Si l’édition 2025 du festival Off collectionne les records : nombre de spectacles, de créations originales, de compagnies représentées, de billets vendus, l’euphorie n’est pas de mise pour tout le monde et en particulier pour les petites compagnies, qui ont de plus en plus de mal à boucler leur budget pour venir à Avignon.
Entre les salaires, la location d’un créneau dans une salle, les hébergements, les transports, les tracts, les affiches… Il faut à une compagnie de 4 personnes débourser au minimum 30 000 € pour venir jouer à Avignon. Selon les mêmes sources syndicales, les recettes de billets s’élèvent en moyenne à 12 000 €. A cela on peut ajouter l’apport de 3 000 € du FONPEPS (Dispositif de soutien à l’emploi du plateau artistique de spectacles vivants diffusés dans des salles de petites jauges), il reste à trouver 15 000 €.
« Il ne faut pas confondre le succès du Off et celui des compagnies qui font le Off »
Beaucoup de compagnies ne se rémunèrent pas et font appel au bénévolat. Tous estiment qu’il est essentiel, pour ne pas dire vital, d’être présent sur le plus important marché du théâtre privé francophone. 1 700 programmateurs ont fait le déplacement à Avignon, cette année. C’est une opportunité d’être remarqué, d’être programmé et de voir son spectacle tourner. Mais il y a beaucoup de candidats et assez peu d’élus. « Il ne faut pas confondre le succès du Off et celui des compagnies qui font le Off », affirment de concert Harold David et Laurent Domingos, les deux coprésidents d’Avignon Festival et Compagnie. En effet, il est constaté que l’abondance de spectacles (1 724 en 2025) a plutôt tendance à laisser de côté l’émergence et à profiter aux plus gros, aux plus connus… L’essentiel des regards sont naturellement portés sur les programmations de la dizaine des salles les plus importantes en taille ou en notoriété.
Mais sans le soutien de la puissance publique et en particulier des collectivités, le spectacle vivant n’aurait pas la place qu’il occupe aujourd’hui
Avignon est un investissement peu rentable pour beaucoup de compagnies qui voient cependant dans ce festival une opportunité unique de se faire connaître. C’est tout le paradoxe de la situation.
Mais sans le soutien de la puissance publique et en particulier des collectivités le spectacle vivant n’aurait pas la place qu’il occupe aujourd’hui. De nombreuses régions apportent leur soutien à des compagnies. Elles les accompagnent dans leur venue à Avignon (sauf les Pays de Loire). Mais c’est aussi toutes ces salles gérées ou financées par les collectivités qui accueillent des spectacles. Elles sont essentielles à la vie culturelle. Certaines d’entre elles sont même des lieux de création ou de résidence. Mais aujourd’hui, avec les restrictions budgétaires attendues il y a fort à parier qu’il sera bien difficile de conserver les niveaux de financement actuels. Un autre combat à mener…