La gestion de l’eau représente un enjeu majeur pour l’avenir du département de Vaucluse. Ce dernier a pris l’initiative de mobiliser l’ensemble des acteurs concernés sur cette problématique dès 2022. Différents axes de travail ont été définis collectivement dont un suivi pointu sur la nappe du miocène, principale réserve d’eau du département.
L’été 2022 avec sa forte sécheresse a montré la vulnérabilité de tous face à la raréfaction de l’eau. Cette prise de conscience collective a poussé le Département, accompagné de l’État, la Région et l’Agence de l’eau, sans oublier tous autres les acteurs comme les Syndicats des eaux et les usagers, à mettre en place les États généraux de l’eau en 2022. Des ateliers thématiques sur ce sujet stratégique ont eu lieu depuis. Un Plan d’action départementale pour la ressource en eau du Vaucluse (PARE) sur la période 2024-2028 a été construit. Il s’articule autour de cinq axes : connaître, sécuriser, économiser, protéger et innover. Dans ce cadre, la réserve d’eau du miocène constitue un élément très important à prendre en compte pour la gestion de l’eau. Cette dernière concerne 300 000 habitants du département.

Des chiffres :
– 1 000 km2 : superficie de la nappe du miocène en Vaucluse
– 70 : nombre de communes couvertes par la nappe du miocène le département (représentant un tiers de sa surface)
– 15,9 millions de mètres cubes prélevés dans cette nappe en 2022 (1,2 millions pour l’eau potable collective, 5,3 millions pour l’agriculture, 4 millions pour l’industrie et 5,4 millions pour les forages domestiques)
Une visite sur le terrain
Dominique Santoni, Présidente du Conseil départemental de Vaucluse, était présente sur le terrain la semaine dernière pour découvrir cette nappe, en présence de nombreux acteurs concernés par cette problématique. Le rocher de Rocalinaud à Beaumes-de-Venise est un vestige d’une dune sous-marine, représentative d’un type de structure présent dans cette nappe du miocène où l’eau est piégée entre les grains de sable. Elle constitue la principale ressource en eau potable du département. L’objectif pour tous les acteurs concernés par la ressource en eau, à commencer par le Conseil départemental, est de connaître la ressource réelle en eau de cette nappe qui n’est pas illimitée mais également de pouvoir quantifier son niveau avec une plus grande précision.

Une réserve sur le futur
La nappe du miocène a été classée Ressource stratégique pour l’alimentation en eau potable par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. Elle doit présenter une qualité et quantité mobilisables satisfaisantes pour les besoins actuels et futurs. Certains indicateurs, comme la baisse de pression des puits artésiens, alertent nécessitant une gestion plus suivie. Cette nappe constitue une sorte de millefeuilles comportant plusieurs peaux successives avec une géométrie globale très variable et complexe à définir. Elle peut aller de 300 à 800 m d’épaisseur selon la zone.
Le PARE
Le Département développe depuis 2024 son PARE qui comporte cinq axes dont celui autour de la connaissance de ses ressources en eau souterraine. Cette visite avait pour objectif de montrer aux différents acteurs l’implication du département avec d’autres partenaires dont l’Université d’Avignon sur toutes les actions d’amélioration de la connaissance de la nappe. Cette collaboration permettra d’avoir des bases de données solides permettant une étude future définissant le volume d’eau prélevable par la suite. Un groupe de travail a été constitué dans ce sens.
Le territoire du Vaucluse était recouvert d’eau par la mer du Miocène il y a 20 millions d’années. Le Mont Ventoux et les Dentelles de Montmirail étaient alors des îles.
Deux thèses de doctorat travaillent actuellement sur une connaissance plus approfondie de cette réserve d’eau du Miocène, en collaboration avec le projet GeEAUde. Les réponses doivent intervenir en 2026-2027. Elles vont permettre de caractériser la géologie de la nappe et de dater l’eau. En plus des 30 sondes installées, ces deux études universitaires constituent une base solide pour pouvoir déterminer le volume prélevable dans la nappe.
Des sondes installées
Pour connaître en temps réel les niveaux d’eau de la nappe du miocène, le Département a mis en place des sondes de mesures de niveau d’eau. Il y en a 19 actuellement avec pour objectif d’en avoir 30 à terme. Ce maillage du territoire avec ces sondes installées permettra de définir l’évolution de la nappe dans le temps. Elles sont présentes sur des lieux divers comme le point captage de Grès de Meyras à Aubignan, appartenant au Syndicat des eaux Rhône Ventoux, avec deux forages.


La chaire GeEAUde
Konstantinos Chalikakis, enseignant-chercheur en hydrogéologie à l’Université d’Avignon, était présent à cette journée de sensibilisation. Il est porteur de GeEAUde, chaire partenariale d’Avignon Université lancée en 2024, travail en étroite collaboration avec le Département. Il entend favoriser une meilleure connaissance de cette ressource aussi fragile qu’invisible qu’est l’eau.
Cet ensemble regroupe le monde universitaire mais également les partenaires socio-économiques, à savoir : l’Inrae, la Région, ainsi que les gestionnaires territoriaux comme les Syndicats mixtes, les collectivités, les industriels de l’eau, les Parcs naturels régionaux mais également le Conseil départemental du Vaucluse.
« L’eau est un enjeu majeur pour notre société. Il faut bien évidemment la gérer et la préserver pour les générations futures. La problématique de l’eau sur le département est très diversifiée. Pour la nappe aquifère du Miocène autour de Carpentras, le temps de séjour de l’eau peut aller jusqu’à plusieurs milliers d’années. Notre travail consiste à connaître la réelle quantité d’eau de cette nappe mais également de savoir si elle baisse. Nous savons déjà que le niveau des nappes a diminué dans certaines zones du département à cause de la surexploitation », explique Konstantinos Chalikakis.























































