Jean-Pascal Hesse, on le connaît dans le Vaucluse comme directeur de la communication de la Maison Pierre Cardin, qui pendant des décennies a accompagné le couturier qui a créé en 2000 le Festival de Lacoste dans le Luberon.
Mais à l’origine, sa famille s’était installée en Algérie en 1832 et avait dû la quitter, le cœur lourd comme des millions de Pieds-Noirs, après les Accords d’Evian en 1962 pour s’implanter à Salon-de-Provence. Titulaire d’une maîtrise d’histoire contemporaine à l’Université de Provence et d’une licence d’administration publique à l’IEP (Sciences-Po) à Aix-en-Provence, il publie en 1991 une monographie sur un village situé non loin d’Alger, Courbet, cher à sa grand-mère maternelle.
Féru d’histoire, de culture, et de patrimoine, enfant du pays, il est élu à Salon sous la mandature d’André Vallet qui avait succédé en 1989 à Jean Francou, maire pendant 33 ans. Et quand sa vie professionnelle l’amène à Paris, il s’engage auprès de Jacques Chirac et occupe encore aujourd’hui des fonctions de conseiller culturel à la mairie du 8e arrondissement.
Le livre Salon de Provence, Mémoires d’une ville
Et Jean-Pascal Hesse vient de publier chez Odyssée, un livre-hommage grand format (24x34cm) de 264 pages, richement documenté, illustré. Avec gravures, peintures, iconographie, des dizaines de photos sur le paysage, oliviers, cyprès, vignes, collines, moutons, l’histoire, le patrimoine, l’architecture, la culture de Salon-de-Provence, sa sociologie, son agriculture, l’essor de son industrie.
Il y fait la part belle aux origines de la « Villa Salone », entre la Trévaresse, la Plaine de la Crau et le Rhône, aux premiers habitants Ligures, issus des Grecs et des Phéniciens, les signes du futur « Salon de Crau » qui remontent à 423 avant J-C ou encore « Le Mont-Sallyen » qui abritait un entrepôt de sel, sans oublier le commerce de « bestiaux, de laine, de peaux, de briques et de poteries. »
Des personnages illustres ont concouru à son rayonnement. Comme Michel de Nostredame (Nostradamus), né à Saint-Rémy en 1503, qui a fait ses études à l’Université d’Avignon et s’installera en 1547 à Salon où il écrira Les Prophéties et Les Centuries. Mais aussi Adam de Craponne (1526-76), ingénieur-hydraulicien qui a eu l’idée de génie de dériver la Durance pour creuser un canal de 60km entre la Roque d’Anthéron et l’Etang de Berre. Cette irrigation sauvera la ville et toute la région de la sècheresse et marquera le début de l’essor de l’agriculture. Célèbre également Pierre-André de Suffren, dit « Le bailli de Suffren de Saint-Tropez » qui a notamment séjourné à La Tour d’Aigues et à Lourmarin.
L’arrivée du train sur l’axe Toulon-Marseille-Aix, Avignon-Lyon, une gare PLM à Salon de Crau en 1873 boostera le commerce, notamment des fruits et légumes, de l’huile d’olive et du savon, des filatures de soie et du travail du cuir.
Château de l’Empéri, Abbaye de Sainte-Croix, Collégiale Saint-Laurent, Tour de l’Horloge, Fontaine moussue en forme de champignon au coeur du centre ancien figurent parmi les monuments les plus iconiques de la cité… Salon-de-Provence où Marcel Pagnol a tourné La fille du puisatier en 1940 avec Josette Day et Fernandel, qui est depuis 1938 le siége de l’Ecole de l’Air et de l’Espace et de ses « poussins », futurs as de l’aviation façon Top Gun. Et depuis 1964, le centre d’entraînement de la prestigieuse Patrouille de France, unité d’élite des pilotes de chasse qui, chaque 14 juillet, défilent avec leurs 8 Alfa-Jet au-dessus des Champs-Elysées laissant leur empreinte bleu-blanc-rouge dans le ciel.
Comme le conclut Jean-Pascal Hesse : « Les Salonais ne veulent pas simplement se tourner vers leur passé pour s’y réfugier. Ils veulent être artisans d’une prospérité et d’une fierté retrouvées. »



