiffent.
À noter que #passtoma est un abonnement qui permet, pour 30€ par famille, d’assister à l’ensemble de ce festival Outre-Mer. Un accès à la culture populaire pour tous, comme le préconisait le père du TNP et créateur du Festival d’Avignon, Jean Vilar.
Greg Germain rêve que Le Verbe Incarné devienne un jour « La Maison des Archipels. » Espérons qu’il sera entendu pour continuer à donner la parole à ces comédiens et créateurs qui s’expriment à Avignon et représentent 2,7 millions de Français d’Outre-Mer.
Théâtres d’Outre-Mer en Avignon depuis 1998 :
• 125 000 spectateurs
• 10 500 diffuseurs
• 201 spectacles des Outre-Mer et de la diversité
• 4 000 représentations, lectures, rencontres, conférences
Contact : 04 90 14 07 49