La France connaît depuis jeudi 19 juin sa première vague de chaleur de l’été. Il s’agit de la cinquantième vague de chaleur (période d’au moins trois jours consécutifs où les températures sont nettement plus élevées que les normales) recensée à l’échelle nationale par Météo-France depuis 1947. Si elle ne devrait pas être record, elle s’avère « remarquable par son intensité » et « précoce », puisque seules trois autres ont débuté plus tôt dans l’année depuis le début des relevés, selon Météo-France.
Comme le montrent les données du service météorologique français présentées dans notre infographie, ces épisodes caniculaires sont également de plus en plus fréquents. Ainsi, Météo-France en a dénombré 26 au cours des quinze dernières années (2010 à juin 2025), soit plus que lors des six décennies ayant précédé (24 de 1947 à 2009). Des années 1950 aux années 1970, on recensait en moyenne une vague de chaleur nationale tous les quatre ans, tandis qu’au cours de la décennie écoulée cette moyenne a grimpé à environ deux par an. Le record sur une année a été mesuré en 2017, avec quatre vagues de chaleur enregistrées à l’échelle nationale. La canicule la plus intense jamais recensée en France métropolitaine a quant à elle eu lieu en juin 2019, avec un record absolu de température de 46,0 °C enregistré à Vérargues, dans l’Hérault.
La demande de climatiseurs est en forte hausse en Europe
La demande de climatisation est en forte hausse en Europe, portée par le changement climatique et la multiplication des vagues de chaleur. Dans un rapport publié récemment, l’OMS indique que l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, avec des conséquences importantes sur la santé publique. L’organisation a rapporté une augmentation de 30 % des décès liés à la chaleur dans la région européenne au cours des vingt dernières années. La chaleur intense est un phénomène climatique qui affecte particulièrement les personnes âgées, notamment celles qui vivent seules, un problème auquel est particulièrement confronté l’Europe avec le vieillissement de sa population.
Comme le détaille notre infographie, en 2023, l’Italie et l’Espagne étaient les deux pays où la demande de climatiseurs était la plus forte en Europe, selon les données de la Japan Refrigeration and Air-Conditioning Industry Association (JRAIA). La demande s’est élevée à près de 1,7 million d’unités en Italie cette année-là, et à un peu plus d’un million d’appareils en Espagne. On trouvait ensuite la France et la Turquie, avec une demande comprise entre 800 000 et 900 000 unités, puis la Grèce : un peu plus de 400 000. Parmi les huit principaux marchés européens en volume, les pays où la demande avait le plus augmenté au cours des quatre dernières années étudiées étaient la Grèce (+56% entre 2019 et 2023), le Portugal (+47%), l’Espagne (+31%) et l’Italie (+28%).
La fonte des calottes glaciaires s’est accentuée depuis 2000
En analysant une carotte de glace extraite au nord-ouest du Groenland, des chercheurs ont récemment fait une découverte (publiée en 2021 dans la revue PNAS) qui a bousculé les connaissances sur les conditions de glaciation de la région arctique. Cet échantillon de glace, prélevé sur une profondeur de 1400 mètres, a révélé la présence de brindilles et des feuilles parfaitement conservées, suggérant que l’immense île arctique s’est retrouvée en grande partie libre de glace pendant quelques millénaires il y a un peu plus de 400 000 ans, sous un climat à peine plus chaud que celui d’aujourd’hui. Il s’agit d’une indication importante pour les scientifiques qui travaillent sur les effets des variations climatiques, ces récents travaux apportant une preuve que le Groenland est en réalité plus sensible au réchauffement que ce que l’on pensait et que le processus en cours de fonte glaciaire pourrait y être irrémédiable.
D’une superficie de plus de 1,7 millions de km2, la calotte glaciaire qui recouvre le Groenland est la deuxième plus grande masse de glace continentale sur Terre après celle de l’Antarctique (plus de 14 millions de km2). Comme le révèlent les données les plus récentes publiées par le projet IMBIE (basées sur les observations satellitaires de l’ESA et la NASA) présentées dans notre infographie, la fonte des deux grands glaciers continentaux s’est nettement accélérée à partir du début du XXIème siècle, et c’est le Groenland qui fond le plus vite.
De 1992 à 2002, l’île arctique a perdu l’équivalent d’environ 500 gigatonnes (Gt) de glace, soit une perte moyenne de 50 Gt par an. Mais ce volume apparait bien dérisoire en comparaison avec les années suivantes : de 2002 à 2020, le Groenland a en effet vu disparaître environ 4300 Gt de glace supplémentaires, soit une perte moyenne plus de 200 Gt par an. D’après les estimations, la fonte de l’île sur la période 1992-2020 a déjà causé à elle seule une hausse des océans de plus d’un centimètre (environ +1,4 cm). Entièrement libre de glace, le Groenland pourrait faire monter le niveau des mers jusqu’à 7 mètres au total. Du côté de l’Antarctique, la perte cumulée est pour le moment moins élevée, soit environ 2700 Gt de 1992 à 2020 (correspondant à une hausse des océans de +0,7 cm). Mais une accélération de la fonte glaciaire au cours des deux dernières décennies, bien que moins rapide qu’au Groenland, y est également bien visible.
De Tristan Gaudiaut pour Statista