L’ancien élève du lycée Mistral va-t-il mettre tout le monde d’accord ? Evoquée depuis plusieurs mois, la piste d’une candidature du journaliste Olivier Galzi à la mairie d’Avignon est désormais de plus en plus plausible. A l’image de Patrick de Carolis, son ancien patron aujourd’hui maire d’Arles, il ambitionne de mettre ses réseaux et son expérience au service de la municipalité de la cité des papes. Ce représentant de la société civile aura pourtant fort à faire, car les candidats ne manquent pas pour succéder à la maire actuelle qui ne se représente pas.
En renonçant à briguer un 3e mandat à la mairie d’Avignon comme elle en avait fait la promesse dès sa prise de fonction, Cécile Helle a très largement ouvert le champ des possibles à l’occasion des prochaines élections qui se joueront en mars 2026.
Rarement en effet, des municipales auront été aussi indécises dans la cité des papes. Il faut dire qu’à ce jour l’équation est à multiple inconnus et ils sont nombreux à vouloir prendre la tête de seule grande ville du Sud-Est détenue par la gauche avec Marseille.
Qui pour récupérer le fauteuil de la ‘patronne’ ?
Du côté de la majorité actuelle, à ce jour ils sont déjà trois à s’être déclarés vouloir récupérer le fauteuil de ‘la patronne’, qui a bien pris soin de ne pas désigner de successeur.
Sur la ligne de départ : Joël Peyre, conseiller municipal délégué aux finances, qui a été le premier à ce lancer en avril dernier, Paul-Roger Gontard, adjoint au maire délégué au développement territorial et urbain, et David Fournier, adjoint délégué à l’administration générale et au personnel, qui après avoir réuni près de 250 personnes pour son premier rassemblement officiel est en train de fédérer sans bruit l’essentiel des partis de gauche qui, majoritairement prônent une union dès le premier tour.
Trois profils différents, mais qui tous s’inscrivent dans la continuité en revendiquant le bilan des deux mandats de la majorité municipale de Cécile Helle.
« La radicalisation du mouvement ces derniers mois semble pousser chaque jour davantage LFI hors du champ de la gauche républicaine. »
La gauche républicaine empêtrée dans la toile LFI ?
Pour eux, la clef du succès sera très certainement leur positionnement par rapport à La France Insoumise (LFI). Grand vainqueur des dernières élections législatives après le parachutage du fort controversé Raphaël Arnault, le parti de Jean-Luc Mélenchon ambitionne de présenter systématiquement des candidats dans toutes les villes de plus de 9 000 habitants.
Cependant, la radicalisation du mouvement ces derniers mois semble pousser chaque jour davantage LFI hors du champ de la gauche républicaine. En plus, localement La France Insoumise a publiquement annoncé sa volonté d’une « rupture avec le bilan de la majorité municipale actuelle ».
Inacceptable pour les 3 candidats ‘Helliste’ pour qui la difficulté désormais se résume à : Comment siphonner l’électorat LFI sans s’afficher aux côtés du mouvement de ‘la tortue sagace’ ?
Le RN en position d’arbitre
A droite, pas davantage de certitudes. Si le RN sait à quoi s’en tenir, fort de ses 45,02% au second tour des dernières élections législatives sur Avignon l’an dernier ainsi que de ses 30,06% au 2e tour des municipales de 2020 dans la cité des papes, il n’a finalement remporté aucun de ces deux scrutins. Ni Catherine Jaouen, la députée sortante, ni Anne-Sophie Rigault, la leader de l’opposition municipale n’ayant réussi à arracher la victoire au profit de la formation politique de Marine Le Pen. Un plafond de verre qui aurait même incité le RN à envisager de parachuter un cacique du parti afin de tenter de rafler la mise. Le très médiatique député RN du Nord Sébastien Chenu, ayant aussi des attaches dans le Pays d’Arles, a longtemps figuré en pole position même si sa désignation ne semble plus à l’ordre du jour. Pour l’heure, le RN n’a donc officialisé aucune candidature dans cette ville où il totalise un bon tiers des voix. Pas forcément suffisant toutefois dans une commune qui s’est ‘boboïssée’ dans son cœur et radicalisée dans sa périphérie. Il est vrai qu’Avignon présente aujourd’hui un profil électoral ressemblant plus à celui d’une métropole, voire à la Seine-Saint-Denis ou au quartier Nord de Marseille par endroit, qu’à une traditionnelle ville moyenne. Le RN le sait et table sur une triangulaire ou quadrangulaire pour s’affranchir du sempiternel front républicain.
« Depuis Marie-Josée Roig, la droite avignonnaise est ‘éparpillée par petits bouts, façon puzzle’. »
Une droite « éparpillée, façon puzzle »
Pour le reste de la droite, il faut bien reconnaître que depuis Marie-Josée Roig, maire d’Avignon de 1995 à 2014 décédée l’an dernier, l’opposition ‘classique’ est plutôt « éparpillée par petits bouts, façon puzzle ».
S’appuyant sur Avignon Passion, l’association dont il est président, Le Républicain, Julien Aubert souhaite depuis plusieurs mois maintenant remettre tout le monde en ordre de bataille. Sa récente intervention dans nos colonnes sur les questions de mobilités, dont il a saisi qu’elles constitueraient un de enjeux majeurs de la future élection, prouve sans conteste ses ambitions. Pour autant, l’ancien député de la 5e circonscription de Vaucluse n’a encore jamais annoncé sa candidature, ménageant le suspens car il se sait coincé par une image ‘trop à droite’, notamment liée à ses prises de position Rassemblement Bleu lavande et Oser la France. Julien Aubert a très bien compris, qu’entre les épouvantails des deux extrêmes (LFI et RN dont il peut aspirer une partie des électeurs), c’est au centre que devrait se jouer le fauteuil du maire d’Avignon. Il ne se déclarera donc que s’il estime avoir une chance de rassurer et rassembler cette partie de l’électorat.
Les partis de la majorité présidentielle veulent peser sur le scrutin
Quant aux parties présidentielles, les chefs de file émergent peu à peu. Julien Paudoie, l’actuel élu d’opposition à Rochefort-du-Gard également conseiller communautaire Grand Avignon, vient ainsi tout juste d’être désigné par le parti présidentielle Renaissance pour mener campagne sur Avignon. De son côté Valérie Wagner, DGS de Caumont-sur-Durance, veille aux destinés d’Horizons, la formation de l’ancien premier ministre Edouard Philippe. Enfin, le divers droite Michel Bissière, conseiller régional délégué à la création artistique en Région Sud siégeant aussi dans les rangs de l’opposition municipale entend avant tout « faire barrage aux extrêmes ».
Tous ensembles, avec Christian Paly ancien élu d’opposition aujourd’hui Renaissance, et Annabelle Vega de l’UDI, ils viennent de lancer le collectif Voix d’Avignon afin de se lancer dans la course des prochaines municipales. Avec un objectif : peser sur le scrutin en faisant du centre, l’axe gagnant de ce scrutin. Dans quelle mesure y arriveront-il ?

Une 3e voie pour un représentant de la société civile ?
Devant tant d’incertitudes, les scénarii semblent multiples. Laissant même, pourquoi pas, la place à une 3e voie, celle d’un représentant de la société civile. Ni réellement à droite, ni réellement à gauche, ce candidat ‘idéal’ devra déjà éviter l’écueil d’un parachutage en affichant un lien fort avec la cité des papes. Il devra aussi être un pont avec le monde économique locale, domaine qui se sent particulièrement délaissé sur ce territoire. Enfin, dans une ville comme Avignon, il devra également avoir une forte appétence pour le secteur culturel.
Un prétendant répond à ce portrait-robot : le journaliste Olivier Galzi. Si son nom était murmuré depuis plusieurs mois, cette possibilité prend réellement corps aujourd’hui. L’ancien élève du collège Joseph Vernet, puis du lycée Mistral et du DEUG Communication et sciences du langage de l’université d’Avignon songe très sérieusement à se lancer lui aussi dans la course. A l’image de Patrick de Carolis, son ancien patron au sein de France Télévisions et maire d’Arles depuis 2020 dont il est originaire, Olivier Galzi souhaite donc mettre son expérience et ses réseaux aux services de la cité des papes qu’il n’a jamais réellement quitté durant toute sa carrière.
Qui est Olivier Galzi ?
Après ses études à Avignon, il sera diplômé de Sciences Po Grenoble et titulaire d’un certificat en relations internationales et management de l’École nationale d’administration publique du Québec (ENAP). C’est en 1994, que débute sa carrière de journaliste. Il réalise alors des reportages pour Le Figaro, Le Point et Jeune Afrique au Rwanda, dont le premier entretien international du général Kagamé.
En 1998, il se rendra en Afghanistan où il interviewe le commandant Massoud. C’est à cette époque qu’il rejoint France Télévisions en tant que reporter puis grand reporter pour les journaux télévisés et l’émission Envoyé spécial. Il deviendra ensuite présentateur du JT de Télématin et ponctuellement de ceux de 13h et de 20h. Il assure également la présentation de nombreuses émissions spéciales.
En 2011, il intègre I-Télé, la chaîne d’information continue du groupe Canal+, qu’il quitte en 2018. C’est à ce moment-là que celui qui a été président pendant 6 ans du Press Club de France rejoint le groupe TF1 comme journaliste présentateur et rédacteur en chef de l’émission ‘9H Galzi’, diffusée sur LCI.

Un savoir-faire dans la gestion des monuments et leur animation
En 2020, Olivier Galzi décide de changer de secteur pour devenir vice-président exécutif dugroupe Edeis, en charge de la stratégie, de la communication et du développement, poste qu’il occupera jusqu’à la revente du groupe en 2025. Il va transformer ce groupe d’ingénierie pour. en faire ce qu’il a appelé « l’allié des territoires », à savoir une boîte à outil globale au service des territoires, allant de la conception à la gestion des infrastructures. Durant cette période, Edeis va notamment récupérer la gestion du théâtre antique d’Orange, où cet acteur dans le domaine de l’ingénierie et de la gestion d’infrastructures va développer l’Odyssée sonore, un spectacle immersif récompensé d’un Award de l’innovation 2024 au CES de Las Vegas. Dans la région, Edeis assure aussi la gestion des monuments romains de la ville de Nîmes (Arènes, Maison Carrée et la Tour Magne) depuis 2021.
Aujourd’hui, celui qui a été formé à l’Institut des Hautes Études de l’Entreprise (IHEE) revendique « une expérience journalistique de haut niveau à une vision stratégique de l’entreprise et des enjeux territoriaux ». C’est à ce titre qu’il a créé OG Consulting et production, une société de conseil spécialisée dans le secteur de la communication et de la stratégie. Dans le cadre de cette société, il a accompagné différents groupes dans leur stratégie de développement et de communication (Cartier, Vacheron Constantin, Transdev, Valeo, Michelin, Edeis…). Un parcours qui pourtant ne l’a jamais éloigné d’Avignon. Avec ou sans lui ? La réponse devrait tomber avant l’automne pour Olivier Galzi.