Bruno Carbonari est professeur au lycée Louis Pasteur à Avignon où il enseigne l’histoire et la géographie à des élèves de seconde, première et terminale. Son crédo ? Un enseignement vivant et interactif qui dynamise élèves et professeur. Une revanche, aussi, pour l’ancien élève qu’il fût et qui voulait échapper aux cours magistraux.
«Tout a commencé en cours d’éducation morale et civique où, depuis plusieurs années, les élèves sont notés sur leur travail, en contrôle continu, par trimestre, pour passer leur bac et être admis en ‘parcours sup’. Je ne voulais pas donner une note pour une note, j’ambitionnais plus. C’est ainsi que Paola B, Marion B, Juliette M et Mathilda H, élèves de terminale, ont décidé de créer un magazine ‘Silence, on juge’, au moment où l’actualité évoquait le procès de Samuel Paty. Au préalable ? J’avais demandé aux élèves de se saisir de l’actualité, et donc du procès de Samuel Paty et des thèmes que cela recouvrait. Finalement, les élèves ont produit plus que ce que j’attendais, s’y impliquant des heures durant pour une qualité de travail plus qu’excellente.»
SilenceOnJugeSamuelPaty«Je voulais que l’ensemble des élèves travaille sur les questions posées par ce drame, sur le rôle et la mission de l’école, la liberté, la liberté de la presse, la laïcité, le blasphème, et ce que dit la Loi. Nous quittions le travail scolaire pour un véritable travail de recherche et de réflexion. Le travail que l’on fait en histoire géo ? C’est de donner les outils, aux élèves, pour forger leur propre opinion, décrypter l’image… Ce travail se faisait d’ailleurs en miroir avec les attentats de Charlie Hebdo, le déroulé de ces terribles journées de 2015… »

«Je souhaitais sortir des articles écrits par les médias pour travailler le discernement et consulter les comptes rendus des procès. Nous avons énormément travaillé sur un site ‘actujuridique.fr’ parce que le travail judiciaire suppose de faire un véritable travail d’histoire, de rechercher et comprendre l’enchaînement des faits, pour décortiquer les preuves, les témoignages…»
«Les élèves ont travaillé sur l’établissement des faits dans le contexte. Cela posait aussi la question de la liberté de l’enseignant, de la réception du message –que l’on ne contrôle pas- et ce que l’on en fait. Pour cela il y a un site ‘Dessinez, créez, liberté’ qui propose des fiches pédagogiques de décryptage des dessins de presse.»
«La consigne ? Je leur ai demandé de choisir leur format et media : script, podcast, vidéo, power point, print, des productions associées… Les élèves ont eux-mêmes également conçu leur grille d’évaluation en rapport avec le support du travail fourni. Pour un journal : la forme, le fond, la mise en page… Nous sommes là toujours dans l’autonomie et la pratique du sens critique.»
«L’ensemble des élèves s’est impliqué, donnant à lire, à écouter ou à voir des travaux fournis d’heures de travail opérées en classe et aussi de façon personnelle. Il ont tous rendu des travaux très étayés, fournis et de qualité, murissant leur réflexion, expérimentant le travail de groupe, finalisant leurs productions au moyen de logiciels divers et dans les temps impartis. Le but d’un enseignant est d’impliquer les élèves dans ce qu’ils font au quotidien. Ils ont eu de très bons résultats.»