La Villa Datris, ses jardins et sa Sorgue accueillent plus de 80 œuvres de 64 artistes de 28 nationalités différentes sur le thème ‘Engagées, engagées, engagées’. Une exposition libre et gratuite qui veut libérer les corps et la parole des femmes. Jusqu’au 2 novembre 2025. Plus de 70 000 visiteurs sont attendus.

« Par certains côté la société progresse et par d’autres elle régresse, notamment dans les droits humains, des femmes et de l’environnement, constate Danièle Marcovici, Fondatrice du lieu d ‘art contemporain : la Villa Datris et présidente directrice-générale du groupe Raja leader européen de l’emballage. C’est la raison pour laquelle, le lendemain des élections législatives de 2024, nous avons décidé de cette exposition. Ce sont des femmes, des artistes, toutes talentueuses, qui s’expriment. Nous les avons choisies parce que leurs œuvres ont du sens, que ce sens nous touche et nous émeut. Parce que nous les admirons, nous souhaitons que le public rencontrent leurs œuvres. Nos expositions sont faites pour le grand public grâce à un art contemporain qui a du sens, qui est engagé et créé de l’émotion. Cette année, l’exposition est placée sous le signe du violet, la couleur des féministes américaines, qui ont plus que jamais besoin d’être aidées en ce moment, même si cette exposition est dédiée à toutes les femmes, en lien avec la Fondation Raja qui va fêter ses 20 ans. »
« Ce lieu, dès le départ, par la volonté de Danièle (Marcovici) et Tristan (Fourtine), s’est voulu engagé avec des expositions sur le recyclage, l’écologie, les animaux, la nature, a relevé Stéphane Baumet co-commissaire de l’exposition et directeur de la Fondation Villa Datris. C’est aussi un lieu ouvert et gratuit qui reçoit plus de 70 000 personnes par saison, avec de nombreux événements comme de la médiation culturelle, des ateliers, des projections, des rencontres, des débats, de nombreux concerts cette année, notamment avec des artistes originaires du Burkina Faso. »

64 femmes artistes et 80 œuvres
« L’exposition est engagée avec 64 femmes artistes, sculptrices, qui toutes, s’expriment avec beaucoup de talent sur les droits des femmes, les violences faites aux femmes, les droits humains, la liberté qu’on leur refuse dans certains pays, sur l’environnement aussi, le droit de défendre la nature… Un ensemble de sujets sociétaux sur lesquels elles s’expriment toutes brillamment. Ces artistes issues de 28 nationalités feront découvrir à nos visiteurs plus de 80 sculptures installées dans la Villa, les jardins dans ou sous les arbres. Parmi elles, des sculptures sonores, et mobiles. »
Expos 2013-2025
« Cette exposition est très différente de celle de 2013 qui avait pour vocation de changer le regard sur l’art des femmes et, surtout, de dénoncer l’invisibilité de femmes artistes dans toutes les expositions. Là encore, il s’agissait de femmes engagées dans leur liberté de créer, d’exercer leur art. C’était déjà, en 2013, une exposition pionnière. »

L’orchestration de l’invisibilité des femmes
« L’orchestration de l’invisibilité de la femme est toujours vraie, dans tous les domaines de la société, que ce soit dans l’espace public, en politique, dans l’art, dans la société, dans les entreprises, absolument partout. C’est le problème des violences, du viol, des meurtres de femmes. C’est surtout celui de la domination masculine qui existe et perdure depuis très longtemps dans la société. Quand les hommes parlent, ils parlent d’autres hommes, quand ils choisissent leur femme, c’est bien souvent pour la dominer. »
Les hommes de la nouvelle génération
« Mais les temps changent, mettant au jour une nouvelle masculinité qui assume très bien son rôle d’homme aux côtés de femmes libres, indépendantes, émancipées, qui travaillent, gagnent leur vie peut être autant qu’eux si ce n’est plus, qui partagent les tâches ménagères, l’éducation des enfants. Ainsi ces hommes et les femmes fonderont la société de demain.»

Une exposition qui dénonce
« Bien sûr, il s’agit d’une exposition qui dénonce, avec des tracts à chaque étage. Le plus important est de se questionner sur comment cela pourrait changer. Le problème c’est de savoir comment cela est arrivé, mais l’on ne peut pas le savoir puisque c’est depuis toujours comme cela. Donc le plus important est de s’atteler à faire bouger les lignes. Est-ce que la parité aidera en cela ? Elle est difficile à instaurer en politique, comme au sein des entreprises, parce que toutes les femmes ne terminent pas leurs études et si elles les terminent l’accès à la politique ou à des postes à responsabilité n’est pas facilité pour qu’elles poursuivent de belles carrières. »
Raja, une entreprise ‘un peu féministe’
« Chez Raja, dans mon entreprise –un peu féministe-, des femmes siègent à mon comité exécutif, construisant de belles carrières. Cependant les femmes ne recherchent pas la puissance, le pouvoir, la fortune…Elles recherchent l’harmonie, le partage, l’éducation, la solidarité. Et puis, nous sommes des femmes puissantes puisque nous créons la vie. »
Quand l’environnement recule, la femme recule
« Egalement lorsque l’environnement recule, ce sont les femmes qui reculent. Nous souffrons les premières de la sécheresse, de la déforestation… C’est la raison pour laquelle, avec la Fondation Raja, nous soutenons des associations dans le monde entier, qui viennent en aide aux femmes en difficulté qui nourrissent des projets comme la création de coopératives agricoles, l’éducation, la formation, et cela dans le monde entier. Nous avons créé un programme Femmes et environnement parce que nous disons, depuis 2015, que les premières victimes du changement climatique sont les femmes, beaucoup de chiffres l’ont d’ailleurs démontré.»

Le coût de la virilité
Lors de l’entretien, Danièle Marcovici a cité l’ouvrage : ‘Le coût de la virilité, ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme des femmes’. Auteure : Lucile Peytavin. Paru en 2021, en livre de poche. 7,70€. ‘En France, les hommes représentent 84% des auteurs d’accidents de la route mortels, 90% des personnes condamnées par la Justice, 86% des mis en cause pour meurtre… Quel est le coût de la virilité érigée en idéologie dominante ?’ Lucile Peytavin est historienne, spécialiste du travail des femmes dans l’artisanat et le commerce. Elle est membre de l’Observatoire sur l’émancipation économique des femmes de la Fondation des femmes. Le coût de la virilité est son premier essai.
