Alors que les vendanges se terminent à peine, Thierry Vaute, le président du mouvement, est moins pessimiste que d’habitude. « Le millésime 2025 sera magnifique, même si le volume a reculé. Du coup, on ne sur-stockera pas. Mais les deux périodes de canicule, début juin et août ont apporté de la concentration des baies et de la qualité et on n’est pas trop montés en degrés, 13° à 13,5°, pas plus. »
Céline Barnier, vice-présidente de la fédération, également vigneronne, ajoute : « Malgré le marasme ambiant, les 400 domaines qui adhèrent en Vaucluse et produisent environ 30 millions de bouteilles par an dans les trois couleurs ne baissent pas les bras. Ils représentent un poids économique conséquent à travers leurs 47 appellations dont 97% d’AOP (Appellations d’origine protégée). Ici, les vignobles font environ 32 hectares, ce sont des exploitations familiales avec un tiers de femmes à leur tête, cinq emplois en CDI chacune et une douzaine de saisonniers en CDD recrutés en période de vendanges. »
Certains Vignerons Indépendants de passage à Avignon lors du festival en juillet se sont étonnés de voir leurs propres vins passer de quelques euros à 37€ la bouteille. « Sacrée culbute » des restaurateurs qui n’y vont pas avec le dos de la cuillère et s’étonnent que la fréquentation de leur établissement ait reculé de 15 à 20% cet été…

« Le vin est redevenu la boisson préférée des Français »
Côté consommation, 55% du vin se font en bouteilles, 45% en vrac. « Le vin est redevenu la boisson préférée des Français, mais les jeunes en boivent peu, analyse Thierry Vaute. Et dans les magasins de hard-discount, on voit parfois des vins à moins de 2€ le col, un vil pris. Ce n’est ni loyal, ni rentable, ça ne rémunère même pas le vigneron, ça paie à peine les salariés. Ceux qui font ça sont sans doute pris à la gorge et vendent à perte. »
Depuis le Covid et en plus des aléas climatiques (gel, grêle, canicule), les vignerons n’en finissent pas de remonter la pente. « Pendant des mois, les restaurants, caves et caveaux sont restés fermés, le confinement nous avait assignés à résidence, depuis nous nous efforçons de rééquilibrer le marché. Heureusement, nous avons constaté dans les salons du vin que le prix moyen de la bouteille la plus vendue en France était de 17€ », se félicite Thierry Vaute.
« Le consommateur zappe. 36% des vins sont vendus en grandes surfaces, un tiers chez les cavistes et le reste part à l’exportation, précise-t-il. 77% sont des rouges, le blanc est passé de 9% en 2022 à 12% l’an dernier et le rosé reste stable à 11%. Nous devons nous adapter à la demande du consommateur. Nous le répétons depuis 2011, il faut absolument arracher des vignes, 6000 à 7000 hectares en Vaucluse. Ça représente 1 à 3 hectares par vignoble, ce n’est pas insurmontable. »
Demande de davantage de visibilité pour la filière
Autre demande : « Que le vin, reconnu comme filière d’excellence de la France et qui représente 14 Mds€ à l’exportation, soit mis en valeur puisqu’il fait grimper notre balance commerciale. Il nous faudrait, comme pour la gastronomie dont l’ancien chef de l’Elysée Guillaume Gomez est devenu ambassadeur, un représentant qui mette en valeur nos vins dans le monde entier. Qu’on nous aide au lieu de nous traiter d’empoisonneurs à cause des produits phytopharmaceutiques, » insiste-t-il. Et d’embrayer sur l’étude Pesti’Riv qui pointe les risques sanitaires pour les riverains de vignes. « La montagne a accouché d’une souris, c’est une évidence, c’est comme si on disait que les embouteillages dans le secteur du périphérique à Paris polluent. »
Après le méga-feu qui a frappé les vignerons de l’Aude, par solidarité, le Palais du Vin à Orange va commercialiser des bouteilles de leur Cuvée de l’Ogre pour les aider, a annoncé Pierre Saysset, le directeur des Vignerons Indépendants de la Vallée du Rhône.

Pour donner encore plus de visibilité à leurs productions, ils participeront pour la 1re fois au Salon de Hambourg du 10 au 12 octobre. Enfin, le 29 janvier à La Boiserie de Mazan se déroulera la prochaine Assemblée Générale au cours de laquelle Thierry Vaute passera le flambeau, mais gardera d’autres mandats pour faire entendre la voix des vignerons de Vaucluse en haut-lieu.
Contact : www.fvivr.fr / 04 90 11 50 00