Inauguré en 1991, cet ensemble immobilier atypique construit autour d’une pyramide avait pour vocation d’être « la bulle de vente » de la future ZAC d’Agroparc. Deuxième construction de la zone après la chambre d’Agriculture, ces bâtiments faits d’acier et de verre, sont aujourd’hui déconstruits pour faire place à de nouveaux projets. Une page se tourne…
Dû au crayon de l’architecte Jean-François Quelderie, ce projet était à l’origine un ensemble composé d’une pyramide, auquel on y ajouta ensuite des modules de bureaux, une colline traversée par un canal et un petit lac avec son jet d’eau… Il s’agissait de marquer les esprits et d’être la porte d’entrée de la future ZAC, qui n’était à l’époque que des champs encore vierges de toutes constructions. Quant au choix de la pyramide, Jean-François Quelderie le justifie par le côté emblématique et symbolique de la forme. Un lieu où se concentre l’énergie, ajoute-t-il.

Elle aurait inspirée François Mitterrand
La rumeur raconte que c’est en passant devant cette pyramide que François Mitterrand aurait eu l’idée d’en construire une dans la cour carré du Louvre. Le Président faisait à l’époque régulièrement le trajet Paris — Avignon pour rendre visite à Anne Pingeot, du côté de Gordes. L’anecdote est sympathique mais totalement fausse. La construction de la pyramide parisienne, due à l’architecte Léoh Ming Pei, date de 1989, donc bien avant celle d’Avignon. Dommage…
Une pyramide aux vies multiples et pas toujours paisible
Ce bâtiment, qui avait pour fonction d’être le lieu de la commercialisation de la zone, prit le nom d’Agriscope. Il devait être démonté une fois sa mission accomplie. « C’est la raison pour laquelle on a utilisé peu de béton et beaucoup de structures métalliques boulonnées », précise Jean-François Quelderie. Voulu par la ville d’Avignon, à cette époque la communauté d’agglomération du Grand Avignon n’existait pas, ce bâtiment a été construit sous la responsabilité de l’aménageur SEDV (devenu ensuite Citadis).
Après avoir accueilli l’association Agroparc, cet ensemble immobilier fut ensuite occupé par Créativa, une pépinière d’entreprises. A cette époque, il servait également de boites postales aux entreprises de la zone. La communauté d’agglomération du Grand Avignon, propriétaire des lieux, le récupéra ensuite et cela avant de s’installer en 2007 dans ses locaux actuels. Par la suite, la vie de ces bâtiments fut assez tumultueuse avec quelques projets d’installation d’entreprises qui n’aboutirent pas. Des candidats pas assez prestigieux ou peu solvables, laisse-t-on savoir. En 2018, cette construction fut définitivement désertée et abandonnée à des actes de malversation constants.


« La démolition d’une de vos constructions est toujours une déchirure », avoue Jean-François Quelderie
La déconstruction de cet ensemble immobilier a démarré le 12 mai dernier. Il s’agissait de mettre un terme aux dégradations à la fois pour des raisons de sécurité ou mais aussi pour des questions d’image. En effet, cette pyramide endommagée et taguée était visible par tous les automobilistes passant sur la N7. Il est loin le temps où cette construction, fierté de la ville, faisait la une de l’annuaire téléphonique du Vaucluse…
« La démolition d’une de vos constructions est toujours une déchirure, avoue Jean-François Quelderie. Celle de la pyramide me choque un peu… Son rôle emblématique n’a pas été suffisamment pris en compte. » Le Grand Avignon a cependant fait procéder à un démontage précautionneux de la pyramide afin qu’elle puisse être éventuellement remontée plus tard, pour d’autres desseins. À suivre…


Un futur en devenir
À l’issue des travaux de déconstruction, le terrain sera remis comme à l’origine et ouvert à d’autres projets. Celui présenté il y a deux ans par le promoteur REDMAN a été abandonné. La pré-commercialisation n’a pas donné les résultats escomptés. « Dans les 15 hectares qui nous restent à commercialiser sur la zone, nous privilégierons les installations d’entreprises plutôt que les promoteurs, précise Xavier Simon, le directeur de Citadis, l’aménageur du quartier. Nous avons aujourd’hui un schéma directeur qui va de l’entrée sud d’Agroparc au parc des expositions. » Avec notamment la construction par le promoteur Real Land de deux nouveaux immeubles de bureaux (3 406 m²).
Lors de la construction de la pyramide en 1991, on y avait planté en son centre un ficus. Avec le temps il avait fini par y occuper tout l’espace. Malgré les multiples dégradations et tailles expéditives, cet arbre est toujours en vie. Jean-François Quelderie, a la faiblesse de penser que « la pyramide est en définitive une architecture de renaissance. »