Sur la ligne de départ des prochaines élections municipales depuis près d’un an et demi avec son association Avignon Passion, Julien Aubert ne sera finalement pas candidat à la prochaine élection municipale de la cité des papes. Une décision qu’il justifie par sa volonté de laisser une étroite chance à la droite lors de ce scrutin alors qu’il se considérait le mieux placé pour l’emporter.
« J’ai été le premier à lancer une initiative véritablement transpartisane avec ce laboratoire d’idées qu’est Avignon Passion (voir encadré ci-dessous), rappelle l’ancien député de la 5e circonscription de Vaucluse. Puis en janvier 2025, j’avais expliqué que ma candidature serait une hypothèse mais qu’elle ne devrait pas constituer un frein à une possible alternance. Sachant que quand nous avons lancé Avignon Passion, c’était par crainte qu’il n’y ait aucune liste à droite. Les choses ont depuis évolué puisque cette crainte n’existe plus. Au contraire, on risque même désormais le trop plein avec plusieurs candidats à droite ou au centre droit (ndlr : Stéphan Fiori et Olivier Galzi).
« Cette élection, avec une seule liste, c’est difficile, mais à plusieurs, c’est perdu. »
Julien Aubert
« Cette situation était inévitable, regrette-t-il, mais elle a été voulue par mes deux concurrents qui ont misé sur mon sens des responsabilités pour que je me retire afin qu’ils aient une chance d’exister. Pourtant, je pense que si la ville avait vraiment été cœur de leur projet, ils auraient au moins essayé de saisir la main que je leur ai tendue suite au sondage de septembre dernier nous plaçant en deuxième position en termes de cote d’avenir. »
« Je ne serai pas candidat pour conduire une liste Avignon Passion en 2026. »
« En 2014, j’ai vécu de près la guerre Bernard Chaussegros-Frédéric Rogier qui a traumatisé la droite, donné la ville à la gauche et fait exploser le Rassemblement national. Cette élection, avec une seule liste, c’est difficile, mais à plusieurs, c’est perdu. Je ne compte donc pas laisser mon ambition devenir une hypothèque pour la ville parce que je n’ai pas de blessures narcissiques à soigner. Et surtout, je n’ai pas envie de rejouer ou d’obtenir l’Oscar de la droite la plus bête du monde. Je n’ai donc pas envie de revivre le scénario de 2014. Dans le contexte actuel, ma candidature ne ferait que renforcer la guerre à droite. Il faut donc être responsable et donc je vais être responsable pour trois puisque. Je vais donc le prouver. Je ne serai pas candidat pour conduire une liste Avignon Passion en 2026. J’espère que ce retrait permettra l’union pour battre la gauche sortante. »
Prédictions : pour Julien Aubert la pièce est déjà écrite
« Ils n’ont pas de projet, ils n’ont pas de liste, parfois, ils n’ont pas d’idée, mais ils sont candidats. Nous, nous voulions faire l’inverse. Je ne pense donc pas que mes compétiteurs puissent gagner, annonce Julien Aubert. Je ne crois pas qu’un maire de la société civile ou un maire macroniste puisse être élu à Avignon. Les grands stratèges qui nous ont amenés dans cette situation devront alors la gérer. Ce qui se passera, c’est lorsque se dessinera la perspective d’une élimination de la droite au second tour, les mêmes qui, de bonne foi, ont pu pousser des candidats Fiori ou Galzi, nous dirons qu’il faut absolument que nous trouvions un terrain d’entente et d’union. Mais ce sera trop tard, parce que c’était au moment du diagnostic et de la mise en place de la stratégie qu’il fallait saisir la main tendue. Au final, en fragmentant la droite, les macronistes offriront la victoire soit à la gauche, soit au Rassemblement national. Et nul doute qu’au second tour, ils préfèreront la première, pour sauver la République comme d’habitude. La pièce est déjà écrite. Circuler, il n’y a rien à voir !
« Avignon mérite le meilleur. »
Et la suite ?
« Ce n’est pas parce que je ne suis pas candidat que je ne me préoccupe pas de l’avenir d’Avignon. Avignon mérite le meilleur, donc si on me demande mon avis, comme je suis un homme libre, je dirais ce que je pense. Je n’ai pas de rancœur. Mon seul regret c’est que l’on a donné aucune chance à l’union. Dans le même temps, je remarque que même Mme Jaouen et Mme Rigaud qui, c’est de notoriété publique, ne prennent pas leurs vacances ensembles, ont été capable de trouver un accord. Le RN y est arrivé pas nous. »
Une annonce qui constitue l’occasion quand même te tacler ses anciens concurrent : « Stéphan Fiori qui, à l’instar du slogan de la Fondation Entreprendre, veut entreprendre pour Avignon. Mais avant d’entreprendre, il faut d’abord prendre Avignon et donc gagner les élections », doute-t-il sérieusement.
« De l’autre côté, vous avez Olivier Galzi, candidat du chef du parti macroniste régional : Renaud Muselier. »
Pas d’appel à voter
Enfin, le jeune papa aussi président de son mouvement Oser la France et vice-président des LR n’entend pas donner de consigne de vote : « Par principe, je suis contre les appels à voter. Je n’ai jamais écouté les consignes de vote. Je trouve que les gens veulent se donner une importance qu’ils n’ont pas. Par contre, je peux dire ce que je vote, mais ce n’est pas un appel à voter. Après, vous faites ce que vous voulez. Vous avez le droit d’être d’accord ou de ne pas être d’accord. A titre personnel, je n’ai jamais voté macroniste ni Rassemblement national. Cependant, je suis un type de droite mais cela, vous l’avez compris. »
L.G.
Quid d’Avignon Passion ?
« L’objectif d’Avignon Passion, en tant qu’observatoire d’idées, c’était de bâtir un diagnostic, insiste Julien Aubert. Cette bataille, elle a été gagnée. La preuve, ceux qui ont moins travaillé que nous n’ont pas hésité à reprendre notre diagnostic. Nous avons donc rempli notre objectif d’intérêt général. La légitimité, c’est nous qui l’avions parce que nous avons travaillé pendant un an et demi. Le sondage a montré que c’est nous qui pouvions incarner cette alternative. La meilleure équipe, elle était derrière moi. »
Et quand on interroge l’ex-potentiel candidat sur le devenir de ce travail collaboratif, il est catégorique : « Ce que nous avons fait est en accès libre. Les gens peuvent le réutiliser. Par ailleurs, si certains de notre équipe veulent s’engager sur des listes existantes, c’est la vie démocratique. Il n’y a pas de contrat caché. Ils porteront avec eux le témoignage et le diagnostic que nous avons construit. »
« Un travail tout particulier a été fait notamment sur les problématiques de mobilité, confirme Nicolas Donnadille. En termes de connaissances et de projets, nous sommes allés particulièrement loin. Peut-être plus loin que ce qu’il faut pour une campagne municipale. Mais aujourd’hui notre diagnostic, c’est de l’opérationnel. »
« Nos propositions se retrouvent déjà dans leur réunion publique, constate Carla Dussaux, ancienne attachée parlementaire du député LREM Jean-François Césarini et vice-présidente d’Avignon Passion. Les informations, ils savent donc où les trouver et les prendre. On n’a pas besoin d’aller leur donner. Par contre, nous allons inviter les électeurs à bien regarder les listes. Car une municipale c’est une ‘tête de gondole’ mais c’est aussi toute une équipe. Quand on se revendique de n’appartenir à aucun parti ou de n’avoir aucune étiquette, on verra véritablement ce qu’il en est quand on verra qui sera derrière sur les listes. »
« Nous sommes tous issus d’horizons divers, de partis politiques divers, explique Guillaume Jean. Pour gagner et redresser cette ville, nous pensons qu’il faut un profil politique en tête de liste avec derrière des gens issus de la société civile qui s’engagent sur le terrain. Avec Olivier Galzi et Stéphan Fiori, qui ne sont pas des politiques, c’est tout l’inverse. »
« Nous avons la conviction qu’il faut changer quelque chose sur Avignon », conclut pour finir Michel, l’un des soutiens déçus par le renoncement de Julien Aubert.


























































